André Franqueville Du Cameroun à la Bolivie Retours sur un itinéraire KARTHALA

André Franqueville Du Cameroun à la Bolivie Retours sur un itinéraire KARTHALA DU CAMEROUN A LA BOLIVIE RETOURS SUR UN ITINÉRAIRE KARTHALA sur internet: http://www.karthala.com Couverture: Reconstruction par les habitants du pont de Nazacara sur le Rio Desaguadero (Altiplano bolivien). Bâtir des ponts entre les hommes, par-delà les distances culturelles et les fractures économiques (photo A.f.). © Éditions KARTHALA, 2000 ISBN: 2-84586-057-9 André Franqueville Du Cameroun à la Bolivie Retours sur un itinéraire Éditions KARTHALA 22-24, boulevard Arago 75013 PARIS Sommaire Avant-propos Le Cameroun, la Bolivie et nous Il Sécurité alimentaire 1 - Le Sud nourrira t-il ses villes ? 31 2 - Malnutrition et politiques agro-alimentaires en Bolivie 41 3 - L'offre s'adapte t-elle à la demande? Comparaison de deux enquêtes sur le Marché central de Yaoundé 57 4 - La consommation alimentaire dans les Andes de Bolivie. Pratiques et représentations 71 5 - Insécurité alimentaire et dépendance. Les importations dans le système alimentaire bolivien 85 6 - Surproduction et pénurie de lait en Bolivie. Quand la libéralisation désorganise la production nationale ....... 97 Population 7 - La population rurale africaine face à la pénétration de l'économie moderne. Le cas du Sud-Cameroun 111 8 - Deux cas d'évolution de la population rurale dans le sud du Cameroun 129 Villes 9 - Villes et réseau urbain-de Bolivie 147 10 - Le paysage urbain de Yaoundé 163 Il - Être élève à yaoundé 207 Migrations. 12 - L'étude des migrations actuelles en Afrique. Réflexions méthodologiques : 219 13 - Une Afrique entre le village et la ville. Les migrations dans le sud du Cameroun 231 14 - Espace relationnel et immigration urbaine en Afrique. La notion de région migratoire 245 Peuples et cultures 15 - Les 500 ans et l'identité indienne en Bolivie 263 16 - L'espace andin préhispanique 285 17 - L'habitat rural dans le sud du Cameroun 301 18 - Persistance et évolution des coutumes béti. L'enterrement d'un vieux chef en pays éton 315 n.C.A X. Raguenes• 1999 EST +.. Yokadouma" ~ . .. ~ .. .. .. .. ~)( )()( + .. +.. .. +++++.,.. ..,.+ .,.. +.,. +.,. Ji(' CONGO ""t 14" 1S o 12 0 GABON Route principale Voie ferrée 12 0 Limite de province NORD Nom de province 0 Chef·lieu de départemenl 0 200 Km - 10 0 \>- » \ 0- D ~ so e:, " ~ +t(.: x SO ATL,ANTlQ U E. 2". >,. .. ';.:\:;Z~~:·:inr·X:.'r.?·:· IRD· Laboratoirede cartographie appliquée Carte duCameroun PARAGUAY +-+ + 10' : + + PÉROU Carle de la Bolivie o 1 Route principale Voie ferrée Limite de département Chef·lieu de département 200 km BRÉSIL 60' C. Vallon· 1997 AVANT-PROPOS LE CAMEROUN, LA BOLIVIE ET NOUS Quelle coopération pour quel développement? Aux Camerounais et aux Boliviens avecqui j'ai eu La chancede coopérer. Ils m'ontappris Leurpays. Cet ouvrage ne doit son existence qu'à l'amicale pression de mes anciens collègues de l'Orstom-IRD qui, au moment où je quittais cet institut, m'ont suggéré de reprendre en un seul volume quelques uns des textes écrits au cours de trois décennies d'activité et publiés de façon dispersée dans des revues variées ou des ouvrages collectifs. Qu'il s'agisse du Cameroun ou de la Bolivie, les articles sélectionnés ont pu être assez aisément regroupés sous cinq grands thèmes qui reflètent ce que furent, dans l'un et l'autre pays, mes principaux centres d'intérêt : sécurité alimentaire, population, villes, migrations, et aussi un thème plus composite, peuples et cultures, qui déborde le champ de la géographie stricto sensu pour toucher à l'histoire et à l'anthropologie. J'ai préféré ce regroupement thématique à une présentation qui aurait traité successivement du Cameroun puis de la Bolivie. A l'intérieur de chaque grand thème, les articles sont classés, dans la mesure du possible, du plus' général au plus particulier. Cette constance des thèmes n'exclut certes pas une certaine évolution de la pensée au cours de ces trente années, évolution parallèle à celle des idées concernant les pays du Sud et leurs rapports avec ceux du Nord. Le lecteur repérera sans doute, ici et là, les échos des débats et des idéologies qui avaient cours au moment où ces textes furent écrits. 12 DU CAMEROUN À LA BOLIVIE: RETOURS SUR UN ITINÉRAIRE Cameroun et Bolivie. Deux pays dont le rapprochement sous une même couverture peut, a priori, paraître totalement fortuit et n'être dû qu'au hasard des affectations décidées par l'Orstom'. Et pourtant, malgré les milliers de kilomètres qui les séparent, tous deux partagent des destins fort semblables au point de sembler donner raison à ceux pour qui le déroulement de l'histoire n'est qu'une longue et désespérante répétition à travers les siècles quel qu'en soit le lieu, l'homme ne cessant d'être partout que ce qu'il est. 1494. Deux ans seulement après la "découverte" de Colomb, les grandes puissances européennes de l'époque, Espagne et Portugal, se partagent, par le traité de Tordesillas, le nouveau continent encore largement inconnu, avec la bénédiction du pape Alexandre VI. Ce qui sera la Bolivie tombe dans l'escarcelle des Rois Catholiques. Du Mexique à l'Argentine actuels, en l'espace d'une génération, quelque 90 millions d'habitants vont disparaître de cette partie du monde: le plus grand génocide de l'histoire. 1884. Conférence de Berlin: à l'instigation de Bismarck, les nouvelles puissances européennes se partagent le continent africain dont seules les côtes étaient jusqu'alors fréquentées et écumées. Après la saignée de la traite des Noirs qui, depuis le XVIo siècle, avait déporté vers les Amériques entre 10 à 25 millions d'hommes et de femmes, le dépeçage de l'Afrique commence : France, Allemagne, Angleterre et Belgique en reçoivent leur part. Le Cameroun sera allemand jusqu'au traité de Versailles, puis divisé entre la France et l'Angleterre en vertu de la tutelle octroyée par la Société des Nations. A quatre cents ans d'intervalle, le même partage colonial au profit de puissances occidentales sûres, comme le sont aujourd'hui les États-Unis, qu'une "manifest destiny" les autorisait à dominer des terres et des peuples qu'elles ne connaissaient pas, sous le même prétexte d'une providentielle mission civilisatrice dont elles s'estimaient investies. En Bolivie, la colonisation espagnole dure 300 ans, trois siècles de pillage et de destruction du pays et des sociétés humaines autochtones, au terme desquels l'indépendance (1825) n'est acquise que pour le seul profit des créoles las de voir la lointaine métropole s'emparer des richesses qu'ils considéraient comme leurs. Le joug qui pesait sur les nations autochtones tend, par contrecoup, à s'alourdir davantage encore : massacres et spolia- tions reprennent de plus belle, de la même façon qu'aux débuts de la 1Affectations successives qui m'ont permis de séjourner sans interruption de 1965 à 1975 au Cameroun et de 1985 à 1994 en Bolivie. LE CAMEROUN, LA BOLIVIE ET NOUS 13 colonie. Une nouvelle colonisation commence, seuls les maîtres ont changé. En Afrique, l'histoire avance à plus grands pas : la colonisation européenne ne dure que 75 ans, mais à qui profite cette indépendance que le Cameroun obtient en 1960 ? Le sujet reste tabou aujourd'hui encore. Ici, pas de classe créole pour s'emparer du pouvoir, car cette Afrique-là eut la chance de ne pas être déversoir démographique de l'Europe. Le pouvoir passe aux protégés que la puissance mandataire a formés et qui lui resteront fidèles le temps d'une ou deux générations, métis culturels qui se dénomment complaisamment "l'élite". Dans l'un et l'autre cas, a été pratiqué le même pillage des richesses nationales, bradées au profit des pays du Nord: Angleterre victorienne puis États-Unis en Bolivie, Allemagne, France, Grande Bretagne au Cameroun. Quant à l'indépendance, elle ne signifie rien d'autre pour le pays profond, pour le petit peuple des campagnes et des villes naissantes, que la mise en place de nouveaux dirigeants avant tout soucieux de leurs aises. La même précaire survie quotidienne reste le lot de la majorité, suscitant parfois des résistances ouvertes quand l'exploitation se fait trop abusive. En Bolivie comme au Cameroun, l'histoire de cette fin de siècle est celle des indépendances gaspillées et perdues. Grâce à l'étau de la dette externe et de la baisse des cours des matières premières, s'est mise en place une recolonisation sous la coupe des organismes financiers internationaux dont les États-Unis sont le fer de lance. Comme toujours, cette nouvelle domination s'habille de bons sentiments, prétendant apporter aide et développement aux pays pauvres; beaucoup plus subrepticement que la précédente, elle pille leurs richesses naturelles et, sans état d'âme, écrase les hommes par dirigeants nationaux interposés, sous prétexte des lois de ce fameux marché déclaré infaillible qu'elle met partout en place au nom de la mondialisation. La seule mondialisation qui vaille est-elle donc celle de la conquête de la planète par les capitaux des multinationales ? Marchande d'illusions, cette nouvelle colonisation s'efforce de convaincre les pauvres que leur développement durable (la dernière expression aujourd'hui à la mode) va nécessairement de pair avec le plus grand profit des capitaux internationaux ! Sur place, seuls font encore semblant d'y croire les fidèles serviteurs que le système porte et maintient au pouvoir, aussi longtemps qu'ils savent étouffer le mécontentement des perdants... Même si elle ne reçoit que uploads/Geographie/ 010029209.pdf

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