Albert Camus À Combat Éditoriaux et articles, 1944-1947 Édition établie, présen
Albert Camus À Combat Éditoriaux et articles, 1944-1947 Édition établie, présentée et annotée par Jacqueline Lévi-Valensi Gallimard À Pierre Et à Mina Je tiens à exprimer mes plus vifs remerciements à Catherine Camus, pour sa confiance et pour son aide, à Robert Gallimard, sans qui cette édition n’aurait pas vu le jour, à Roger Grenier, qui m’a généreusement fait bénéficier de ses souvenirs et de ses documents, à Agnès Spiquel, pour sa disponibilité, à Pierre Lévi-Valensi, dont les connaissances historiques et la patience m’ont été très précieuses. Avertissement Cette édition est établie à partir des textes publiés dans Combat. Pour ceux d’entre eux que Camus a repris en volume dans Actuelles et Actuelles III, seules les variantes significatives (ou les coquilles…) ont été indiquées ; d’une manière générale, Camus a supprimé les intertitres, diminué le nombre de paragraphes, corrigé la ponctuation ; ces changements strictement typographiques n’ont pas été relevés. Œuvres de Camus citées en référence : Essais, articles autres que ceux de Combat, Actuelles et Actuelles III : Albert Camus, Essais, Bibliothèque de la Pléiade. Introduction par R. Quilliot, textes établis et annotés par R. Quilliot et L. Faucon, Gallimard, 1965, désigné par Essais. La Peste, Édition Folio, Gallimard, 1987. Articles d’Alger-Républicain et du Soir-Républicain : Fragments d’un combat, 1938-1940, Alger-Républicain, Cahiers Albert Camus 3. Édition établie, présentée et annotée par Jacqueline Lévi-Valensi et André Abbou, 2 vol., Gallimard, 1978. Carnets, mai 1935-février 1942, Gallimard, 1962, désigné par Carnets I. Carnets, janvier 1942-mars 1951, Gallimard, 1964, désigné par Carnets II. Camus éditorialiste à « L’Express ». Introduction, commentaires et notes de Paul-F. Smets, Cahiers Albert Camus 6, Gallimard, 1987. Journaux de voyage, texte établi, présenté et annoté par Roger Quilliot, Gallimard, 1978. Correspondances : Albert Camus-Jean Grenier, Correspondance, 1932-1960. Avertissement et notes par Marguerite Dobrenn, Gallimard, 1981. Correspondance 1939-1947 Albert Camus-Pascal Pia, présentée et annotée par Yves-Marc Ajchenbaum, Fayard/Gallimard, 2000. Avant-propos Le rôle éminent que Camus a tenu à Combat, en tant que rédacteur en chef et éditorialiste, entre août 1944 et juin 1947, est bien connu. Mais il est difficile de déterminer avec certitude les articles dont il est l’auteur. Il n’y a évidemment aucun doute pour ceux qu’il a repris lui-même dans Actuelles, Chroniques 1944-1948, publiés chez Gallimard en 1950, ni pour ceux qui, dans le journal, portent sa signature ; c’est le cas des éditoriaux parus entre le 13 décembre 1944 et le 9 février 1945 et de presque tous les textes qui ne sont pas des éditoriaux — comme les réflexions sur le journalisme ou le reportage sur l’Algérie, repris dans Actuelles III, Chroniques algériennes, en 1958. Il n’y a pas non plus d’hésitation en ce qui concerne les articles dont il existe, dans les archives du Fonds Camus, un état dactylographié ; on voit mal pourquoi Camus aurait conservé des dactylographies d’articles qui n’étaient pas les siens ; d’autant qu’elles correspondent souvent à un article signé ; elles ont été faites d’après le journal, ainsi que le prouve celle du 8 octobre 1944, qui reproduit une phrase telle qu’elle a été publiée, avec une ligne sautée ; il est très probable que cet état a été établi au moment où Camus a envisagé la publication en volume de ses articles ; malheureusement, les dactylographies archivées s’arrêtent le 11 janvier 1945. Tous ces textes qui ne posent pas de véritable problème sont donc signalés comme certains. Pour les autres, il ne peut évidemment s’agir que d’une attribution, dont le degré de probabilité est indiqué. Quelques-uns peuvent être identifiés sans trop de risque d’erreur par des témoignages objectifs : une allusion dans une lettre de Camus lui-même, de Francine Camus, ou de quelque autre correspondant, un souvenir précis d’un des collaborateurs de Combat. La confrontation avec les recueils publiés par certains d’entre eux, tel Fausses Sorties1 d’Albert Ollivier, a permis d’éviter des confusions. Restent — et ils sont assez nombreux — les articles pour lesquels seuls des recoupements, et une critique interne particulièrement scrupuleuse, tant de la forme que du fond, autorisent une attribution qui ne peut être qu’hypothétique ; elle est d’autant plus délicate à établir qu’il y a un « ton » commun à l’équipe du journal, impulsé par Camus et Pia, relecteurs attentifs, en particulier des éditoriaux. Entre prudence et désir d’exhaustivité, j’espère avoir observé un légitime équilibre. Cette édition n’est pas toujours en accord avec celle, partielle, donnée par Roger Quilliot dans le volume des Essais2, qui propose un choix d’articles de Combat en « Textes complémentaires » à Actuelles, ainsi qu’une liste ; mais cette liste n’est pas entièrement fiable, et certains textes sont accompagnés d’une signature qui ne figurait pas au bas de l’article. Cette édition se démarque bien davantage encore de celle de Norman Stolde, Le « Combat » d’Albert Camus, dont les inexactitudes ont été depuis longtemps relevées3. Il m’a semblé souhaitable de présenter ces articles dans l’ordre chronologique de leur parution. Cela permet de mieux les situer en fonction de l’actualité dont ils rendent compte, et qui est si fertile pendant cette période 1944-1947, de suivre, parfois au quotidien, la variété des sujets qu’ils abordent, et de prendre ainsi la mesure de la remarquable ouverture d’esprit dont Camus fait preuve. Cependant, il m’a paru nécessaire de proposer également un regroupement thématique de ces articles, afin que leur diversité n’occulte pas leur cohérence ni l’« obstination », pour reprendre un mot que Camus emploie souvent, de ses convictions éthiques et politiques ; ce regroupement, que l’on trouvera à la fin de l’introduction, facilitera une éventuelle lecture en continu des articles portant sur un même thème. Les rubriques retenues n’ont pas d’autre ambition, et ne cherchent pas à systématiser la pensée de Camus. Un tel regroupement a d’ailleurs ses limites : par exemple, l’éditorial du 15 novembre 1944 qui porte sur les fausses informations en provenance d’Allemagne traite à la fois de la presse, de la guerre, et de la situation en Allemagne ; et si la distinction entre ce qui relève de la politique intérieure et ce qui a trait aux affaires internationales se justifie, Camus lui-même note le 25 mai 1945 : « Il n’est pas un seul de nos problèmes […] qui n’ait sa répercussion sur le plan mondial, et sur lequel la politique internationale n’influe à son tour. » En fait, à l’ensemble de sa contribution à Combat pourrait convenir le titre de la plus longue partie d’Actuelles : « Morale et politique ». Suscités par l’actualité, ces éditoriaux et ces articles sont, par définition, des textes « de circonstance ». Les événements qu’ils commentent, les personnages qu’ils mettent en scène, et qui étaient les acteurs de l’histoire en train de se faire, étaient connus de leurs lecteurs ; le journaliste savait qu’il pouvait procéder simplement par allusion à ce qui nourrissait l’expérience collective de ses contemporains immédiats. Le lecteur d’aujourd’hui ne partage plus cette connaissance. Il était indispensable, pour lui permettre d’apprécier pleinement ces textes, de les accompagner de notes, parfois nombreuses, qui ne sont en rien des commentaires, mais cherchent seulement à garder aux articles toute leur clarté. Plus de cinquante ans après leur publication, et bien qu’ils soient intimement liés aux événements historiques de leur temps, dont ils reflètent parfaitement les espoirs et les désillusions, ces articles n’ont rien perdu de leur force ni de leur valeur ; ils nous parlent encore, et ont encore beaucoup à nous dire sur la liberté, la justice, la vérité, la démocratie ; ils semblent parfois avoir été écrits pour nous, pour notre époque, en nous incitant à la lucidité et à la vigilance ; ils témoignent de l’importance et de l’intérêt de l’œuvre de Camus journaliste à Combat, et de son étonnante résonance dans la conscience contemporaine. 1. Albert Ollivier, Fausses Sorties, La Jeune Parque, 1946. 2. Albert Camus, Essais, Bibliothèque de la Pléiade, Gallimard, 1965. Introduction de R. Quilliot, textes établis et annotés par R. Quilliot et L. Faucon. 3. Le « Combat » d’Albert Camus, textes établis, annotés et présentés par Norman Stokle, Les Presses de l’Université Laval, Québec, 1970. Outre des annotations parfois inexactes, N. Stokle a été très généreux dans ses attributions, et peu attentif dans la reproduction des textes — au point que cette édition n’a pas été autorisée. Un journal dans l’histoire Du mouvement « Combat » au journal Combat Lorsque le lundi 21 août 1944, dans Paris qui se libère, Combat paraît au grand jour, en édition spéciale vendue à la criée, il porte le numéro 59. Il a déjà un riche passé : né du mouvement de résistance créé par Henri Frenay en 19411, il a connu pendant quatre ans une existence clandestine dont on imagine aisément qu’elle ne fut ni facile ni dénuée de danger. Le journal dont Albert Camus devient rédacteur en chef s’inscrit dans la continuité de cette expérience majeure, et de l’exigence morale qui l’avait fondée. On sait que Camus a toujours été d’une extrême discrétion sur son activité dans la Résistance, estimant, comme il l’a dit à plusieurs reprises, que ceux qui uploads/Geographie/ a-combat-e-ditoriaux-et-articles-1944-1947-by-albert-camus-camus-albert.pdf
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- Publié le Aoû 13, 2021
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