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Directeur de la publication : Edwy Plenel www.mediapart.fr 1 1/2 « Avec ces explosions, les enfants aussi ont compris que c’était la guerre » PAR MATHILDE GOANEC ARTICLE PUBLIÉ LE JEUDI 24 FÉVRIER 2022 Un homme est assis devant son immeuble détruit après les bombardements sur la ville de Chuguiv, dans l'est de l'Ukraine, le 24 février 2022. © Photo Aris Messinis / AFP Les tirs ont débuté dans la nuit, un peu partout en Ukraine. Des témoins racontent l’effroi de la nuit, et cette première journée sous invasion russe. Dans la nuit du mercredi 23 au jeudi 24 février 2022, Oleksiy Dragomyretskyy a entendu un premier tir. Puis un second, 20 minutes plus tard, et ainsi jusqu’au petit matin. Cet enseignant d’Odessa, ville du sud- ouest de l’Ukraine au bord de la mer Noire, n’a évidemment pas pu se rendormir. Il est sorti prendre l’air, avec sa famille, prendre des nouvelles. Quelques queues se formaient dans les magasins d’Odessa, mais tout semblait calme encore, «pas de coupure d’eau ni d’électricité, des voitures dans les rues», raconte Oleksiy. «Dans le parc où nous nous promenions, nous avons même vu un couple de mariés qui se prenait en photo, c’était surréaliste.» «Ce qui se passe, cette pluie d’obus à l’Est, les tirs ici, c’est du Moyen Âge, de la folie furieuse »,poursuit l’enseignant.Odessa fait pleinement partie «du projet de conquête de Vladimir Poutine, depuis 2014», début de la guerre en Ukraine. «Nous sommes sur son chemin», s’inquiète Oleksiy, entre la Crimée (annexée en 2014) et la Moldavie (dont une partie du territoire, la Transnistrie, est quasiment sous protectorat russe). Alors qu’Oleksiy nous parle de sa ville «comme d’une île, ukrainienne à sa façon, presque méridionale», son épouse lui montre les mauvaises nouvelles qui tombent sur le téléphone, l’information sur les premières victimes civiles. «Nous sommes en guerre depuis huit ans. Mais beaucoup d’Ukrainiens ont fermé les yeux. Poutine nous force à regarder la vérité en face.» Un homme est assis devant son immeuble détruit après les bombardements sur la ville de Chuguiv, dans l'est de l'Ukraine, le 24 février 2022. © Photo Aris Messinis / AFP Dariya Bibikova, traductrice, vit à la campagne, à dix kilomètres de la capitale, non loin de l’aéroport. Depuis sa maison, elle a entendu les tirs sur Brovary, en banlieue de Kiev, qui ont fait au moins six morts et des blessés. «Avec ces explosions, les enfants aussi ont compris que c’était la guerre. On connaissait la situation, bien sûr, mais sans vouloir croire que ça allait arriver. C’est un désastre.» La journée est passée, normale et anormale à la fois: «Je travaille, on s’occupe des enfants, et on regarde les informations.» Sur les boucles du réseau de messagerie entre habitant·es, nouvelles et fausses nouvelles circulent. Le supermarché est resté ouvert, mais il n’y a plus beaucoup d’essence à la pompe, et les bouchons s’étendent comme une pieuvre autour de la capitale. «Pour le moment, les Russes semblent viser les unités militaires, pas les civils directement, et nous ne savons vraiment pas s’il faut partir à l’ouest ou bien rester, confie Dariya. Le gouvernement demande de rester calme et de ne pas encombrer les routes pour laisser passer les convois militaires. J’ai prévenu mes filles que si nous devions partir, nous ne pourrions pas emmener les chats. Elles ont pleuré.» Lesia a quitté la ville de Kharkiv et même l’Ukraine dimanche 20 février, quatre jours avant que les tirs russes ne s’abattent sur cette cité de l’est du pays. «Nombre de mes amis sont allés se proposer aux forces de défense de l’armée ukrainienne, certains vont donner leur sang, d’autres de l’argent. Je ne suis pas aussi courageuse qu’eux.» Lesia pleure au téléphone. «J’ai mon fils à défendre.» Directeur de la publication : Edwy Plenel www.mediapart.fr 2 2/2 Les bombardements à Kharkiv visaient des bases militaires, certains ont touché des immeubles d’habitation. «À six heures ce matin, mes parents étaient sains et saufs mais je n’ai pas de nouvelles depuis»,s’inquiète lajeune femme, dont la voix tremble à nouveau. Là aussi, la population a commencé à fuir, mais, faute d’essence ou parce que les issues sont bloquées par des centaines de voitures, des personnes rebroussent chemin ou s’arrêtent dans les villages alentour. D’autres se sont réfugiées dans le métro par peur des bombardements. «Jusque-là, beaucoup espéraient que la crise allait se résoudre malgré tout, narre Lesia. Moi aussi, même si depuis huit ans que cette guerre dure, je sais que ça peut arriver. Je pensais quand même que Poutine aurait peur des sanctions, des réactions internationales, mais il n’a peur de rien. Pour lui, ce n’est que le début. Si le monde ne l’arrête pas maintenant, rien ne l’arrêtera.» L’atmosphère est celle «du premier jour d’une invasion», commente avec fatalisme Oleksandra Matviychuk, qui dirige le Centre pour les libertés civiles. Cette ONG de défense des droits humains à Kiev documente et dénonce les menaces, pressions et exactions commises à l’encontre des activistes, journalistes ou encore artistes hostiles aux forces séparatistes dans le Donbass depuis 2014. « Nous réfléchissons à la manière d’agir maintenant, pour être le plus utiles possible. Les Ukrainiens vont se battre, bien sûr. Mais ce que nous demandons aux Occidentaux, c’est de combien de temps nous disposons désormais pour résister. » Boite noire Les personnes interrogées ont été jointes par téléphone, jeudi 24 février 2022. Directeur de la publication : Edwy Plenel Direction éditoriale : Carine Fouteau et Stéphane Alliès Le journal MEDIAPART est édité par la Société Editrice de Mediapart (SAS). Durée de la société : quatre-vingt-dix-neuf ans à compter du 24 octobre 2007. Capital social : 24 864,88€. Immatriculée sous le numéro 500 631 932 RCS PARIS. Numéro de Commission paritaire des publications et agences de presse : 1214Y90071 et 1219Y90071. Conseil d'administration : François Bonnet, Michel Broué, Laurent Mauduit, Edwy Plenel (Président), Sébastien Sassolas, Marie-Hélène Smiéjan, François Vitrani. Actionnaires directs et indirects : Godefroy Beauvallet, François Bonnet, Laurent Mauduit, Edwy Plenel, Marie- Hélène Smiéjan ; Laurent Chemla, F. Vitrani ; Société Ecofinance, Société Doxa, Société des Amis de Mediapart, Société des salariés de Mediapart. Rédaction et administration : 8 passage Brulon 75012 Paris Courriel : contact@mediapart.fr Téléphone : + 33 (0) 1 44 68 99 08 Télécopie : + 33 (0) 1 44 68 01 90 Propriétaire, éditeur, imprimeur : la Société Editrice de Mediapart, Société par actions simplifiée au capital de 24 864,88€, immatriculée sous le numéro 500 631 932 RCS PARIS, dont le siège social est situé au 8 passage Brulon, 75012 Paris. Abonnement : pour toute information, question ou conseil, le service abonné de Mediapart peut être contacté par courriel à l’adresse : serviceabonnement@mediapart.fr. ou par courrier à l'adresse : Service abonnés Mediapart, 4, rue Saint Hilaire 86000 Poitiers. Vous pouvez également adresser vos courriers à Société Editrice de Mediapart, 8 passage Brulon, 75012 Paris. uploads/Finance/ ucrania 5 .pdf
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- Publié le Dec 07, 2022
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