2 THESE DE DOCTORAT D’HISTOIRE L'UNIVERSITE DE NANTES COMUE UNIVERSITE BRETAGNE
2 THESE DE DOCTORAT D’HISTOIRE L'UNIVERSITE DE NANTES COMUE UNIVERSITE BRETAGNE LOIRE ECOLE DOCTORALE N° 595 Arts, Lettres, Langues Spécialité : histoire ancienne « Rome et la mer » « Rôle et importance de la mer Méditerranée dans le développement du monde romain : du milieu du IV° siècle av. JC à la deuxième guerre de Macédoine incluse. » Thèse présentée et soutenue à Nantes, le 10 octobre 2018 Unité de recherche : Sociétés, Temps, Territoires Par Jean CREMADES Rapporteurs avant soutenance : Frédéric HURLET, professeur d'Histoire ancienne, Université de Paris X – Nanterre. Christiane VEYRARD-COSME, professeur de littérature latine, Université de Paris III-Sorbonne. Composition du Jury : Président : Frédéric HURLET Professeur d'Histoire ancienne, Université de Paris X – Nanterre. Examinateurs : Bernard MINEO Professeur de littérature latine, Université de Nantes, CRHIA. Christiane VEYRARD-COSME Professeur de littérature latine, Université de Paris III-Sorbonne. Thierry PIEL, Maître de conférences en histoire ancienne, Université de Nantes, CRHIA. Dir. de thèse : Bernard Mineo Professeur de littérature latine, Université de Nantes, CRHIA. Co-dir. de thèse : Thierry PIEL, Maître de conférences en histoire ancienne, Université de Nantes, CRHIA. 2 AVANT - PROPOS « Un historien ne doit pas essayer de frapper ses lecteurs en racontant des choses merveilleuses […] ; son rôle, à lui, est de faire une relation fidèle de tout ce qui s'est dit ou fait, quelque ordinaire que cela paraisse1». La puissance romaine ne s’est-elle exprimée que par la force de ses légions et ses conquêtes terrestres ? Faudra-t-il attendre la première guerre punique pour voir Rome contrainte et forcée de s’intéresser à la mer ? C’est ce qui est admis par beaucoup. Or, il apparaît, à la lecture des auteurs anciens et au vu des découvertes archéologiques, que Rome a entretenu avec la mer des relations anciennes qui remontent au-delà même de sa naissance. Il y apparaît que l’Vrbs, loin de n’être qu’une puissance continentale, a très tôt intégré dans sa politique ce que pouvait lui apporter l’ouverture vers le large. Ce rapport à la mer a marqué plus ou moins profondément différents secteurs de la société romaine. Cette histoire des relations de Rome avec la mer et son fleuve, le Tibre, cordon ombilical, sera étudiée ici. Cette thèse n’aurait pu être écrite sans les conseils avisés de Monsieur Bernard Mineo, professeur de littérature latine, directeur de thèse et de Monsieur Thierry Piel, Maître de Conférences en histoire ancienne, co-directeur de thèse. Tous deux ont bien voulu prendre de leurs temps et n’ont pas ménagé leurs conseils. Les pages qui suivent leurs doivent beaucoup ; qu'ils trouvent ici l'expression de toute ma gratitude pour l’aide et les conseils prodigués. 1 Pol, II, 10. Trad.Pierre Waltz. 3 INTRODUCTION Il est coutume de dépeindre le Romain comme un paysan attaché viscéralement à la terre de ses ancêtres d’où, tel Antée, il tire une force toujours renouvelée. Cette force qui l’a conduit à toujours plus de conquêtes pour la plus grande gloire de sa Cité1. Mais s’il est vrai que la légion fut l’outil principal de la puissance romaine, il a bien fallu, sous peine de rester confiné dans la péninsule italienne, franchir le pas et affronter les flots qui l’entourent. Epreuve d’autant plus difficile que dans l’imaginaire des Romains la mer est grecque, donc étrangère et même ennemie2. Il ne faudra pas pour autant attendre la première guerre punique pour voir Rome s’intéresser à la mer. Non seulement son histoire maritime n’a pas débuté que lorsque les Romains ont construit une flotte de 100 quinquérèmes et de 20 trières en prenant modèle sur un vaisseau punique échoué et tombé entre leurs mains3 mais il apparaît, à la lecture des auteurs anciens et au vu des découvertes archéologiques, que Rome a entretenu avec la mer des relations anciennes qui remontent au-delà même de sa naissance. Dans un précédent travail de recherche, mené sur une période allant de la fondation de la Cité à la 1ère Guerre Punique, il avait été vu que Rome, loin de n’être qu’une puissance continentale, avait très tôt compris ce que pouvait lui apporter l’ouverture vers le large et que la dimension maritime avait occupé une place allant grandissante dans différents domaines de la société romaine, qu’ils soient religieux, politique, militaire ou économique. Pour cela, il avait été développé les atouts mais aussi les freins au développement de la puissance maritime romaine. Il était apparu que la position géographique de Rome au sein du Latium et plus généralement au cœur de la péninsule italienne avait favorisé sa domination sur terre et sur mer alors que la mentalité romaine, tournée avant tout vers le sol et la propriété foncière avait été sinon un frein au moins un modérateur au développement de sa puissance navale. La conclusion de cette étude était que, s’ils n'avaient pas eu de pensée maritime structurée et formalisée, du moins au commencement, les Romains avaient été à même de saisir l'importance de cet élément chez des 1 Jerphagnon, “Histoire de la Rome antique » in les armes et les mots, 29. 2 Malissard, Les Romains et la mer, 11. 3 Pol., I, 20. 4 peuples qui leur étaient géographiquement proche comme les Etrusques ou encore les Grecs de Syracuse, Naples ou Tarente et que, faisant preuve de pragmatisme et réalisme, ils avaient su surmonter leurs réticences et fait de la Cité, à l’issue de la grande guerre de Sicile, la première puissance maritime de Méditerranée occidentale. Le présent travail poursuit la réflexion sur l’importance de la mer dans le développement de la puissance romaine. Sur le plan chronologique, il reprend en partie la précédente étude et la prolonge. En effet, il débute vers le milieu du IV° siècle, au moment de la création du port d’Ostie pour s’achever au tout début du II° siècle 4, alors que Rome sort victorieuse de la deuxième guerre de Macédoine, conflit qui pour certains historiens marque l’acte de naissance de l’impérialisme romain 5. C’est durant cette période que l’Vrbs va acquérir sa dimension de puissance régionale puis internationale. Si elle réussit à atteindre son objectif principal, à savoir préserver ses territoires en mettant le plus d’espace possible entre eux et le monde hostile qui les entoure6 c’est, entre autres, grâce à la maitrise de l’élément marin pour lequel ses origines et sa localisation la prédestinaient. C’est encore cette maîtrise qui a permis à Rome de vaincre Carthage dans les deux grandes guerres qui ensanglantèrent le III° siècle et contribua à écarter pour un temps les menaces illyriennes et macédoniennes. Il avait été vu précédemment que l’eau était au cœur de l’histoire de Rome. La légende qui explique comment Enée avait été sauvé à plusieurs reprises par des dieux, marins ou fluviaux. Poséidon, tout d’abord, qui était venu à son secours au cours d'un combat qui opposait le prince troyen à Achille7 et lui prédisait une descendance glorieuse8 . C’est ensuite le dieu Tibre qui allait le rassurer et le convaincre de s’installer à son embouchure où il trouva une demeure sûre, des pénates sûrs9. Plus tard, c’est encore le dieu fleuve qui par l’impétuosité de ses eaux, dissuada le serviteur du roi Amulius d’y noyer Romulus et Remus, pour ensuite doucement porter leur berceau jusqu’au Cermalus10. 4 Pour des raisons de commodités et sauf indication contraire, toutes les dates citées dans cette étude s’entendent avant notre ère. 5 Le Glay, Rome – I. Grandeur et déclin de la République, p 101. 6 Jerphagnon, Les armes et les mots, p 29. 7 Hom, Il, XX, v. 319-328. 8 DH, I, 53, 5 : « Alors le grand Énée règnera, et les fils de ses fils qui viendront après lui ». Trad. P. Remacle. 9 Virg, VIII, 39. Trad. A.-M. Boxus. 10 Plut, Rom, 3, 1. Trad D. Ricard. 5 La géographie ensuite car Rome n’aurait pas été Rome si sa localisation eût été différente. Située à un carrefour sur les rives d’un fleuve qui va la mettre à la jonction des commerces : produits de l’élevage et de l’agriculture venant du nord, produits de la mer, dont le sel, venant de la côte11, Rome va pouvoir croitre et prospérer. Cette prospérité apportée par la proximité de la mer et de ses produits va entrainer sur le plan religieux des évolutions quant à la perception qu’avait les Romains de leur panthéon. Ainsi Neptune acquit de nouvelles attributions et une place de plus en plus importante. De même, il n’est pas sans intérêt d’étudier comment le peuple romain, dont la politique guerrière et conquérante qui était fondée sur la propriété foncière 12, comment ce peuple de paysans peu réputé pour son amour de la mer13 ; a su surmonter ses frayeurs pour vaincre des peuples à la longue tradition maritime. La période considérée ici correspond à une réelle montée en puissance de Rome dans le domaine maritime. C’est le moment où la Cité allait entreprendre le contrôle des côtes tyrrhénienne et adriatique par la mise en place de colonies comme à Pyrgi, Antium ou Sena Gallica, soumettre les pirates d’Antium14, signer des traités uploads/Geographie/ hese-de-doctorat-d-histoire-jean-cremades.pdf
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- Publié le Mar 02, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
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