PLAN ET PROJET ÁLVARO SIZA INTRODUCTION 1 2 Imaginer l’évidence J’ai toujours e
PLAN ET PROJET ÁLVARO SIZA INTRODUCTION 1 2 Imaginer l’évidence J’ai toujours eu une difficulté à définir la frontière entre plan et projet. Quand je reçois une commande pour l’élaboration d’un plan, les incompréhensions se manifestent dès la rédaction du contrat. Ainsi pour le plan de Récupération du Chiado à Lisbonne. A cette occasion j’ai décidé de définir les lignes générales, les principes et le règlement, en laissant aux propriétaires le choix des architectes. Le résultat final n’a pas été brillant et confirme la difficulté contemporaine de construire en continuité à travers des interventions individuelles. Et pourtant des interventions positives ont été réalisées par le passé, comme le démontrent les interventions SAAL1, à Porto, dans la période immédiatement après la révolution de 25 avril 1974. Une grande affinité a existé à ce moment, une identité de préoccupations entre les différents architectes, due également à la vivacité des débats. Malgré la jeunesse et le manque d’expérience des protagonistes, la coïncidence de volontés était visible, pouvant compter avec la participation des citoyens. Néanmoins, ce bref épisode n’a pas eu de suite et aujourd’hui aucune correspondance n’existe dans les multiples volontés de transformation. Les architectes n’en sont certainement pas les seuls responsables. Au Chiado est particulièrement évidente l’inexplicable interruption de ce qui était clairement défini par le plan : le respect des espaces, la liaison entre les parties contiguës et la recherche de correspondance entre les différents secteurs. Une des questions prioritaires était l’évidente relation entre la spatialité intérieure et extérieure. Cet aspect n’a pas été considéré entièrement. Pareille situation ne surprend pas complètement. Elle est la conséquence du moment particulier de crise que l’on constate dans le centre de Lisbonne, et sa relative décadence par rapport à d’autres secteurs de la ville, comme les espaces le long du Tejo. Une situation exceptionnelle dans mon activité professionnelle, a été certainement le travail à Macao. Au début il m’a paru particulièrement difficile, car il s’agissait de définir les principes pour construire des surfaces à conquérir sur la mer. Ainsi, pour la première fois pour moi manquaient des références directes (accidents topographiques, constructions existantes, histoire) qui constituent généralement les coordonnées sûres pour l’élaboration d’un plan. Pour cette raison j’ai du prendre en compte d’autres relations. La collaboration interdisciplinaire dans ce sens a été déterminante, comme la présence de spécialistes de Hong Kong, en plus des anglais et hollandais, pour les problèmes techniques liés à la construction sur l’eau. Les fortes contraintes naturelles ont été décisives dans l’articulation du plan. En fait, l’attention aux paramètres géologiques est une constante dans l’histoire de Macao, étant donnée la longue tradition dans la conquête de terrain sur la mer. La péninsule s’est agrandi successivement, car les terrains étaient toujours insuffisants et la mer peu profonde. Mas la principale préoccupation, pendant l’élaboration des études typologiques, consistait à éviter que la nouvelle extension entre en conflit avec le paysage et le profil de la ville. Malheureusement, les indications du plan ont été altérées pendant la réalisation et l’image finale s’en ressent. La hauteur des bâtiments, par exemple, a été multiplié par deux par rapport à ce qui était prévu. Le rythme de développement de cette région, en ce moment, est particulièrement intense, sous l’influence des liaisons avec Hong Kong et Canton. L’ex colonie anglaise a constitué un modèle de référence pour l’extension de la ville. A Hong Kong, en réalité, les gratte ciel ont toujours le relief comme fond et la monumentalité du paysage absorbe tout, domine et réuni, comme à Rio de Janeiro d’ailleurs. Dans cette ville, les conditions naturelles, les sculptures des rochers font le contre point aux constructions existantes et créent le tout du paysage. A Macao, au contraire, la plus haute colline ne dépasse pas les deux cents mètres. De toute manière, la relation avec le paysage n’était pas le seul problème à considérer, étant donné que Macao possède également un centre historique très intéressant et unique en extrême orient. Il était donc nécessaire de prendre en compte non seulement la relation entre la forme de la péninsule et les nouveaux espaces à construire, mais aussi entre le tissu ancien et celui que l’on proposait. La limite entre la terre et la mer est très accidentée, très découpée. La proposition prétendait conserver cette ligne de côte si pleine de détails et de construire deux grandes plateformes, l’une tournée vers l’est et l’autre vers le sud, très géométriques, comme deux grands navires ancrés dans les eaux de la péninsule. Un canal sépare la plateforme et la côte. Ce dialogue 1 SAAL : service mobile d’appui local, opérations de restructuration de logements sociaux avec la participation des habitants et des architectes- urbanistes. 3 particulier entre le nouveau et l’ancien, à grande échelle, est particulièrement utile pour le drainage, comme l’on confirmé les consultants hollandais. Les points de contacts proposés, larges et peu nombreux, n’empêcheront pas le passage de l’eau quand les voies existantes seront insérées dans le nouveau tracé. L’organisation de ces plateformes est constituée essentiellement d’une grille très semblable à celle utilisé pendant la colonisation philippine, avec un module de 144 x144 mètres ? En Amérique du Sud j’ai eu l’opportunité de vérifier la flexibilité remarquable de ce module. Cette solution représente une manière très différente de penser l’urbanisme de celle exprimée par les portugais dans ses propres colonies. Probablement à cause des diverses disponibilités de ressources, les villes que j’ai visité au Brésil sont très différentes de celles fondées par les espagnols. Ces derniers ont choisi les plateformes de niveaux, sue lesquelles s’étendait la grille, définies très précisément par le code philippin. L’implantation espagnole, qui réuni toute la sagesse urbanistique des temps les plus anciens, a souffert des multiples transformations, et pourtant est encore valable aujourd’hui, et constitue en pratique le tracé des nouveaux développements clandestins dans la périphérie des villes. A l’inverse, les villes portugaises cherchent des lieux beaucoup plus accidentés pour que les caractéristiques propres au terrain puissent aider la construction. Ainsi, c’est le tracé qui doit s’adapter à la topographie tandis que l’architecture, assez simple, trouve dans sa difficile relation au terrain son caractère extraordinaire (à Rio de Janeiro, à Macao, en Inde). Et pourtant, dans ce projet, nous avons proposé le tracé espagnol car il s’adapte mieux au site – un plan artificiel – et approfondi la distance entre l’ancien et le nouveau. Le dessin des espaces publics et de l’architecture ont été influencés par l’étude de la ville et des petites maisons chinoises à deux niveaux, avec leur parfaite composition malgré les juxtapositions occidentales (déco, moderniste…). De ces deux matrices, architecture locale et architecture internationales, pouvait venir la référence essentielle pour la nouvelle architecture de la ville. Une très belle image de Macao est en réalité celle des figuiers avec ses grandes racines, en créant une sorte de toit, une grande sculpture. Sur une de ces plateformes a été dessiné une allée planté d’arbres de grandes dimensions, avec un jardin chinois sur l’un des cotés. L’utilisation de la grille dans les villes portugaises a un précédent important dans la Baixa de Lisbonne, entièrement reconstruite après le tremblement de terre de 1755. Le Chiado en fait partie et constitue une des limites de ce vaste dessin qui rencontre, dans les collines qui le délimitent, le noyau ancien, avec sa typique topographie accidentée. La ville est constituée de la répétition de petites unités qui assurent le tissu continu, duquel émergent ponctuellement les grandes structures institutionnelles. A Lisbonne, le contraste entre le tissu fragmenté et presque cubiste, influencé par la culture arabe, et les grandes constructions, les grands palais m’a toujours impressionné. Ce double registre détermine l’intensité de l’expression architecturale. Il n’existe pas de monument dans la ville sans la continuité anonyme de multiples constructions : il s’agit d’aspects qualitatifs complémentaires. Malgré cela, la perte de ce sens dans le rôle de chaque construction est visible à tout le monde. L’ambition généralisée de prédominance rend difficile toute forme de prédominance. L’intervention au Chiado, nécessaire après l’incendie de 1988, consiste dans la reconstruction de certaines parties de ce grand édifice préfabriqué qu’est la Baixa. Un des éléments constitutifs de l’intervention du XVIII, que le projet récupère, c’est la « cage ». Il s’agissait d’une structure flexible en bois, sur laquelle s’accolaient les façades en pierre, privées de leur fonction structurelle et souvent mal construites. En cas de nouveau tremblement de terre, les occupants resteraient dans les cages tandis que les façades tomberaient sans abîmer les bâtiments opposés, étant donné que la largeur de la rue était calculée à cet effet. Le projet lance à nouveau l’idée de la cage, maintenant en béton, et récupère toutes les façades qui ont échappée à l’incendie. Les cadrages des portes, modénatures et corniches ont été reconstruits et restituées à leur fonction d’origine. Des altérations ont été introduites seulement là où il était nécessaire d’améliorer le confort. Pour garantir l’isolation thermique ont été utilisées par exemple deux fenêtres parallèles, en conservant ainsi le profil délicat des fenêtres existantes. La grille du dix-septième s’interrompt brutalement quand elle rencontre les collines du Bairro uploads/Geographie/ alvaro-siza-planet-project-fr.pdf
Documents similaires










-
30
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Dec 02, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
- Taille du fichier 3.8696MB