TD de microéconomie 1Année universitaire 2020-2021Chargée de TD : Naomie Mahmou

TD de microéconomie 1Année universitaire 2020-2021Chargée de TD : Naomie Mahmoudi (naomie.mahmoudi@univ-eiffel.fr) TD N°1 : LES FONDEMENTS DE LA VALEUR SELON TURGOT Déroulement des TD  - 9 TD à préparer  - Présence obligatoire à chaque TD (présence sur Zoom également obligatoire pour ceux à distance)  - Consignes Covid : pour le moment ➔ TD en semi-présentiel  - Note finale de contrôle continu (CC) :  CC n°1 (40 %) : semaine du 8 mars  CC n°2 (40 %) : semaine du 12 avril  Note de participation (20 %) : les TD n°3 et 7 seront ramassés et notés Question 1 : Qui était Robert Anne Turgot ?  Turgot (1727 – 1781), après des études religieuses à la Sorbonne, devînt un haut fonctionnaire (administrateur du Limousin), un économiste libéral et, enfin, un homme politique. Il représente l’une des figures des Lumières françaises du XVIIIe siècle.  Du point de vue de ses idées économiques, il participe à la naissance des économistes (à l’époque on parle de « la secte des économistes ») aux côtés des physiocrates dont il partage le libéralisme mais pas les fondements théoriques :  Pour les physiocrates, seule la terre est créatrice nette de valeur.  Turgot quant à lui a une théorie de la valeur qui repose sur deux fondements : l’utilité et le travail (cf texte du TD). Ce faisant, il est très largement précurseur de la théorie microéconomique néoclassique en tant qu’il conceptualise un système concurrentiel de marchés comme étant le principe d’une bonne société.  En lien avec ses activités de haut fonctionnaire et d’homme politique, Turgot aura aussi de nombreuses contributions très pratiques sur le taux d’intérêt par exemple.  Mais c’est surtout en tant qu’homme politique, en tant qu’intendant général de Louis XVI, une sorte de premier ministre, qu’il met en œuvre les réformes institutionnelles libérales :  Il libéralise le marché des grains (essentiel à cette époque) ;  Mais et surtout il supprime en 1776 le système des corporations pour le remplacer par le libre marché de l’activité. Suite à cette réforme et aux résistances qu’elle soulève, il sera démissionné (un mois après) par le jeune roi Louis XVI. Question 2 : Quelle est la première opération conceptuelle à laquelle se livre Turgot pour établir la valeur marchande des biens ? Pour quelles raisons ?  Il s’agit du passage au troc, cette opération conceptuelle opère le retrait de la monnaie.  Sa raison se trouve dans le projet du texte qui étudie le commerce afin de découvrir les véritables lois qui gouvernent la formation des prix. Cette opération intellectuelle est ancienne, antérieure à la microéconomie, on la trouve chez Aristote. Elle repose sur l’idée qu’il y a une valeur réelle des biens que la monnaie ne permet pas toujours d’exprimer, notamment parce que la monnaie est liée au politique comme monnaie signe qui peut alors manipuler la valeur réelle des biens (ce qui suppose une monnaie neutre ou monnaie marchandise). On reviendra sur la monnaie dans le TD6 consacré à Boisguilbert.  Turgot nous invite à distinguer la valeur du prix. Le prix ne définit pas mécaniquement la valeur d'un objet (ex: le prix de l'eau dans le désert > à celui d’un diamant). La valeur est donc toujours relative et n’est pas intrinsèque à l'objet. Question 3 : Quelle est la seconde opération conceptuelle à laquelle se livre Turgot pour établir la valeur marchande des biens ? Pour quelles raisons ?  Il s’agit du retrait de l’autre des échanges, en passant à l’échange naturel (que Turgot appelle le « premier commerce ») entre l’individu et la nature.  « La nature seule fournit à ses besoins, et déjà il fait avec elle un premier commerce où elle ne fournit rien qu’il ne paie par son travail, par l’emploi de ses facultés et de son temps. »   La microéconomie considère l’individu comme première cause de la valeur, elle repose sur un individualisme dogmatique (l’individu comme premier élément du social est le dogme de la pensée moderne du social). Elle est ainsi conduite à reprendre le mythe de Robinson qui est partagé par la pensée moderne fondant la société sur l’individu, ses droits naturels. Avec la précision qu’aux XVIIe et VIIIe siècles, l’homme des droits naturels est l’homme tel que Dieu l’a conçu à travers donc une transcendance de nature religieuse.   Afin de pouvoir fonder l’analyse du commerce à partir du comportement de l’individu isolé, il est nécessaire pour Turgot de réduire l’échange à un échange entre l’individu et la nature qu’il nomme « ce premier commerce.... dans l’immense magasin de la nature ». Question 4 : Quelles sont les caractéristiques de l’utilité comme fondement de la valeur ?  L’utilité a trois caractéristiques : 1. Elle est subjective 2. Elle est relative car aucune utilité absolue ne peut être calculée, c’est pourquoi Turgot parle déjà de préférence d’un bien par rapport à un autre 3. Elle est un ordre qui repose sur un calcul rationnel, qui requiert lui-même une stabilité dans le temps (la prévoyance) ➔si les objets se conservent dans le temps, l’individu commence alors à comparer ses besoins entre eux et recherche les objets non plus sous l’impulsion du besoin présent, mais selon l’ordre de la nécessité et de l’utilité de ses besoins. Donc il évalue les objets selon leur importance. Question 5 : Quel est le second fondement de la valeur chez Turgot et quelles sont ces caractéristiques?  La rareté, qui a trois caractéristiques : 1. Elle est une donnée naturelle, au sens où l’eau est plus rare au Sahel que dans le Cantal ; 2. Elle est une donnée technique, au sens où, à un moment donnée, la technique utilisée par l’homme permet de produire avec plus ou moins de facilité les biens ; 3. Comme donnée naturelle et technique, la rareté correspond à un fondement objectif de la valeur, qui n’est pas relié aux caractéristiques subjectives de la personne mais à la plus ou moins grande difficulté pour l’homme de produire un bien (ce qui dépend de ses facultés). Question 6 : Pourquoi et comment Turgot peut-il définir le prix avant tout échange ou commerce avec l’autre ?  Pourquoi ? ➔Parce qu’il a construit le rapport de l’homme isolé face à la nature (qui chez Aristote est soit une bête, soit un Dieu) dans les termes d’un rapport marchand où l’homme en échange de son travail reçoit des biens de la nature.  Comment ? ➔En considérant le prix comme une combinaison de l’utilité et de la rareté comprises dans une économie privée. Question 7 : En quoi l’échange social (bilatéral et multilatéral) trouve-t-il ses fondements dans l’échange naturel ou premier commerce ?  Du fait que la valeur d’échange est définie par Turgot comme une valeur estimative moyenne où chacune des valeurs estimatives en question renvoie à l’échange de l’individu isolé avec la nature.  Pour Turgot, l’échange avec un grand nombre d’individus (multilatéral ou concurrentiel) permet de réaliser l’idéal de liberté-autonomie mis en scène par l’économie de l’individu isolé ou premier commerce. Question 8 : Que représente Robinson pour l’époque moderne ?  Voir pour ce qui est du roman de Defoe, l’analyse de Marthe Robert dans Roman des origines et origines du roman (Gallimard). Selon celle-ci, Robinson Crusoé est, avec Don Quichotte de Cerventès, le premier roman moderne :  D’une part, parce qu’il met en scène pour la première fois, l’homme moderne qui s’élève seul par son entreprise, en devenant un « problem solver » anglo-saxon, un self made man.  D’autre part, parce qu’à travers Robinson, Defoe interprète sa propre existence, la reconstruit. Si Robinson dans sa version romancée figure l’homme moderne, il l’est également pour l’économiste pour lequel il devient le modèle de l’homo oeconomicus. Si dans les ouvrages français, la référence à Robinson est relativement rare, sauf pour ceux qui se veulent proches des ouvrages anglo-saxons (tel le Bourguignon et alii, Théorie microéconomique, Fayard, 1992), elle est beaucoup plus centrale dans les ouvrages anglo-saxons (ex : ouvrage de Phelps, Economie politique, Fayard, 1990).  Il faut « prendre au sérieux » le mythe de Robinson comme fondement de la société moderne « individualiste » au sens où ce mythe renvoie bien à un espace premier de nature transcendante et ici religieuse. Ainsi dans le préambule de son édit de 1776, supprimant les corporations pour le libre marché du travail (de l’activité), Turgot fonde le droit à la liberté du travail sur une référence à Dieu : « Dieu, en donnant à l’homme des besoins, en lui rendant nécessaire la ressource du travail, a fait, du droit de travailler, la propriété de tout homme, et cette propriété est la première, la plus sacrée et la plus imprescriptible de toute » (souligné par nous).  Le libéralisme économique (comme d’ailleurs politique chez Hobbes et Locke) a originellement un fondement religieux. L’homme isolé est rattaché à Dieu à travers une transcendance divine. C’est une grande uploads/Finance/ pwt-td-1-micro.pdf

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  • Publié le Jul 19, 2022
  • Catégorie Business / Finance
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