Université Lumière Lyon 2 Ecole doctorale : EPIC (Education, Psychologie, Infor

Université Lumière Lyon 2 Ecole doctorale : EPIC (Education, Psychologie, Information et Communication) Institut de la communication L’évangélisation par les médias Recherches sur une problématique et des pratiques de l’Eglise catholique par Jean-Marie BOMENGOLA-ILOMBA Thèse de doctorat de sciences de l’information et de la communication sous la direction de Jean-François TÉTU présentée et soutenue publiquement le 16 janvier 2008 Composition du jury : Ahmed SILEM, professeur à l’Université Jean Moulin Lyon III Jean-François TÉTU, professeur émérite Mgr Gérard DEFOIS, Archevêque-évêque de Lille Jean BIANCHI, de l’Université catholique de Lyon Michel LE GUERN, professeur émérite - 2 - - 3 - Dédicace A ma mère Lifula-Elewa Marceline A mon père Ilomba-Liyolongo Jean-Pierre, Je dédie cette thèse. Contrat de diffusion Ce document est diffusé sous le contrat Creative Commons « Paternité – pas d’utilisation commerciale - pas de modification » : vous êtes libre de le reproduire, le distribuer et le communiquer au public à condition de mentionner le nom de son auteur et de ne pas le modifier, le transformer, l’adater ou l’utiliser à des fins commerciales. - 5 - Remerciements Au terme de cette dissertation, je tiens à remercier Monsieur Jean-François Tétu qui a bien accepté de me guider dans ces recherches. Sans lui, peut-être que je n’aurai pas vu le bout du tunnel. Mes remerciements s’adressent aussi au père Jean Bianchi qui, en dépit de ses multiples occupations, a bien voulu m’apporter son aide et son expérience. Je remercie la sœur Marie-Christiane Murigneux, Générale des sœurs de la Sainte famille pour avoir accepté de lire et de corriger le présent travail. A tous ceux qui ont participé de loin ou de près, je leur dis merci. - 6 - - 7 - Introduction générale - 8 - - 9 - Dans notre langage contemporain, le mot d’évangélisation renvoie à la diffusion du christianisme dans la société, à la transmission de son héritage, au partage de ses croyances et de ses pratiques. Ce substantif est tiré du verbe d’action « évangéliser » - annoncer une bonne nouvelle, une nouvelle capable de rendre heureux – en somme, relayer un message par qui l’a déjà reçu et s’en reconnaît dépositaire. Cette catégorie d’évangélisation, utilisée pour caractériser la dynamique du christianisme, s’est de nos jours, substituée à des formules tombées en désuétude comme celle de propagation de la foi, d’apostolat ou de mission… Au registre de conquête s’est substitué le registre de la communication. L’évangélisation croise l’univers de la religion et celui de la communication. Elle est une communication persuasive, en ce sens qu’elle conduit à la foi et entraîne à des actes qui en sont une conséquence. De ce fait, cette catégorie attire l’attention du chercheur curieux des pratiques de communication et de leur compréhension. Comprise comme une action de communication, l’évangélisation couvre plusieurs domaines : celui de la motivation de l’action (le désir, le projet, les buts recherchés), celui de la conduite de l’action (les orientations, les méthodes, les vecteurs, les institutions, etc.), et celui de l’évaluation de l’action (les obstacles, les échecs, les réussites). On peut la rapporter à une société donnée, à une période précise, à un territoire particulier, à une institution. Elle se joue dans la communication interpersonnelle, et/ou intergénérationnelle, ou encore dans l’espace public ouvert, dans la communication de masse. A l’évangélisateur comme à n’importe quel communiquant se pose toujours la question du choix de ses moyens, en cohérence avec ses buts et en consonance avec ses motifs. L’évangélisation se doit d’être « évangélique ». Nous avons choisi de consacrer cette thèse à l’évangélisation telle qu’elle est conçue et pratiquée par l’Eglise catholique depuis que la société moderne dispose de moyens de - 10 - communication de large périmètre, les médias. L’Eglise catholique a, à la fois, pratiqué et théorisé l’évangélisation par les médias. Ce sera notre thème d’étude. Pourquoi un tel sujet ? Les raisons qui nous poussent à nous intéresser à ce sujet sont multiples. Tout part de quelques constats : le recul des pratiques au sein de l’Eglise catholique en Europe, la diminution du nombre des prêtres, la sécularisation de la société, le développement de l’individualisme. Dans ce contexte le catholicisme cherche des voies et moyens pour continuer sa mission. Parmi les approches de l’évangélisation, l’Eglise catholique pense au regroupement des paroisses, aux médias, notamment les journaux paroissiaux, régionaux et nationaux, les émetteurs radios, la télévision, etc. Pour l’Eglise catholique, « une nouvelle évangélisation est possible grâce aux médias ». Telle est notre hypothèse de travail. Mais comment communiquer l’évangile dans ce nouveau contexte ? Les médias sont-ils oui ou non une solution appropriée à la question de l’évangélisation ? Nous commencerons par préciser dans les pages qui suivent ce que signifie cette formule d’évangélisation par les médias – sorte de mot d’ordre évident aujourd’hui pour le catholicisme – d’où elle vient et quelle est sa portée. Mais auparavant, il nous faut noter que la catégorie d’évangélisation n’a pas une signification parfaitement stabilisée au sein de l’Eglise catholique. Elle fait l’objet de débats et de controverses. Désirant relancer le zèle évangélisateur quelque peu assoupi de l’Eglise catholique, le pape Jean-Paul II1 à la fin des années 80 en appelle à une « seconde évangélisation », requalifiée rapidement en « nouvelle évangélisation ». Il s’agit de répondre aux défis de la nouvelle culture, en utilisant pleinement les moyens – notamment médiatiques – qu’offre cette culture. Cette nouvelle évangélisation devient le slogan des groupes chrétiens identitaires qui prônent un engagement massif des catholiques dans la sphère médiatique : lancement de médias spécifiques, positionnement public, recours au marketing direct et aux campagnes publicitaires, etc. Mais précisons d’abord les mots que nous employons. Le mot média, dont l’usage est largement répandu aujourd’hui pour désigner les supports de diffusion de l’information, n’est pas vraiment un néologisme. Mot d’origine latine, medium, dont le pluriel media est aussi employé comme nom singulier, était déjà utilisé au XVII ème siècle dans un sens similaire à 1 Cf. l’encyclique Christifideles de juin 1988. - 11 - celui d’aujourd’hui, à savoir moyen, agence, ou autres intermédiaires allant du spiritisme aux huiles du peintre. Au XX ème siècle, avec le développement, en plus de la presse, de nouveaux moyens de communication de masse, on parlera de « mass media » pour désigner d’abord le cinéma, la radio, la presse et plus tard la télévision 2. De nos jours, le terme média renvoie aux différentes technologies modernes de l’information et de communication, qu’il s’agisse de supports de diffusion de l’information ou d’outils interactifs d’accès à l’information ou de communication. La définition classique du média comme élément matériel qui permet de représenter, de transmettre et de conserver un message, met l’accent sur l’aspect technique. C’est dans cette perspective que Francis Balle propose de définir un média comme un équipement technique permettant aux hommes de communiquer l’expression de leur pensée, quelles que soient la forme et la finalité de cette expression. Cette expression emprunte aujourd’hui les formes les plus diverses ; textes, sons, graphiques, données (data), images, que celles-ci soient fixes ou animées, ou bien à la fois animées et sonorisées. Et elle revêt désormais les significations les plus variées, différentes parfois chez ses auteurs de ce qu’elles sont pour ses destinataires. Quant à l’équipement technique, il permet la restitution de toutes sortes de messages, immédiate ou différée, auprès d’une seule personne ou auprès de plusieurs personnes, dispersées ou rassemblées, grâce à l’enregistrement de signaux qui sont porteurs de ces messages, signaux inscrits sur un support autonome et transmis, le cas échéant, à sens unique ou à double sens, jusqu’à leurs destinataires3. La question de l’usage des médias pour l’évangélisation dans les temps modernes ne peut nullement être traitée ou comprise en dehors du cadre du développement des images, de l’imprimerie, de la Réforme et de la Contre –Réforme, de la naissance et de l’évolution de la presse, en passant par la révolution française, la naissance du cinéma, la création de radio Vatican, la mise en place des radios chrétiennes, l’avènement de la télévision, jusqu’au concile Vatican II. L’Eglise catholique a commencé à évangéliser au moyen des livres, des images, de l’art, de la sculpture ; elle occupait une position dominante dans la société avant la Réforme, jusqu’à ce que son « aura » se réduise au fil du temps. Sur l’espace public, elle n’est plus la 2 C. Bélisle et alii, Pratiques médiatiques. 50 mots- clés , (coll. CNRS Communication), édit., édit., CNRS, Paris, 1999, p. 199. 3 F. Balle, Médias et Sociétés. Presse, Audiovisuel, Télécommunications, ( coll. Domat Politique), 6ème édition, édit., Montchrétien EJA., Paris, 1992, p. 50. - 12 - seule à proclamer la vérité. Celle-ci n’est plus une, mais multiple. Dans le monde politique, son influence diminue jusqu’à perdre totalement son magistère. Désormais, elle n’est plus la référence absolue pour ce qui regarde le vivre – ensemble des citoyens. La religion a perdu de son influence4 au profit de l’Etat. Celui-ci régit toutes les institutions et étend son pouvoir sur toutes les organisations existantes au sein des sociétés modernes. Puisqu’elle est chargée d’une mission, uploads/Geographie/ l-x27-evangelisation-par-les-medias.pdf

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