2021/2022 L’irrigation par système de FOGGARA : Un patrimoine hydraulique mondi

2021/2022 L’irrigation par système de FOGGARA : Un patrimoine hydraulique mondial Introduction : Le Sahara algérien fait l'objet depuis cinq décennies de programmes de développement agricole qui visent la sécurité alimentaire du pays et l'amélioration des conditions de vie de la population. Ces multiples programmes ont engendré une transformation profonde du système oasien, allant de son organisation sociale à sa configuration spatiale (Bellal et al. , 2016 ). Aujourd'hui, l'orientation qui consiste à multiplier les programmes de développement à travers des périmètres de mise en valeur agricole dans le Sahara continue à occuper une place importante dans les discours et les programmes publics, et cela en dépit des résultats mitigés sur les plans économique, social et environnemental (Otmane et Kouzmine, 2013). Dans les régions de Touat, Gourara et Tidikelt, qui font partie de la circonscription administrative d'Adrar dans le sud-ouest de l'Algérie, la mise en place des nouveaux périmètres de mise en valeur, basés sur l'exploitation des eaux souterraines, est accompagnée par un discours sur le déclin des systèmes hydrauliques ancestraux que sont les foggaras en Algérie, de la qanat en Iran, du falj au sultanat d’Oman, du kariz en Afghanistan et au Pakistan, de la khettara au Maroc, de la qanat romani en Jordanie et en Syrie, du kanerjing en Chine et de la kriga en Tunisie. Ce sont là des noms pour désigner le même principe de fonctionnement. Elles sont réparties dans plus de 30 pays à travers le monde (BOUSTANI, 2008). C’est la qanat qui constitue la plus ancienne technique ; elle a été réalisée depuis plus de 3 000 ans et c’est le nord-ouest du plateau iranien qui est considéré comme le foyer d’origine de ces galeries (CRISTINI et LANGLAIS, 2004; GOBLOT, 1979; WESSELS, 2005). Plus de 50 000 qanats étaient en exploitation en Iran (GHORBANI, 2007). Aujourd’hui, il ne reste que 22 000 qanats fonctionnelles, dont la longueur totale des drains avoisine les 250 000 km (WULF, 1968). La plus longue qanat a une galerie d’une longueur de 50 km et se trouve dans la région de Kerman. Le falj se localise dans la partie nord du sultanat d’Oman. Les aflajs ont été développées il y a plus de 2 000 ans (ZAHER BIN KHALID et al., 2007). Actuellement, il ne reste que 3 017 faljs fonctionnels sur un total de 4 112, qui drainent un débit de 680 millions de m3•an-1 pour une longueur de 2 900 km (AL GHARFI et al., 2000). Contrairement aux qanats qui puisent l’eau des nappes souterraines, il existe trois types de faljs : Le falj Ghaili qui capte les eaux des oueds. Il représente 49 % des aflajs d’Oman. Le falj Aini qui capte les sources naturelles pérennes. Il représente 28 % du total des aflajs. Le falj Daoudi qui puise l’eau des nappes phréatiques au pied des montagnes. Il représente 21 % du total des aflajs. Dans le Tafilalet au sud du Maroc, les khettaras étaient au nombre de 300 au début du XXe siècle, pour environ 450 km de galeries. Elles se concentrent sur la rive droite de l’oued Ghriss et au nord-est du Tafilalet. En l’an 2000, il ne restait que 150 khettaras fonctionnelles (BEN BRAHIM, 2003). Il est très difficile de situer avec précision le point de départ de la foggara, c’ est une technique de captage des eaux qui a pris naissance en Iran selon GOBLOT (PNUD, 1986). La qanat, qui alimentait Ibril en Perse, a été construite à la fin du VIIe siècle avant J.-C., ce qui atteste des origines très lointaines de ce type de captage. Dans le Sahara algérien, les foggaras auraient été introduites au XIe et XIIe siècles par El Malik El Mansour, qui aurait creusé la première foggara à Tamantit (à 15 km d’Adrar) (HASSANI, 1988). Ensuite, les foggaras ont été développées dans le Touat et le Gourara par des tribus arabo-berbères du sud marocain (Mrabtine, Chorfa) sur la base de l’esclavage de la main-d’oeuvre noire (Harratine) locale ou provenant des régions voisines du Mali, du Niger et du Soudan (ARRUS, 1985). La plus grande foggara de la région de Timimoun est celle d’El Meghier (à 200 km d’Adrar). Elle a été forée à une époque qu’on ne peut préciser et aurait été développée par le Marabot Sid Othmane et son fils, qui vivaient au IXe siècle de l’hégire (REMINI et ACHOUR, 2008). Que ce soit la qanat, la khettara, le falj ou la foggara, toutes ces techniques ont le même principe de fonctionnement ; il s’agit de captage des eaux à l’aide des galeries drainantes munies de puits d’aération. Cependant, la source d’eau captée diffère d’un procédé à l’autre. La qanat et la khettara captent les eaux de la nappe phréatique au pied des montagnes, une partie du falj capte les eaux de source et une autre partie du falj capte les eaux des oueds. En Algérie, lorsqu’on parle de la foggara, on parle automatiquement des foggaras du Touat, du Gourara et de Tidikelt, qui captent les eaux de la nappe albienne. Plusieurs auteurs, notamment KOBORI (1982) et GAILLERMOU (1993), ont beaucoup cité ce type de foggaras dans leurs études et travaux. C’est dans le but de mettre en évidence les différents types de foggaras qui ont participé à donner la vie aux oasis du Sahara algérien que cette étude a été menée. Selon l'Agence nationale des ressources hydrauliques (ANRH), sur les 2000 foggaras inventoriées à Adrar en 2016, 1278 foggaras sont taries du fait des abaissements du niveau de la nappe. Selon la même agence, le reste des foggaras présente un manque d'entretien et le débit total capté par les foggaras à Adrar a ainsi diminué de 3,6 m3/s en 1960 à 1,8 m3/s en 2011 1. Définition: La foggara signifie, en arabe, Fakara (creuser). Certains auteurs croient que cette expression provient du terme arabe El Fokr (la pauvreté). Celui qui creuse une foggara se trouverait en effet dans l’obligation d’y investir tellement, qu’il finirait par tomber dans le besoin avant d’en bénéficier. Par contre, d’autres auteurs croient que le mot foggara est relatif à Fakra, la vertèbre en arabe (KOBORI, 1982). Comparaison entre La structure de la foggara et celle de la colonne vertébrale de l’homme La foggara est une galerie souterraine légèrement inclinée, qui draine l’eau de l’aquifère en amont vers les terrains les plus secs situés en aval, en direction de la palmeraie. Ce procédé utilise un système de galeries en pente douce d’une longueur pouvant atteindre les 20 km, équipées d’une série de puits d’aération espacés de 5 à 22 m, dont la profondeur peut atteindre 20 m (Figure 1). La distance minimale entre les foggaras est de 80 m (CHEYLAN, 1990). La foggara est une technique liée à un système social de travail collectif, mené par un comité de sages, appelé Djemaa, dont le rôle est de diriger et de surveiller l’entretien de la foggara et la répartition de son eau. Alignement des puits d’une foggara à Timimoun (REMINI, 2007). Coupe longitudinale d’une foggara dans les oasis de la Zaouiet Kounta (Remini, 2016) Schéma synoptique d’une foggara dans une oasis (Remini, 2016) 2.Situation du Foggara en Algérie : Nombre total de foggara recensées : 2000 Nombre de foggara taries : 1185 Nombre de foggara pérennes : 815 pour un volume de l’ordre de plus de 60 millions m3/an 3.L’importance de la Foggara L'importance des Foggaras pour les Oasiens ne se limite pas à l’irrigation et à l’alimentation en eau potable. L’organisation sociale qui gravite autour de la répartition des eaux de la Foggara ainsi que les TWIZA organisées à l’occasion des travaux d’entretien permettent de renforcer les liens entre les familles de la région  La Foggara est de ce fait pour le Touat, Gourara et Tidikelt :  Un facteur de stabilité  Une source d’eau permanente  Une composante principale du développement économique et social 4.Méthodes et enquêtes Cette étude a été basée sur des sorties sur le terrain et des enquêtes effectuées auprès des oasiens et des propriétaires de foggaras. Plus d’une vingtaine de sorties de prospection ont été effectuées durant la période 2006 à 2008, dans les oasis situées à la périphérie du Grand Erg Occidental. Des foggaras vivantes et abandonnées de 20 oasis ont été prospectées. Il s’agit des oasis de Moghrar (Naama), Boussemghoune (El Bayadh), Timimoun, Adrar, Beni Abbes (Bechar), Tabalbala (Bechar), Lahmar (Bechar), Taghit (Bechar), Wakda (Bechar), Beni Ounif (Bechar), Ouled Said (Timimoun), Kali (Timimoun), Ghardaia Situation des foggaras étudiées. 5.Résultats et discussions Plusieurs auteurs définissent la foggara du Sahara algérien comme étant une galerie souterraine captant les eaux de la nappe du Continental Intercalaire, mais suite à plusieurs sorties sur le terrain dans diverses régions, nous avons pu recenser sept types de foggaras I. La foggara de l’Albien La foggara de l’Albien, appelée « foggara classique », est la plus connue et la plus décrite par les auteurs. Ce type de foggara se localise dans le sud-ouest du Grand Erg Occidental, dans les régions du Touat, de Gourara et de Tidikelt, où le uploads/Geographie/ irrigation-par-systeme-de-foggara.pdf

  • 31
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager