CHAPITRE 06: REFORMES URBAINES COURS N°01: Le pré-urbanisme et ses fondements t
CHAPITRE 06: REFORMES URBAINES COURS N°01: Le pré-urbanisme et ses fondements théoriques • Introduction : la critique de la ville industrielle. • Du point de vue quantitatif, la révolution industrielle est presque aussitôt suivie par une impressionnante poussée démographique dans les villes. • L'apparition et l'importance de ce phénomène suivent l'ordre et le niveau d'industrialisation des pays. • La Grande Bretagne est le premier théâtre de ce mouvement, en Europe la France et l'Allemagne suivent à partir des années 1830. Par exemple à Londres, dés le recensement de 1801, en moins d'un siècle sa population a quintuplé. • Du point de vue structurel, dans les anciennes cités d'Europe, la transformation des moyens de production et de transport, ainsi que l'émergence de nouvelles fonctions urbaines contribuent à faire éclater les anciens cadres, souvent juxtaposés, de la ville médiévale et de la ville baroque. • L'étude de la ville prend dans son étude deux aspects différents : • Dans un cas, elle est descriptive ; on observe les faits avec détachement, on tente de les ordonner de façon quantitative. • Quand la statistique est annexée à la sociologie naissante, l’étude devient qualitative car; on cherche essentiellement à comprendre le phénomène de l'urbanification", à le situer dans un réseau de causes et d'effets, ainsi que les incidences de la vie urbaine sur le développement physique, le niveau mental et la moralité des habitants. • A cette approche scientifique et détachée, qui est l'apanage de quelques savants, s'oppose l'attitude d'esprits que heurte la réalité des grandes villes industrielles. • Pour ceux-ci, l'information est destinée à être intégrée dans le cadre d'une polémique, l'observation ne peut être que critique et normative ; ils ressentent la grande ville comme un processus pathologique, et créent pour la désigner les métaphores du cancer et de la verrue". • Les uns sont inspirés par des sentiments humanitaires (ce sont des officiers : municipaux, des hommes d'église, surtout des médecins et hygiénistes), qui dénoncent faits et chiffres à l'appui, l'état de délabrement physique et moral dans lequel vit le prolétariat urbain. • C'est sous leur influence qu'en Angleterre seront nommées les célèbres commissions royales d'enquêtes sur l'hygiène, dont les travaux, publiés sous forme de rapports au parlement, fournirent une somme irremplaçable d'information sur les grandes villes de cette époque et contribuèrent à la création de la législation anglaise du travail et de l'habitat. • D'autres groupes; des polémistes sont constitués par des penseurs politiques. Souvent leur information est d'une ampleur et d'une précision remarquables. • Engels, en particulier peut être considéré comme le père de la sociologie urbaine. A travers son analyse en Angleterre sur la situation de la classe laborieuse, dans les slums de Londres, ...etc, il utilise tous les témoignages disponibles: rapports de polices,, articles de journaux, ouvrages savants. • Dans ce groupe de penseurs politiques, les esprits les plus divers ou même opposés, se rencontrent pour dénoncer l'hygiène physique déplorable des grandes villes industrielles : habitat ouvrier insalubre fréquemment comparés à des tanières, distances épuisantes qui séparent lieux de travails et d'habitations. Voirie fétide et absence de jardins publics dans les quartiers populaires. • L'hygiène morale est également mise en cause : contraste entre les quartiers d'habitations des différentes classes sociales aboutissant à la ségrégation, hideur et monotonie des constructions. • Largement mis à contribution, industrie et industrialisation, démocratie, rivalités de classe, mais aussi profit, exploitation de l'homme par l'homme, aliénation dans le travail sont, dans les premières décades du XIX siècle, dans leurs visions de la ville contemporaine. • Mise à part Marx et Engels, qui lient les défauts de la ville industrielle à l'ensemble des conditions économiques et politiques du moment, tout le reste des penseurs considèrent la disparition d'un ordre urbain déterminé implique l'émergence d'un ordre autre. Et c'est ainsi qu'est avancé, avec une étrange conséquence, le concept de désordre. • Considérant déclare: « les grandes villes, et Paris surtout, sont de tristes spectacles à voir ainsi, pour quiconque pense à l'anarchie sociale que traduit en relief, avec une hideuse fidélité, cet amas informe, ce fouillis de maisons », comme il parle de chaos architectural. • 1-1- Emergence des deux modèles de fondement théorique. • Ce qui est ressenti comme désordre appelle son antithèse, l'ordre. Aussi va-t-on voir opposer à ce pseudo désordre de la ville industrielle, des propositions d'ordonnancements urbains librement construites par une réflexion qui se déploie dans l'imaginaire, faute de donner une forme pratique la réflexion se situe dans l'utopie, elle s'y oriente selon les deux directions fondamentales du temps, le passé et le futur, pour prendre les figures de la nostalgie ou du progressisme. • D'un ensemble de philosophies politiques et sociales (Owen, Fourier, Considérant, Proudhon, Ruskin, Morris) ou de véritables utopies (Cabet, Richardson, Morris), on voit ainsi se dégager, avec un plus ou moins grand luxe de détails, deux types de projection spatiales, d'images de la ville future, que nous appellerons désormais des « modèles ». • Par ce terme nous entendons la valeur exemplaire des constructions proposées et leurs caractères reproductibles. • Ces modèles du pré urbanisme, ne sont pas des structures abstraites, mais au contraire des images monolithiques, indissociables de la somme de leurs détails. 1-1-1- Le modèle progressiste. • Tous ses auteurs ont en commun une même conception de l'homme et de la raison, qui sous tend et détermine leurs propositions relatives à la ville. • Ils fondent leurs critiques de la ville industrielle sur l'homme aliéné, et propose comme objectifs l'homme accompli. • Leur conception découle de la considération de l'individu humain comme type, indépendant de toutes les contingences et différences de lieux et de temps, et définissable en besoins types scientifiquement déductibles. • Un certain rationalisme, la science, la technique doivent permettre de résoudre les problèmes posés par la relation des hommes avec le monde et entre eux. • Cette pensée optimiste est orientée vers l'avenir, dominée par l'idée de progrès. • Autrement dit l'analyse rationnelle va permettre la détermination d'un ordre type, susceptible de s'appliquer à n'importe quel groupement humain, en n'importe quel temps, en n'importe quel lieu. • On peut reconnaître à cet ordre un certain nombre de caractères: • Tout d'abord l'espace du modèle progressiste est largement ouvert, troué de vides et de verdure. C'est là l'exigence de l'hygiène. • L'air, la lumière et l'eau doivent être également distribués à tous. C'est dit, Godin, « le symbole du progrès ». • En second lieu l'espace urbain est découpé conformément à une analyse des fonctions humaines. • Un classement rigoureux installe en des lieux distincts l'habitat, le travail, la culture et les loisirs. • Cette logique fonctionnelle doit se traduire dans une disposition simple, qui frappe immédiatement la vue et la satisfasse. • Des ordonnances nouvelles, simples et rationnelles, remplacent les dispositions et ornements traditionnels. • Les édifices sont, exactement comme les ensembles urbains, des prototypes définis une fois pour toutes, dès lors qu'ils ont fait l'objet d'une analyse fonctionnelle exhaustive. • Parmi les divers édifices types, le logement standard occupe dans la vision progressiste une place importante et privilégiée. • Et Proudhon affirme : « la première chose qu'il nous importe de soigner est l'habitation ». • Pour Fourier, et ses adeptes, la solution est dans la construction collective, alors que pour Proudhon elle est dans l'habitation individuelle. • Le modèle progressiste, ne constitue plus une solution dense, massive et plus ou moins organique, mais propose un établissement éclaté, où les quartiers sont autosuffisants, juxtaposables, sans que leur sommation aboutisse à une entité de nature différente. • Un espace libre préexiste aux unités qui y sont disséminées, avec une abondance de verdure et de vides qui excluent une atmosphère proprement urbaine. • Le concept classique de la ville se désagrège tant disque s'amorce celui de ville campagne dont nous verrons plus loin la fortune. • Les différentes formes du modèle progressiste se présentent comme des systèmes contraignants et répressifs. La contrainte s'y exerce, à un premier niveau, par la rigidité d'un cadre spatial prédéterminé. • A un second niveau, l'ordre spatial s'avère devoir être assuré par une contrainte plus proprement politique. Celle-ci prend tantôt la forme du paternalisme, tantôt du socialisme d'état ; parfois enfin, c'est un système de valeurs communautaires, ascétiques et répressives, qui se cachent derrière les formules aimables, par quoi l'en veut opposer au technocratisme despotique des Saint Simoniens la défense et le soucis du consommateur. • L'autoritarisme politique de fait, que dissimule dans toutes ces propositions une terminologie démocratique, est lié à l'objectif commun, plus ou moins assumé, du rendement maximum. • 1-1-2- Le modèle culturaliste. • Ce modèle ne comporte aucun représentant français, son point de départ critique n'est plus la situation de l'individu, mais celle du groupement humain, de la cité. • A l'intérieur de celle ci l'individu n'est pas une unité interchangeable comme dans le modèle progressiste ; par ses particularités et son originalité propre, chaque membre de la communauté en constitue au contraire un élément irremplaçable. • Le scandale historique dont partent les partisans est la disparition de l'ancienne unité organique de la uploads/Geographie/ chapitre-05-cours-01-reformes-urbaines.pdf
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- Publié le Nov 25, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
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