ÆMILIUS OLLEVILLE SNAUWAERT Copyright © 2021 OLLEVILLE SNAUWAERT Tous droits ré
ÆMILIUS OLLEVILLE SNAUWAERT Copyright © 2021 OLLEVILLE SNAUWAERT Tous droits réservés. ISBN : 9798467921273 (À WHITE) AEMILIUS i REMERCIEMENTS À PHILIPPE & NICO. 1 CAPITOLO PRIMO La légère brise qui caressait les rives du Tibre emportant çà et là des jonchées de feuilles rougies donnait un air printanier à une Rome encore partiellement endormie. Assis au bas d’un escalier menant aux berges, un gaillard soupirait non sans talent une douce sérénade. Ici Glissant à contre-courant, des avirons s’adonnaient à une sortie revigorante. Là, quelques élégantes parfaisaient leur teint profitant de ce doux climat. Sur les parapets, les yeux des témoins séculaires de bronze, marbre et d’argile se dressant orgueilleusement en fidèles héritiers des démiurges, s’éveillaient au contact de la lumière. Leur regard semblait se diriger vers les promeneurs en contrebas. Le soleil rasant qui accentuait leurs courbes et se coinçait dans les plis de leurs vêtements sculptés, éternisait l‘auguste cité. Coutumier plusieurs fois la semaine, un groupe de jeunes gens pratiquait un jogging matinal sur les étendues du Lungotevere. Après avoir passé d’éphémères fresques s’accouplant à la monumentale frise « Triomphes et lamentations », l’hommage de l’artiste William Kentridge à l'histoire de la ville éternelle qui s’étalait sur les cinq cent mètres séparant le Ponte Sisto du Ponte Mazzini, la bande bascula sur l’Isola Tiberina qui marquait la mi-parcours et le changement de berge. ÆMILIUS 2 - Quelle vue à couper le souffle, je ne m’en lasserais jamais ! Dommage qu’il y ait toujours ces putains de clodos ! - Giancarlo ! - Fulvia, ne me dit pas que tu trouves ça gracieux ! - Ce sont des êtres humains ! - Che bella, toujours aussi innocente ! C’est ce qui te rend délicieuse. Fulvia, la plus jeune du groupe avait plusieurs fois remarqué l’un d’entre eux, un homme sans âge qui semblait avoir élu domicile sous l’arche du Ponte Rotto parmi des oiseaux aquatiques qui s’accommodaient singulièrement de l’excentricité de cet hôte aux yeux souriants. À chacune de ses foulées l’individu obsédait un peu plus l’esprit de cette jolie héritière romaine très courtisée par ses compagnons d’exercice. Giancarlo le plus véhément d’entre eux, à la course loufoque et l’air guindé, entamait sa troisième année d’architecture à La Sapienza. Jeune, dynamique et volontaire, il incarnait à merveille cette nouvelle génération née au début du vingt et unième siècle emprunte d’une certitude confinant à une arrogance n’ayant d’égal que l’égo. - Moi la vie je la croque à pleine dents ! Aucune place pour le laisser-aller. Quand je serai maître de Rome, je développerai mes projets à fonds. J’essaimerai l’élégance du centre à la périphérie. Urbanisme résidentiel haut en gamme partout ! Il faut pousser les pauvres en dehors des grandes limites de la ville. Une capitale se doit d’avoir de la tenue ! ÆMILIUS 3 - Enfin quand même, une ville doit avoir de tout, moi j’aime bien les quartiers populaires. - Je reconnais bien là ta fourberie socialiste ! Ça te passera mon cher Aureliano. Rechercher le frisson en mangeant dans des trattorias du Testaccio très peu pour moi ! - « À l'atroce convoitise chaque route était Suburra » cher Giancarlo. Le grand architecte que tu es devrait savoir mieux que quiconque que l'histoire se lit sur de longues périodes. Rectifia Fulvia qui savait au combien l’infâme et dangereux Suburra, représentait avant tout le cœur de l'autre Rome, celle des bordels et tavernes peu recommandables tolérés par ses ancêtres qui y assouvissaient leur convoitise. Valeria Messalina, épouse de l'empereur Claudius s’y rendait travestie en Lisisca pour s'adonner à de licencieuses orgies pleines de marins et gladiateurs. Néron s’y promenait déguisé en pauvre afin de goûter l’humeur du peuple sur son gouvernement. Jules César en personne comme le poète Martial n’y avaient- ils pas vécu ? Aux yeux de Giancarlo, Suburra n’était que triste synonyme de bouge, désordre et luxure glauque. Il haïssait intrinsèquement son dédale de ruelles étroites sales et sombres aux échos de rhétoriques fuligineuses animées qui aboutissaient à d’immuables rixes crépusculaires entre migrants et toxicomanes. Aureliano, étudiant en sociologie d’une nature timide discrète et réservée menait une existence studieuse et plutôt paisible. Ce garçon simple et sympathique, brûlant d’amour pour Fulvia sans oser se déclarer, était issu d’une famille de la classe moyenne supérieure. Fils d’une agrégée de lettres et d’un patron d’agence immobilière, son extraction lui donnait des ÆMILIUS 4 convictions humanistes profondément ancrées qui contrebalançaient la morgue assumée de Giancarlo. Il lui arrivait de caresser le secret espoir de voir un jour la réalité administrer de plein fouet un déshonneur funeste à ce poseur aux idées obstinées. Obsédé par la volonté d’incarner l’élégance, Giancarlo évitait d’approcher la plèbe de trop près car, pour le moins le croyait- il, son rang le lui permettait. Ne se revendiquait-il pas de sang- bleu ? Affirmant avoir retracé sa lignée jusqu'à la noblesse du XVIe siècle, la réalité était toute autre, son héritage aristocratique n’était que fantaisie. Ses ancêtres paternels étaient des paysans. Son arrière-grand-père maternel qui était allé jusqu’à créer de fausses armoiries familiales, affirmait que ses aïeux remontaient à l'aristocratie française, omettant qu’ils n’étaient que femmes de chambre, ferronniers, ramoneurs ou commerçants. Avant d’épouser son ingénieur de père, sa mère avait passé sa jeunesse à auditionner une succession de célibataires nantis dans une prospection mercenaire. Perdant finalement sa virginité dans un ascenseur pris entre les étages. Giancarlo qui murissait des desseins de grandeur hérités des tendances mégalomaniaques familiales à fantasmer autour de sa généalogie, trouvait sa raison d’être dans des motifs plus personnels à l’instar de son père qui était parvenu à contribuer à la garde du trésor domestique. L’honnêteté visait à reconnaitre que le temps avait fait son œuvre en fragmentant pour le moins les richesses d’antan. Ses deux parents portaient un regard approbatif sur ses relations avec Fulvia qui validaient leur appartenance à la haute société. Sa mère arborant sans vergogne l’idée de mariage chuchotait déjà « ma bru ». Fidèle à sa réputation de Dom Juan, son père jetait un regard troublé de pensées peu avouables chaque fois qu’il croisait la jeune fille ÆMILIUS 5 bien plus jeune que son fils. - Fulvia, beauté impériale, tu es la quintessence de Rome ! Aimait-il chanter en louanges exagérées lorsque occasion lui été donnée. Sa mère avait charmé son chemin dans la haute société romaine au travers de son magasin d’antiquités qui voyait défiler toutes les oisives fortunées en mal de décoration de la ville. Sa sœur fut présentée lors d’un dîner à un politicien issu d’une famille de commerçants milanais. Un chasseur de jupons qui savait que s’il voulait devenir sénateur, il devait trouver la femme médiatique idéale. Fermant la marche, vêtue d’une brassière d’un rose fluorescent et d’un minuscule short violet noué à hauteur d’aine qui mettait pleinement en valeur sa silhouette svelte et faisait se retourner sur son passage les admirateurs de physique irrésistible, Olimpia, fille d’un industriel du bâtiment entré en politique et d’une mère au foyer remariée avec un riche banquier d’investissement, avait connu Fulvia dès la tendre enfance dans une institution suisse, avant qu’elles ne rejoignent toutes deux le Lycée Ennio Quirino Visconti, leurs parents estimant que le Ratio studiorum, son système éducatif séculaire proposant aux élèves de devenir protagonistes du processus d'apprentissage dispenserait l’éducation nécessaire avant un retour dans le giron du privé. Elle était l’originale de l’équipe, un peu mannequin, un grain musicienne, une once artiste et surtout très libérée. Elle aimait flirter avec l’immoralité et préférait mener une existence transgressive et ÆMILIUS 6 non réglementée. Olimpia adorait choquer et s'adonner à la poursuite effrénée de l’instinct qui porte aux plaisirs des sens. Enfin Patrizio, le surfeur qui menait le rythme, portait un soin très marqué à son apparence. Fils unique d’un chirurgien de renommée internationale et d’une comtesse fortunée à la tendresse lointaine qui choyait chacune de ses envies, il épousait le côté artistique de la vie plutôt que politique. Refusant d’être écrasé par les attentes familiales, seule une gloutonnerie pour le dandysme et la luxure attisait son feu. Il s’imaginait volontiers en scénariste, réalisateur ou producteur de documentaires. Cette rebuffade était une profonde humiliation pour son père qui augurait une catastrophe menaçant la puissance et le prestige de sa lignée. Les séances d’exercice se terminaient indéniablement par des joutes oratoires qui n’empêchaient pas cette bande d’être liée par une amitié sincère. - Ce soir fiesta ! S’exclama Patrizio emporté par le mépris pour une conversation dont il avait rapidement décroché. Le petit groupe se sépara à hauteur du Ponte Fabrizio en se promettant de se retrouver le soir venu aux alentours de la Villa Borghèse. 7 CAPITOLO DUE La lune veillait sur la ville lorsque la bande s’approcha de l’Anfi, le nouveau club particulièrement prisé par les amateurs d’exclusivité. Le spectacle commençait dès la porte. Les places se faisant rares, une pléthore de candidates courtement vêtues faisait foule devant une corde de velours rouge que les portiers ne soulevaient que pour l’illustre, l’extravagant, le scandaleux. Qui l’Anfi laissait entrer en son sein goûtait à l’enchantement uploads/Geographie/ aemilius-15-24-x-22-86-cm.pdf
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- Publié le Jul 05, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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