ELÉMENTS DE SYNTHÈSE ● Le numérique est un élément de mutation du commerce parm
ELÉMENTS DE SYNTHÈSE ● Le numérique est un élément de mutation du commerce parmi d’autres au cours de ces 50 dernières années ; il n’est pas le principal facteur des transformations urbaines liées au commerce, qui sont autant sinon plus dues au développement de la grande distribution en périphérie, au détriment des centres historiques et du petit commerce. ● Un écart entre d’un côté les grandes métropoles françaises, qui font face à des enjeux de flux logistiques croissants et d’artificialisation des sols notamment, et de l’autre les petites et moyennes villes dont une des principales problématiques est le déclin commercial des centres villes. ● De grands acteurs du commerce qui misent sur l’hybridation des canaux : ○ Des géants du e-commerce qui pour assurer leur position, voire gagner du terrain face aux acteurs historiques « physiques », se lancent en termes d’implantations physiques, que cela soit autour de la logistique (entrepôts, acquisition de réseaux…), des points de vente ou de distribution. ○ Des grands acteurs de la grande distribution hybrident depuis les années leur canaux (stratégies de Click and Mortar avec le rachat de pure players, ex. Carrefour / Rue du Commerce en 2016) et le déploiement de drives ; ils diversifient également leur offre purement physique, s’implantant de nouveau sur de petites surfaces en centre-ville. ● Des collectivités locales qui ont favorisé pendant des années – et encore aujourd’hui - le développement de l’activité commerciale en périphérie, pour des raisons économiques, de revenus locaux, de création d’emploi… Mais qui tentent aujourd’hui également de maintenir ou redynamiser les commerces de centre-villes, en utilisant notamment le numérique (plateformes de mutualisation, ClickNCollect, dispositifs visant à faciliter la transition digitale du petit commerce… » ● Des municipalités qui ont un pouvoir limité pour agir face à aux problématiques territoriales du commerce : elles peuvent être compétentes sur le sujet, mais ne peuvent pas forcément agir à l’échelle adéquate (à quoi bon tenter de dynamiser le commerce de centre-ville si les fuites vers d’autres communes périphériques se poursuivent ?), qui est probablement plus métropolitaine ou au niveau du bassin de vie (une évolution prise en compte par la loi NOTre qui transfère ces compétences au niveau intercommunal) ; elles peuvent aussi peu peser face à aux acteurs de la grande distribution, etc. ● Des petits commerces encore peu numériques ; quelques projets seulement qui emploient le numérique pour leur permettre de s’organiser face aux géants du 2 e-commerce (comme Libr’est à Paris) à l’initiative des commerçants ou plus souvent des CCI ou des collectivités. ● Le numérique peut être un levier actionné par les collectivités pour redynamiser le commerce de proximité comme pour répondre à d’autres enjeux sociaux, environnementaux et d’aménagement, s’il n’est pas utilisé seul ; le développement d’outils doit être accompagné par un fort investissement humain et par une animation ● Des pistes d’action pour innover dans les politiques commerciales locales pour les collectivités : ○ Intégrer la logistique dans des politiques plus globales de mobilité et d’aménagement pour la traiter de façon cohérente à l’échelle métropolitaine, dans une rélfexion à court terme comme à plus long terme en anticipant des transformations à venir (véhicule autonome par ex.) ○ Un rôle pour les collectivités d’orchestrateur, d’animateur d’un tour de table plus varié qui croiserait davantage les regards que ce qui est fait aujourd’hui, en donnant une place à des initiatives P2P, des circuits courts, de nouveaux entrants, voire aux citoyens ? Utiliser le numérique pour mettre en relation, faciliter les échanges, la cohérence, le « matching »… ○ De l’empreinte sociale et environnementale des activités commerciales et des plateformes : comment prendre cela en compte pour la collectivité, quel intérêt, quels leviers d’action ? Régulation, critères, etc. 3 Le paysage avant / après le numérique Avant La ville et le commerce ont partie liée depuis les origines, les évolutions de l’un affectant l’autre, dans une dynamique créative qui s’est nourrie de bien des innovations, jusqu’à aujourd’hui. Bien avant le numérique, des années 50 aux années 90, le commerce dans les pays développés a connu de profondes mutations. Les champions nationaux et internationaux de la grande distribution, Carrefour, Auchan, Casino, Leclerc, Système U, Intermarché, ont profondément transformé les espaces urbains et les pratiques commerciales, en s’appuyant sur l’innovation la plus populaire des 30 glorieuses, la voiture individuelle ; ils ont ainsi déployé en périphérie des villes, avec l’aide des élus et des acteurs de l’immobilier commercial, les grandes surfaces et centre commerciaux que nous connaissons encore aujourd’hui. 62 % du chiffre d’affaires du commerce en France se fait en périphérie urbaine, contre 25% en centre ville . 1 Dans cette période pré-numérique, toutes les villes, de la métropole à la bourgade, se sont adaptées aux exigences de la grande distribution, et réorganisées autour de nouveaux pôles situées en périphérie, au détriment des centres historiques et du petit commerce. C’est dans cette période que s’est creusé l’écart entre d’un côté les grandes métropoles françaises, et de l’autre les petites et moyennes villes. Les premières disposant de centre villes où résident les classes les plus aisées avec un commerce actif et dynamique, tandis que les secondes observent sans pouvoir y résister le départ du petit commerce de centre ville au profit exclusif du commerce périphérique, et l’installation en périphérie également des classes aisées, accentuant la paupérisation de leur centre ville. On a forgé pour cette dernière catégorie l’expression de ville Donut, celle avec un trou au milieu . Ce clivage entre les grandes métropoles et les autres villes dure encore puisqu'aujourd’hui 2 chaque année en France on inaugure un million de m2 de surfaces commerciales, et que 90% de ces projets concernent toujours la périphérie des villes . 3 Après Balayons d’abord une idée fausse, ce n’est pas le numérique qui a mis à mal le petit commerce. Comme on vient de le voir, ce sont d’abord les acteurs de la grande distribution, avec la complicité active des élus, qui ont imposé pendant de longues années la localisation de tous leurs projets de centre commerciaux ou d’hypermarchés à la périphérie des territoires urbains, entrainant pour les petites et moyennes villes une désertification et paupérisation de leurs centre villes. Le e-commerce, malgré un engouement certain du grand public, ne pèse toujours aujourd’hui que 7 à 9% des ventes de détail en France, trop peu pour lui faire porter le chapeau. Certes les grandes plateformes de e-commerce, Amazon, Fnac, Cdiscount, sont devenues de plus en plus massivement utilisées. La digitalisation des supports culturels, livre, musique, a certainement joué le rôle de locomotive et de produit d’appels pour convertir les consommateurs aux avantages du e-commerce, même si aujourd’hui on peut pratiquement tout acheter en ligne, sur la base du modèle imposé par Amazon et son catalogue de plusieurs centaines de millions d’articles disponibles. 1 Etude Procos, 2012 - Voir http://www.urbislemag.fr/comment-la-france-a-tue-ses-villes-billet-356-urbis-le-mag.html 2 Voir O. Razemon, Comment la France a tué ses villes, 2016 3 Ibid. 4 Ce qui frappe d’abord l’observateur du commerce à l’ère du numérique, c’est la résilience et la capacité d’adaptation dont font preuve les anciens acteurs. Les petits commerçants font dans certains cas de la résistance, en se regroupant et en mutualisant certaines fonctions, comme les libraires de Librest à Paris ou les commerçants belges regroupés dans Nearshop. La grande distribution n’est pas en reste, rachetant les plateformes de e-commerce, comme Carrefour avec Rueducommerce ou les Galeries Lafayettes avec La Redoute, pour accélérer l’hybridation du physique et du numérique dans leur offre et leur stratégie, et innovant de multiples manières pour s’adapter aux nouvelles exigences de leurs clients, avec de la réussite, comme le montre le succès croissant du drive. Lancés en 2002 en France, les drives seraient au nombre de 3739 en 2016 selon 4 Dauvers (2016). D’autres modèles hybrides se sont également développés, utilisés par les petites surfaces et les petits commerçants, comme le click and collect ou les pickup stations. Les petites villes et les territoires ruraux explorent aussi de nouvelles voies pour lutter contre l’extinction de l’offre commerciale en expérimentant des alliances nouvelles entre acteurs publics, privés et associatifs, comme on a pu l’observer dans les expérimentations menées par la Poste avec les relais commerçants, un partenariat permettant d’accéder aux services de base postaux dans les locaux des commerçants volontaires . 5 Les nouveaux acteurs ne sont pas en reste, et on assiste aujourd’hui à de grandes manoeuvres capitalistiques du côté des grandes plateformes qui amorcent elles aussi une physicalisation de leur offre. Deux opérations récentes illustrent cette volonté des pure players d’aller vers le off-line. D’abord le rachat par Amazon de la chaîne de supermarchés biologiques américaine Wholefoods, 450 magasins de taille modeste ( entre 2500 et 5000 m2 contre 16 000 en moyenne pour les magasins Wallmart), situés dans les grands centres urbains, pour la somme de 13 milliard d’euros. La valeur en bourse de Carrefour était de 19 milliards d’euros au moment de cette opération, ce qui peut donner inquiéter les acteurs de la grande distribution. Deuxième illustration de cette nouvelle étape des grands acteurs du commerce numérique, uploads/Geographie/ audacities-cas-commercelogistique.pdf
Documents similaires










-
46
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jan 23, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
- Taille du fichier 0.4591MB