Homélie des funérailles de M. Raymond Lapierre, de ses enfants Louis, Marc, Mar

Homélie des funérailles de M. Raymond Lapierre, de ses enfants Louis, Marc, Martine, Jean et Nicole Beaulieu 1ère lecture : 1 Co 13, 1-8 Évangile : Jean 19, 25-30 Nous ne serons jamais passés aussi brutalement de la lumière pascale aux ténèbres du tombeau. Après le décès de M. Raymond du lundi de Pâques, la tragédie du mardi nous a ramené à l’intérieur même du scandale injuste et incompréhensible de la croix. C’est comme si votre arbre familial et celui de toute notre communauté des Îles et de tout le pays étaient secoués tant dans ses racines avec la mort de Papa Raymond que dans ses branches à jamais fracassées par les départs violents de Louis, Marc, Martine, Jean et Nicole. Avec le choc et la peine montent en nous ce cri du «pourquoi?». Un «pourquoi» sans réponse, car l’évènement dépasse toute logique et tout entendement….Jésus aussi a crié son «pourquoi» sur sa croix; le «pourquoi» de l’abandon…Sans pour autant recevoir une explication à sa question, il semble bien qu’après un long silence, il a reçu l’assurance d’un Amour inconditionnel : « Père, je remets ma vie entre tes mains…non pas ce que je veux, mais ce que tu veux…». Et c’est sûr qu’un Papa ne veut pas le mal de ses enfants ni leur destruction, mais bien plus, l’accomplissement de l’Amour au cœur de nos vies, au-delà de la mort…Si vous le voulez bien, risquons d’entrer dans cette épreuve, ce mystère, par le chemin de l’amour… Quand un arbre est secoué autant par la violence des vents et que sa vie semble menacé, il se réfugie dans ses racines pour se rapprocher de sa source et sauver sa sève… C’est bien ce que nous vivons en famille et en communauté depuis une semaine : on a tous et toutes le réflexe de rentrer chez soi, à l’intérieur de soi, pour retrouver l’essentiel de nos vies et se nourrir de la force du réconfort qui vient de notre être ensemble…comme pour sauver la vie par l’Amour. La résurrection du Christ, ce n’est pas d’abord la vie après la mort, mais c’est bien plus, le jaillissement de l’Amour en toute créature et en tout l’univers au-delà de la mort… qui traverse la mort. C’est bien ce que nous avons vu, Réjean et moi, en ce sombre mardi : une mère et sa fille au pied de la croix, meurtrie par la douleur, se réfugiant l’une et l’autre - je dirais même l’une dans l’autre -, dans cet Amour qui ne peut mourir avec ces vies arrachées… C’est ce qui se passe au pied de la croix : Jésus, s’abandonnant dans l’amour du Père, accomplit cet Amour par le don ultime de sa vie. D’abord, il dit à sa mère : « Ne me regarde plus moi mourant sur la croix. Ton fils, je te le donne en celui que j’aime : tu retrouveras l’amour vivant du Fils en toute créature… Femme, voici ton fils, voici l’amour qui ne peut mourir, car il vient de la source même de tes entrailles…et la source d’amour qui vient de Maman est éternelle…». Et au disciple que Jésus aimait - l’aimant, l’aimanté à lui -, il lui confie sa mère pour qu’elle le fasse naître à son cœur de fils, pour qu’elle l’accouche par son amour maternel à son être de fils tout Amour….Comme la source enfante la sève dans l’arbre, le Christ nous enfante à l’amour. Oui, seul l’amour peut survivre à toute détresse : « J’aurais beau parler toutes les langues de la terre et du ciel, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. J’aurais beau avoir toute la science et toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien ….J’aurais beau distribuer ma fortune aux affamés, s’il me manque l’amour, je ne suis rien…». C’est bien le plan de vie que vous avez toujours suivi en famille. L’amour au quotidien. L’amour au-delà de toute gloire. L’amour qui prend patience, qui rend service, qui se réjouit, qui ne fait rien de malhonnête, qui trouve sa joie dans ce qui est simple et vrai… N’est-ce pas là l’amour de Papa Raymond enfantant la sève avec vous Mme Lucie à même l’arbre de vos enfants jusqu’à vos arrière-petits-enfants depuis 61 ans. Tout dans sa vie provenait de cette bonté originelle comme d’une Source jaillissant en bonne humeur, en ardeur au travail, en confiance dans la vie et en son Dieu, en musique, en harmonie, en bonne entente avec tout le monde…. N’est-ce pas cette intégrité, ce sens de la justice et de la vérité, cette foi en Dieu bien incarnée dans la dignité de toute personne humaine que nous reconnaissions chez Jean? Chez lui, la place du pauvre était celle de Dieu : «Pauvre comme un crucifié pleumé», qu’il disait…Il ne pouvait y résister N’est-ce pas cette même compassion, vitalité et cette joie débordante de vie dont vibrait Martine? N’est-ce pas cette douceur et cette générosité qui habitait le grand cœur de Marc tant dans son travail que dans ses relations? N’est-ce pas cette grande sensibilité qui se cachait sous les airs taquins de Louis? N’est-ce pas cette empathie et cette sollicitude envers les désespérés de la vie , qui permettaient à Nicole d’apporter du bonheur et de s’associer tout naturellement aux valeurs familiales des Cormier-Lapierre? Ce jour-là, ils ont entrepris tous ensemble ce voyage vers Papa et Maman. Ils étaient bien loin de s’imaginer que c’était le dernier. Dans la joie d’être tous ensemble réunis, ils revenaient à la maison. Ils revenaient à leurs racines, ils sont descendus jusqu’à la Source… C’est de là que mystérieusement, ils vont continuer de nous aimer à même notre arbre de vie. Vous qui êtes nés de leur sève d’amour, et par conséquent les conjoints et conjointes : Laure, Marie-Anne, Jean-Michel, Serguei, Alexandra, François, Martin, Linox, Mila et tous les autres…tout Papa, tout Grand- papa, toute Maman coulent en vous depuis votre enfance. C’est du dedans maintenant que leur Amour continuera à vous nourrir et à vous enfanter à votre être de fils et de fille bien-aimé-es. La résurrection des morts, c’est aussi celle des vivants : en remettant sa vie dans la nôtre Christ veut re-susciter l’Amour en chacun et chacune de nous pour nous faire naître à l’Amour. Et vous Mme Lucie, alors que votre famille s’étend de la terre jusqu’au ciel que votre cœur de mère trouve grande consolation et paix profonde à même l’Amour que vous avez fait naître. Qu’aujourd’hui, cet amour devenu éternel, vous materne à votre tour…Votre tablée vous paraîtra souvent bien vide, dans un brin de folie ou de foi, imaginez qu’elle s’étire déjà jusqu’au ciel. Puisque vous êtes vivantes en vos enfants depuis leur naissance, vous partagez mystérieusement en eux leur lumière…leur Lucia…dans le cœur de Dieu. C’est là que toute notre communauté est appelée à redécouvrir, fortifier ou privilégier une fraternité nouvelle dans la compassion, la communion et le soutien mutuel…dans le prolongement de toutes nos tables de communion. Nos frères et soeurs ne seront pas morts en vain si nous recevons la vie qu’ils nous offrent dans le don ultime de leur vie. Ils nous conduisent à la Source divine de l’amour, laissons-nous irriguer de cette sève et de l’héritage de leur vie au cœur de nos vies. Par nous, avec nous et en nous, «l’Amour supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. L’Amour ne passera jamais». Claude Gosselin, ptre uploads/Geographie/ homelie-des-funerailles-des-lapierre-beaulieu.pdf

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