ENDETTEMENT ET TRANSPARENCE DES GRANDES ENTREPRISES CAMEROUNAISES Robert Wanda,

ENDETTEMENT ET TRANSPARENCE DES GRANDES ENTREPRISES CAMEROUNAISES Robert Wanda, Fabrice Arnaud Guetsop Sateu EMS Editions | « Question(s) de management » 2016/1 n° 12 | pages 61 à 74 ISSN 2262-7030 DOI 10.3917/qdm.161.0061 Article disponible en ligne à l'adresse : -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- https://www.cairn.info/revue-questions-de-management-2016-1-page-61.htm -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- Distribution électronique Cairn.info pour EMS Editions. © EMS Editions. Tous droits réservés pour tous pays. La reproduction ou représentation de cet article, notamment par photocopie, n'est autorisée que dans les limites des conditions générales d'utilisation du site ou, le cas échéant, des conditions générales de la licence souscrite par votre établissement. 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Powered by TCPDF (www.tcpdf.org) © EMS Editions | Téléchargé le 19/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 129.0.99.0) © EMS Editions | Téléchargé le 19/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 129.0.99.0) Question(s) de Management ? / N°12 / Juin 2016 / 61 © Éditions EMS Robert WANDA, Fabrice Arnaud GUETSOP SATEU Endettement et transparence des grandes entreprises camerounaises Résumé n Partant du constat selon lequel l’endettement constitue non seulement un outil de contrôle des dirigeants, mais aussi un moyen efficace de résoudre une partie des coûts d’agence issue des divergences d’intérêt entre mandants et mandataires, l’objet de cette étude est de vérifier s’il existe une relation entre l’endettement et la transparence des grandes entreprises camerounaises. A l’aide des don- nées portant sur un échantillon de 66 grandes entreprises, il est statistiquement et économétriquement démontré que le niveau d’endettement influence le degré et la qualité de communication financière de l’entreprise. n  Mots-clefs : endettement, transparence de l’entre- prise, communication financière, asymétrie d’informa- tion. n Summary Noting that the debt is not only one of the leaders control tool, but also an effective way to solve some of the costs of agency resulting differences of interest between principals and agents, the object of this study is to verify whether there is a relationship between indebtedness and trans- parency of major Cameroonian companies. Using the data on a sample of 66 large companies, it is statistically and econometrically shown that the level of debt influences the degree and quality of corporate financial reporting. n  Keywords: debt; corporate transparency; financial reporting; information asymmetry. © EMS Editions | Téléchargé le 19/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 129.0.99.0) © EMS Editions | Téléchargé le 19/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 129.0.99.0) 62 / Question(s) de Management ? / N°12 / Juin 2016 ENDETTEMENT ET TRANSPARENCE DES GRANDES ENTREPRISES CAMEROUNAISES © Éditions EMS 1. INTRODUCTION A la suite de nombreux scandales liés à des pratiques commerciales ou managériales répré- hensibles ayant agité le monde économique (falsification de documents financiers à l’instar de la conduite des entreprises Enron, WordCom (…), actes de corruption dans les passations de marché d’Etat ou dans le domaine fiscal, publi- cités mensongères, mise en marché consciente de produits dangereux à la consommation, etc.), des débats tant sur le plan académique que pro- fessionnel se sont succédés sur la nécessité de contrôler le dirigeant en entreprise. Parmi les dif- férents mécanismes de contrôle1 du dirigeant, l’endettement occupe une place fondamentale et met ainsi en désaccord certains chercheurs tels : Poincelot (1999) qui ne trouve aucune influence de l’endettement sur le comporte- ment du dirigeant dans le cas des entreprises qui dégagent du free cash-flow ; puis Goffin (1999) qui trouve opportun pour une entreprise de s’endetter car pour lui, l’endettement est une source de création de valeur. Au Cameroun par contre, Wanda (2001) dans le cadre de ses tra- vaux en contexte de marché financier embryon- naire, trouve que l’endettement est une variable d’action indirecte utilisée par les actionnaires pour s’approprier la valeur auprès des dirigeants d’entreprise. Les grandes entreprises camerounaises étant des organisations où règnent quelquefois de nombreuses asymétries d’informations, le pro- blème de communication financière se pose avec acuité. Les informations communiquées dans la majeure partie des cas par les dirigeants sont des informations volontaires, c’est-à-dire celles qui intéresseraient le public (Pout, 2007). La littérature financière montre que plus les entreprises ont recours à l’endettement pour le financement de leurs projets, plus les dirigeants sont amenés à divulguer des informations por- tant sur leur responsabilité sociale et ce pour répondre aux attentes des créanciers (Khemir, 2010). L’objet de cette étude est de vérifier s’il existe une dépendance entre l’endettement et la trans- parence des grandes entreprises (GE) came- rounaises. A partir d’un échantillon de 66 GE 1 Selon Caby et Hirigoyen (2001), ces différents mécanismes de contrôle sont : la géographie du capital ; le conseil d’administration ; la politique d’endettement ; le marché financier ; le marché du travail ; la concurrence des autres firmes (le marché des biens et services). observées sur la période 2004-2009, il ressort à travers l’analyse de la régression logistique que plus l’entreprise s’endette, plus l’information financière publiée est importante et de bonne qualité. Le compte rendu circonstancié de ce résultat exige d’abord d’élucider la problématique de même que la méthodologie de l’étude. JUSTIFICATIONS THEORIQUES DE LA RELATION ENDETTEMENT ET TRANSPARENCE DE L’ENTREPRISE : UNE LECTURE DES THEORIES CONTRACTUELLES DES ORGANISATIONS Il est question tout d’abord, de cerner les concepts de théories contractuelles des orga- nisations, ensuite de ressortir l’importance des asymétries contractuelles et de l’opportunisme dans les relations interindividuelles, d’analyser la notion de communication financière comme déterminant de la transparence des entreprises, de faire un exposé sur l’endettement comme levier de contrôle et de discipline des dirigeants et enfin, de parler de l’endettement limité par des vices avérés. 1.1.  Les concepts de théories contractuelles des organisations : des théories émergentes Dans la grande famille des théories des contrats, trois courants contemporains se sont particu- lièrement illustrés. Au-delà des principes com- muns, chacun d’eux aborde la question sous un sens légèrement différent. La théorie des coûts de transaction se foca- lise sur les défaillances du marché. En 1975, Williamson décrit d’abord les « frictions » exis- tant lors des échanges2 pour expliquer la forma- tion des firmes. Ensuite, il analyse les différentes structures de gouvernance. Et pour finir, il travail tout particulièrement sur la spécificité des actifs et la notion d’opportunisme. Sa théorie offre un cadre conceptuel pour faire un choix entre diffé- rents modes de coordinations dans les relations entre agents. La théorie de l’agence, développée princi- palement par Jensen et Meckling (1976), se concentre sur la relation entre un principal, dé- positaire d’une autorité, et un agent auquel est confiée la réalisation d’une certaine tâche. Cette délégation, dans un contexte d’asymétrie d’in- 2 Le terme « friction » emprunté à la physique, est volontiers repris par Williamson dans ses travaux. © EMS Editions | Téléchargé le 19/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 129.0.99.0) © EMS Editions | Téléchargé le 19/06/2022 sur www.cairn.info (IP: 129.0.99.0) Question(s) de Management ? / N°12 / Juin 2016 / 63 © Éditions EMS Robert WANDA, Fabrice Arnaud GUETSOP SATEU formation, génère des divergences d’intérêts qu’il faut canaliser. L’organisation s’interprète comme une superposition de telles relations et devient un « nœud de contrats ». En découle une réflexion sur les systèmes contractuels incitatifs qui donne naissance à de nombreux modèles normatifs ou positifs3 (tarification optimale, mo- dalité d’enchères…). Ce courant est tout indiqué pour comprendre la relation entre un mandant et un mandataire et pour réfléchir à des modes de contrôle et d’incitation. Le dernier des courants contemporains est celui des droits de propriété. Des auteurs à l’instar d’Alchian ou Demsetz (1972), analysent les droits de propriété comme des conventions admises par la société, permettant de préciser l’usage des biens. Autrement dit, les lois, mais aussi les règles, habitudes et coutumes permettent de déterminer pour chaque actif trois attributs : le droit d’utiliser cet actif, le droit d’en tirer un revenu et le droit de le céder à un tiers. Les rela- tions entre les agents sont cette fois condition- nées par la nature et la distribution de ces droits. La répartition de chacun de ces attributs à une ou plusieurs personnes et la transférabilité des droits de propriété conditionnent l’organisation de l’économie et les relations d’échange. Cette analyse conduit particulièrement à des préconi- sations sur la répartition du pouvoir de décision. 1.2.  L’importance des asymétries contractuelles et de l’opportunisme dans les relations interindividuelles Les théories contractuelles des organisations se proposent sous ses formes actuelles d’expli- quer les différences de structure adoptées par les organisations et de déterminer un ensemble de caractéristiques organisationnelles qui per- mettent de comprendre leur fonctionnement. A partir de ses nombreuses recherches, Jensen4 conclut que la considération des trois systèmes suivants – le système de mesure de perfor- mance et d’évaluation, le système de récom- pense et de sanction, le système d’allocation de la décision entre les différents membres de l’organisation – est suffisante pour permettre de construire une taxinomie des différentes organisations. On remarquera immédiatement que ces caractéristiques organisationnelles ne 3 Le courant « uploads/Finance/ qdm-161-0061.pdf

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• Détails
• Publié le Apv 05, 2022
• Catégorie Business / Finance
• Langue French
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