Les Immémoriales Pour une écologie féministe 49 nord 6 est frac lorraine Fonds
Les Immémoriales Pour une écologie féministe 49 nord 6 est frac lorraine Fonds régional d’art contemporain de Lorraine 1 bis rue des Trinitaires, F-57000 Metz ................................................................................................... LEs Immémoriales Pour une écologie féministe 49 nord 6 est frac lorraine Fonds régional d’art contemporain de Lorraine 1 bis rue des Trinitaires, F-57000 Metz ................................................................................................... 5 FR 6 Préface EN 8 Preface Elsa Dorlin FR 11 L’Écoféminisme ou le ré-enchantement du monde EN 28 Ecofeminism or the reenchantment of the world Agnes Denes FR 39 Rice/Tree/Burial EN 62 Rice/Tree/Burial Cecilia Vicuña FR 81 Quipu Austral EN 92 Quipu Austral Lucy. R. Lippard FR 101 La fabrique du fil universel EN 120 Spinning the common thread Monika Grzymala FR 129 The River II EN 140 The River II Chloé Delaume FR 147 Puissance 4 ................................................................................................... 6 7 FR ................................................................................................ Apparus dans les années 1960 1 pour dénoncer les excès de la société de con sommation et de l’industrialisation à outrance, les mouvements écologistes ont modifié en profondeur notre rapport au monde. Ils ont réussi à imposer dans les consciences l’idée que l’être humain est responsable d’une dégradation générale de la planète : les ressources naturelles sont pillées, les sources d’eau se tarissent, les terres ancestrales sont exploitées, les populations autochtones disparaissent… Des tradi- tions orales millénaires s’éteignent, et avec elles, un pan de la culture et de l’histoire humaine sombre dans l’oubli. Refuser l’oubli et la disparition pour réinventer un être-au-monde basé sur l’égalité, le respect et la liberté… Telle pourrait être l’ambition d’Agnes Denes, Cecilia Vicuña et Monika Grzymala. Ces trois artistes ont en commun une conscience éthique et esthétique qui guide leur rapport au monde et aux autres. Leur art est éphémère, passage et transmission, habité par la mémoire à vif de peuples et de territoires avec laquelle elles tissent le présent et construisent le futur 2. Tissant le fil de l’eau pour retrouver le fil de la vie, cet ouvrage tente de renouer le lien vital unissant l’humain à la Terre. Les Immémoriales « Nous exploitons la Terre à la limite de ses capacités. Il est temps pour nous de prêter une oreille neuve aux voix des Anciens. » Cecilia Vicuña 1 Printemps silencieux de Rachel Louise Carson paraît en 1962. Ce livre est un succès éditorial qui popularise le terme « écologie » aux États-Unis. 2 Dédié « aux Maoris des temps oubliés », Les Immémoriaux, le roman ethnographico- poétique de Victor Segalen (1878-1919), commence par un trou de mémoire. Ce qui pourrait n’être qu’un oubli anecdotique dans la longue litanie récitée des ancêtres devient le présage de la disparition d’un peuple, oublieux de son savoir et de ses coutumes, de son propre passé. ................................................................................................... 8 9 EN ................................................................................................ Environmental movements, which emerged in the 1960s 1 in response to the excesses of the consumer society and sprawling industrialization, have fundamentally transformed our relation to the world. They have managed to imprint in our consciousness the idea that human beings are responsible for the general degra dation of the planet: the depletion of natural resources, the drying up of water supplies, the exploitation of ancestral lands, the disappearance of indigenous populations… Millennial oral traditions are becoming extinct, and, along with them, entire segments of human culture and history pass into oblivion. To refuse oblivion and disappearance in order to reinvent being-in-the-world based on equality, re spect, and freedom: this desire captures well the ambition of Agnes Denes, Cecilia Vicuña, and Monika Grzymala. These three artists share an ethical and aesthetical consciousness which guides their approach to the world and to others. Their art is the ephemeral, the passage, and the trans mission, inhabited by the living memory of peoples and territories which the artists interweave with the present and which they use to construct the future 2. Following the stream of water in order to grasp the thread of life, this publication tries to renew the vital connection between the human and the Earth. Les Immémoriales «We are now pushing the earth to a very dangerous unsustainability, so it is time for us to hear the ancient voices in a new way». Cecilia Vicuña 1 Silent Spring by Rachel Louise Carson appeared in 1962. This book was a bestseller which popularized the term “ecology” in the United States. 2 Dedicated to “the Maori people of the forgotten time,” Les Immémoriaux, an ethno-graphico-poetic novel by Victor Segalen (1878–1919) opens with a memory blank. What might have been but an anecdotal instance of forgetfulness in the recitation of a long litany of ancestors comes to foreshadow the disappearance of a people, forgetful of its own lore and its own customs—of its own past. 10 11 FR ................................................................................................ Elsa Dorlin est philosophe, professeure au département de science politique de l’université Vincennes/St. Denis. Elle est notamment l’autrice de La Matrice de la race, Paris, La Découverte, 2006 et Sexe, genre et sexualités. Introduction à la théorie féministe, Paris, Puf, 2008. Elle a obtenu la médaille de bronze du CNRS en 2010 pour ses travaux sur la philosophie et les problé- matiques de genre. Elle est directrice et fonda- trice de la revue Comment s’en sortir ? http://commentsensortir.org/ Elsa Dorlin Née en 1974. Vit et travaille à Paris (FR) Dans les régions rurales de l’Inde, des villageoises ont développé le Chipko Andolan (1973), une forme de protestation pacifiste qui consiste à lutter contre la déforestation en encerclant les arbres de leurs bras. ................................................................................................... 12 13 FR ................................................................................................ aveugle et sourde aux questions de genre et à la théorie féministe, comme aux enjeux politiques qui lient domina- tion masculine et exploitation des ressources naturelles ; quant au féminisme, aux féminismes, ils ont encore du mal (qui plus est en France) à sortir les questions écologi ques de leur « niche » essentialiste, confondant souvent écoféminisme et éloge naïf (et apolitique) de la « nature féminine ». Pourtant, le constat de Françoise d’Eaubonne était sans appel : le monde est menacé de mort. Cette fin tragique imminente est inéluctable. Elle est liée à deux facteurs, la surexploitation des ressources (et la surproduction) et la surpopulation, qui sont le fait d’un seul et même système, le « Système mâle », la domination patriarcale. Françoise d’Eaubonne parle d’un excès des naissances et d’un excès des produits, retraçant l’histoire des modes de production par lesquels l’humanité est devenue indus- trieuse, militariste, polluante, nataliste et consumé- riste… De ce point de vue, les femmes sont du côté de la « Nature », en tant qu’elles (la nature et les femmes) sont appréhendées comme les deux principales ressources exploitées et asservies. Le capitalisme avancé est le point culminant de ce cycle suicidaire du profit où l’humanité aliénée se meurt ; une humanité bercée par l’illusion du désir de consommer ce qu’elle s’épuise à produire aux dépens d’elle-même et de son environnement. Dans cette perspective, on peut parler d’un continuum de la domination capitaliste et patriar- cale sur la « Nature » et sur les femmes qui suppose que tout combat féministe est par définition, et en même temps, un combat écologique et inversement que tout combat écologique est féministe. De fait, d’Eaubonne n’utilise pas tant le terme de Nature que celui d’écologie : il n’est pas question de naturalisme romantique qui appellerait à un retour à « La Nature », « Écoféminisme » — néologisme inventé par Françoise d’Eaubonne, figure intellectuelle singulière, essayiste géniale ; elle a été l’une des fondatrices du Mouvement de Libération des Femmes (MLF), mais aussi du Front Homosexuel d’Action Révolutionnaire (FHAR), au début des années soixante-dix en France. Essayiste, poète et romancière du XXe siècle, elle publie en 1974 un essai intitulé Le Féminisme ou la mort, dans lequel apparaît pour la première fois le terme d’« écoféminisme ». Par cette expression, elle désigne le devenir même du fémi- nisme et du monde, qu’elle continuera de théoriser dans Écologie, féminisme : révolution ou mutation ? (1978). Deux ans plus tard, en mars 1980, se tient à Amherst aux États-Unis la première conférence écoféministe, « Femmes et Vie sur Terre : Une conférence sur l’écoféminisme dans les années quatre-vingts ». Des centaines de femmes, militantes, intellectuelles, sont réunies pour débattre, sur un même plan et sans hiérarchiser les priorités, des enjeux liés à la sexualité, au sexisme et aux violences faites aux femmes, à la destruction des ressources et des êtres vivants, au système capitaliste, à la militari- sation du monde, à la pollution… Selon Françoise d’Eaubonne, le féminisme comme mouvement historique et politique est seul en mesure d’empêcher que l’humanité s’autodétruise : le féminisme est l’avenir de l’humanité. Toutefois, cette révolution féministe sera une révolution « écoféministe » ou ne sera pas… En d’autres termes, l’avenir du féminisme lui-même ne peut être qu’écologique. Il faut pourtant d’emblée reconnaître que cette adresse, formulée par Françoise d’Eaubonne dès 1974, restera longtemps lettre morte pour l’un et l’autre des courants évoqués : l’écologie demeure encore souvent L’Écoféminisme ou le ré-enchantement du monde 15 ..............................................................................,.................... FR ................................................................................................ 14 vierge, inviolée (on n’efface pas un viol) ; au contraire, Françoise d’Eaubonne prône uploads/Geographie/ frac-immemoriales.pdf
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- Publié le Apv 07, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
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