Par ailleurs, l’analyse de la dette publique sur une très longue période montre

Par ailleurs, l’analyse de la dette publique sur une très longue période montre que son encours a baissé entre 1998 et 2004 aussi bien en valeur absolue qu’en proportion du PIB. Ce n’est qu’à partir de 2005 que le stock de la dette publique s’est remis à grimper, mais son poids dans le PIB a commencé à baisser jusqu’en 2009, date de la crise internationale. Durant cette période, l’économie marocaine était affectée à travers la contraction de la demande étrangère, essentiellement européenne, entraînant dans son sillage une hausse de l’encours de la dette, mais aussi sa part dans le PIB. Des chiffres qui donnent matière à réflexion et ne peuvent être dissociés de la politique économique nationale. Comme énoncé par Mohamed Boucetta, professeur universitaire, dans un de ses articles sur la dette publique, «l’origine du processus d’endettement public remonte à la politique budgétaire fortement expansionniste et à la stratégie d’investissement public intensif du milieu des années soixante-dix consécutives au boom phosphatier». Ce qui s’est traduit par des déficits budgétaires considérables, dont la couverture a été assurée principalement par l’emprunt extérieur dans une première phase. Le financement de ces déficits persistants a conduit à l’accumulation d’une dette publique externe qui est devenue au début des années 80 insupportable. Cette situation critique a imposé le rééchelonnement de cette dette, avec comme condition la mise en application d’un programme d’ajustement structurel à partir de 1980 sous la houlette du FMI. «Une bonne appréciation de la dette publique passe par l’intégration de la dette des autres entités publiques, notamment la dette intérieure garantie par l’Etat et la dette extérieure», alerte pour sa part l’équipe de Driss Jettou, président de la Cour des comptes, dans son dernier rapport publié le 4 janvier 2018. C’est dire que la dette publique est un indicateur que l’équipe au pouvoir est appelée à surveiller de près pour éviter un scénario aussi catastrophique que celui des années 80. ■ Le Maroc en tant que pays à revenu intermédiaire est contraint aujourd’hui d’assurer les échéances de la dette et de ses charges, conséquence de choix de financements basés par le passé, d’une part, sur le recours à l’emprunt extérieur au détriment de l’encouragement de la formation de l’épargne domestique et, d’autre part, sur le contrôle de la sphère monétaire et financière. 1 En 2003, celle-ci a atteint 21,2 milliards de DH (1 DH = 0,09 €) soit l’équivalent de 20 % des rece (...) 2 Au cours des quinze dernières années, les politiques des autorités du Comité d’aide au développemen (...) 3 En 2003, les sommes envoyées par les MRE ont dépassé 34 milliards de dirhams. Ces transferts placen (...) 2Le Maroc doit importer de nombreux biens d’équipement qu’il ne peut pas produire localement, régler une facture énergétique qui ponctionne une grosse part de ses recettes budgétaires et de ses revenus d’exportations1, et réaliser des taux de croissance économique supérieurs au taux d’accroissement naturel. Face à de tels besoins, des ressources conséquentes ne peuvent provenir à court ou à moyen terme d’un nouvel endettement extérieur (la crise de la dette et l’amenuisement des aides publiques au développement2). Dés lors, le Maroc doit impérativement donner la priorité au développement de son marché financier afin de collecter de manière quantitative et qualitative l’épargne domestique, de faire fructifier les envois de fonds des marocains résidents à l’étranger (MRE)3 et d’attirer les capitaux étrangers que ce soient sous forme d’investissements directs étrangers (IDE), ou sous forme d’investissements de portefeuille (IP). 4 L’insertion dans la DFI est conçue ici comme le développement des marchés financiers intérieurs et (...) 3En effet, depuis à peu prés trois décennies, le Maroc, à l’image de plusieurs pays en développement (PED) s’est engagé dans des réformes économiques et monétaires à travers la mise en place de programmes de stabilisation et d’ajustement dans le but d’agir sur les déséquilibres dont souffrait l’économie du pays et d’encourager le processus de son insertion dans la division financière internationale (DFI)4. De 1983, date de la mise en place du programme d’ajustement structurel (PAS) à 1992, date de la fin du rééchelonnement de la dette extérieure, les réformes économiques connues par le Maroc ont été mises en place sous l’impulsion du FMI et de la Banque Mondiale (BM). Cependant, depuis 1992, date de la sortie du PAS, le Maroc a conduit une série de réformes, dont les principales mesures ont touché le système monétaire et financier du pays. 4Dans l’optique de tirer profit de l’intégration financière des économies nationales dans l’économie mondiale, le Maroc à l’instar des pays émergents et de certains PED s’est engagé, dans un processus de libéralisation financière visant à mobiliser l’épargne domestique et étrangère aux fins de renouer avec une croissance à la fois stable et durable et occuper une place convenable au sein d’une économie mondiale en pleine évolution. 5 Le CDVM est l’équivalent de la Security and Exchange Commission (SEC) aux États-Unis ou de la Commi (...) 5Cependant, la mobilisation de l’épargne domestique et étrangère nécessite que le système financier marocain soit large et profond : la concurrence entre les intermédiaires financiers doit être respectée. Aussi faut-il développer la place boursière de Casablanca, créer et renforcer les organes de contrôle et de surveillance des marchés financiers tels que le Conseil déontologique des valeurs mobilières, le CDVM5, pour veiller au maintien de la transparence et éviter les abus de positions dominantes. Ce sont ces conditions préalables qui permettent le renforcement du marché financier intérieur et son intégration dans le marché financier international. Il s’agit ici de lever la contrainte sur le financement qui pèse sur la croissance économique du Maroc. 6 Pour une étude détaillée, se reporter à R. Levine (1997, p. 688-726). 6L’impact positif d’un système financier dense et élargi sur l’économie, que ce soit en termes de productivité des entreprises, d’accumulation de capital, d’’accroissement de l’épargne, ou de croissance, est aujourd’hui largement reconnu. Selon une étude de la Banque mondiale, une augmentation de 10 % de la densité des circuits financiers (liquidités) s’accompagne d’une accélération de la croissance du PIB par habitant de l’ordre 2,8 %, ce qui est considérable6. 7D’emblée, il devient légitime de savoir quelles sont les raisons qui ont poussé les autorités monétaires marocaines à réformer le système financier ? Quel est le contenu de ces réformes ? Quels sont leurs impacts sur l’épargne domestique, l’investissement et la croissance économique ? On commencera donc par analyser le financement de la croissance par endettement en mettant en évidence son caractère déséquilibrant, puis l’on étudiera l’approche néolibérale du financement de la croissance et le processus d’approfondissement financier que le Maroc a connu avant de mettre en évidence l’évolution des agrégats fondamentaux, tels que l’épargne, l’investissement et la croissance de l’économie marocaine. Le financement de la croissance par l’endettement 8Sur le plan théorique, l’analyse économique a abordé le problème de l’endettement extérieur dans le cadre de la théorie du financement de la croissance. Cette dernière considère que la production est le résultat de la combinaison de facteurs (travail, capital, et progrès technique), dont la disponibilité conditionne la croissance. Or dans les PED, le facteur travail est considéré comme abondant alors que le capital et les progrès techniques sont rares. Par conséquent, le recours au financement extérieur pour pallier cette carence de capitaux s’avère nécessaire. L’analyse du point de vue théorique 9Les modèles théoriques de base sur la question sont construits autour du modèle de Harrod- Domar, ce qui signifie que la fonction de production est à facteurs complémentaires (travail et capital) et qu’en pratique, seule la rareté du capital limite la croissance dans les PED puisque l’offre travail est toujours supposée excédentaire dans ces pays quel que soit la catégorie de main d’œuvre considérée. 7 S, I, X et M désignent respectivement l’épargne, l’investissement, les exportations et les importat (...) 8 La théorie des écarts considère que les PED ont des besoins d’investissement et que l’épargne inter (...) 10Chenry et Strout (1966), grâce à l’élaboration d’un modèle (type Harrod-Domar) à deux disparités (déficit d’épargne : S < I et déficit de devises X < M7), ont montré de manière explicite comment les capitaux extérieurs à destination des PED en manque de ressources pouvaient corriger ces deux déficits et par voie de conséquence, comment ceux-ci pouvaient influer sur la croissance réelle de ces pays8. Cependant, la plupart des vérifications empiriques n’ont pas montré un lien direct et robuste entre ces deux variables. Les vérifications empiriques 11L’observation de la baisse des taux d’investissement et de la croissance dans les PED endettés durant les années 1980 ainsi que le développement de la théorie du surendettement et des opérations de rééchelonnement ont donné lieu à de nombreux travaux empiriques. Ceux-ci n’ont jamais pu clairement mettre en évidence l’effet positif de l’aide et il ne semble pas exister de corrélation significative entre le niveau de l’aide reçue mesurée en pourcentage du PIB et l’évolution du PIB par habitant dans les PED. 9 Cf. Borensztein (1990), Greene et Villanueva (1991), Savvides (1992), Serven et Solimano (1993), et (...) 12Certaines études portant sur la relation dette uploads/Finance/ par-ailleurs.pdf

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  • Publié le Oct 06, 2021
  • Catégorie Business / Finance
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