133 CHAPITRE 8 Quels sont les caractéristiques contemporaines et les facteurs d

133 CHAPITRE 8 Quels sont les caractéristiques contemporaines et les facteurs de la mobilité sociale ? I. Présentation du chapitre Ce troisième thème de sociologie fait suite à deux autres chapitres, le premier qui a permis de montrer que la société française était structurée en groupes sociaux hiérarchisés, le deuxième qui a mis en évidence, et expliqué, l’existence d’inégalités de chances de réussite scolaire, alors même que l’École est, en démocratie, pensée comme un instrument majeur de méritocratie : elle délivre des diplômes qui permettent l’accès à une profession, donc à une position sociale. Ainsi, il est logique que ce troisième chapitre mesure et analyse la mobilité sociale contemporaine. → →1er AXE Les deux premiers items du programme se réfèrent implicitement à la définition et à l’instrument de mesure retenus par l’Insee pour travailler sur la mobilité sociale. En effet, il s’agit de distinguer la mobilité sociale d’autres formes de mobilité, géographique et professionnelle (cette dernière étant définie par l’Insee comme mobilité intragénérationnelle), puis de présenter les conventions de construction des tables de mobilité. Cela signifie donc que, même si l’on se doit de partir d’une définition large de la mobilité sociale, le programme porte sur la mobi- lité sociale intergénérationnelle, telle qu’elle est définie et mesurée par l’Insee. C’est d’ailleurs ce choix conven- tionnel qui justifie que le programme invite également à mettre en évidence les intérêts et les limites de cet instrument que sont les tables de mobilité sociale. → →2e AXE Le traitement des deux items suivants du programme nécessite l’utilisation des tables de mobilité pour mesurer empiriquement la mobilité observée, repérer l’existence de flux de mobilité ascendants et descen- dants, mais aussi l’existence d’une reproduction sociale (immobilité). La comparaison des marges des tables de mobilité permet d’évaluer les évolutions de la struc- ture sociale entre la génération des parents et celle des enfants, donc de prouver l’existence d’une mobilité structurelle imposée par ce changement de structure sociale. Le programme invite aussi à prouver qu’une forte mobilité sociale n’est pas forcément synonyme d’une forte fluidité sociale, en d’autres termes que la probabilité d’appartenir à une catégorie donnée peut, malgré une forte mobilité, continuer à dépendre de l’ori- gine sociale. Enfin, l’utilisation empirique des tables de mobilité permet aussi de montrer que la mobilité des femmes par rapport à leur mère est partiellement diffé- rente de celle des hommes par rapport à leur père. → →3e AXE Le dernier item du programme porte sur les principales causes de la mobilité, donc aussi de la reproduction, sociales. Le rôle des évolutions de la structure socio- professionnelle, déjà suggéré dans les items précédents, est reprise pour expliquer la mobilité structurelle. Puis, dans la mesure où les sociétés démocratiques contem- poraines prétendent fonder la position sociale sur un socle méritocratique et non héréditaire, en lien avec le début du chapitre 7 sur le rôle de l’École dans la trans- mission des savoirs et la création d’une réelle égalité des chances, il s’agit de s’interroger sur le rôle des niveaux de formation (des diplômes) dans la mobilité sociale. Enfin, le programme souligne le rôle des ressources et configurations familiales, dont les inégalités peuvent à la fois favoriser la reproduction sociale, mais aussi, dans certains cas, la mobilité sociale, notamment dans le cas d’un fort investissement familial. II. La mise en œuvre du programme dans le manuel La page de sensibilisation « Entrer dans le chapitre » (p. 229) incite les élèves à réagir à des situations qui heurtent l’idéal démocratique d’égalité des chances, donc à percevoir dès le début l’intérêt d’un questionne- ment sur la mobilité sociale. De plus, cette page invite les élèves à s’interroger sur la complexité des causes de la mobilité et de la reproduction sociales : par exemple, la légende de la photographie suggère que le fils de Bernard Arnault dispose non seulement du soutien fami- lial, mais aussi d’un niveau de diplôme qui peut justifier qu’il occupe un poste aussi élevé. Le chapitre s’articule autour de trois dossiers. Le premier dossier traite de la définition de la mobilité sociale (que l’on distingue de la mobilité géographique et de la mobilité professionnelle, cette dernière étant synonyme de mobilité intragénérationnelle selon l’Insee), et de la construction de l’instrument de mesure choisi par l’Insee pour la mesurer au sens restreint de mobilité intergénérationnelle : les tables de mobilité, qui permettent elles-mêmes de construire des tables de destinée et de recrutement. Ce choix conventionnel de définition et d’instrument de mesure présente des intérêts, mais aussi des limites, notamment celles qui sont inhérentes au choix d’analyser la structure sociale à partir de la nomenclature des PCS et celles qui viennent du choix de ne pas tenir compte des trajectoires intragé- nérationnelles, des histoires de vie, dans la mesure de la mobilité sociale intergénérationnelle. Le deuxième dossier porte sur l’observation empirique de la mobilité sociale à partir des tables. Il permet donc de constater l’existence d’une certaine reproduction sociale, mais aussi de flux de mobilité (horizontaux, ascen- dants, descendants), plus ou moins importants selon les périodes, mais aussi selon le sexe : les femmes ont actuellement une mobilité forte et ascendante si on les compare à leur mère, mais cette mobilité est moins forte CHAPITRE 8  Quels sont les caractéristiques contemporaines et les facteurs de la mobilité sociale ?  Manuel p. 228-257 134 et moins ascendante que celle des hommes par rapport à leur père. L ’observation des tables de mobilité permet aussi de repérer l’existence d’une composante struc- turelle de la mobilité, liée au changement de structure socioprofessionnelle entre la génération des pères (ou mères) et la génération des fils (ou filles), et de prouver l’existence d’un plus ou moins fort degré de fluidité sociale (les fils de certaines catégories ont un taux de mobilité élevé, mais ont une probabilité beaucoup plus forte que les autres d’appartenir à la catégorie de leur père). Le troisième dossier traite successivement des trois principaux déterminants évoqués par le programme. En premier lieu, une partie de la mobilité est structu- relle, donc s’explique par le changement de structure sociale entre les générations, qui peut être plus ou moins important selon les transformations du système productif donc favoriser plus ou moins la mobilité sociale. En second lieu, on observe une corrélation positive entre le niveau de diplôme et la position socio- professionnelle, mais aussi le développement d’un certain degré de déclassement scolaire, en particu- lier pour les individus dont le niveau de diplôme est inférieur ou égal à bac + 2. Enfin, selon les ressources (économiques, culturelles, sociales) de sa famille, mais aussi selon le nombre de parents et de frères et sœurs qu’il compte, un individu aura plus ou moins de chances de connaître une mobilité sociale. BIBLIOGRAPHIE ET SITOGRAPHIE Voici quelques ressources susceptibles de compléter et enrichir les informations présentes dans les documents du chapitre : Un extrait de manuel : - - Dominique Merllié, « La mobilité sociale », in Les Mutations de la société française, La Découverte, 2019. En quelques pages, les éléments essentiels sur la mobilité sociale. Un livre sur la mobilité et la reproduction sociales : - - Camille Peugny, Le Destin au berceau. Inégalités et reproduction sociale, Le Seuil, 2013. Ce livre très clair réussit en une centaine de pages à dresser l’état des lieux de la reproduction sociale en France aujourd’hui, et de son durcissement depuis une vingtaine d’années. Les articles et les données les plus récentes de l’Insee sur la mobilité sociale : - - Marc Collet et Émilie Pénicaud, « En 40 ans, la mobilité sociale des femmes a progressé, celle des hommes est restée quasi stable », Insee Première, n° 1739, février 2019. - - Tiaray Razafindranovona, « Malgré la progression de l’emploi qualifié, un quart des personnes se sentent socialement déclassées par rapport à leur père », Insee Première, n° 1 659, juillet 2017. Sur le site de l’Insee, ces deux articles s’accompagnent de données complémentaires, notamment toutes les tables de mobilité 2014-2015, pour les hommes et les femmes. III. Corrigés PAGES D’OUVERTURE p. 228-229 1. Frédéric Arnault a pu accéder à la direction de la stratégie et du digital dans une entreprise du groupe LVMH, d’une part grâce à ses titres scolaires (il est Polytechnicien, donc diplômé d’une des plus grandes écoles d’ingénieurs de France), d’autre part grâce à sa famille : son père est actionnaire majoritaire du groupe LVMH, donc il dispose aussi d’un pouvoir de décision majoritaire. 2. Selon le dessin, les filles sont globalement plus diplômées que les garçons (elles réussissent mieux leurs études supérieures). Pourtant, elles occupent moins fréquemment les postes les plus qualifiés, donc accèdent à des salaires en moyenne plus faibles. On peut penser que les stéréotypes transmis par la socialisation (et partagés par les femmes elles-mêmes) contribuent à ce « plafond de verre », les postes de direction exigeant des compétences qui sont plus souvent associées à des qualités prétendument masculines (avoir de l’autorité, de l’endurance, du charisme). 3. En moyenne, en France, il faut six générations à un enfant de famille défavorisée pour atteindre uploads/Finance/ pdf-ses-tle-ldp08.pdf

  • 22
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager
  • Détails
  • Publié le Apv 02, 2022
  • Catégorie Business / Finance
  • Langue French
  • Taille du fichier 0.1902MB