Anatolia Antiqua Les nouvelles fouilles de Claros (septembre 1988). Relation pr

Anatolia Antiqua Les nouvelles fouilles de Claros (septembre 1988). Relation préliminaire Juliette de La Genière Citer ce document / Cite this document : de La Genière Juliette. Les nouvelles fouilles de Claros (septembre 1988). Relation préliminaire. In: Anatolia Antiqua, Tome 1, 1991. pp. 11-22; doi : https://doi.org/10.3406/anata.1991.1137 https://www.persee.fr/doc/anata_1018-1946_1991_num_1_1_1137 Fichier pdf généré le 06/04/2018 Juliette de LA GENIERE LES NOUVELLES FOUILLES DE CLAROS, RELATION PRÉLIMINAIRE Après vingt-cinq ans d'interruption l'activité a repris sur le chantier archéologique de Cla- ros1. L'héritage laissé par nos prédécesseurs, Makridy Bey, Charles Picard, Louis Robert, est considérable : des Propylées monumentaux en suivant la voie sacrée bordée de stèles et d'ex-voto, on atteint le grand temple d'Apollon à l'Est duquel se trouve un autel de très vastes proportions2 ; plus au Nord et parallèle à celui d'Apollon, le temple d'Artémis a, lui aussi, un autel près duquel fut découverte la koré archaïque avec dédicace à Artémis exposée au Musée d'Izmir3. Ces édifices, envahis par la végétation, étaient à peine visibles au début de la campagne de 1988. Avant d'entreprendre une véritable recherche archéologique il a donc fallu débroussailler, arracher les racines qui attaquaient les structures, nettoyer l'ensemble des anciennes fouilles. Ces travaux préliminaires étant achevés nous avons mené deux sondages, l'un en rapport avec l'autel d'Apollon, l'autre entre les temples d'Apollon et d'Artémis. SONDAGE I : Autel d'Apollon (fig. 2 et 3). Établi à la perpendiculaire du côté ouest de l'autel, dans sa partie médiane, orienté vers l'Est. Largeur initiale : 4 m, réduite à 2,50 m ; longueur : 4 m. Objectifs : - connaître les étapes de la fréquentation de ce secteur du sanctuaire. - tenter, par l'étude stratigraphique, de dater la construction de l'autel. Le sondage a été suivi par Liliane Delattre et les observations présentées ici se fondent sur son étude stratigraphique4 (fig. 4 : dessin coupe Est-Ouest, paroi nord). Ces résultats ont été acquis au prix de grandes difficultés causées par la présence de l'eau à faible profondeur. Les plus anciens vestiges de la présence humaine en ce secteur sont conservés dans une strate de terrain (c. 14) qui recouvre la terre vierge granuleuse. Si un revêtement en ivoire d'une fibule en lunettes rappelle les typologies du VIIe siècle av. J.-C, les autres objets présents- dans la même strate, en particulier deux pieds de coupes, ne peuvent être datés avant les dernières 1) L'équipe travaillant à Claros était composée de Liliane Delattre (Université de Lille), Roland Etienne (Université de Lyon), Jacques Rougetet (Centre Jean Bérard, Naples), Nuran §ahin (Université d'Izmir), Martine Schwaller (Direction des Antiquités de Montpellier). C'est pour nous un agréable devoir que de remercier la Direction Générale des Antiquités à Ankara, le Dr Salahattin Erdeni- cigil, Directeur du Musée d'Éphèse, le Professeur Mustapha Uz, Directeur de la fouille de Téos, ainsi que les collègues de l'Université d'Izmir sans l'aide desquels nous n'aurions pu mener à bien le programme prévu. Le concours du commissaire, Tevfik Bey, a été précieux. Nous avons bénéficié de l'appui de l'Institut Français d'Études Anatoliennes d'Istanbul comme de celui de l'Institut Français d'Izmir ; que leurs directeurs trouvent ici l'expression de notre gratitude. Nous devons à Madame Louis Robert de nombreux renseignements. 2) Voir le plan du sanctuaire (fig. 1). 3) Pour une bibliographie sommaire des découvertes et anciennes fouilles, voir Th. Macridy, Ôster. Jahresh., XV, 1912, pp. 35- 67 ; Ch. Picard, Éphèse et Claros, Paris, 1922, passim ; Louis Robert, Les fouilles de Claros, conférence donnée à l'Université d'Ankara, 1953 (1954) ; Id., Bref rapport annuel dans Anatolian Studies entre 1951 et 1960 ; Turk Arkeoloji Dergisi, VI, 1956, pp. 3-4 ; X, 1960, pp. 3-4. 4) La publication détaillée de ce sondage est prévue dans le cadre d'un volume à paraître aux éditions E.R.C. Les terres cuites sont publiées ci-dessous (pp. 22-31) par Nuran §ahin. 12 Juliette de LA GENIERE sondage 2 a/b Fig. 1 : état des lieux dressé le 14/10/1988 par Jacques Rougetet, architecte, d'après le plan de masse (1960) de Pierre Varène, architecte, et après nettoyage du site, échelle 1/1 25e. LES NOUVELLES FOUILLES DE CLAROS 13 Fig. 2 : le grand autel d'Apollon vu du Nord-Ouest. Fig. 3 : le sondage 1 vu de l'Ouest. 14 Juliette de LA GENIERE Ouest Est Couche vierge sablonneuse LEGENDE : A - Degrés de l'autel d'Apollon. B - Fondations de l'autel. 1 - Alluvions depuis les dernières fouilles. 2 - Alluvions depuis l'abandon du site. 3 - Terre marron foncé. 4 - Petit remplissage de terre foncée avec coquillages blancs. 5 - Remplissage marron gris foncé avec éclats de taille de marbre. 6 - Terre marron gris foncé avec quelques pierres et traces de charbon de bois. 8 - Couche d'éclats de marbre. 9 - Terre marron ocre, argileuse, homogène et compacte. 10 - Radier de gravier et déchets de taille de marbre. 11 - Terre gris bleu, argileuse, homogène, avec traces de charbon de bois. 12 - Couche gris bleu, argileuse, empierrée. 13 - Terre noire, avec une souche et ses racines. 14 - Couche grise, granuleuse, sablonneuse. Fig. 4 : Claros 1988, Sondage 1, coupe Est-Ouest paroi nord, 23 sept. 1988, échelle l/20e(Liliane Delattre). LES NOUVELLES FOUILLES DE CLAROS 15 Fig. 5 : tête masculine (2e moitié du VIe siècle av. J.-C. Fig. 7 : tête de kouros de style sévère. Fig. 8 : id. Fig. 6 : drapés masculins. décennies du VIe siècle. On devra donc admettre que ce secteur du sanctuaire n'était guère fréquenté avant cette date. La proximité d'un lieu de sacrifices est indiquée par la nature de la strate c. 13 superposée à la précédente : dans un terrain très noir occupé par une souche et ses racines, on a recueilli en grand nombre des os brûlés5, des fragments de terres cuites également brûlées ; parmi ces dernières, à côté d'une série de têtes de kouroi io- Fig. 9 : lyres fragmentaires. niens s'échelonnant dans la deuxième moitié du VIe siècle et de fragments de drapés correspondants (fig. 5 et 6), on trouve deux têtes plus récentes de style sévère (fig. 7 et 8). Des attributs plus spécifiques rappellent le caractère apolli- nien du culte, comme des feuilles de laurier en bronze, la lyre tenue par certains kouroi (fig. 9). La céramique qu'a livrée cette strate confirme la chronologie indiquée par les terres cuites : le fragment le plus ancien appartient au style de la Chèvre Sauvage tandis que la plupart des autres sont datables entre la fin du VIe et le milieu du Ve siècle av. J.-C. La strate c. 13 est recouverte par une couche de terre foncée (cil/ c. 12) contenant une a- bondante céramique commune, quelques pierres, dont un fragment de meule et des fragments de marbre taillé. Les seules indications chrono- 5) Ce matériel est en cours d'examen au laboratoire M.T.A. d'Ankara. 16 Juliette de LA GENIERE logiques sont fournies par des fragments de vases à vernis noir dont le plus récent appartient aux dernières décennies du IVe siècle av. J.-C. Y a-t-il eu à ce niveau une structure, ou un projet de structure, de dimensions plus réduites que celles de l'autel visible ? La question est posée par la présence, dans la partie nord-est du sondage, d'une zone empierrée comportant quelques éclats de marbre (c. 10) ; ce radier était peut-être en rapport avec un autel plus ancien. Ces couches sont scellées par une strate de terrain marron-ocre argileux (c. 9), sur laquelle s'installent les fondations de l'autel d'Apollon . Plusieurs terres cuites représentant un homme drapé tenant une lyre ont été trouvées au contact de cette strate (fig. 10) ; datables autour de la fin du IVe siècle av. J.-C, elles fournissent un terminus post quem pour la construction de l'autel d'Apollon. Les phases du travail sont visibles dans la succession des strates en correspondance avec les assises de l'autel : on a travaillé le marbre en prenant appui sur la couche 9 et les éclats de taille très nombreux ont été nivelés, constituant la couche 8 ; on a ensuite remblayé avec un terrain marron-gris foncé (c. 6) qui couvre les deux assises de conglomérat des fondations ; vers le Nord-Ouest cette même terre stabilise un bloc muni dans sa partie supérieure d'un anneau de fer auquel étaient vraisemblablement attachés les animaux destinés au sacrifice ; un autre bloc analogue occupe le secteur sud-ouest du sondage. Au-dessus, la strate 5, pleine d'éclats de marbre de petite taille, correspond au travail d'une autre assise de l'autel et vient couvrir la partie inférieure de l'euthynteria de marbre. Rien ne permet de préciser le niveau exact du plan de marche en rapport avec le premier état du grand autel. L'inclinaison du terrain d'Est en Ouest, que l'on observe entre l'autel et les blocs à anneaux de fer, permet d'évoquer ce que pouvait être un sol antique, disparu par la suite, qui aurait été situé au-dessus de la couche 5 ; la bande de terre compacte proche de l'autel (c. 4) doit-elle être considérée comme un lambeau de plan ? Dans ce uploads/Geographie/ anata-1018-1946-1991-num-1-1-1137.pdf

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