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C B es leurs du al Inhalt Au Lecteur  Spleen et idéal Bénédiction  L‘Albatros  Elévation  Correspondances  [Den entschwundenen, nack­ ten Zeiten]  Les Phares  La Muse malade  La Muse vénale  Le Mauvais Moine  L‘Ennemi  Le Guignon  La Vie antérieure  Bohémiens en Voyage  L‘Homme et la Mer  Don Juan aux Enfers  Châtiment de l‘Orgueil  La Beauté  L‘Idéal  La Géante  Le Masque  Hymne à la Beauté  Parfum exotique  La Chevelure  [So bete ich dich an]  [Du locktest gern die Welt]  Sed non satiata  [In ihrem Kleid]  Le Serpent qui danse  Le Mort joyeux  Le Tonneau de la Haine  La cloche fêlée  Spleen  Spleen  Spleen  Spleen  Obsession  Le Goût du Néant  Alchimie de la Douleur  Horreur sympathique  L‘Héautontimorouménos  L‘Irrémédiable  L‘Horloge  Tableaux Parisienne Paysage  Le Soleil  A une Mendiante rousse  Le Cygne  Les Sept Vieillards  Les Petites Vieilles  Les Aveugles  A une passante  Le Squelette Laboureur  Le Crépuscule du Soir  Le Jeu  Danse macabre  L‘Amour du Mensonge  [Nein, ich vergaß es nicht]  [Laß uns der treuen Magd]  Brumes et Pluies  Rêve parisien  Le Crépuscule du Matin  Le vin L‘Ame du Vin  Le Vin de Chiffonniers  Le Vin de l‘Assassin  Le Vin du Solitaire  Le Vin des Amants  Fleurs du Mal La Destruction  Une Martyre  Femmes damnées  Les Deux Bonnes Soeurs  La Fontaine de Sang  Allégorie  La Béatrice  Un Voyage à Cythère  L‘Amour et le Crâne  Revolte Le Reniement de Saint Pierre  Abel et Caïn  Les Litanies de Satan  La Mort La Mort des Amants  La Mort des Pauvres  La Mort des Artistes  La Fin de la Journée  Le Rêve d‘un Curieux  Le Voyage   Au Leeur La sottise, l‘erreur, le péché, la lésine, Occupent nos esprits et travaillent nos corps, Et nous alimentons nos aimables remords, Comme les mendiants nourrissent leur vermine. Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches; Nous nous faisons payer grassement nos aveux, Et nous rentrons gaiement dans le chemin bourbeux, Croyant par de vils pleurs laver toutes nos taches. Sur l‘oreiller du mal c‘est Satan Trismégiste Qui berce longuement notre esprit enchanté, Et le riche métal de notre volonté Est tout vaporisé par ce savant chimiste. C‘est le Diable qui tient les fils qui nous remuent! Aux objets répugnants nous trouvons des appas; Chaque jour vers l‘Enfer nous descendons d‘un pas, Sans horreur, à travers des ténèbres qui puent. Ainsi qu‘un débauché pauvre qui baise et mange Le sein martyrisé d‘une antique catin, Nous volons au passage un plaisir clandestin Que nous pressons bien fort comme une vieille orange. Serré, fourmillant, comme un million d‘helminthes, Dans nos cerveaux ribote un peuple de Démons, Et, quand nous respirons, la Mort dans nos poumons Descend, fleuve invisible, avec de sourdes plaintes. Si le viol, le poison, le poignard, l‘incendie, N‘ont pas encor brodé de leurs plaisants dessins Le canevas banal de nos piteux destins, C‘est que notre âme, hélas! n‘est pas assez hardie.  Mais parmi les chacals, les panthères, les lices, Les singes, les scorpions, les vautours, les serpents, Les monstres glapissants, hurlants, grognants, rampants, Dans la ménagerie infâme de nos vices, II en est un plus laid, plus méchant, plus immonde! Quoiqu‘il ne pousse ni grands gestes ni grands cris, Il ferait volontiers de la terre un débris Et dans un bâillement avalerait le monde; C‘est l‘Ennui! L‘oeil chargé d‘un pleur involontaire, II rêve d‘échafauds en fumant son houka. Tu le connais, lecteur, ce monstre délicat, - Hypocrite lecteur, - mon semblable, - mon frère! pleen et idéal  Bénédiion Lorsque, par un décret des puissances suprêmes, Le Poète apparaît en ce monde ennuyé, Sa mère épouvantée et pleine de blasphèmes Crispe ses poings vers Dieu, qui la prend en pitié: -»Ah! que n‘ai-je mis bas tout un nœud de vipères, Plutôt que de nourrir cette dérision! Maudite soit la nuit aux plaisirs éphémères Où mon ventre a conçu mon expiation! Puisque tu m‘as choisie entre toutes les femmes Pour être le dégoût de mon triste mari, Et que je ne puis pas rejeter dans les flammes, Comme un billet d‘amour, ce monstre rabougri, Je ferai rejaillir ta haine qui m‘accable Sur l‘instrument maudit de tes méchancetés, Et je tordrai si bien cet arbre misérable, Qu‘il ne pourra pousser ses boutons empestés!» Elle ravale ainsi l‘écume de sa haine, Et, ne comprenant pas les desseins éternels, Elle-même prépare au fond de la Géhenne Les bûchers consacrés aux crimes maternels. Pourtant, sous la tutelle invisible d‘un Ange, L‘Enfant déshérité s‘enivre de soleil Et dans tout ce qu‘il boit et dans tout ce qu‘il mange Retrouve l‘ambroisie et le nectar vermeil. II joue avec le vent, cause avec le nuage, Et s‘enivre en chantant du chemin de la croix; Et l‘Esprit qui le suit dans son pèlerinage Pleure de le voir gai comme un oiseau des bois.  Tous ceux qu‘il veut aimer l‘observent avec crainte, Ou bien, s‘enhardissant de sa tranquillité, Cherchent à qui saura lui tirer une plainte, Et font sur lui l‘essai de leur férocité. Dans le pain et le vin destinés à sa bouche Ils mêlent de la cendre avec d‘impurs crachats; Avec hypocrisie ils jettent ce qu‘il touche, Et s‘accusent d‘avoir mis leurs pieds dans ses pas. Sa femme va criant sur les places publiques: «Puisqu‘il me trouve assez belle pour m‘adorer, Je ferai le métier des idoles antiques, Et comme elles je veux me faire redorer; Et je me soûlerai de nard, d‘encens, de myrrhe, De génuflexions, de viandes et de vins, Pour savoir si je puis dans un cœur qui m‘admire Usurper en riant les hommages divins! Et, quand je m‘ennuierai de ces farces impies, Je poserai sur lui ma frêle et forte main; Et mes ongles, pareils aux ongles des harpies, Sauront jusqu‘à son cœur se frayer un chemin. Comme un tout jeune oiseau qui tremble et qui palpite, J‘arracherai ce cœur tout rouge de son sein, Et, pour rassasier ma bête favorite Je le lui jetterai par terre avec dédain!» Vers le Ciel, où son œil voit un trône splendide, Le Poète serein lève ses bras pieux Et les vastes éclairs de son esprit lucide Lui dérobent l‘aspect des peuples furieux: – »Soyez béni, mon Dieu, qui donnez la souffrance Comme un divin remède à nos impuretés  Et comme la meilleure et la plus pure essence Qui prépare les forts aux saintes voluptés! Je sais que vous gardez une place au Poète Dans les rangs bienheureux des saintes Légions, Et que vous l‘invitez à l‘éternelle fête Des Trônes, des Vertus, des Dominations. Je sais que la douleur est la noblesse unique Où ne mordront jamais la terre et les enfers, Et qu‘il faut pour tresser ma couronne mystique Imposer tous les temps et tous les univers. Mais les bijoux perdus de l‘antique Palmyre, Les métaux inconnus, les perles de la mer, Par votre main montés, ne pourraient pas suffire A ce beau diadème éblouissant et clair; Car il ne sera fait que de pure lumière, Puisée au foyer saint des rayons primitifs, Et dont les yeux mortels, dans leur splendeur entière, Ne sont que des miroirs obscurcis et plaintifs!»  L‘Albatros Souvent, pour s‘amuser, les hommes d‘équipage Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire glissant sur les gouffres amers. A peine les ont-ils déposés sur les planches, Que ces rois de l‘azur, maladroits et honteux, Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches Comme des avirons traîner à côté d‘eux. Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule! Lui, naguère si beau, qu‘il est comique et laid! L‘un agace son bec avec un brûle-gueule, L‘autre mime, en boitant, l‘infirme qui volait! Le Poète est semblable au prince des nuées Qui hante la tempête et se rit de l‘archer; Exilé sur le sol au milieu des huées, Ses ailes de géant l‘empêchent de marcher.  Elévation Au-dessus des étangs, au-dessus des vallées, Des montagnes, des bois, des nuages, des mers, Par delà le soleil, par delà les éthers, Par delà les confins des sphères étoilées, Mon esprit, tu te meus avec agilité, Et, comme un bon nageur qui se pâme dans l‘onde, Tu sillonnes gaiement l‘immensité profonde Avec une indicible et mâle volupté. Envole-toi bien loin de ces miasmes morbides; Va te purifier dans l‘air supérieur, Et bois, comme une pure et divine liqueur, Le feu clair qui remplit les espaces limpides. Derrière les ennuis et les vastes chagrins Qui chargent de leur poids l‘existence brumeuse, Heureux celui qui peut d‘une aile vigoureuse S‘élancer vers les champs lumineux et sereins; Celui dont les pensers, comme des alouettes, Vers les cieux le matin uploads/Geographie/ charles-baudelaire-les-fleurs-du-mal.pdf

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