Mme Eilers/2019-20/1ère G1/Séquence 6 : Parcours associé - Individu, morale, so

Mme Eilers/2019-20/1ère G1/Séquence 6 : Parcours associé - Individu, morale, société/LA15 1 Lecture analytique linéaire N°15 : l’autoportrait épistolaire de la Marquise de Merteuil dans Les Liaisons dangereuses (1782) de Pierre Choderlos de Laclos. Texte polycopié : extrait de la lettre N°81 du roman. La lecture analytique linéaire à l’oral va de la première ligne de l’extrait « Si cependant vous m’avez vue … » à la ligne 20 «… mon ouvrage ». Introduction : Voir chapitre « Le Libertinage, en marge des Lumières » (manuel, p.55) ; biographie « Pierre Choderlos de Laclos» (p.615) Le roman épistolaire Les Liaisons dangereuses est paru en 1782. Constitué d’un échange de 175 lettres réparties entre une bonne douzaine d’épistoliers, ce roman a pu être considéré à juste titre comme l’apogée d’un genre très en vogue dans la France du XVIIIe siècle. Situé dans l’aristocratie quelques années avant la Révolution, ce roman polyphonique reflète les mœurs d’un milieu clos et condamné à terme. Deux libertins, le vicomte de Valmont et la marquise de Merteuil, se désennuient en ourdissant les intrigues dans cette haute société imbue de ses préjugés. Problématique : A insérer ici après élaboration en classe. 1er mouvement : La rhétorique savante d’une libertine offensée (l.1 à l.10) 1.) Quelle est la nature de « si » ? Quel type de subordonnée ce mot introduit-il ? Combien de subordonnées du même type sont enchaînées dans la première phrase ? Quel effet est créé par ce parallélisme de construction ? La conjonction « si » introduit une subordonnée hypothétique. Le premier paragraphe comporte trois subordonnées hypothétiques du même type. Il s’agit d’une longue protase au rythme ternaire. Mme de Merteuil donne un ton majestueux à sa lettre, ce qui correspond à son attitude de reine parmi les libertins. 2.) Quelle est la nature de « cependant » ? Quelle relation logique ce mot exprime-t-il par rapport à ce qui précède ? Qu’en déduisez-vous quant à l’attitude de la Marquise de Merteuil à l’égard du Vicomte de Valmont dans cette lettre ? L’adverbe « cependant » est un connecteur d’opposition. Placé en début de paragraphe, il nous indique que ce qui suit est en contradiction avec ce qui précède. En effet, Mme de Merteuil est offensée par les conseils épistolaires de son ancien ami, le libertin Valmont, qui vient de la mettre en garde contre les dangers qui émaneraient pour la marquise d’un autre libertin, connu pour nuire à la réputation des femmes conquises. Elle s’oppose donc à ses insinuations quant à sa prétendue faiblesse et passe à l’argumentation en faveur de sa thèse : jamais aucune femme n’a été aussi douée pour soumettre les hommes à son pouvoir. 3.) Comment savez-vous que M. de Valmont doit très bien connaître la marquise ? Quelle relation les deux ont-ils pu entretenir ? Certes, la marquise vouvoie le vicomte. Mais cela est dû aux convenances de l’époque. En réalité, ce dernier a dû avoir une connaissance intime de la vie privée de Mme de Merteuil. Celle-ci laisse sous-entendre qu’il a pu « voir » la manière dont elle a dompté bien des hommes grâce à ses charmes et ses ruses. Elle prend le vicomte pour témoin privilégié de ces prouesses. Si tel n’était pas le cas, elle ne lui écrirait pas en révélant ses stratagèmes. Elle garde donc une certaine confiance en lui, même si elle n’est plus son amante. Elle se sent complice avec lui. 4.) Relevez les verbes conjugués dans les subordonnées : quel est le temps grammatical employé ? Quelle est la valeur aspectuelle de ce temps ? Le temps grammatical est le passé composé (« vous m’avez vue », « j’ai su », « ma réputation s’est pourtant conservée »). L’aspect est celui de l’accompli. Toutefois le résultat de l’action est encore sensible au moment où parle le locuteur. Le contenu des subordonnées hypothétiques est donc présenté comme ayant dû se réaliser dans le passé. La conséquence qui découle de ces conditions réalisées apparaît donc comme nécessaire. Mme Eilers/2019-20/1ère G1/Séquence 6 : Parcours associé - Individu, morale, société/LA15 2 5.) Relevez les verbes aux modes non conjugués (participes présents et infinitifs) dans les subordonnées : qui est le sujet implicite de ces participes et infinitifs ? Pourquoi Mme de Merteuil emploie-t-elle ces modes non conjugués plutôt que des subordonnées de temps ? Participe présent : « disposant » ; infinitifs : « faire de ces hommes […], « ôter aux uns |…]aux autres […] ». Le sujet implicite de l’ensemble des modes verbaux non conjugués est toujours Mme de Merteuil. L’avantage des modes non conjugués est de laisser entendre la généralisation sans introduire de la lourdeur, contraire à l’élégance du style, dans cette longue période. Mme de Merteuil affirme ainsi sa supériorité constante, sans faille. Certains compléments circonstanciels de fréquence le soulignent aussi : «tour à tour », «au milieu de ces révolutions fréquentes » ainsi que l’apposition « suivant mes goûts mobiles ». Mme de Merteuil se présente comme une libertine de longue date, dont l’expérience en la matière ne doit faire l’ombre d’un doute. 6.) Montrez que le rythme binaire prévaut à l’intérieur de chacune des subordonnées. Quel effet est ainsi créé ? Le rythme binaire permet de créer l’effet d’un balancement équilibré : « des événements et des opinions » ; « de mes caprices ou de mes fantaisies » ; « aux uns la volonté, aux autres la puissance » ; « attacher à ma suite ou rejeter loin de moi ». Mme de Merteuil apparaît comme maîtresse du sort de ces amants soumis et de ces ennemis déclarés. Elle ne suit que son désir. 7.) Montrez que les subordonnées comportent de nombreuses antithèses. Quels champs lexicaux sont ainsi opposés ? Mme de Merteuil se présente comme une femme active (« disposant », « faire », « ôter », « rejeter », « attacher ») face à Valmont, dont le rôle est passif (« vous m’avez vue »). Elle inverse donc les rôles traditionnels. C’est elle qui prend le pouvoir sur les hommes pour les réduire à l’impuissance (« ces hommes si redoutables » deviennent « le jouet de [ses] caprices » ; des « Tyrans », « [ses] esclaves »). Inconstante (« mes goûts mobiles » ; « révolutions fréquentes »), elle montre que « [sa] réputation s’est pourtant conservée pure ». Les antithèses dans ces quelques lignes ramènent le lecteur vers un seul pôle de stabilité : le bon vouloir de la marquise, qui détient tous les pouvoirs ! 8.) Analysez le COD qui occupe toute la ligne 6 (mots en italique) : à quoi ressemble-t-il ? Justifiez votre réponse avec précision, en tenant compte du nombre de syllabes, du choix des mots et des figures de style qui y sont présents. « Ces Tyrans détrônés / devenus mes esclaves. » - Ce COD compte 12 syllabes, comme un alexandrin. La césure tombe après le premier hémistiche. Ce pourrait être un vers d’une tragique. Le lexique s’y prête : le champ lexical de la domination (« tyrans », « esclaves ») et celui du fatum (« détrônés », « devenus »). Sa construction en chiasme le rend encore plus majestueux. Il semble bien qu’il ne s’agisse pas d’une citation mais d’une création de l’auteur, qui a ainsi accentué encore le style oratoire de Mme de Merteuil. 9.) Où commence la proposition principale ? De quel type de phrase s’agit-il ? Quelle figure de style reconnaissez- vous ? La principale commence par le verbe « n’avez-vous pas dû en conclure ». Le modal « devoir » exprime la haute probabilité. Ce n’est pas une vraie interrogation. Il s’agit d’une question rhétorique, qui renferme une affirmation : le vicomte de Valmont ne pouvait pas ne pas avoir conclu que sa partenaire était toute-puissante sur les hommes. Son offense est d’autant plus impardonnable. 10.) Quelle est la relation logique entre les subordonnées et la proposition principale ? Quel verbe exprime explicitement cette relation ? La relation logique est celle d’un système hypothétique (« si … alors… »). Dans un tel système, la condition exprimée dans la subordonnée doit être remplie pour que l’affirmation dans la principale soit considérée comme vraie. Un tel système est donc une forme de raisonnement déductif. Le verbe « conclure » l’explicite. 11.) Analysez l’apposition « née pour venger mon sexe et maîtriser le vôtre ». Montrez que vous y retrouvez des caractéristiques semblables au segment en italique, ligne 5. Cette apposition au sujet de la complétive « je » comporte un alexandrin approché (« née » devrait compter pour deux syllabes – c’est pourquoi ce n’est pas un alexandrin au sens classique – mais on peut imaginer que Mme de Merteuil, qui s’arroge toutes les qualités viriles ait pu adapter un alexandrin existant, en l’accordant au féminin). L’hémistiche Mme Eilers/2019-20/1ère G1/Séquence 6 : Parcours associé - Individu, morale, société/LA15 3 pourrait être situé après « née pour venger mon sexe ». De nouveau, nous trouvons l’idée de l’inversion de la domination. Cette fois-ci, en uploads/Geographie/ la15-liaisons-dangereuses.pdf

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