Télécolaboration L’histoire du parfum — information Le parfum a été conçu penda

Télécolaboration L’histoire du parfum — information Le parfum a été conçu pendant des siècles comme un produit rare et sacré. Au cours du temps, il s’est dégagé de ses liens avec le sang, qui lui conféraient ses pouvoirs extraordinaires, et est devenu un produit de consommation au sein de l’industrie du luxe. Nos sociétés très désodorisées qui font un grand usage de parfums et tendent à tout parfumer, y compris les réveille-matin, redécouvrent aujourd’hui les multiples facettes du parfum. Si le parfum, à travers les siècles, a conservé un véritable pouvoir de fascination, c’est parce que, dès l’origine, il a été conçu comme un produit extrêmement précieux et empreint d’un caractère sacré. Il suffit pour s’en convaincre d’évoquer la tradition des trois rois mages apportant des présents à l’enfant Jésus. Sur le même plan que l’or, figurent deux résines odorantes essentielles dans la parfumerie de l’époque : l’encens et la myrrhe, que l’on brûlait sur les autels. Leurs puissants effluves s’élevant vers les cieux établissaient une médiation verticale entre les hommes et les dieux. Ces résines aromatiques ont été les parfums originels. Leur nom vient d’ailleurs du latin per fumum, « qui s’élève à travers la fumée ». Aujourd’hui, avec plus de 1 400 lancements chaque année, le parfum ne peut certes prétendre à la rareté, ce qui a été le cas durant des siècles. Très onéreux, il a, durant très longtemps, été lié intimement au luxe et à une clientèle privilégiée. A priori, sa démocratisation et la pléthore actuelle de produits parfumés signalent davantage la banalisation que l’excellence. L’étrange pouvoir de fascination que conserve toujours ce produit n’est sans doute pas étranger à l’association dans la période moderne du parfum à la haute couture. Mais, à vrai dire, ce statut d’objet précieux est plurimillénaire. C’est dans les récits légendaires qui entourent l’origine des matières premières utilisées et l’histoire de leur conquête que l’aura du parfum prend racine. La recherche des substances aromatiques est restée longtemps, en effet, plus proche de la quête mythique de la Toison d’Or que d’une entreprise à caractère commercial. Plusieurs événements en témoignent. L’expédition, envoyée au Pays de Pount ou « Terre du Dieu », vers 1500 avant Jésus- Christ, par la reine Hatshepsout, l’une des rares femmes à avoir exercé les pouvoirs d’un pharaon, est l’un des faits majeurs de son règne. Les cinq navires qu’elle envoie ont une mission précise : revenir chargés de l’encens et la myrrhe qui font défaut à l’Égypte. À en croire les bas-reliefs du temple de Deir-el-Bahari, ce fut un plein succès. On y voit la reine coiffée de deux plumes d’autruche plonger avec volupté ses bras dans d’immenses tas de résine odorante. Et le commentaire indique que « sa peau brille comme les étoiles ». Vingt-cinq ans avant Jésus Christ, c’est l’empereur Auguste, avide des résines précieuses qui font la réputation de « l’Arabie heureuse », qui confie au préfet Aelius Gallus la mission de la conquérir. Une flotte de 210 navires traverse la mer Rouge, aborde la côte de la péninsule arabique et débarque plus de 10 000 hommes qui, sous un soleil de plomb, se mettent en marche vers le sud. Après un an de campagne et quelques victoires, l’armée romaine, décimée par la soif et la dysenterie, est contrainte à une piteuse retraite. En 1519, sous le commandement du navigateur portugais Ferdinand de Magellan, cinq navires se lancent encore dans un aventureux périple. L’Asie, riche en épices, résines et bois odorants de toutes sortes, est leur but. Lorsque, après trois ans et quatorze jours, la flotte regagne l’Espagne, quatre navires ont disparu ainsi que Magellan, tué dans un combat avec une peuplade des Philippines. Mais une nouvelle route des épices a été ouverte. Anobli par Charles Quint, le lieutenant vainqueur de ce premier voyage de circumnavigation autour du globe, Sébastien del Cano, arborera sur son blason bâtons de cannelle, muscades et clous de girofle. Ces grandes aventures, support de rêve et reflet de l’environnement social, scientifique, technique dans lequel elles se déroulent, ont laissé des traces dans l’inconscient collectif. Elles participent au caractère sacré, magique, onirique du parfum. Ainsi, loin d’être, comme le prétendait le grand naturaliste latin Pline l’Ancien, « le luxe le plus inutile de tous » (Pline l’Ancien, XIII, 17) peut-il apparaître à la fois comme un objet culturel et comme un langage révélateur des valeurs, des problèmes, des évolutions de la société qui le produit. Au commencement était l’Egypte L’Égypte antique fait une place considérable aux senteurs, aussi bien dans les cultes que dans la pratique essentielle de l’embaumement ou encore dans la vie quotidienne. Les Égyptiens sont considérés comme les maîtres incontestés de la parfumerie. Leur savoir-faire est l’expression d’une civilisation qui développe une véritable culture du parfum. Usages sacrés Les onguents jouent un rôle capital dans les rites qui s’accomplissent quotidiennement dans les temples. Ils servent à revivifier les dieux après le cycle de la nuit. Pour ce faire, chaque matin, le pharaon, considéré comme le fils des dieux et l’intermédiaire entre eux et les hommes, pénètre dans la partie la plus secrète du temple, ouvre la porte du tabernacle et en retire la statue du dieu. Il frotte ses membres d’onguents odorants. Au même moment, dans tous les temples d’Égypte, les prêtres répètent les mêmes gestes en son nom. Le pouvoir dont ces préparations sont créditées procède de la croyance en l’origine divine des parfums. Pour les Égyptiens de l’époque pharaonique, les parfums sont la « sueur », la « transpiration » de leurs dieux. Ainsi la statue est-elle enduite avec « la propre odeur du dieu, la sueur qui est sortie de sa chair » (Erman, 1922, p. 122-123). Et c’est, par exemple, l’onguent Hekenou, un mélange très complexe de sucs, d’aromates pilés et mouillés de vin, chauffés ensuite à plusieurs reprises avec de l’encens et du styrax, qui servira à cet usage. Le pharaon et les prêtres procèdent aussi à des fumigations parfumées pour honorer les divinités. Ils utilisent à cette fin des cassolettes ou un encensoir particulier : « le bras à encens » ou « bras d’Horus ». Le parfum sert aussi à diviniser les morts, normalement voués à la putréfaction, pour leur permettre d’avoir accès à la vie éternelle. Dans le procédé le plus coûteux, les embaumeurs, entre autres opérations, remplissent la cavité abdominale de myrrhe et de cannelle, et la recousent. Le corps reste ensuite soixante-dix jours dans le sel avant d’être lavé et enveloppé de bandelettes de lin parfumées. Pendant que les officiants font des onctions d’huiles et d’onguents parfumés, les prêtres s’adressent au défunt en lui disant : « Que la sueur des dieux pénètre jusqu’à toi... Reçois le parfum de fête qui embellira ton corps et te protégera ! Que le parfum étant venu jusqu’à toi, tu sois heureux éternellement » (Goyon, p. 47 et sv). Un dernier rituel, celui de « l’ouverture de la bouche », va redonner au corps momifié le « souffle de vie » : « Je complète ton visage avec le parfum provenant de l’Œil d’Horus... Il rattache tes os, il rassemble tes membres, il réunit tes chairs et dissipe tes maux ! Quand il t’enveloppe, son agréable odeur est sur toi...Tu enchantes par ton odeur le cœur des dieux ». Le défunt, déifié par les substances aromatiques, devenu un « Parfumé » c’est-à-dire un dieu, peut désormais reposer en paix dans son sarcophage. Usages profanes Flacons, pots à onguents, étuis à kohol, miroirs, etc., trouvés dans les tombeaux, témoignent de l’im- portance que l’Égypte des Pharaohs accordait à la toilette et à la parure. La propreté est pour les Égyptiens le symbole de la pureté morale, et ils font un grand usage de parfums et de cosmétiques. Le papyrus Edwin Smith, datant du début de la XVIIIe dynastie, vers 1500 av. J.-C., offre une composition « pour transformer un vieillard en jeune homme ». Pour séduire Jules César, Cléopâtre, dernière reine d’Égypte, disposait entre autres du parfum de Mendès (huile de ben, cannelle, myrrhe, résine), du Métopion (huile d’amande amère, verjus de raisin, jonc odorant, galbanum, graines de baumier) de l’Aegyptium, réputé pour sa puissance et sa ténacité. Ces compositions raffinées sont réservées à l’élite. Les riches Égyptiennes n’hésitent pas à imprégner d’huiles aromatiques leur tunique au cours des fêtes et des banquets ; les perruques de cérémonie sont surmontées d’un petit cône de graisse parfumée qui fond doucement en entourant la tête de chaque convive d’un halo de senteurs. Les sages recommandent d’ailleurs aux maris d’offrir des parfums à leur femme, car ce sont, disent-ils, les meilleurs soins pour leur corps. Quant au peuple, il doit se contenter d’huile de ricin mélangée à de la menthe ou à de l’origan. Qualifié de « parfum deux fois bon », le fameux kyphi est employé à des usages multiples aussi bien sacrés que profanes. Il contient au moins dix ingrédients : baies de genièvre, raisins secs, souchet, résine de térébinthe, roseau odorant, jonc odorant, fleurs de genêt, vin, miel, myrrhe. S’y ajoutent parfois uploads/Geographie/ l-x27-histoire-du-parfum-information-et-sources.pdf

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