ANTIQUIT×S D'HERCULANUM. GRAV×ES PAR TH. PIROLI AVEC UNE EXPLICATION PAR S.-P

ANTIQUIT×S D'HERCULANUM. GRAV×ES PAR TH. PIROLI AVEC UNE EXPLICATION PAR S.-PH. CHAUD×; ET PUBLI×ES PAR F. ET P. PIRANESI, FR×RES. TOME VI. LAMPES ET CAND×LABRES. × PARIS CHEZ: PIRANESI, Frères, place du Tribunat, n°. 1354; LEBLANC, Imprimeur-Libraire, place et maison Abbatiale St.-Germain-des-Prés, n°. 1121. AN XIV. = 1806. ANTIQUIT×S D'HERCULANUM. 1 AVERTISSEMENT Ce 6e volume, contenant les Lampes et les Candélabres, fait, dans notre division, la troisième partie des Antiquités d'Herculanum, et, dans des monumens plus simples, offre un degré d'intérêt qui le rend encore précieux après l'exposition des Peintures et des Bronzes. Les Lampes (lucernæ ou lychni), consacrées par les besoins usuels et par la piété, se sont tellement multipliées, qu'il en est parvenu un grand nombre jusqu'à nous; les Antiquaires les ont divisées en plusieurs classes, sous les dénominations de lampes sacrées, lampes domestiques et lampes sépulcrales. Montfaucon observe judicieusement que, malgré ces distinctions, il serait très-difficile d'assigner à chacun de ces monumens sa classe particulière. En effet, celles que nous publions ont presque toutes été trouvées dans les maisons, et ne diffèrent pas des lampes sépulcrales publiées par Bellori ou par d'autres; il ne paraît même pas que celles qu'on allumait dans les temples, et qui devraient être proprement dites sacrées, soient absolument distinctes des autres; et il est vraisemblable qu'on se servait indifféremment de toutes dans les cérémonies religieuses et dans l'usage privé. La variété des formes et des emblêmes dépendait du caprice des artistes ou de la fantaisie de celui qui faisait fabriquer ces objets. On trouve dans les inscriptions, à la Fortune domestique, à Jupiter domestique, Minerve domestique, etc.; c'est alors le signe d'une dévotion particulière, et on peut en dire autant de toutes les lampes qui portent la figure de quelque divinité; ce sont ces sortes de lampes que nous nommerons sacrées. Beaucoup d'autres sont relatives à la profession ou aux goûts de leurs possesseurs. Celles qui portent des figures de gladiateurs peuvent être considérées comme lampes sépulcrales; elles peuvent aussi se classer parmi celles destinées à éclairer les salles d'exercices des gladiateurs, et même les échoppes ou les boutiques des amphithéâtres, des théâtres et des cirques. Nous aurons soin, au reste, de ne point omettre, dans le cours de nos explications, les particularités plus ou moins curieuses qui peuvent jeter quelque jour sur les usages des anciens: si cette matière a été épuisée par une foule de savans auteurs, dont nous nous plaisons à répéter les opinions plutôt qu'à donner les nôtres, nous prions nos lecteurs de considérer que nous n'avons pour but que d'aider leur mémoire, en examinant avec eux les monumens dont nous leur offrons une copie fidelle. Les lampes étaient ordinairement de bronze ou de terre cuite, et l'on aura souvent occasion d'admirer, dans les lampes de cette dernière espèce, combien était répandu le sentiment du beau, et de se confirmer dans cette observation: que si des hommes ingénieux font la gloire de leur siècle, la gloire de ce même siècle conserve long-temps, parmi leurs successeurs, l'esprit dont les premiers furent animés, et fait revivre cet esprit après les nuits de la barbarie. On ne saurait donc trop applaudir aux efforts des artistes qui tendent, en profitant des exemples de l'antiquité, à répandre ce goût conservateur dans tout ce qui appartient aux besoins les plus familiers. Pour nous, nous croirons avoir peu fait pour les arts, si l'imitation par la gravure des objets précieux que la découverte d'Herculanum a rendus à la lumière, ne faisait naître, dans les productions du goût, des imitations plus solides et plus heureuses. DES ANCIENNES VILLES D×TRUITES PAR LES ×RUPTIONS DU V×SUVE. L'origine d'Herculanum, ville d'Hercule, ou consacrée à Hercule, Herculaneum sive Herculanium (oppidum), se perd dans la nuit des temps fabuleux. Si parmi les héros qui ont porté le nom d'Hercule, on suit les aventures de l'Hercule Thébain, on voit celui-ci s'arrêter, après avoir consommé de grands travaux en Italie, et se reposer dans la Campagne heureuse. Là il célèbre ses victoires en consacrant aux Dieux la dixième partie des dépouilles (Dionys. Halic, l. I), et fonde la petite ville qui porte son nom, à l'endroit où son navire avait fait sa station. Cette même ville est appelée par Pétrone, Herculis Porticus; d'où lui est venu, sans doute, son nom moderne de Portici. Avant la découverte d'Herculanum, personne n'avait su déterminer, avec précision, la situation de cette ancienne ville; il n'en restait pas même de trace sensible dans ce nom de Portici. Cette habitation royale à quatre milles environ de Naples, Antiquités d'Herculanum AVERTISSEMENT 2 séparée de Résina par une seule rue, cachait la ville antique sous ses fondemens. Ces deux villes sont presque de niveau avec la mer; en sorte que le sol d'Herculanum se trouve très-abaissé, ou qu'il faut que la mer se soit beaucoup élevée. Winckelmann, qui fait cette observation (lettre au comte de Brühl), croit à ce dernier phénomène. Il observe que sur les côtes de Hollande, la mer est manifestement plus haute que la terre; ce qui ne devait pas être avant que l'industrie humaine eût prescrit des limites à la mer. Les bâtimens d'Herculanum sont encore dans leur ancienne assiette; état tout-à -fait contraire à l'opinion qu'ils se soient affaissés. On a cherché à rendre raison du nom de Résina, en le faisant dériver de la villa Retina, dont parle Pline le jeune dans la lettre où il décrit l'éruption du Vésuve (lib. VI, epist. 16). Mais il paraît par le texte, malgré la diversité des leçons, que cette villa était située près de Misenum, c'est-à -dire à environ douze milles du Vésuve, et qu'il n'y a aucun rapport de Retina à Resina. La ville de Pompéia, qui subit le même sort qu'Herculanum, paraît avoir eu une commune origine. Son nom vient des pompes et fêtes d'Hercule (Serv. in ×n. VIII, v. 662). En écrivant Pompéia, dans le cours de cet ouvrage, nous avons suivi un usage vulgaire qui pourrait nous mériter un reproche. Les auteurs latins écrivent Pompeii, au pluriel; les Français conservent ordinairement la terminaison latine. Strabon dit Pompeia, et son traducteur, Pompeiam, quam Sarnus præterfluit. Cet exemple peut faire autorité en notre faveur. Les ruines de Pompéia se trouvent aujourd'hui sur le chemin de Salerne, près d'un village maritime, appelé Torre dell'Annunziata, à dix milles de Naples et six de Portici. L'emplacement qu'elles occupent est éloigné d'un demi-mille environ du cours actuel du Sarnus (aujourd'hui Sarno), soit que cette différence ait pour cause les bouleversemens produits par les éruptions et les tremblemens de terre, soit que le port se trouvât situé à quelque distance de la ville; ce qui n'est point sans exemple. Cette situation favorable faisait de Pompéia l'entrepôt du commerce de Nola, de Nuceria (Nocerra), et d'Acerræ (Acerra). «Stabie (Stabiæ), dit Winckelmann, était située dans le terrain qu'occupe à présent Gragnano, et non comme le prétend Cluvier dans l'endroit où est aujourd'hui Castell'-a-mare, sur le bord de la mer. L'ancienne Stabie, suivant Gallien, en était éloignée de huit stades; ce qui s'accorda avec la situation que nous lui donnons. Cette ville fut détruite par Sylla dans la guerre des Marses; et du temps de Pline, on n'y voyait plus que des maisons de plaisance»; c'est le rivage où Pline l'ancien périt victime de son courage. Indépendamment de ces villes principales, tout le rivage était couvert d'habitations agréables qu'on bâtissait quelquefois jusque dans la mer, pour y trouver la fraîcheur que produit le mouvement des flots. La fertilité qui jaillissait des causes même de destruction, a, de tout temps, répandu sur ces lieux dangereux, un charme dont les événemens les plus désastreux n'ont pu détruire le prestige. Nous voyons encore de nos jours des jardins délicieux creusés dans la lave; à peine ces fleuves de marbre et de métaux fondus sont-ils refroidis, qu'on vient chercher sur leurs bords l'habitation qu'ils ont épargnée; on creuse leurs flancs pour découvrir le sol; on taille, on enlève leurs riches débris, pour construire des édifices, pour consolider des routes qui doivent être de nouveau abîmées par les torrens destructeurs, Le pavé des villes antiques mêmes était formé de laves. La première éruption dont l'histoire ait conservé le souvenir, est celle qui eut lieu la première année du règne de Titus, l'an 79 de l'ère chrétienne, celle à laquelle on a attribué la destruction totale des villes déterrées dans le siècle dernier. Avant l'époque dont nous venons de parler, les témoins nombreux qui annonçaient le voisinage d'un ennemi aussi redoutable que l'×tna, semblaient être muets pour les habitans de ces contrées. Si la tradition des anciennes fureurs de quelques volcans avait été conservée par les poètes, elle était comme reléguée dans le domaine des fictions. La fable des Géans phlégréens, la description que Virgile fait des enfers, description qui nous guide encore aujourd'hui pas à pas sur les mêmes lieux, en renferment les traces les plus sensibles: mais il n'est question que des campagnes de Cumes; et l'on est surpris de voir l'auteur des Géorgiques parler de la fertilité du Vésuve, sans remonter à la cause dangereuse qui uploads/Geographie/ antiquites-d-x27-herculanum-tome-vi-vol-6-of-6-by-piranesi-francesco.pdf

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