LA VOCATION DE L’ARBRE D’OR est de partager ses admirations avec les lecteurs,

LA VOCATION DE L’ARBRE D’OR est de partager ses admirations avec les lecteurs, son admiration pour les grands textes nourrissants du passé et celle aussi pour l’œuvre de contem- porains majeurs qui seront probablement davantage appréciés demain qu’aujourd’hui. Trop d’ouvrages essentiels à la culture de l’âme ou de l’identité de cha- cun sont aujourd’hui indisponibles dans un marché du livre transformé en industrie lourde. Et quand par chance ils sont disponibles, c’est finan- cièrement que trop souvent ils deviennent inaccessibles. La belle littérature, les outils de développement personnel, d’identité et de progrès, on les trouvera donc au catalogue de l’Arbre d’Or à des prix résolument bas pour la qualité offerte. LES DROITS DES AUTEURS Cet e-book est sous la protection de la loi fédérale suisse sur le droit d’auteur et les droits voisins (art. 2, al. 2 tit. a, LDA). Il est également pro- tégé par les traités internationaux sur la propriété industrielle. 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Transformations sociales. Nouveaux genres littéraires. — III. Élargissement de l’horizon. Oracles et jeux nationaux. Emprunt de l’écriture. — IV. Situation et destinées de l’Ionie. — V. Origine des idées religieuses. Personnification de la nature. Esprits et démons. Ames des choses, âmes humaines. Survivance de l’âme. Culte des ancêtres. Triple série d’objets d’adoration. — VI. Les divinités naturalistes de la Grèce. Transformation des dieux par l’anthropomorphisme. Victoire du polythéisme. Croyances homériques. Laïcisation des idées religieuses. Rareté des sacrifices humains. — VII. Sacrifices en l’honneur des morts. Culte préhistorique des âmes. Insouciance ionienne. — VIII. Explication de la nature par les mythes. Processus de la personnification. — IX. Hésiode d’Ascra. Sa Théogonie. Contenu intellectuel des Théogonies. Le chaos. Abstractions personnifiées. Tous les commencements sont obscurs parce qu’ils sont trop modestes ou trop peu en évidence. Ils échappent aux regards ou se dérobent à l’observation. Nous remontons graduellement aux origines historiques, de même que le voyageur suit pas à pas la rivière jusqu’au point où sa source jaillit sous l’ombre des bois. Et nous franchissons ces étapes successives à l’aide des raisonnements. Ceux-ci sont de deux sortes, suivant qu’ils partent des effets ou des causes. Les premiers s’appliquent à dégager de la constatation et de la nature des effets l’existence et la nature des causes. Ils sont indispensables, mais prêtent à de nombreuses erreurs. Car, si chaque cause, prise en elle-même, produit toujours le même effet, la réci- proque n’est pas absolument vraie. Le même effet ne résulte pas invariablement de la même cause ; le phénomène qu’on a appelé « pluralité des causes » joue un rôle considérable dans la vie de la nature comme dans celle de l’esprit. Le pro- cédé contraire assure une certitude plus grande. Il consiste à envisager les causes, les facteurs importants, connus ou connaissables, qui doivent avoir influencé les phénomènes à éclaircir, et dont la mesure d’influence peut seule prêter à discus- sion. Pour nous qui nous proposons d’étudier les débuts de la vie intellectuelle 5 ORPHÉE ET PYTHAGORE du peuple grec dans sa plus haute expression, nous avons à examiner d’abord la situation et la nature du pays qu’il habitait. La Grèce est un pays montagneux entouré par la mer. Les vallées en sont peu étendues, le sol relativement ingrat. Cette réunion de circonstances implique déjà quelques-uns des traits fondamentaux du développement hellénique. En premier lieu, les germes de civilisation qui pouvaient être dispersés sur ce terri- toire étaient assurés de durer, de se maintenir, d’être l’objet de soins multiples. Le fléau des invasions, qui se déchaîne sans obstacle sur un pays plat et sans remparts naturels, vient se briser aux montagnes comme aux murs d’une for- teresse. Autant de cantons montagneux, autant de milieux possibles de culture particulière, autant de théâtres de cette vie individuelle fortement accentuée qui devaient être aussi profitables à la civilisation variée de la Grèce que funestes à la concentration politique de ses forces. Mais, à l’immobilité particulariste qui se montre à nous, par exemple dans un pays fermé comme l’Arcadie, le développe- ment prodigieux des côtes offrait le contrepoids le plus salutaire. La superficie de la Grèce est inférieure à celle du Portugal, mais ses rivages sont plus étendus que ceux de l’Espagne. Une autre circonstance devait ajouter encore à la variété des dons intellectuels de la race. Les professions et les métiers les plus divers se tou- chaient dans le plus étroit espace ; familles de marins et de pâtres, de chasseurs et de cultivateurs contractaient sans cesse des alliances les unes avec les autres, et lé- guaient ainsi à leurs descendants des aptitudes et des talents qui se complétaient de la manière la plus heureuse. Mais « la pauvreté qui, dans l’antiquité, était à demeure dans l’Hellade » s’est révélée le cadeau le plus salutaire qu’une bonne fée pût mettre dans son berceau. A trois points de vue, elle a, au plus haut degré, favorisé le progrès intellectuel : comme aiguillon, elle a poussé au déploiement de toutes les forces ; ensuite c’était une protection nouvelle contre la conquête : comme l’avait déjà reconnu l’historien le plus profond de l’antiquité, ce pays relativement pauvre n’a pas dû tenter bien vivement les envahisseurs ; enfin et surtout, elle a imprimé un vigoureux élan au commerce, à la navigation, à l’émi- gration et à la fondation de colonies 1. Les baies hospitalières de la métropole grecque s’ouvrent vers l’est ; devant elles, des îles et des îlots semés en grand nombre forment autant d’escales qui conduisent aux antiques centres de la culture asiatique. La Grèce regarde du côté de l’orient et du sud, et tourne le dos à l’occident et au nord, dont la civilisation 1 Cf. Bursian, Geogr. von Griechenland, I, 5-8. Nissen, Italische Landes kunde, I, 216 : « Nulle part on ne trouve sur un si petit espace une pareille variété de golfes, de caps, de chaînes de montagnes, de vallées, de plateaux, de plaines et d’îles. » G. Perrot, Hist. de l’Art dans l’Anti- quité, VI, p. 19 sq. — Le mot d’Hérodote se trouve l. VII, 102. — Cf. Thucydide I, 2.  ORPHÉE ET PYTHAGORE avait toujours été rudimentaire. A cette faveur du sort, s’est ajoutée une circons- tance particulièrement heureuse. Le peuple phénicien, politiquement impuis- sant, mais porté au gain et ne craignant pas, pour le réaliser, de courir les aven- tures sur mer, semble avoir reçu pour mission spéciale de servir d’intermédiaire entre la jeune Hellas et les représentants d’une civilisation reculée. C’est par lui que furent apportés aux Hellènes, de Babylone et d’Égypte, les éléments du progrès intellectuel, sans qu’ils eussent à les payer au prix de leur indépendance. Combien plus constant et plus régulier a été le développement du pays grâce à cette heureuse circonstance ! Quelle perte d’énergie nationale lui a été épargnée ! C’est ce que nous apprendrait, si cela était nécessaire, un regard jeté sur l’histoire des Celtes et des Germains, auxquels Rome a apporté une culture supérieure à la leur, mais qu’elle a en même temps asservis ; ou sur la triste destinée des peuples sauvages, qui, de nos jours, n’ont reçu de la puissante Europe les « bienfaits » de la civilisation que pour les déplorer amèrement. Mais ce sont pourtant les colonies qui ont exercé l’influence décisive sur la vie intellectuelle des Grecs. Il en fut fondé à toutes les époques et sous tous les régimes politiques. Du temps des rois, où la guerre sévissait sans trêve, on vit souvent des populations depuis longtemps fixées obligées de céder la place à de nouveaux arrivants et de chercher au delà de la mer une nouvelle patrie. Sous la domination aristocratique, qui reposait entièrement sur la réunion durable de la propriété foncière et de la noblesse d’origine, il fallait souvent expédier à l’étran- ger et y pourvoir d’une nouvelle terre le « gentilhomme pauvre », qui sans cela eût fatalement provoqué des désordres. D’autres, victimes des querelles incessan- tes des partis, émigraient à leur tour. Bientôt il s’agit d’assurer à un commerce maritime toujours plus étendu des points d’appui solides, à l’industrie florissante l’approvisionnement en matières premières, à la population de jour en jour plus nombreuse uploads/Geographie/ or-phee-pythagore 1 .pdf

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