Dialectologia 18 (2017), 1-18. ISSN: 2013-2247 1 Received 7 January 2015. Accep
Dialectologia 18 (2017), 1-18. ISSN: 2013-2247 1 Received 7 January 2015. Accepted 20 March 2015. VARIATION LINGUISTIQUE DANS LE PARLER ARABE D’OUJDA: NORD-EST MAROCAIN VS. COMMUNAUTÉ MAROCAINE DANS LA DIASPORA1 Montserrat BENÍTEZ FERNÁNDEZ Universidad de Granada / Escuela de Estudios Árabes-CSIC* ∗ montsebenitez@ugr.es Abstract Cette étude explore la variation linguistique dans la variété d’arabe parlé à Oujda (Nord-est du Maroc) –d’ailleurs, une des variétés les plus méconnues parmi celles de l’arabe marocain–, en analysant des processus phonologiques et morphologiques, principalement. On a établi une comparaison entre les traits linguistiques de cette variété telle qu’elle est parlée par des locuteurs à Oujda et les caractéristiques de ce même parler chez des locuteurs d’origine oujdie, résidant en Espagne. La récolte des données a combiné deux méthodologies, d’un côté on a mené un travail de synthèse de la bibliographie existante sur cette variété linguistique; et d’un autre côté on a mené un travail de terrain parmi la communauté marocaine résidente à Saragosse. Dans cet article, l’accent a été mis sur les phénomènes linguistiques qu’on put susciter certains changements, voire une certaine évolution de ce parler. Mots clés variation linguistique, Arabe marocain, diaspora, Oujda 1 Je tiens à remercier les institutions qui ont rendu possible le développement de cette recherche: le programme JAE-doc de recherche postdoctorale et le projet de recherche “Fronteras lingüísticas y factores sociales: perspectivas sincrónicas y diacrónicas de la región del Magreb” FFI2011-26782-C02-01, financé par le MINECO. ∗* Consejo Superior de Investigaciones Científicas, Cuesta del Chapiz, 22. 18010 Granada. ©Universitat de Barcelona M. BENÍTEZ FERNÁNDEZ 2 VARIACIÓN LINGÜÍSTICA EN EL ÁRABE DE OUJDA: NORESTE MARROQUÍ VS. COMUNIDAD MARROQUÍ EN LA DIÁSPORA Resumen En este estudio se trata la cuestión de la variación lingüística que se ha observado en el árabe vernáculo de la ciudad de Oujda (Noreste de Maruecos). Para ello, se han analizado, principalmente, los niveles fonológico y morfológico, comparando rasgos lingüísticos de esta variedad tal y como es hablada en la propia ciudad de Oujda con los registrados por hablantes de origen oujdí residentes en España. El trabajo ha combinado dos métodos diferentes. Por un lado, se ha llevado a cabo una labor de síntesis de la bibliografía existente sobre esta variedad lingüística y por otro, se han examinado los datos recogidos en la comunidad marroquí residente en Zaragoza, mediante un trabajo de campo. La autora se ha centrado en los fenómenos lingüísticos que han podido suscitar algún tipo de cambio o una cierta evolución de la variante. Este trabajo tiene una especial relevancia, ya que contribuye al estudio lingüístico de las variantes vernáculas de Marruecos aportando datos nuevos de una de las hablas menos conocidas entre la comunidad científica. Palabras clave variación lingüística, árabe marroquí, Oujda, diáspora 1. Introduction Parmi les variantes arabes de type maghrébin 2, celles issues du nord-est marocain ont subi un certain oubli de la part des chercheurs. Seulement quelques travaux de géographie linguistique ont été consacrés à la variante arabe de la région (Benabbou 1992, thèse de doctorat inédite; Benabbou & Behnstedt 2002; Behnstedt & Benabbou 2005; Behnstedt 2005 et 2007) et dans le cas concret de l’arabe parlé dans la ville d’Oujda (Wəžda) la bibliographie se trouve aussi restreinte, voire plus: On a seulement trouvé une thèse inédite (Elbaz 1980) centrée sur la description dialectologique de cette variante et un article (Elbaz 1981) dédié à l’étude d’une partie de la syntaxe de l’arabe d’Oujda: la subordination. 2 La frontière dialectale entre variétés vernaculaires maghrébines et orientales est localisée à l’ouest du Nil. La différence principale des deux variétés se trouve au niveau morphologique. Les variétés orientales forment la 1ère personne singulière de l’inaccompli avec le morphème ʔ- préfixé à la racine verbale (ʔaktib ‘j’écrirais’), tandis que les variétés maghrébines emploient le morphème n-, aussi préfixé à la racine para analogie à la première personne plurielle (nəktib ‘j’écrirais’ - nkətbu ‘nous écrirons’). À ce propos consultez Behnstedt (1998) et Vicente (2008). ©Universitat de Barcelona Dialectologia 18 (2017), 1-18. ISSN: 2013-2247 3 Le travail que l’on présente par la suite contribue au débat, toujours ouvert, de l’étude de cette variante vernaculaire et pourrait être utile lors d’une future description de l’arabe parlé dans cette ville. En revanche, le but principal de cette recherche poursuit l’analyse de la variation linguistique produite parmi les locuteurs de l’arabe vernaculaire de la ville d’Oujda et les locuteurs de cette variante mais résidents en Espagne. De plus, cet article s’insère dans une ligne de recherche plus vaste, celle qui explore les langues minoritaires en Europe, l’arabe maghrébin étant parmi ces langues (Barontini 2006 et 2013; Boumans 1998 et 2004; Boumans & Caubet 2000; Boumans & De Ruiter 2002; Caubet 2001a, 2001b, 2002a, 2002b, 2004 et 2008; Caubet & Barontini 2008; Verstegh 2001; Vicente 2004, 2007a et 2007b). Afin de parvenir à ce but, dans les pages qui suivent, on montrera d’abord, les traits les plus caractéristiques de l’arabe vernaculaire d’Oujda, ensuite, on décrira les particularités de cette variante parlée dans la diaspora, puis, on sera en disposition d’établir des comparaisons et d’analyser les tendances du changement linguistique relatives à cette variante d’arabe. Cette étude est basée aussi bien dans la synthèse de données bibliographiques, obtenues dans les ouvrages mentionnés auparavant, que dans l’analyse des données obtenues lors du travail de terrain. Le travail de terrain a été mené par moi-même dans le cadre d’un projet de recherche postdoctorale dont le but était d’analyser les pratiques linguistiques de la communauté marocaine résidente en Espagne. La campagne de travail a été menée dans la ville de Saragosse, plus concrètement, dans deux écoles 3 localisées dans le quartier San Pablo, celui qui abrite une plus grande concentration d’immigrés d’origine marocaine (Benítez Fernández 2013: 264-269). Les informateurs étaient donc des adolescents et des enfants scolarisés dans le système éducatif espagnol. La plus grande partie d’entre eux était composée de bilingues fonctionnels (arabe marocain-espagnol), à l’exception de quelques cas qui étaient bilingues passifs en arabe marocain ou en 3 Les écoles qui ont participé volontairement à cette étude sont l’école « Santo Domingo » et le centre éducatif « Nuestra Señora del Carmen y San José ». Je voudrais exprimer ici ma plus profonde gratitude à ces deux institutions plus concrètement à l’équipe directive de deux écoles et à l’enseignant d’arabe langue étrangère (Hassan) qui m’a mis en contact avec les écoles, car cette étude aurait été impossible sans leur collaboration désintéressée. ©Universitat de Barcelona M. BENÍTEZ FERNÁNDEZ 4 espagnol, ceci dû au manque de transmission de cette langue de la part de la famille ou à la récente date d’arrivée en pays d’accueil respectivement. Les informateurs étaient originaires de différentes régions du Maroc, le groupe originaire d’Oujda étant majoritaire (36.6% du total des informateurs). Le travail de terrain a consisté à mener des conversations sous la forme d’interviews informelles en arabe marocain par couple d’informateurs. 1.1 Quelques notions géographiques et historiques de la ville d’Oujda La ville d’Oujda se trouve, comme on l’a déjà avancé, au nord-est du Maroc, à environs 15 km à l’ouest de la frontière avec l’Algérie et à 60 km au sud de la Méditerranée. Elle a été fondée par Ziri ben Atiya, chef des Maghraoua, groupe de nomades Zenètes, qui après avoir établi son autorité sur le Centre et l’Est du Maroc, fonde Oujda en 994. Dans cette période, la ville se transforme en un important carrefour des routes de communication et commerciales entre la Méditerranée et Sijilmasa ainsi qu’entre Tlemcen et Fez (Pascoff 1957, apud Elbaz 1980 : 28). Ceci sera une période de splendeur car cinq siècles plus tard Léon L’Africain mentionne cette ville comme « misérable bourgade » et ayant connu différentes destructions et reconstructions successives pendant le Moyen Âge et l’Âge Moderne. 2. Traits linguistiques de l’arabe d’Oujda Le parler arabe d’Oujda est considéré comme étant de type bédouin (Colin 1945: 230). Il s’agit d’« une ville arabophone dans une région berbérophone » (Behnstedt 2002) circonstance qui, à priori, devrait avoir certains effets sur la variante vernaculaire qu’on analyse. Sa localisation près de l’Algérie, le commerce ainsi que les mouvements migratoires des deux côtés de la frontière —qui se sont produit tout au long de l’histoire jusqu’à la fermeture de la frontière en 1994— ont fait que les spécialistes considèrent les variétés arabes sédentaires de la région d’Oujda influencées par celles de l’ouest algérien (Heath 2002: 5) et les variétés bédouines de l’ouest algérien comme une sorte ©Universitat de Barcelona Dialectologia 18 (2017), 1-18. ISSN: 2013-2247 5 de continuation de celles de la région d’Oujda (Cantineau 1940: 227). On pourrait imaginer qu’« une certaine homogénéité du parler Oujdi règne avec les premières villes frontalières algériennes » (Benabbou 1992: 20) mais avec suffisamment de particularités pour ne pas se confondre avec les parlers du Maroc occidental et ceux de l’Algérie (Elbaz 1980 : 44). À ce propos, on a constaté une certaine similarité des données présentées par Cantineau (1940) avec celles publiées par Benabbou & Behnsted (2002) et Behnsted & Benabbou (2005) et on aura l’occasion d’examiner si les données recueillies à Saragosse se rapprochent uploads/Geographie/ 02benitez-fernandezm-variationlinguistiquedansleparlerarabedoujda-dialectologia18.pdf
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- Publié le Nov 25, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
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