Charles Enderlin – Paix ou Guerres : les secrets des négociations israélo-arabe

Charles Enderlin – Paix ou Guerres : les secrets des négociations israélo-arabes 1) Les immigrants juifs en Palestine au début du 20e siècle attiraient de la méfiance et parfois la violence, comme des raids sur des fermes juives. Ceci a entraîné la formation de milices de défense juives, et par ailleurs l’arrestation d’un responsable pour avoir armé des gens, tandis que le leader des bandes arabes ne fut pas inquiété. Des émeutes raciales anti-juives éclatèrent et les sionistes, les Britanniques et les Arabes se demandèrent quoi faire. Churchill, alors ministre des colonies, était pour le développement de la communauté juive mais contre l’établissement d’un État supplantant les autres. Les mouvements sionistes étaient souvent socialistes et un mouvement anti-communiste fut créé en réponse, le Bétar. Des rumeurs provoquent des émeutes et des meurtres par dizaines, et peu à peu la population juive de Palestine rattrape la population arabe, en passant de 87000 pour 650000 en 1922 à 400000 pour 950000 en 1935. Des familles juives se sont fait expulser de villes où elles étaient depuis des siècles et des développements agricoles et industriels juifs ne favorisaient pas les arabes, qui se sentaient exclus par des étrangers. Des négociations entre les communautés sionistes et les arabes, comme entre Ben Gourion et El Alami, ont souligné les arguments revenant souvent, soit du côté juif la promesse d’union des peuples arabes et la fin du mandat occidental, ainsi qu’une légitimité basée sur l’agriculture plus avancée des juifs, et du côté arabe le nationalisme qui préfère la pauvreté au partage du territoire. Une patrouille britannique a en 1935 encerclé et tué un groupe d’Arabes armés menés par El Kassam, qui organisait des attentats contre les Juifs et les Britanniques, qui prévoyait organiser une révolte, et qui donna son nom à une faction du Hamas en 1990. Une révolte éclata l’année suivante et un Haut Comité arabe sous El Husseini, le mufti, demanda l’arrêt de l’immigration juive, l’interdiction de la vente de terre aux juifs et la création d’un État arabe. La Hagannah, milice de défense juive, assure parfois la défense des kibboutz. Un rapport britannique recommandant la limitation de l’immigration juive, la séparation en cantons autonomes juifs à l’ouest et arabes à l’est et tout en gardant Jérusalem et certains points pour des bases militaires, fut refusé à la fois par les sionistes et par les Arabes. Les Allemands et les Italiens accusèrent la Grande-Bretagne d’impérialisme et de servir le sionisme. Le Bétar créa en 1937 une armée clandestine, l’Irgoun. La Révolte Arabe devint une vraie insurrection et l’Irgoun débuta des actions terroristes en 1938, contre un bus de civils dans une opération commandée par Yitzak Yzernitzky, plus tard connu sous le nom de Shamir. En quelques jours le terrorisme juif a fait 73 morts, ce qui a embêté Ben Gourion dans sa politique de diplomatie avec les Britanniques, puisque cela n’aidait pas la cause de l’immigration. Les institutions juives aidèrent ceux-ci à pister les terroristes. À la suite de la Nuit de Cristal en Allemagne, les Britanniques ont refusé une demande d’une agence juive d’accepter une quantité de réfugiés en Palestine, pour éviter de saboter des pourparlers judéo-arabes à Londres. Chamberlain en 1939 publia un décret limitant beaucoup l’immigration juive et interdisant temporairement la vente de terres aux Juifs. Pour des raisons de sécurité les Britanniques au début de la guerre fermèrent le pays à l’immigration juive complètement. L’Irgoun signe une paix avec les Anglais et les Juifs participent à l’effort contre l’Axe, mais une faction ultranationaliste fonde l’Irgoun B, ou Lehi, sous Stern et Shamir avec des visées talmudiennes. Stern voulait lutter contre les Britanniques et fera même des tentatives d’alliance avec les nazis. Ces efforts seront interceptés par les Anglais et Stern sera abattu en 1942. Les Juifs participèrent au front en Syrie et en Irak. Une fois le danger allemand écarté en 1943, l’Irgoun cessa sa collaboration avec les Britanniques et procéda, sous Menahem Begin, à de nouveaux attentats. Shamir avait reconstitué l’organisation et professait une guerre seulement contre les Britanniques, ignorant que sa famille fut tuée par les nazis en Pologne. Des membres du Lehi assassinèrent le Ministre des Colonies dans une visite. 2) Malgré les promesses de Churchill pour plus d’immigration, seulement quelques-uns entrèrent en Palestine, même après la découverte des camps allemands en 1945. Attlee en 1945 lui aussi déçoit les juifs et son Ministre des Colonies ne veut que 1200 immigrants sur les 100000 demandés par Ben Gourion. Ce ne fut qu’après les pressions du sioniste Truman qu’Attlee monta la barre à 35000. Des représentants juifs assurèrent au responsable anglais John Shaw qu’il n’y aurait pas de violence, mais le lendemain 30000 personnes prirent d’assaut des bureaux britanniques et l’armée fut envoyée. Ben Gourion changea d’avis et l’Hagannah fit alliance avec les deux Irgouns contre les Britanniques. Un commandement joint fut créé et les hauts responsables devaient autoriser chaque attaque. Lorsque Bevin refusa en 1946 d’immédiatement accepter 100000 immigrants, le groupe joint MRH fit exploser tous les ponts menant au pays. Les Britanniques conduisirent une opération militaire et arrêtèrent de nombreux militants. L’hôtel King David fut bombardé par le MRH et le général Barker, commandant des troupes en Palestine, interdit à ses soldats d’aller dans des locaux juifs et lance des mesures de sécurité et de fouille. Les Britanniques à bout confièrent en 1947 le dossier palestinien à l’ONU et les attaques terroristes ainsi que la contrebande d’immigrés continua. Un navire transportant 4500 immigrants fut intercepté et renvoyé en France. Le Haut Comité des Arabes palestiniens a commis l’erreur de boycotter la commission des Nations Unies et celle-ci a remis un rapport de partition. 3) La Ligue Arabe, création récente, a menacé d’aider les Palestiniens à faire des actions armées contre un partage. Après l’adoption du partage en septembre 1947, une guerre civile éclata. Les Britanniques finissant leur mandat en mai 1948, ils laissèrent défiler les événements mais furent parfois pris entre deux feux. Des groupes arabes affrontèrent des groupes juifs et combats se mêlèrent à terrorisme. Dans un village, contrairement aux demandes du Hagannah, l’Irgoun et le Groupe Stern détruisent chaque maison et tirent sur tout ce qui bouge. Ben Gourion envoie un message de condoléances à l’émir Abdallah de Jordanie pour calmer la situation, mais Begin et Mor défendirent leurs troupes. Les populations arabes de Palestine paniquèrent et fuirent les combats en grands nombres. Les groupes du MRH lancèrent des assauts sur des villages pour neutraliser la menace. Abdallah n’était pas pour entrer en guerre une fois les Britanniques partis mais il n’avait selon lui pas le choix du fait de la pression du Liban, de l’Égypte, de l’Irak et de la Syrie. Golda Meir ne voulait pas accepter sa proposition d’attendre quelques temps avant de déclarer l’État hébreu pour calmer la situation. Ben Gourion déclara l’indépendance en mai 1948. Les pays arabes intervinrent en disant vouloir rétablir l’ordre et la paix. Les Jordaniens prirent Jérusalem-Est, expulsèrent les juifs et détruisirent deux synagogues. Profitant d’une trêve des Nations Unies, Ben Gourion réorganisa son armée avec principalement du matériel clandestinement acheté de Tchécoslovaquie, dont des avions. La France brisa la trêve lorsque Georges Bidault envoya des armes à l’Irgoun. Ben Gourion fit tirer sur ce bateau pour affirmer que lui seul était l’État, et non l’Irgoun. La Ligue Arabe refusa contre l’avis d’Abdallah une prolongation du cessez-le-feu, et ce fut alors que des unités de Tsahal sous Moshe Dayan percèrent les lignes arabes. Rabin expulsa des milliers de Palestiniens d’une ville après avoir interprété une directive de Ben Gourion. Après que le Lehi ait assassiné le représentant de l’ONU, le suédois Bernadotte, Ben Gourion et Moshe Dayan en profitèrent pour leur tomber dessus. Des négociations échouèrent quand les Juifs refusèrent de céder l’entière bande de Gaza aux Égyptiens. Après une bavure égyptienne sur un convoi israélien annoncé d’avance, Tsahal profita de cela pour lancer une offensive pour prendre le Néguev et coula un navire amiral égyptien. Ben Gourion n’était pas pour l’annexion de la Cisjordanie par Abdallah et préférait un État palestinien. Les USA firent pression pour avoir 3 médiateurs en remplacement de Bernadotte. Lors d’une offensive contre les Égyptiens qui pénétra dans la frontière, le médiateur américain Bunche annonça que les israéliens bloquaient les médiateurs et Truman les menace de se retirer d’Égypte ou de voir leur support américain amoindri. Les Britanniques, ayant un traité de défense avec l’Égypte, font aussi pression et Tsahal se retire. 5 avions Spitfire anglais venus vérifier l’arrêt des combats furent abattus par l’aviation israélienne. Les Américains ont amené les deux pays ensembles pour tenter de discuter et Bunche réussira avec des efforts à produire un armistice en 1949, qui gardait cependant à l’Égypte la bande de Gaza. Les autres pays suivront plus tard. Les Arabes ont perdu la guerre, Israel a pris des territoires, des milliers de réfugiés sont allés dans les pays voisins et ont changé le paysage politique, et la Cisjordanie fut annexée par la Transjordanie. 4) Un coup d’État pro-américain prit le pouvoir la même année uploads/Geographie/ charles-enderlin.pdf

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