DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002 I

DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002 INTRODUCTION epuis quelques décennies, on a assisté à des recherches foisonnantes portant sur la culture amazighe dans toutes ses dimensions, que ce soit en linguistique ou en littérature. D La littérature d’expression amazighe joluit actuellement d’un intérêt éprouvé par plusieurs chercheurs qui ont cerné l’originalité de certaines formes littéraires. Le présent travail porte sur les devinettes comme genre littéraire qui est jusqu’à présent presque inexploré. Le travail de Bentollila (1986) est avant lui celui de Baynon (1967), comme seules études réalisées à notre connaissance, nous ont servi de point de départ même si ces derniers n’ont entamé ni la structuration ni l’environnement de la devinette. Quant à notre modeste travail, il porte sur les devinette du Sud-Est, qui sont dans la plupart des cas identiques à celles de Souss, ou à celles des Ait Hdiddou, telle qu’elles sont présentées par B entollila (1986), malgré la différence des versions. Il nous appartient à notre tour, et à la manière des genres déjà explorés, de tenter une analyse syntaxique , rhétorique, et thématique des devinettes, afin de montrer une certaine harmonie, s’il y en a lieu, en mariant le fond à la forme. Nous allons organiser notre travail en deux chapitre essentiels. Le premier, théorique, comprend quelques éléments préliminaires jugés nécessaires pour comprendre le milieu socio-culturel qui nourrit la devinette. Quant au deuxième chapitre, il est centré sur l’analyse du corpus suivant une approche structurelle où nous allons montrer comment 1 DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002 la devinette est structurée au niveau de la distribution des classes grammaticales de la phrase, ou encore comment elle est structurée au niveau stylistique s’agissant des figures de rhétorique auxquelles recourt la devinette. Une seconde approche traitera des thèmes que véhicule la devinette et qui sont relatifs à l’imaginaire et au réel. Le corpus est classé selon que la devinette se rapporte aux rites et à la religion, à l’homme et à son environnement, au monde végétal, ou au monde de l’animal. N’étant pas déplacé sur place, nous nous sommes limité à recueillir 93 devinettes apurés des étudiants provenant des régions à l’étude. 2 DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002 I-Cadre socioculturel 1) situation géographique: 3 DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002 et aperçu géographique a pour objectif de situer le domaine où circulent des formes littéraires variées, y compris le répertoire des devinettes collectées. En fait, ce terrain constitue un champ vaste qui comprend tout le Sud-Est, de OUARZAZATE à ERRACHIDIA. La langue Amazighe est la seule langue utilisée, à l’exception de quelques groupes Arabophones installés à ZAGORA et à SKOURA. C On peut, alors, schématiser cette immense surface par trois traits essentiels qui représentent des caractéristiques géographiques différents s’agissant des paysages et reliefs et le type d’agriculture dominante. De OUARZAZATE à BOUMALNE en passant par KLÂA MGOUNA s’étendent plusieurs régions regroupées sous l’appellation « DADES », parce qu’elle longent la vallée de Dadès. Ces régions se distinguent par l’arboriculture, essentiellement les figuiers et les roses de parfum et la céréaliculture du blé et du maïs. De BOULMANE, la vallée étire sur 90Km et remonte à Ait Sedrat, puis M’SSEMRIR pour prendre sa source à « imdghas » dans le territoire des Ait HADIDDOU. De nouveau, et plus au Nord Ouest les terres deviennent vaste et on assiste à une agriculture multiple: les pommiers, les noyers, les haricots, des pommes de terre, du blé et du maïs. Il faut signaler que BOUMALNE se situe au centre du domaine pour déterminer l’autre trajet. Au Nord-Est, Ce troisième parcours s’étire sur 250Km, et longe IMIDER, Saghro, Ait Aissa OUBRAHIM, GOULMIMA et ERRACHIDIA qui clôt le domaine. Cette étendue présente des oasis et de palmeraies. « Ghellil », à la sortie de Tinghir, reste le seul endroit riche en agriculture, en dehors de quelques rares endroits cultivés en blé, des pommiers et des amandiers comme à saghro. Il ne semble pas inutile de compléter ce survol géographique par une présentation des reliefs où dominent les montagnes. Les chaînes 4 DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002 montagneuses se manifestent dans le JBEL « Saghro », le JBEL « BADDOU » à AIT HADIDDOU. Ces derniers atteignent jusqu’à 2000m. A côté de ces reliefs, nous relevons également quelques plaines, notamment la plaine de Dades, et celle de ANBED à Boumalne. 2) Organisation sociale: Depuis la nuit des temps, l’homme combattait pour vive. il devait constituer des groupes pour s’entraider et faciliter la survie de l’espèce, mais ces groupes s’affrontent, éclatent, et s’associent de nouveau en fonction de leur intérêts. Qu’en est-il de la communauté à l’étude qui compte en tant que partie intégrante des plus anciennes cultures du monde? Les amazighes ce sont installés en Afrique du Nord depuis des millénaires sous forme de tribus « tiqbilin », qui ont conservé des structures politiques et administratives rigoureuses jusqu’au début du Xxème siècle avant l’avènement du protectorat français.. Dans la zone qui nous intéresse, on assiste encore de nos jours à une organisation et une réglementation des liens entre groupe et tribus. La confédération est le premier élément de la structure tribale, c’est une alliance où s’unissent des tribus de la structure tribale, c’ est une alliance où s’unissent des tribus de même origines ayant réellement les mêmes intérêts. Le Sud-Est regroupe deux grandes confédérations: Ait Atta et Ait Yafelmane. A propos des Ait Atta, G. spillman dans son livre: « les Ait Aha du Sahara et la pacification du Haut Drâa » parle de cinq tribus (Khems Khmas): Ait Ouallal, Ait Ouahlim, Ait Isfoul, Ait Iazza, Ait Ounbgi. 5 DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002 Ces cinq tribus engendrent plusieurs autres fractions, celles-ci à leur tour gèrent l’ensemble des fractions, puis des os (ighsan) qui semblent être l’unité patriarcale d’un groupe. L’ « ighs » (l’os) est le plus petit élément tribal et une petite unité d’un « gigantesque squelette » (A. BERTRAND, 1977, p18). La deuxième grande confédération est formé des Ait Yafelmane ( ceux qui ont trouvé la paix). Si Ait Atta ont comme ancêtre « DADDA ATTA », les Ait Yafelmane se rattachent à un ancêtre dit « Baibi ». S’agissant de cette confédération, G.Spillman évoque quatre tribus: Ait Mrghad, Ait Hdiddou, Ait Izdeg, Ait yahia, d’où émanant trois fractions notamment: Ait Mesri, Ait Youb et Irbiben qui se subdivisent en fractions et finissent par des noms de grands familles. Si on interroge les relations entre ces deux confédérations, on constate qu’elles ont connu une succession des batailles et d’affrontement pour protéger leurs pâturages, leurs systèmes d’irrigations, ou même parfois l’honneur de leurs tribus. Actuellement tout se régle en paix, Le chef élu par « Jmaâa » de chaque tribus, appelé « Amghar » se charge de pâturage « agwdal » et de l’application de système d’irrigation. Loin de l’autorité du cheikh et du Caïd, amghar doit rendre compte du déroulement de ses tâches à « jmaΣ a »’ comme il doit renseigner et se renseigner apurés des chefs des autres tribus à propos des perspectives ou encore les procédures de punition envers quelqu’un qui n’a pas respecté l’ordre établi, à savoir le système d’irrigation ou le respect des droits aux pâturages. Ce n’est qu’en cas d’insoumission aux règlements qu’on recourt au « caid ». Celui-ci s’informe apurés des personnes agées chez les Ait Atta, ou les Ait Hdiddou, ou encore chez les Ait Mrrghad. Le Caid en tant qu’administrateur étant incapable d’identifier les terres et les frontières des propriétés, ne s’empêche pas de consulter ces personne lors des conflits autour d’une terre inconnue ou problématique. « Izmaz » 6 DEVINETTES ET ENIGMES AMAZIGHES : « PARLER OUARZAZATE –ERRACHIDIA » 2001-2002 reste l’une des punitions qu’on doit payer en cas de transgression des lois imposées par l’assemblée, surtout quand on n’a pas honoré une tâche communautaire impartie comme ne pas nettoyer sa part dans la rigole (afrad n trggin), ou laisser son troupeau dans des pâturages défendus. Etymologiquement ’Izmaz’ est le pluriel du terme « azmz » qui signifie le temps, c’est à dire le temps, ou à chaque saison, une telle sorte de fruit ou de légume est presque mûre. C’est la période où chacun a peur de perdre ses fruits soit par les oiseaux, où par le vol des petits enfants. Pour protéger ses biens, on a pensé à une punition. Cette punition a pris le terme »izmaz » qui représente le vestige d’un droit coutumier complet « az rf » qui a disparu, mais il est rapporté dans les écrits de David Hart et de G spillman. Mais nous assistons encore à la rigueur de certaines coutumes comme le mariage, dans la mesure où un homme ou une femme ne peut pas se marier d’une autre personne étrangère à la tribu. les tâches communautaires d’ordre associatif sont aussi contrôlées sans que l’administration centrale (makhzen) soit impliquée. Toutefois, uploads/Geographie/ devinnettesuarich.pdf

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