Lilyan Kesteloot NEGRO- CAINE La littérature de 1918 à 1981 # tig» ti^^$és<ër*p

Lilyan Kesteloot NEGRO- CAINE La littérature de 1918 à 1981 # tig» ti^^$és<ër*p *' # * 4> ^Aifu; 1778 • PHILLIPS ACADEMY OLIVERWENDELL-HOLMES # LI B R ARY » 3» # In Memor»' ~r CHESTER A. C Instructor of 1936 - IS # ^ tg. 1^1 ijfc ^ ^ ^ y Collection marabout service Afin de vous informer de toutes ses publications, marabout édite des catalogues où sont annoncés, régulièrement, les nombreux ouvrages qui vous intéressent. Vous pouvez les obtenir gracieusement auprès de votre libraire habituel. A mes étudiants du Cameroun, du Mali, de la Côte-d'Ivoire, du Zaïre et du Sénégal Lilyan KESTELOOT Anthologie négro-africaine panorama critique des prosateurs, poètes et dramaturges noirs du XXe siècle marabout A paru précédemment dans la collection marabout université (MU 129) Sources des illustrations : voir page 472. (C) Gérard & C", 1967 ; Marabout, Alleur (Belgique) 1987. Toute reproduction d'un extrait quelconque de ce livre par quelque procédé que ce soit, et notamment par photocopie ou microfilm est interdite sans autorisation écrite de l'éditeur. Introduction Pourquoi ANTHOLOGIE « NEGRO-AFRICAINE » ? Pourquoi avons-nous adopté le titre d’Anthologie « négro- africaine » pour présenter l’ensemble des œuvres littéraires, tant orales qu’écrites, qui expriment la vision du monde, les expé¬ riences et les problèmes propres aux hommes noirs d’origine africaine ? Pourquoi ne parlons-nous pas de littérature « nègre », ou mieux de littérature africaine ? Et pourquoi spécifie-t-on la race ? A-t-on jamais parlé de littérature blanche ou jaune ? Non. Mais il faut éviter l’équivoque qu’entraînerait le seul adjectif « africain ». Car on engloberait alors abusivement la littérature des Africains du Nord, qui, culturellement, appartiennent au monde arabe. Pourquoi « négro-africain » est-il plus précis que « nègre », encore qu’on emploie couramment l’un pour l’autre ? Négro- africain indique une nuance géographique qui est aussi une référence culturelle importante : il ne s’agit pas des Noirs de Malaisie ou de Nouvelle-Guinée. Mais bien de ceux d’Afrique qui ont, au cours des siècles, développé une civilisation bien particulière que l’on reconnaît entre foutes! Noiht-considérons donc ta littérature négro-africaine comme manifestation et partie intégrante de la civilisation africaine. Et même lorsqu’elle se produit dans un milieu culturellement différent, anglo-saxon aux U.S.A., ibérique à Cuba et au Brésil, elle mérite encore d’être rattachée à l’Afrique tant le résultat de ces métissages conserve les caractères de l’Afrique originelle. Ceci est plus sensible encore dans la musique : qui niera par exemple l’africanité du jazz ou des rythmes cubains ? L’aire de la littérature négro-africaine recouvre donc non Q 1 O Q 7 9 «J X \J <J ( C* 5 seulement l’Afrique au Sud du Sahara, mais tous les coins du monde où se sont établies des communautés de Nègres,' au gré d’une histdire^rnouvementœ qui "arracha aü Continent cent millions"d’hommes et les transporta outre-océan, comme esclaves dans les plantations de sucre et de coton. Du Sud des Etats-Unis, des Antilles tant anglaises que françaises, de CùbaTdêTlaïti, des Guyanes, du Brésil, rejaillit aujourd’hui en gerbes récho~3ê~cës voix noires qui rendent à l’Afrique son tribut de culture : chants, danses, masques, proses, poèmes, pièces de théâtre ; dans tous les modes d’expression humaine s’épanouissent des œuvres marquées du génie de l’Afrique traditionnelle, et qui témoignent de la profondeur de ses racines autant que de la vigueur de ses greffes. La littérature orale traditionnelle Dans la littérature négro-africaine nous distinguerons les œuvres écrites en langues européennes et la littérature orale qui se fait en langues africaines. Cette dernière est de loin la plus ancienne, la plus complète et la plus importante. Ancienne car pratiquée depuis des siècles et transmise fidèlement par des générations de griots ou aèdes, dont les mémoires ne sont rien de moins — dans une civilisation orale — que les archives mêmes de la société. Complète car cette littérature comprend tous les genres et aborde tous les sujets : mythes cosmogoniques, romans d’aven¬ tures, chants rituels, poésie épique, courtoise, funèbre, guerrière, contes et fables, proverbes et devinettes. Importante par son abondance, son étendue et son incidence sur la vie de l'homme africain. En effet, cette littérature orale n’a jamais cessé, même pendant la colonisation, d’animer les cours des chefferies, comme les veillées villageoises, ni de proliférer avec une liberté et une virulence échappant au contrôle des étrangers ignorant d’habitude les langues indigènes. Quant à sa portée sur le public africain, il faut savoir, pour en juger, que cette littérature orale charrie non seulement les trésors des mythes et les exubérances de l’imagination populaire, mais véhicule l’histoire, les généalogies, les traditions familiales, les formules du droit coutumier, aussi bien que le rituel religieux et les règles de la morale. Bien plus que la littérature écrite, elle s'insère dans la société africaine, participe à toutes ses activités ; o’ 6 littérature active véritablement, où la parole garde toute son efficacité de verbe, où le mot a force de loi, de dogme, de charme. Et les chefs des nouveaux Etats indépendants sentent si bien le pouvoir de cette littérature, qu’ils n’hésitent pas à confier aux griots traditionnels le soin d’exalter leur politique ou leur parti. Littérature plus vivante parce que non figée, et transmise directement du cerveau qui l’invente au cœur qui l’accueille ; plus ardente parce que recréée à chaque fois, au feu de l’inspiration ; plus souple parce qu’adaptée, exactement, au jour, au lieu, au public et aux circonstances. Mais certes, il faut avouer que les littératures orales sont aussi plus fragiles, difficiles à consigner, à inventorier et à cataloguer. C’est d’ailleurs à cause de ce handicap qu’elles sont encore mal connues, et méconnues ; nous faisons le point sur l’état actuel de ce problème en fin de notre ouvrage. La littérature écrite moderne Voilà aussi pourquoi ce livre porte surtout sur la littérature écrite. Ce qui ne veut pas dire que celle-ci soit sans intérêt, et qu'on l’aborde à défaut d’avoir accès à l’autre ! La valeur des écrivains négro-africains n’est d’ailleurs plus à démontrer. Des voix autorisées l’ont d’ores et déjà reconnue, et je songe à André Breton, Michel Leiris, Sartre, Armand Guibert, Jean Wagner, Georges Balandier, Claude Wauthier, Roger Bastide, Janheinz Jahn ! Mais à l’opposé de la littérature orale, cette littérature écrite est d’origine assez récente ; car elle n’est pas à confondre avec les œuvres que certains lettrés africains et antillais ont écrites de tout temps, à la manière française, anglaise, portugaise et même russe (comme Dumas, Pouchkine, etc.). J’ai dit plus haut qu’une littérature est avant tout la manifestation d'une culture. On n’a donc pu parler de littérature négro-africaine qu’au moment où les livres écrits par les Noirs ont exprimé leur propre culture et non plus celle de leurs maîtres occidentaux. Or cette désaliénation de l’expression littéraire n’a pu se faire, chez les Noirs, qu’à la lumière d’une prise de conscience douloureuse de leur situation socio-politique. C’est ce qui explique le caractère agressif de leurs œuvres, et leur prédilection pour certains thèmes : l’analyse des souffrances 7 antiques et multiformes que la race endure comme un destin implacable, la révolte titanesque qu’elle prépare contre ses bourreaux, la vision d’un monde futur et idéal d’où le racisme serait banni et bannie l’exploitation de l’homme par l’homme, le retour enfin aux sources culturelles de l’Afrique-Mère, continent mythique certes, mais aussi très concrète matrice d’une Weltans¬ chauung qui a profondément déterminé l’âme des peuples éparpillés aujourd’hui dans la vaste diaspora nègre. La naissance de la littérature noire écrite s’est donc faite dans le déchirement, et cela est bien sensible dans le texte de W.E.B. Du Bois qui commence ce panorama. Dès le début de ce qu’il est maintenant convenu d’appeler « le mouvement de la négritude », l’écrivain noir fut contraint de s’engager dans ce combat étrange que menait toute une race pour la conquête de sa liberté, voire de son statut d’homme. La littérature nègre porte donc très nettement les stigmates de ce combat. C’est seulement ces toutes dernières années, alors que certaines parties du monde accèdent à une libération effective, que des œuvres, des problèmes raciaux viennent du jour : chants d’amour batanga, drames de jalousie du Ghana, comédies sur le mariage et la dot en pays ewondo — autant de symptômes qui indiquent que la négritude se débarrasse de l’obsession du racisme — quand on ne lui oppose plus le racisme. La négritude redevient simplement la manière particulière aux Négro-Africains de vivre, de voir, de comprendre, d’agir sur l’univers qui les entoure ; leur façon bien à eux de penser, de s’exprimer, de parler, de sculpter, de raconter des histoires, de faire de la musique comme de faire de la politique, bref : caractéristique culturelle. La littérature africaine nous en transmet les multiples facettes et nous souhaitons qu'elle continue à se développer dans l’épanouissement de l’authenticité retrouvée. Littérature africaine ou littérature nationale ? Est-ce à dire que les auteurs négro-africains n’ont plus d’autres problèmes que celui de la joie d’écrire ? Ce serait trop beau ! Entre tous, nous évoquerons trois de ces problèmes. Tout d’abord, celui de l'unité culturelle uploads/Geographie/ anthologie-negro-africaine-pa-inconnu-e.pdf

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