Mai 2015 ÉCONOMIE DE LA CONNAISSANCE ECONOMY OF KNOWLEDGE 知识经济 Idriss J. ABERKA
Mai 2015 ÉCONOMIE DE LA CONNAISSANCE ECONOMY OF KNOWLEDGE 知识经济 Idriss J. ABERKANE 지식 경제 www.fondapol.org ÉCONOMIE DE LA CONNAISSANCE IDRISS J. ABERKANE 6 La Fondation pour l’innovation politique est un think tank libéral, progressiste et européen. Président : Nicolas Bazire Vice Président : Grégoire Chertok Directeur général : Dominique Reynié Présidente du Conseil scientifique et d’évaluation : Laurence Parisot La Fondation pour l’innovation politique publie la présente note dans le cadre de ses travaux sur la croissance économique. 7 FONDATION POUR L’INNOVATION POLITIQUE Un think tank libéral, progressiste et européen La Fondation pour l’innovation politique offre un espace indépendant d’expertise, de réflexion et d’échange tourné vers la production et la diffusion d’idées et de propositions. Elle contribue au pluralisme de la pensée et au renouvellement du débat public dans une perspective libérale, progressiste et européenne. Dans ses travaux, la Fondation privilégie quatre enjeux : la croissance économique, l’écologie, les valeurs et le numérique. Le site www.fondapol.org met à disposition du public la totalité de ses travaux. Sa nouvelle plateforme « Data.fondapol » rend accessibles et utilisables par tous les données collectées lors de ses différentes enquêtes et en plusieurs langues, lorsqu’il s’agit d’enquêtes internationales. Par ailleurs, notre média « Trop Libre » offre un regard quotidien critique sur l’actualité et la vie des idées. « Trop Libre » propose également une importante veille dédiée aux effets de la révolution numérique sur les pratiques politiques, économiques et sociales dans sa rubrique « Renaissance numérique » (anciennement « Politique 2.0 »). La Fondation pour l’innovation politique est reconnue d’utilité publique. Elle est indépendante et n’est subventionnée par aucun parti politique. Ses ressources sont publiques et privées. Le soutien des entreprises et des particuliers est essentiel au développement de ses activités. 8 9 RÉSUMÉ Imaginez une économie dont la ressource principale est infinie. Imaginez une économie dotée d’une justice intrinsèque, une économie qui facilite et récompense le partage, une économie où le chômeur a davantage de pouvoir d’achat que le salarié, une économie où 1 et 1 font 3, une économie dans laquelle tout le monde naît avec du pouvoir d’achat et où, enfin, le pouvoir d’achat ne dépend que de vous-même. La nooéconomie – l’économie de la connaissance – capture la totalité du développement durable et ouvre la possibilité de trivialiser en quelques années des problèmes que l’humanité a estimés insolubles. Ce traité répond à trois questions : pourquoi en faire ? comment en faire ? qu’est-ce qu’en faire? Ceci est un traité pratique d’économie de la connaissance, particulièrement conçu pour le citoyen et le politique. Il décrit simplement les enjeux de ce domaine capital pour le développement durable, la diplomatie et la sécurité, ou encore la lutte contre la pauvreté, le développement économique territorial et national, et en particulier pour ce que les Anglo-Saxons appellent « Silicon Valley studies ». Il inspirera les questions de politique publique, éducative et infrastructurelle. Ses prolongements sont la biomimétique, l’écologie industrielle, l’économie circulaire et la Blue Economy du Pr. Gunter Pauli. Cette note fait l’objet d’éditions simultanées en anglais : Economy of Knowledge, en chinois : 知识经济 et en coréen : 지식경제 10 11 INTRODUCTION Imaginez une économie dont la ressource principale est infinie. Imaginez une économie dotée d’une justice intrinsèque, une économie qui facilite et récompense le partage, une économie où le chômeur a davantage de pouvoir d’achat que le salarié, une économie où 1 et 1 font 3, une économie dans laquelle tout le monde naît avec du pouvoir d’achat et où, enfin, le pouvoir d’achat ne dépend que de vous-même. Comme la connerie 1, la connaissance est infinie. Cette potentialité fondamentale de la connaissance a des implications économiques très profondes. Tout d’abord, si la connaissance est infinie, alors une croissance indexée sur la connaissance peut être infinie elle aussi. Nous savons que ce n’est pas le cas d’une croissance indexée sur les matières premières qui, elles, même renouvelables – car le temps n’est pas infini –, seront toujours finies. Une croissance infinie est impossible avec des ressources finies, mais une croissance infinie avec la connaissance est non seulement possible mais facile. En conséquence, l’économie de la connaissance capture la totalité du développement durable. C’est dire l’immense richesse de ses applications. 1. La profanité est une épice du discours : trop est indigeste, trop peu est fade, mais la bonne dose rend le discours mémorable. Comme disait Patton, « when I want my men to remember something important, to really make it stick, I give it to them double dirty. It may not sound nice to a bunch of little old ladies, at an after noon tea party, but it helps my soldiers to remember. You can’t run an army without profanity, and it has to be eloquent profanity ». ÉCONOMIE DE LA CONNAISSANCE Dr. Idriss J. Aberkane Chercheur affilié au Kozmetsky Global Collaboratory de l’université de Stanford, professeur chargé de cours en économie de la connaissance à l’École centrale Paris et ingénieur d’étude en biomimétique à l’École polytechnique-Université Paris-Saclay, ancien interne du département de psychologie expérimentale de l’université de Cambridge, ambassadeur du Campus numérique des systèmes complexes Unesco-Unitwin, professeur d’économie de la connaissance à la Mazars University dans le programme « Next MBA ». idriss.aberkane@polytechnique.edu fondapol | l’innovation politique 12 Conceptuellement, l’économie de la connaissance n’est pas une continuation de l’économie des matières premières, du travail ou du capital. Elle représente une révolution par rapport à ces dernières, un changement de paradigme, et bien que le terme soit galvaudé ad nauseam par le marketing de masse, elle consiste en fait à un retour aux sources mêmes du mot « économie » à l’époque des physiocrates pour qui toute valeur était réductible à un bien ou à un service naturel. La racine éco est commune aux termes économie et écologie, et c’est précisément ce que va rappeler l’économie de la connaissance. Ce traité répond à trois questions : pourquoi ? comment ? quoi ? Pourquoi faire de l’économie de la connaissance ? Comment en fait-on et, notamment, quels en sont les fondamentaux théoriques ? Et, enfin, quelles en sont les applications essentielles ? La biomimétique est l’une des plus spectaculaires d’entre elles. Ce traité s’adresse au décideur politique ou économique, le citoyen étant les deux à la fois par l’expression de son droit de vote politique et de son droit de vote économique, bien plus important, par lequel il donne son argent, son attention et son temps à telle ou telle entreprise, bien qu’il n’en soit encore aujourd’hui que très rarement conscient. Économie de la connaissance 13 I. POURQUOI FAIRE DE L’ÉCONOMIE DE LA CONNAISSANCE ? 1.1 LA CONNAISSANCE EST INFINIE Il y a une raison essentielle à faire de l’économie de la connaissance : la connaissance est infinie. Aussi parce que toutes les problématiques de gestion des ressources et de l’énergie peuvent être ramenées à celle de gérer la connaissance en train de se faire, c’est-à-dire à ne pas utiliser et épuiser une ressource d’une façon triviale aujourd’hui alors que demain la connaissance existera pour l’utiliser d’une façon bien meilleure. Nous verrons dans la troisième partie de ce manuel que la biomimétique est une expression très élégante de ce principe, d’où sa nature d’avatar technologique et industriel du développement durable. Tout le développement durable est capturé par l’économie de la connaissance, car la connaissance a le potentiel de trivialiser en une génération des problèmes que l’humanité considérait comme absolument insoluble pendant des siècles. Un kilogramme de boue renferme suffisamment d’énergie de masse pour satisfaire la demande annuelle mondiale en énergie, mais c’est par un manque de connaissance que nous sommes incapables de la libérer. L’antimatière serait un carburant révolutionnaire de la propulsion aérospatiale, mais c’est par un manque de connaissance qu’elle n’est pas massivement à notre disposition aujourd’hui. L’économie de la connaissance permet une croissance à la fois saine et infinie, ce qu’absolument aucun autre paradigme économique ne permet aujourd’hui. Elle nécessite cependant, pour s’imposer, la destruction créatrice de nos anciens paradigmes économiques, basés sur la rareté, la division et le malthusianisme, c’est-à-dire des paradigmes qui sont trivialement ancrés dans le matériel et non dans l’immatériel. Or ces paradigmes économiques, hérités de la révolution industrielle, ont encore la vie très dure, car ils ont envahi et normalisé notre système éducatif lui-même, formant les générations de demain avec les idées d’hier, mesurant le passé sur le futur. Or ne pas marcher sur son futur avec les moyens du passé est l’enjeu fondamental du développement durable. Un combat politique prolongé illustre à quel point la destruction créatrice de l’économie du capital et des ressources au profit de l’économie de la connaissance est pénible. Bien que ses prémices soient plus anciennes, nous pouvons le dater à l’année 1977, au cours de laquelle Jimmy Carter, fondapol | l’innovation politique 14 en marge d’un fascinant discours où il déclare que la crise énergétique est « l’équivalent moral de la guerre », fait le calcul suivant : si nous indexons le dollar sur les matières premières, son potentiel est grand mais limité ; si nous indexons le uploads/Finance/idriss-aberkane-economie-de-la-connaissance.pdf
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- Publié le Jan 31, 2022
- Catégorie Business / Finance
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