Revue de botanique appliquée et d'agriculture coloniale Le Climat du Blé dans l

Revue de botanique appliquée et d'agriculture coloniale Le Climat du Blé dans le Monde d'après G. Azzi René Musset Citer ce document / Cite this document : Musset René. Le Climat du Blé dans le Monde d'après G. Azzi. In: Revue de botanique appliquée et d'agriculture coloniale, 8ᵉ année, bulletin n°80, avril 1928. pp. 241-249; doi : https://doi.org/10.3406/jatba.1928.4603 https://www.persee.fr/doc/jatba_0370-3681_1928_num_8_80_4603 Fichier pdf généré le 02/05/2018 Revue de Botanique Appliquée & D'AGRICULTURE COLONIALE JRevue mensuelle, Organe de documentation scientifique pour l'Agriculture en France et aux Colonies 8e année. AVRIL 1928. Bulletin n° 80. ÉTUDES & DOSSIERS Le Climat du Blé dans le Monde d'après G. Azzi1. Par René MUSSET, Professeur de Géographie à la Faculté des Lettres de Rennes. Le livre de M. G. Azzi, professeur d'Ecologie agricole à l'Institut supérieur agronomique de Pérouse, sur « le Blé dans le Monde, les bases écologiques de la culture mondiale du Blé », a été publié sous les auspices de l'Institut International d'Agriculture de Rome, à l'occasion de la Conférence Internationale du Blé (Rome, avril 1927). C'est un ouvrage de première importance, à la fois par son ampleur (près de 1200 pages et un grand nombre de cartes), et par sa baule valeur. L'énorme documentation qui s'y trouve réunie et qui porte sur le monde entier, rendra ce travail indispensable à tous ceux qui s'intéressent à l'étude et à la culture du Blé, comme aux difficiles problèmes de l'écologie agricole. Nous ne pouvons en donner ici qu'un trop bref aperçu, où Ton cherchera, non pas l'impossible résumé de celte masse imposante de documents, mais une indication sommaire des multiples services que ce livre peut rendre. (1) Azzi (Dr Girolamo). — Le climat du Blé dans le Monde, les bases écologiques de la culture mondiale du Blé (Conférence Internationale du Blé, organisée par l'Institut International d'Agriculture. Rome, T6 avril 1927). Rome, imprimerie de l'Institut International d'Agriculture, 1927, in-8, V1I-1177 p. (paginées 1 à 1161 et 148a à 4-i8p). 1 pi. phot., 1 pi. carte en couleurs, 8 pi. cartes en noir, 29 fig. (dont 1 non numérotée, p. 42Sp). Ces indications se rapportent à l'exemplaire d'Epreuve, le seul dont nous ayons eu communication. Voir Azzi (G.). L'Ecologie agricole, R.B.A., IV, 1924, p. 24-33. Revue de Bot. appl. 17 _ 242 — L'essentiel en est constitué par une série de monographies, d'une information merveilleusement abondante et précise, sur tous les États, traités séparément, soit d'ensemble, soit, pour les plus étendus et les plus importants, partie par partie : ce dossier occupe les pages 37 à 1118. Les vues générales de l'auteur sont présentées dans riniroduc- tion (p. 1-36) et les Conclusions (p. 1119-1161). On ne peut qu'être frappé du petit nombre de pages consacrées aux notions d'ensemble, comparativement à celui des monographies régionales séparées. Bien des lecteurs auraient souhaité que l'auteur ait été moins discret et se soit plus étendu sur les leçons qu'il convient de tirer du riche dossier rassemblé dans cet énorme volume. Des indications de sources auraient été également les bienvenues : nulle part il n'est dit par quelles voies ont été rassemblés les divers faits. En ce qui concerne les données agronomiques, on saisit que sont fournis les résultats d'une enquête; mais pour les données, numériques et autres, sur les faits de climat, il serait utile d'en connaître l'origine. Tous ceux qui ont manié les données météorologiques savent avec quelle prudence il convient de les recueillir et de les admettre, et quelle critique avertie nécessite leur utilisation. Rien de plus délicat — et rien de plus capable d'induire en erreur — que la comparaison entre telle moyenne météorologique, résultant d'observations pendant une période prolongée selon des méthodes correctes par des spécialistes éprouvés, comme on eu possède pour les pays de vieille civilisation, et telle autre moyenne, déduite d'un petit nombre d'observations faites dans des conditions médiocres, souvent par des amateurs : c'est un cas fréquent pour les séries des régions tropicales et subtropicales, pour lesquelles l'étude môme des corrections systématiques à apporter aux chiffres bruts des observations est loin d'être faite (1) Le travail de M. Azzi est, dit-il (p. 1), « essentiellement basé sur le concept de rendement entendu non comme valeur absolue, mais dans le sens d'une relation entre la capacité de production et la résistance aux adversités du milieu ». L'auteur a précisé excellemment la notion de rendement, qu'il distingue nettement de celle de productivité : la productivité est la capacité de produire en utilisant le mieux possible les disponibilités ambiantes; le rendement résulte d'une relation entre la capacité de production et la résistance du milieu. Autrefois, quand (1) Voir, par exemple, la discussion de J. Hann pour les températures moyennes journalières : Der tiiglicho Grad dor Tcmporatur iu dcr inneren Tropen/.one. Denkschriften der Akad. der Wiss. (Math.-nat. K lasse), Wien, t. LXXVIII, 1900, p. 249-366. — 243 — les Froments cultivés étaient, dans chaque contrée, les Froments indigènes, restés inaltérés dans leur aire de distribution propre, le facteur plante restait inchangé, productivité et rendement coïncidaient; mais depuis qu'on s'est mis à introduire dans une contrée des Blés importés d'ailleurs, ou à modifier les plantes par la sélection et le croisement, le facteur plante s'est trouvé modifié, les termes du « rapport bio-ambiant » déplacés, ce qui a déterminé une disjonction nette du rendement et de la productivité ; « La nécessité de considérer le rendement, non comme une valeur absolue, mais comme le produit de deux facteurs productivité et résistance, aurait donc du s'imposer depuis cinquante ans au moins ». L'auteur a donc considéré, tout en faisant avec soin la distinction des diverses variétés, les « adversités ambiantes », qu'il classe sous quatre rubriques simples : excès d'humidité, insuffisance de pluies; excès de température, insuffisance de température, en tenant compte des différences de culture (Blés d'hiver et Blés de printemps) et des phases de végétation (semailles, tallage, épiage, floraison, maturation laiteuse, maturation), pendant lesquelles les exigences de la plante varient notablement (il insiste avec raison sur les « périodes critiques »). Dans toutes les descriptions régionales, ce sont là les principes dominants. 11 est bon de l'indiquer dès le début, car il est permis de penser que celte conception des insuffisances du milieu pèche parfois par défaut. Les influences climatiques auxquelles l'auteur se borne sont bien les plus essentielles, mais d'autres agissent aussi : telle influence, celle de la lumière par exemple, joue un rôle parfois important, particulièrement au voisinage de la limite polaire du Blé; on l'a souvent montré, notamment en ce qui concerne la Scandinavie et le Canada (1) ; rappelons aussi l'importance d'une couverture, plus ou moins épaisse et plus ou moins prolongée, de neige (2). Surtout, à cùté des « adversités », il y aurait grand compte à tenir des influences favorables, que l'auteur n'a indiquées que de temps à autre, comme en passant, et toujours brièvement. Des climatologues et des géographes s'étonneront de ne pas trouver, dans un livre sur le Climat du Blé, la notion de faits climatiques bien connus, de première importance en certaines régions pour la culture du Blé. Citons comme (1) Voir Musset (R.) : Le Blé dans le Monde. Paris, 1923, in-8, p. 30-34. (2) L'auteur note, par exemple (p. 1044), à propos de l'Ontario, la prédominance des Blés d'hiver à l'E et au S de cet Etat (c'est la seule partie du Canada où il en soit ainsi), sans donner l'explication du t'ait, qui pourtant est climatique : l'absence de froids extrêmes et l'abondance des neiges. (Voir Musset, ouvr. cité, p. 114-H5.) exemple les plaines canadiennes à TE des Rocheuses. Point de mention d'un fait de climat caractéristique : les vents chinook, vents analogues au fœhn, chauds et secs, descendant du versant oriental des montagnes, qui dans le S W de l'Àlberla, font fondye les neiges de bonne heure et hâtent la végétation; en même temps, la fonte des neiges fournit l'humidité nécessaire; cela permet de cultiver un peu de Blé d'hiver (fait mentionné, p. 1049, mais sans explication), culture impossible plus à TE, où l'hiver est plus prolongé. On chercherait en vain l'indication précise des conditions générales du climat du Canada central (Manitoba, Saskatchewan), dans leurs rapports avec la culture des Blés, que Lyde notamment a parfaitement dégagés (i) : un printemps soudain et court, qui fait du temps des labours, hersages et semailles une dure période de travail; des pluies lors de la croissance de la mi-mai à la mi-août, avec une température en montée continue (moyenne de juin à août, sur une ligne Brandon-Battleford, région typique de la culture du Blé, 17°); des jours d'été de longue durée, avec un haut pourcentage d'insolation, mais des nuits relativement fraîches, circonstances particulièrement favorables aux Blés (elles donnent notamment la belle couleur des grains); la sécheresse au moment de la moisson; l'hiver lui-même, long et froid (avec des gelées intenses, — -40° et plus), dans ce pays de Blé de printemps, est favorable, en garantissant la propreté des terres cultivées. Tableau trop général sans doute, et qu'il conviendrait de préciser en tenant compte des réactions propres aux uploads/Geographie/ climat-du-ble.pdf

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