LES TENTATIVES D’ALEXANDRE II, 1855-1881. INTRODUCTION : La Russie est une puis

LES TENTATIVES D’ALEXANDRE II, 1855-1881. INTRODUCTION : La Russie est une puissance importante en Europe depuis les victoires d’Alexandre 1er sur Napoléon, et sa position en 1848 au moment du Printemps des peuples. Au milieu du siècle, entre 1853 et 1856 éclate la guerre de Crimée provoquée par l’expansion Russe vers le Sud qui oppose donc la Russie à l’Empire Ottoman qui aura le soutient de la France et de l’Angleterre (liée à la question des détroits). Au cours de cette guerre en Mars 1855, Nicolas 1er meurt, c’est donc l’avènement de son fils qui régnera sous le nom d’Alexandre II. Il arrive au pouvoir dans les pires conditions : celles d’une défaite grave dans cette guerre de Crimée. C’est la défaite de l’armée, du gouvernement, du Tsar, plus que de la Russie. Cette défaite a révélé les retards de la Russie. Alexandre II a donc pour priorité l’arrêt de cette guerre et l’instauration de réformes dont l’abolition du servage qui semble être la plus importante. Il fait de ce contexte une force. Il sera surnommé « le Tsar libérateur » pourtant il meurt assassiné par des révolutionnaires anarchistes en 1881. Cet assassinat révèle l’existence d’une opposition radicale, virulente, en Russie, et d’un divorce entre l’autocratie et la réalité de la Russie.  Quel est le sens de ce surnom de « Tsar libérateur » ? Quel est le sens des réformes d’Alexandre II ? I – L’abolition du servage en 1861 : la plus importante mesure prise par Alexandre II a) Un problème débattu depuis le début du XIXème siècle  Alexandre 1er (1801-1825) On commence à parler de l’abolition du servage en raison des contacts avec le monde occidental, notamment des officiers du Tsar présents en France pendant les campagnes contre Napoléon 1er donc pendant le règne d’Alexandre 1er. Dans les milieux décabristes, cette réforme est très importante.  Quelques essais timides de réforme agraire sous Nicolas 1er Ceux-ci ont montré la volonté de réglementer le servage, d’en prévenir les abus les plus criants avec quelques oukases de Nicolas 1er : - En 1841, Nicolas 1er interdit de vendre les serfs sans les terres. Cela se pratiquait depuis Catherine II, surtout dans les régions peu fertiles où l’on vendait les serfs comme de vulgaires esclaves. - En 1842, les propriétaires peuvent désormais concéder à vie des parcelles à leurs serfs afin de les stabiliser sur leur exploitation pour leur donner un statut semblable à celui d’un petit propriétaire paysan. Seulement 25.000 serfs ont profité de cette mesure, à cause des conditions. Nicolas 1er reconnait la nécessité de réformer le servage, mais il préfère les demi-mesures. Il préfère atténuer plutôt que supprimer. Il ajourne sans cesse une réforme plus globale telle que va la mener son fils Alexandre II. À sa mort, le problème du servage demeure entier. b) Le projet de réforme d’Alexandre II  Le tsar et son entourage Alexandre II est né en 1818, il est le fils de Nicolas 1er. C’est un Romanov qui épouse une princesse allemande en 1841. Il suscite beaucoup d’espérance, comme à chaque changement de règne. Le premier discours, celui de son avènement à St-Pétersbourg, déçoit un peu car il déclare continuer la politique de son père. On espère beaucoup de lui. On le dit plus intelligent, plus cultivé, plus humain, plus généreux que son père… On cite le fait qu’il a été l’élève d’un poète romantique loué, Joukovski. Dès les années 1840, il est associé aux affaires par son père. Il y a l’influence de son père, de l’Occident. Cette dualité va beaucoup marquer le Tsar. La lecture des Récits d’un chasseur de Tourgueniev en 1852 a été, pour lui, une révélation de la misère de son peuple. Publiquement, dès son avènement, il a manifesté son intention d’entreprendre des réformes. En 1856, il déclare : « Mieux vaut prendre l’initiative d’abolir le servage d’en haut que d’attendre que cette initiative vienne d’en bas ». Dès son avènement, il invite la noblesse, les ministres, l’intelligentsia… à réfléchir au problème. Il rappelle d’ailleurs les exilés décabristes comme le Prince Troubetskoï, le chef de la « société du Nord ». C’est un geste très fort de rappeler d’exil les décabristes. Parallèlement, il adoucit la censure et fait preuve de tolérance sur le plan religieux. Il est encouragé dans sa propre volonté à réformer la Russie par son entourage et sa famille : - Samarine, le slavophile qui avait sous N1er demandé l’abolition du servage, ce qui lui avait valu d’être enfermé à la forteresse Pierre et Paul. - Nicolas Milioutine est un jeune fonctionnaire du ministère de l’intérieur. Il est responsable des questions agraires et encourage l’abolition du servage. - Sa tante, Elena Pavlovna, sensible aux idées libérales, connue pour être en faveur de la suppression du servage, chose qu’elle fait sur ses propres terres. La grande duchesse tenait également un salon influent à St-Pétersbourg. Au plus haut niveau, tous sont convaincus de la nécessité d’abolir le servage. On va plus loin, en parlant de la terre. Beaucoup disent que si on ne donne pas de terres aux anciens serfs, l’abolition ne sera pas efficace. Le Kolokol, journal d’Herzen, est très enthousiaste tout comme le peuple.  La guerre de Crimée a précipité l’abolition du servage Cette guerre de Crimée (1853-1856) oppose donc la Russie à l’Empire Ottoman soutenu par la France et l’Angleterre. À l’origine de cette guerre, le problème des orthodoxes. Les russes veulent des droits sur les orthodoxes des Balkans. Or, les Balkans relèvent de l’Empire Ottoman. Nicolas 1er prétend à un protectorat russe sur les orthodoxes. Derrière cette façade se cache la volonté d’expansion de la Russie, l’impérialisme russe, la « question des détroits ». Cet impérialisme russe inquiète la France et l’Angleterre. Au nom de l’équilibre des nations en Europe, il faut contenir l’expansion russe. Les Ottomans refusent d’accorder ce protectorat. La guerre s’engage donc en 1853. C’est en 1854 que la France et l’Angleterre s’allient pour défendre leurs intérêts. Nicolas 1er se retrouve donc face à une coalition européenne. En septembre 1854, la France et l’Angleterre débarquent en Crimée et assiège Sébastopol jusqu’en septembre 1855 que les russes abandonnent. Tolstoï décrit cette guerre dans Récits de Sébastopol. C’est en mars 1855 que meurt Nicolas 1er. C’est dans le contexte du siège de Sébastopol qu’Alexandre II arrive au pouvoir. Il annonce d’emblée qu’il mettra fin à ce désastre. Un congrès se réunit à Paris en 1856 pour signer le traité de Paris le 30 mars 1856. La Russie cède à l’Empire Ottoman une partie de la Bessarabie et abandonne sa volonté de protectorat sur les orthodoxes des Balkans. Cette guerre de Crimée s’est traduite par un recul dramatique de l’influence de la Russie sur le plan international. Entre le Congrès de Vienne de 1815 et le Traité de Paris en 1856, il y a un monde. Elle a été battue sur son sol. Ce désastre fait ressortir encore plus le retard de la Russie et le besoin de réforme. Le Tsar a compris que tant qu’il y aurait le servage, aucun progrès ne serait possible en Russie. Le servage apparaît comme la cause de tout : du retard, de l’échec militaire, de l’archaïsme de l’économie russe.  Le projet rencontre cependant de grandes oppositions L’obstacle, c’est d’abord celui de la noblesse, des grands propriétaires, pour qui l’abolition est une perte d’influence, de richesse. Comment prendre une décision unilatérale compte tenue de la situation agraire de la Russie, notamment la différence entre le Nord, et ses terres pauvres, et le Sud des tchernozioms ? Au sud, la terre a beaucoup de valeur, donc la noblesse veut en concéder le moins possible. Partout la noblesse veut être dédommager pour garder son influence politique.  Alexandre II veut accomplir la réforme Dès 1857, il entreprend la réflexion pour l’abolition du servage. Il met sur pieds un comité secret qui entreprend l’étude et la préparation de cette réforme. De ce comité dépendent des commissions de provinces qui étudient le cas des serfs et la faisabilité de ce projet. Font partie de ce comité, Nicolas Milioutine, son oncle Constantin et le prince Carlov qui a dirigé la délégation russe au Congrès de Paris… C’est un énorme travail d’information, animé notamment par Milioutine et Samarine qui ont eu une influence très importante. En octobre 1860, les travaux sont terminés. C’est au Tsar de trancher. c) Le contenu de la réforme agraire d’Alexandre II  La décision du tsar Alexandre II par l’oukase du 19 février, date russe (3 mars, date occidentale) 1861 abolit le servage. Cet oukase est important, il est accompagné d’une série de mesures qui détaillent les modalités de l’abolition du servage. Si les historiens sont divisés, notamment les historiens soviétiques qui dénoncent une demi-mesure hypocrite, il faut tout de même souligner les aspects favorables d’une réforme difficile à prendre pour un Tsar autocrate. L’oukase va être lu le dimanche à l’église après la messe par le pope. C’est une volonté du tsar pour toucher la masse paysanne. Alexandre II reçoit le uploads/Geographie/ histoire-de-la-russie-2.pdf

  • 30
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager