EDITORIAL En janvier 2000, paraissait le premier numéro de 6bis avec la pré- se
EDITORIAL En janvier 2000, paraissait le premier numéro de 6bis avec la pré- sentation d’un architecte catalan Josep Lluis Sert (1903-1983) ; une exposition lui était consacrée à la Maison de l’architecture Rhône-Alpes et une série de conférences était organisée au CAUE sur le plus éminent architecte de la première génération du Mouvement moderne en Catalogne. Fin d’année 2005, l’exposition «Tony Garnier, architecte-urbaniste», puis «André Ravéreau, l’atelier du désert», marquent, chacunes à leur manière, cette profonde attention des architectes de talent du XXe siècle à l’écoute et à l’interprétation des caractères médi- terranéens de l’architecture : leçons pour les générations à venir, transmission des connaissances mais aussi des attitudes envers un environnement qui dicte les bons gestes du bâtisseur. Entre ces deux dates, illustrées par de grandes figures, nous avons tenté d’apporter aux lecteurs nos points de vue sur l’évolution des courants de l’architecture et de l’urbanisme et modestement contribuer à vous éclairer sur des questions qui touchent vos pré- occupations d’élus, d’aménageurs, de professionnels, d’ensei- gnants ou tout simplement d’amateurs éclairés. Aujourd’hui il nous faut évoluer, travailler davantage avec l’infor- mation électronique, toucher un plus large public, mieux vous informer sur notre activité. Le 6bis prendra une autre forme rédactionnelle à partir 2006 et nous orienterons nos activités éditoriales sur la production de documents thématiques et pédagogiques qui sont largement réclamés par un grand nombre d’entre vous. Ainsi après la série PLI, la collection des 36 numéros de 6bis s’achève et fera place en 2006 à une autre aventure de l’écrit. Merci à tous de votre fidélité. Catherine Grandin-Maurin, directrice du CAUE du Rhône POINT-DE-VUE André Ravéreau , la leçon du désert À chaque génération, il revient à quelques personnalités de tenir le rôle de «passeur». André Ravéreau fait partie de ceux-là. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, alors que les déchirures entre Nord et Sud se préparent, rares seront les esprits libres capables de construire des ponts entre des cultures prêtes à s’affronter. En pleine tourmente algérienne, porteur de l’enseignement de Perret dont il va proposer une lecture originale, André Ravéreau installera à Ghardaïa son atelier. Découvrant les citées du M’Zab, il prend conscience, par-delà le choc émotionnel, de ce que peut apporter cette architecture dans la définition de nouvelles pratiques. Pour renforcer sa compréhension du lieu, il y crée un atelier qui perpétuera et protégera ce patrimoine; un «atelier du désert» qui verra se succéder plusieurs générations de jeunes architectes venus se confronter à cette gestion du territoire plus respectueuse du contexte naturel et des cultures locales. Là, il propose de s’intéresser au lieu, aux traditions, au climat pour inscrire le projet d’architecture dans l’épaisseur d’une culture. Privilégiant une approche éthique plutôt qu’esthétique, son œuvre propose une écriture patiente et cultivée du projet qui restitue au constructeur et à l’usager leur identité. Prenant à contre-pied la volonté d’hégémonisme culturel de la modernité occidentale, il pose les premiers jalons d’une «architecture située» éprise de l’esprit des lieux. Philippe Potié architecte, docteur en Histoire de l’Art CAUE du Rhône 6bis quai St-Vincent 69283 Lyon cedex 01 T 04 72 07 44 55 F 04 72 07 44 59 M caue69@caue69.fr http://www.archi.fr/CAUE69 N°36 - NOVEMBRE 2005 ZOOM ANDRÉ RAVEREAU : UNE LEÇON D’ARCHITECTURE En 1953 à Aix-en-Provence, pour le 9ème congrès des CIAM, une bande de «trublions» -ainsi les nommait Le Corbusier- vont proposer une alter- native architecturale au dogme des CIAM1, la Charte d’Athènes. Ce groupe, appelé «Team Te n»2 est composé d’architectes comme Candilis, Josic, Gian Carlo de Carlo, Aldo Van Eyck, Bakema, Ralph Erskine, «les» Smithson. Ils revendiquaient une architecture plus sociale, en relation étroite avec le contexte géographique et culturel dans lequel elle se situe, une architecture que nous dirions aujourd’hui «située». Le désastre humain de la deuxième guerre mondiale et l’avènement d’une économie internationale avaient fait prendre conscience aux architectes de la disparition de la dimension humaine et sociale de l’architecture. Les propositions de Team Ten, notamment en urbanisme, trouvaient leurs fondements conceptuels dans la philosophie structuraliste dont Lévi- Strauss fut l’instigateur; philosophie issue d’un travail d’ethnologue sur les sociétés primitives dont les règles sociales sont en osmose avec le contexte géographique et cli- matique. Le livre de Bertrand Rudofski, Architecture sans Architectes, devait inspirer les nouvelles générations et conduire à l’émergence de pratiques alternatives que 68 vît éclater au grand jour. C’est dans ce contexte de recherche d’une architecture en harmonie avec un contexte social et culturel, qu’un architecte de grand talent va mener une carrière singulière en dehors des feux du vedettariat : André Ravereau, élève de l’atelier Perret 3, va s’engager dans une activité professionnelle qui le mènera autour de la Méditerranée. En Grèce d’abord, puis en Algérie où il va passer la majeure partie de sa carrière, et enfin au Mali, où il réalisera un bâtiment qui lui vaudra le prix de l’Agha Khan. Son travail est l’un des plus remarquable dans la perspective d’une «architecture située» . Mais ses constructions sont très loin des dérives régionalistes toujours à craindre dans cette démarche. Son travail est un véritable travail de créateur engagé dans les conditions techniques et économiques de son époque, une œuvre «moderne». Dans la région du M’Zab, en Algérie où il va exercer, il est intéressant de voir comment son œuvre, sans jamais rien devoir à une quelconque «i m i t a t i o n» des formes de la tradition dans laquelle de plus célèbres confrères vont malheureusement se fourvoyer, s’installe dans une har- monie subtile avec les éléments du contexte environnant. Le dispensaire de Mopti, au Mali, est un véritable chef-d’œuvre d’insertion au voisinage de l’une des plus belles mosquées africaines. Et il ne serait plus possible aujourd’hui de supprimer l’un des bâti- ment sans déséquilibrer la «composition» tout entière. Cette architecture est une sym- phonie d’où l’harmonie émerge de la soumission à des dispositifs d’architecture fondés sur le bon sens : la justesse des choix du matériau et des techniques, la réponse aux exi- gences climatiques, l’attention aux usages sociaux et culturels. Et la permanence d’une a t t i t u d e , celle de la recherche de l’évidence dans la simplicité. Cette recherche de l’évidence dans les solutions architecturales, André Ravereau va l’ali- menter pendant toute sa carrière par un travail permanent d’analyse des architectures savantes autant que quotidiennes. Son rôle d’Architecte des Monuments Historiques en Algérie lui a donné l’occasion de comprendre, et aussi de défendre, les fondements des nombreuses architectures qui coexistent dans ce pays. Ses analyses «lumineuses» font heureusement l’objet de publications qui nous livrent toute la subtilité de sa réflexion qui est une source permanente de limpidité jetée sur nos doutes quotidiens. Gilles Perraudin, architecte, président de l’Académie de la pierre 1 Congrès Internationaux d’Architecture Moderne fondé en 1928 par Le Corbusier 2 Une importante exposition leur est consacrée actuellement au NAI à Rotterdam 3 Il a pour compagnon le talentueux architecte lyonnais Pierre Genton avec qui il va découvrir le M’Zab au nord du Sahara. AGENDA Exposition «André Ravéreau, l’atelier du désert» du 9 novembre 2005 au 14 janvier 2006 - du lundi au vendredi de 10h00 à 17h30 et le samedi de 14h00 à 18h00 - fermée les 11 et 12 novembre et du 2 4 d é c e m b re 2 0 0 5 jusqu’au 2 janvier 2 0 0 6 - au CAUE du Rhône - accès libre - inauguration : mardi 8 novembre 2005 à 20h Exposition produite dans le cadre de « Djazaïr, l’année de l’Algérie en France» en 2004 par le Centre régional des lettres/Région Languedoc-Roussillon, en collaboration avec l’AFAA/Ministère des A ff a i r es ét rangères, l’Ecole d’ar c h i t e c t u re du Languedoc- Roussillon, l’Ecole d’ar c h i t e c t u re de Grenoble, l’Inst it ut d’ar c h i t e c t u- re de Genève et rééditée par le CAUE du Rhône en collaboration avec l’Académie de la pierre. Rencontre «Vers une architecture située» avec André Ravéreau, architecte mardi 8 novembr e 2005 à 17h30 à l’amphithéâtre de l’Ecole nationale du Trésor public de Lyon - 21, montée de la Butte Lyon 1er - gratuite - inscription préalable auprès du CAUE du Rhône - 04 72 07 44 55 - caue69@caue69.fr Cett e r e n c o n t re inaugurale, organisée en partenariat avec l’Académie de la pierre, est animée par François Chas lin, jour n a l i s t e à France-Culture. Elle réunit Gilles Perraudin, architecte, président de l’Académie de pierre, Leïla El Wakil, maître d’enseignement et de r e c h e rche à l’Universit é de Genève, Philippe Lauwers, ar c h i t e c t e collaborateur d’André Ravéreau, Philippe Potié, architecte, Docteur en Histoire de l’Art. Formation «Prendre en compte le développement durable dans les documents d’urbanisme» 4 modules (5 jours) et un voyage d’étude (3 jours) - de septembre à décembre 2005 et en mai 2006 - au CAUE du Rhône uploads/Geographie/ 6bis-36.pdf
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- Publié le Oct 11, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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