UNION INTERPARLEMENTAIRE INTER-PARLIAMENTARY UNION Association des secrétaires

UNION INTERPARLEMENTAIRE INTER-PARLIAMENTARY UNION Association des secrétaires généraux de Parlement COMMUNICATION de M. Marc RWABAHUNGU Secrétaire général de l’Assemblėe Nationale du Burundi sur LA FUITE DES CERVEAUX : UN FACTEUR IMPORTANT DU SOUS-DÉVELOPPEMENT Session de Nusa Dua Avril/mai 2007 1 2 LA FUITE DES CERVEAUX : UN FACTEUR IMPORTANT DU SOUS-DEVELOPPEMENT 1. Définition de la fuite des cerveaux La perte de personnel qualifié (à différents niveaux) à cause de l'émigration d'un pays vers d'autres est largement connue sous le nom de ''fuite de cerveaux''. Les définitions de fuite de cerveaux sont multiples et souvent discordantes quant aux typologies des émigrants que l'on y inclut. Ce terme peut en effet se référer exclusivement aux couches plus élevées, qui comprennent les scientifiques et les professionnels hautement qualifiés (highly skilled professionals), aux techniciens spécialisés, voire même aux ouvriers spécialisés. Ce personnel migrant est généralement composé : • de personnes ayant un niveau d'instruction élevé qui émigrent des pays en voie de développement pour s'unir à la main d'œuvre de ceux plus développés; • d’étudiants qui, pour des études ou une formation, se transfèrent dans des pays plus développés en décidant ensuite d'y rester. Les approches théoriques les plus courantes interprétant le phénomène de la fuite des cerveaux conduisent à trois théorie principales :  théorie de l’offre et de la demande  théorie du capital humain  théorie de push hand pull A cela s’ajoute la théorie de « stream and counter stream theory », qui considère que le choix d'émigrer comporte l'évaluation d'une série d'obstacles qui interviennent entre les facteurs d'attraction et ceux de répulsion. Parmi les facteurs qui influencent la décision d'émigrer, Okoli propose les suivants :  facteurs associés au pays d'origine;  facteurs associés au pays de destination;  obstacles qui interviennent;  facteurs personnels. 1 Dans cette vision dynamique des migrations, les facteurs "push" et "pull" sont donc enrichis par des facteurs qui interviennent continuellement et peuvent à tout moment changer les équilibres du système de lignes de force en influençant ainsi le processus décisionnel.1 2. Bref historique, ampleur et problèmes causés par la fuite des cerveaux en Afrique Selon Frère Daniel Boulier (1999), la circulation des élites est un phénomène qui existe depuis des siècles. Les étudiants venus de l’Europe entière se pressaient déjà dans les Universités médiévales pour suivre les enseignements de professeurs de nationalités différentes. C’est vers les années 1950 que ce phénomène considéré jusqu’alors positivement commence à poser problème, et en 1963, le terme de “brain drain” apparaît dans la revue scientifique britannique “The Royal Society” et vise les migrations de scientifiques et d’intellectuels britanniques vers les USA, particulièrement les médecins et les chercheurs en sciences médicales. Le terme ne s'appliquait pas, alors, à la venue d'étudiants originaires des pays en voie de développement vers les Universités des pays développés. En effet, en 1960, les étudiants étrangers n'étaient que 245.000 et ce n'est que dans les années 1970 et 1980 que leur nombre s'accrut considérablement puisqu'en 30 ans, il a été multiplié par 5, pour atteindre 1.178.000 en 1990 parmi lesquels, au moins les deux 2/3 proviennent des pays en développement). Comme dans le même temps, il apparaissait que de plus en plus de ces étudiants restaient dans les pays du Nord, une fois leur diplôme obtenu, le terme de “brain drain” leur a aussi été appliqué alors qu'il n'était, au départ, utilisé que pour les migrations de scientifiques et professionnels d'Europe vers les USA. A partir de la fin des années 1960, un débat a opposé défenseurs du Tiers-Monde considéré comme pillé de ses élites et défenseurs d'un libéralisme où le marché est censé diriger les talents vers les lieux de leur meilleure rémunération et utilisation. La polémique s'est développée dans les années 1970 et des mesures drastiques furent même proposées pour lutter contre la "fuite des cerveaux", telle que la taxation des pays qui en sont bénéficiaires, au profit des pays victimes. Mais les mesures proposées pour arrêter l'exode ne donnèrent pas les résultats attendus, faute d’être réellement applicables et appliquées. En 1978, une étude menée dans le cadre de l'UNITAR (Institut des Nations Unies pour la Formation et la Recherche), à partir d'une enquête effectuée dans 11 pays, montra que, 1 Source : Tana Worku Anglana, 2002, Au revoir Afrique : Itinéraire à travers recherches, réflexions et débats sur les caractéristiques des nouvelles migrations intellectuelles : ils reviennent, du moins les africains. Guide à la nouvelle diaspora. Lien : http://www.africansocieties.org/fr_giugno2002/fr_guidealanuuvelle.htm 2 contrairement aux idées les plus courantes à l'époque, les étudiants restés dans les pays où ils avaient fait leurs études projetaient malgré tout de rentrer dans leurs pays d'origine et aussi que ceux qui restaient à l'étranger n'étaient pas forcément les meilleurs étudiants. Il n'y aurait donc pas eu de "fuite" ni d'"exode" mais une migration seulement temporaire !2 La Commission économique des Nations Unies pour l'Afrique et l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) estiment qu'entre 1960 et 1975, 27 000 Africains ont quitté le continent pour les pays industrialisés. De 1975 à 1984, ce chiffre a atteint 40 000. On estime que depuis 1990, chaque année 20 000 personnes au moins quittent le continent. Le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) note qu'en Afrique, l'élément le plus frappant est l'exil des médecins. Au moins 60 % des médecins formés au Ghana dans les années 80 ont quitté le pays. Ce phénomène pèse d'un poids très lourd sur le continent, selon Mme Ndioro Ndiaye, Directrice générale adjointe de l'OIM. Pour compenser le manque d'effectifs qualifiés, les pays africains consacrent chaque année environ 4 milliards de dollars à l'emploi d'environ 100 000 expatriés non africains. Les organisations internationales dont l’OIM, le PNUD, l’Organisation des Nations pour l’Education, les Sciences et la Culture (UNESCO), l’Union Africaine (UA), etc., soulignent que la fuite des cerveaux est un des maux endémiques du continent. L’Afrique subit une véritable hémorragie de la fuite des cerveaux au profit de l’Occident qui en tire des dividendes. Les partants comprennent des chercheurs, informaticiens, médecins, personnels hautement qualifiés, des enseignants, des économistes, des juristes, des religieux, etc. Un préjudice subi au profit de l’Occident qui récupère les bénéfices de longues années de formation. Les chercheurs du FMI (Fonds Monétaire International) ont remarqué que les travailleurs ayant un niveau de préparation supérieur qui appartiennent à la diaspora de l'Afrique sub- saharienne représentent un pourcentage important de la "pépinière" de travailleurs qualifiés à disposition de leur pays d'origine. En effet, les travailleurs d'environ 61 pays en voie de développement trouvent des places de travail dans des pays comme le Canada, les Etats Unis et l'Union Européenne. Le pourcentage de ces professionnels n'est pas seulement constitué par des professeurs engagés par les diverses universités et centres de recherche, mais comprend aussi des experts en informatique, des avocats, des médecins, des enseignants d'écoles et d'autres travailleurs qualifiés. 2 Boulier D., « La migration des compétences: enjeu de justice et de solidarité internationale », in People on the Move - N° 81, December 1999. Pontifical Council for the Pastoral Care of Migrants and Itinerant People. 3 Si l'on se réfère aux affirmations de William Carrington, un économiste du United States Bureau of Labour Statistics, le seul aspect qui rapproche les figures professionnelles présentes dans la diaspora africaine est qu'elles proviennent toutes d'une éducation universitaire. D. M. Logan, spécialiste du Département de Géographie de l'Université de la Géorgie (USA), souligne que le flux d'experts vers l'occident a augmenté dans les années 80 et 90 et que le continent africain a le plus haut taux d'émigrants qualifiés que toutes les autres régions du monde. Aux Etats-Unis, par exemple, 20% des immigrés de l'Afrique sub-saharienne rentrent dans la catégorie "executives and managers ». Les estimations indiquent qu'au moins 100.000 professionnels d'éducation universitaire et provenant du continent africain travaillent et résident dans les seuls Etats-Unis. De plus, trente mille travailleurs possédant une spécialisation post-universitaire et provenant de l'Afrique sub-saharienne travaillent en Amérique du Nord et en Europe, en donnant le jour à des groupes de diaspora de dimensions imposantes.3 Les pays industrialisés ont de plus en plus besoin de deux catégories d’immigrés : ceux qui sont prêts à accepter des emplois mal payés, durs et dangereux, dédaignés par leurs propres ressortissants, et des professionnels hautement qualifiés, tels les experts en logiciels, les ingénieurs, les médecins et le personnel infirmier. Il manque actuellement 126 000 infirmiers aux Etats-Unis et les chiffres officiels montrent que le déficit en infirmiers qualifiés pourrait atteindre 800 000 d’ici à 2020. Cette tendance donne la conviction que l’Afrique est en train de souffrir d’une mort lente à cause la fuite des cerveaux, ce qui consolide la reconnaissance par les Nations Unies que la fuite des cerveaux en Afrique constitue le plus grand obstacle à son développement. Par exemple au niveau des statistiques depuis 1990, l’Afrique a perdu 20000 professionnels chaque année. Plus de 300000 professionnels africains résident en dehors de l’Afrique. L’Ethiopie a perdu 75 % de ses professionnels de son personnel qualifié entre 1980 et 1991. La formation d’un docteur coûte 40 uploads/Geographie/ association-des-secretaires-generaux-de-parlement-communication.pdf

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