En d'autres temps, Valéry Giscard d'Estaing aimait répéter la formule célèbre d

En d'autres temps, Valéry Giscard d'Estaing aimait répéter la formule célèbre de son ami Helmut Schmidt : « Les profits d'aujourd'hui font les investissements de demain et les emplois d'après-demain. » Et la gauche elle-même, après avoir négocié le virage de la « rigueur », en est venue à faire sienne la philosophie économique du chancelier allemand. C'est en apparence une question de simple bon sens : comme il n'y a de vraies créations de richesses et de vrais emplois que ceux générés par les entreprises, quand celles-ci vont bien, tout va bien ! En bref, les profits des entreprises ont nécessairement un effet vertueux sur toute l'économie. Si le constat est exact, il faut alors se réjouir des performances engrangées ces derniers mois par tous les grands groupes français. Car notre enquête sur les résultats financiers des sociétés du CAC 40 pour le premier semestre de l'année en cours ne laisse pas place au doute : du secteur pétrolier jusqu'au secteur bancaire, en passant par l'industrie de la pharmacie ou la publicité, la plupart des champions français affichent des chiffres d'affaires et surtout des gains plus élevés que prévu. Source : Le Monde, 5 août 2005. l semble admis que la demande anticipée est le déterminant principal de l'investissement. En période de faible croissance ou de récession, les entreprises adoptent une stratégie d'investissement prudente, elles ne cherchent pas à augmenter leurs capacités de production, et parfois même ne renouvellent pas les équipements devenus obsolètes. Au contraire, en période de croissance soutenue, les entreprises sont incitées à investir pour augmenter leurs capacités de production, afin de profiter de la hausse de la demande. Les enquêtes réalisées par l'INSEE, auprès des chefs d'entreprise semblent confirmer ce raisonnement théorique. Les chefs d'entreprise interrogés citent surtout la demande comme motif déterminant de leurs projets d'investissement. Source : JOSEPH KERGUERIS, Rapport d'information du Sénat n°35 fait au nom de la délégation du Sénat pour la planification (session 2002-2003), 29 octobre 2002. ravail préparatoire 1. Cette citation de l'ancien chancelier allemand H. Schmidt, présentée parfois comme « le théorème de Schmidt », met l'accent sur le lien entre les profits, source de l'épargne des entreprises, et l'acte d'investissement qui est censé en résulter. Elle s'inscrit clairement dans une vision « néoclassique » du fonctionnement de l'économie, prônant implicitement une politique favorable à l'offre pour développer l'activité : ce sont les disponibilités financières engrangées sous forme de profits qui permettent l'autofinancement des acquisitions de biens de production, sous forme d'investissement de capacité ou de productivité. Cette phrase célèbre a été souvent critiquée pour le caractère automatique du lien qu'elle suggère et plus encore pour le lien investissement/ emplois évoqué à la fin de la citation. 2. À près de 20 ans d'intervalle, ces deux années se caractérisent par une phase de forte récession, le PIB reculant dans les deux cas de 1 %. La situation de l'investissement est également comparable : le recul de l'activité est accompagné d'une baisse du taux d'investissement qui se prolonge au-delà de la période de récession, après la reprise. 3. Le taux d'investissement est, au moins partiellement, lié au taux de croissance du PIB. Mais les variations des deux indicateurs ne sont pas strictement parallèles. On constate assez clairement un décalage temporel entre les deux évolutions : les périodes de ralentissement économique sont accompagnées, de manière presque immédiate, d'un recul du taux d'investissement. Mais les périodes de reprise, elles, sont suivies d'une poursuite de la baisse antérieure de l'investissement. Ce n'est que lorsque la reprise se confirme que le taux d'investissement reprend sa progression. Ce décalage traduit la réticence des entreprises à reprendre les achats d'équipements tant que les surcapacités de production n'ont pas disparu. 4. Parmi les éléments qui déterminent la décision d'investir, l'évolution de la demande semble être l'élément déterminant. Disposant d'une capacité de production donnée, le chef d'entreprise analyse l'évolution probable de la demande future. Si cette évolution se révèle positive et si la demande anticipée ne peut être satisfaite avec les capacités existantes, le chef d'entreprise prend la décision d'acquérir de nouveaux équipements qui lui permettront de profiter de la hausse attendue de la demande. D'autres déterminants entrent aussi en jeu dans cette décision, mais la demande anticipée, à travers l'évolution des carnets de commandes, en est le déterminant majeur. 5. Le taux d'intérêt est un des éléments financiers qui interviennent dans la décision d'investissement. L'entreprise, devant un projet d'investissement, doit en effet comparer le rendement attendu de l'investissement et le taux d'intérêt. Le rendement attendu résulte d'un calcul prospectif qui intègre l'évolution anticipée de la demande et des hypothèses sur l'évolution des prix (prix de vente du produit et coûts de production). Le taux d'intérêt, lui, représente le coût des emprunts (si l'entreprise ne s'autofinance pas) ou le rendement d'un placement alternatif (si l'entreprise dispose de ressources de financement). Dans les deux cas, le rendement attendu de l'investissement doit être significativement supérieur au taux d'intérêt, de manière à couvrir le risque et l'incertitude toujours liés à une opération d'investissement. 6. Le taux d'utilisation des capacités de production représente la part (en %) du potentiel total des équipements productifs effectivement utilisée à un moment donné. Lorsque ce taux se rapproche de la limite théorique des 100 % (dans la réalité, entre 85 et 90 %), l'entreprise ne peut plus accroître son volume de production. La décision d'acquérir de nouveaux équipements s'impose alors, si les perspectives concernant la demande sont favorables. Le taux de profit (résultat net/ capitaux engagés) influence la décision d'investir : d'une part, le profit antérieur conditionne l'état des ressources financières de l'entreprise, notamment sa capacité d'autofinancement, d'autre part, le taux de profit escompté, qui exprime la rentabilité de l'investissement projeté, est comparé par l'entrepreneur au taux d'intérêt. De cette comparaison découlera la décision de réaliser l'investissement (si le taux de profit est supérieur au taux d'intérêt) ou de ne pas le faire, dans le cas inverse. Question de synthèse Introduction L'investissement des entreprises, opération qui consiste à acquérir des biens de production durables, est une variable qui, au côté de la consommation des ménages et des exportations, constitue un des moteurs de la croissance économique. La décision d'investir, acte microéconomique, obéit aux règles du calcul rationnel et des contraintes de la rentabilité. Mais elle est aussi influencée par d'autres facteurs (document 4), parfois macroéconomiques, qui en font un phénomène complexe et instable. I. Au cœur de la décision, un calcul rationnel 1. L'estimation de la rentabilité Le chef d'entreprise peut avoir trois motifs de décision d'investissement : le remplacement des équipements usagés, l'accroissement de la capacité de production, l'amélioration de la productivité. Quel que soit le motif, la décision relève, au moins théoriquement, d'une analyse chiffrée qui permet d'évaluer la rentabilité escomptée de l'investissement. Cette estimation, qui laisse bien sûr une place non négligeable à l'incertitude, s'appuie sur une anticipation de l'évolution de la demande future et de la part de marché captée par l'entreprise (document 3). Cela permet d'évaluer le volume de production prévisible. Il faut, par ailleurs, faire des hypothèses sur l'évolution du prix du produit et des coûts de production en capital et en travail. L'entreprise peut alors estimer le profit attendu de l'investissement qui, rapporté au montant des sommes investies, permet de calculer un « taux de rentabilité attendu ». 2. Le rôle du taux d'intérêt Ce taux va servir de critère majeur de décision. Deux circonstances peuvent en effet se présenter : l'autofinancement ou l'appel à l'emprunt. Si l'entreprise a les moyens de s'autofinancer (ce qui dépend largement de la rentabilité antérieure et des profits accumulés) (document 3), le chef d'entreprise comparera le taux de rentabilité attendu et le taux d'intérêt que lui rapporterait un placement alternatif sans risque (emprunt d'État, par exemple). Si la rentabilité est sensiblement plus élevée que ce taux d'intérêt, couvrant ainsi une « prime de risque » liée aux éléments d'incertitude, la décision d'investir sera prise. Dans le cas contraire, la décision d'investir ne serait pas rationnelle. Le taux d'intérêt servira aussi de critère dans le cas d'un financement de l'investissement par l'emprunt : il faut en effet que le rendement de l'investissement couvre nettement le coût financier de l'emprunt. II. Les autres déterminants de la décision d'investir Il semble donc clair que l'estimation par l'entreprise de la rentabilité du projet d'investissement envisagé est au cœur de la décision d'investir. Cependant, d'autres éléments jouent, dans la réalité quotidienne de l'entreprise, un rôle non négligeable : le rythme du progrès technique, la situation de concurrence, le taux d'utilisation des équipements, les éléments extérieurs que sont les taux d'intérêt et les incitations fiscales. 1. Le rythme du progrès technique La rapidité des innovations technologiques peut, dans certains cas, représenter pour l'entreprise une contrainte à laquelle elle ne peut échapper. L'obsolescence accélérée, qui frappe aujourd'hui certaines technologies (informatique, biotechnologies …), peut amener l'entreprise à bousculer ses prévisions antérieures d'investissement, en rendant caduc le calcul de rentabilité et en la contraignant à remplacer des équipements non encore totalement amortis, pour intégrer l'innovation. 2. Le contexte concurrentiel Cette contrainte uploads/Finance/ theoreme-de-schmidt.pdf

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  • Publié le Fev 20, 2022
  • Catégorie Business / Finance
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