Université de Strasbourg Faculté des Arts Département Arts du spectacle, option
Université de Strasbourg Faculté des Arts Département Arts du spectacle, option Arts de la scène BALTAG Olga LA FORMATION DES ACTEURS AMERICAINS Une évolution des idées stanislavskiennes de Lee Strasberg à David Mamet. Mémoire de Master 2 Recherche Rédigé sous la direction de Monsieur Patrick Tenoudji Membres du jury de soutenance : Geneviève JOLLY, Maître de Conférences en Arts du Spectacle Patrick TENOUDJI, Maitre de Conférences en Sociologie Session septembre 2015 2 La formation des acteurs américains – une évolution des idées stanislavskiennes de Lee Strasberg à David Mamet 3 Ce travail est dédié à Teona Goreci qui m’a accompagné, soutenu, lis, relis et corrigé durant mes recherches. Sans elle, je n’y serais pas arrivée jusqu’au bout. 4 Remerciements. Je tiens à remercier mon directeur de mémoire, M. Tenoudji, qui a eu la patience de m’accompagner durant mes études et mes recherches. Mes inquiétudes et mes craintes disparaissaient chaque fois que j’entrais dans son bureau. Je remercie également Natacha Dmytryszyn, Camille Chapuis, Alice Negrut et Teona Goreci pour leurs précieux retours vis-à-vis de mon travail. 5 Sommaire. Introduction. I. L’Amérique et la Russie entre le 19e et le 20e siècle. 1.1 L’état de l’art américain : crises, préoccupations et influences. 1.2 Les conjonctures politiques, sociales et artistiques aux croisements du 19e et du 20e siècle en Russie. De la naissance du Système jusqu’à l’arrivée du Théâtre d’Art de Moscou à New York. 1.3 Le choc et le mélange des cultures. II. Vers une véritable école de formation des acteurs américains. 2.1 Du Washington Square Players au Group Theatre – les compagnies qui ont changé le visage du théâtre américain. 2.2 Le création d’Actors Studio et son rôle dans l’histoire du théâtre américain. 2.3 De Lee Strasberg à David Mamet – dans la recherche d’une école de formation des acteurs typiquement américaine. Conclusion. 6 INTRODUCTION. Lors d’une simple recherche sur internet quant aux méthodes de formation des acteurs et d’enseignement de ce métier, on se voit vite perdus dans la multitude d’offres : des centaines de livres édités tous les ans depuis le début du vingtième siècle jusqu’à nos jours nous sont proposés, des milliers de cours donnés par des écoles professionnelles sont disponibles, quelques-unes étant même accessibles en ligne. Mais comment choisir sa propre méthode parmi tous ces choix ? Motivés par une découverte des techniques américaines qui nous séduisent derrière l’écran depuis des décennies, nous nous sommes interrogés sur la façon dont le peuple d’outre océan présente des enseignements adaptés à chaque praticien. Beaucoup sont ceux qui proposent des cours selon le Système de Stanislavski, même si les disciples du grand maître ne sont plus en vie. Comment alors cette transmission de savoir-faire a-t- elle eu lieu aux Etats-Unis ? Pourquoi y a-t-il autant d’interprétations alors qu’il n’y a qu’une seule méthode ? Nous avons tenté de chercher la réponse à cette question dans les écrits sur le métissage des cultures russe et américaine mais nous sommes tombés sous le piège de l’histoire tumultueuse de ces deux pays. L’Amérique a cherché à assimiler les expériences des autres peuples pour les adapter à sa façon, l’individualisme et l’efficacité des méthodes d’enseignement étant un trait caractéristique indispensable à la réussite. Depuis ses origines, la particularité de la culture américaine a été le métissage des cultures coloniales. L’influence venue d’Europe a d’abord constitué son point de départ pour ensuite créer une particularité du peuple américain. De nos jours, personne n’oserait plus contester cet héritage anglo-saxon ou français ou espagnol (portugais) mais la question qu’on doit se poser c’est comment est-ce qu’ils sont arrivés à cerner les bonnes et les mauvaises ‘graines’ pour créer cette authenticité. On peut expliquer cela par l’idéologie américaine et la création de ce qu’ils appellent « building of a nation ». Les théoriciens et les historiens ont nommé cela le « melting pot »1 de la culture américaine. Ce mode particulier d’intégration de la multitude des 1 L. BOUVET, « L'identité américaine: de la nation universelle au "saladier" des différences », Controverses, N. 3, L'identité nationale face au postmodernisme, Paris, Éditions de l'Eclat, oct. 2006. 7 peuples qui alimentent le dynamisme de la société américaine est montré à travers l’histoire de la fondation de la république américaine comme une exception nationale. Au-delà du discours sur l’unité nationale, lors de la création de l’Etat américain il a fallu prendre en compte la dimension culturelle indispensable à l’idée de la nation. Dès lors s’est posée la question de savoir quelle culture pourrait convenir à cette nouvelle entité nationale. Les Pères Fondateurs se sont tournés, de façon évidente, vers la culture qui était la leur – une culture « blanche anglo-saxonne protestante »2 en y ajoutant l’idée fondamentale qui les distinguait des Européens de l’époque – l’égalité des conditions. Le mythe de l’« american dream » est né. Sur les terres d’un pays émergent et qui promet une égalité des chances, tout est possible. Cependant, l'histoire nous prouve que la société américaine moderne n'est plus intéressée par le « melting pot » de ses cultures. Un changement de mentalité dans la société et qui survient dans la période des Deux Guerre Mondiales, fait que le « creuset » américain ait tendance à devenir un « bol de salade », où les diversités culturelles, les particularités qui étaient auparavant adaptés à la culture du Nouveau Monde, ont commencé à garder leur unicité et ont pris, petit-à-petit, une partie importante dans cette multi-culturalité devenue un trait caractéristique de l’Etat fédéral américain. Ce changement devient de plus en plus ressenti à travers la culture américaine à la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, quand cette société voit une urgence dans le développement de son unicité. Des marques typiquement américaines sont dispersées partout dans le monde (Coca Cola, McDonalds), l’Amérique s’impose comme un pouvoir économique et politique, la musique jazz, soul, rock’n’roll devient de plus en plus populaires dans le monde, le théâtre sort des édifices dans les rues. Les particularités identitaires américaines commencent à se ressentir et à s’imposer dans le Bouvet fait aussi référence à l'origine de l'expression qu'il attribue à un écrivain anglais d'origine juive L’origine de l’expression correspond, selon Bouvet, au titre de la pièce de théâtre écrite par l’écrivain anglais d'origine juive russe Israel Zangwill. Jouée en 1908 à Washington pour la première fois et reprise avec succès dans tout le pays, l'histoire exalte le « chaudron américain » qui mêle les peuples de tous les horizons, au-delà des différences, sous la protection de la liberté. 2 BOUVET, opus cité, p. 63. 8 monde théâtral et cinématographique avec une migration plus intense des acteurs européens qui sont attirés vers les États-Unis par une perspective carriériste et une reconnaissance mondiale et des acteurs américains également attirés par la culture du vieux continent et notamment la scène londonienne ou parisienne. En ce qui concerne l’art théâtral, son histoire est relativement récente cependant les ramifications de son arbre généalogique sont très variés et la vitesse à laquelle celles-ci se sont développées est impressionnante. L’influence européenne dans l’analyse de ce processus est primordiale et dérive du fait que les Etats américains, tels qu’on les connaît aujourd’hui, ont leurs origines dans l’époque coloniale de l’Europe expansionniste3 (la Louisiane française, le Nord-Est anglais et puritain, les esclaves des pays africains dans le Sud-Ouest, etc.). Cela explique l’absence d’une tradition théâtrale millénaire, contrairement à l’Europe, mais aussi la soif du peuple américain pour le progrès et l’assimilation de tout ce qui est nouveau afin de trouver une identité nationale ou d’en créer une. Les débuts du théâtre en Amérique remontent au 17e siècle : l’histoire place la première pièce de théâtre jouée en Amérique du Nord en 1606 (dans la colonie Nouvelle-France, le territoire actuel du Québec). Il s'agit de la pièce Le Théâtre de Neptune écrite par Marc Lescarbot. Pour ce qui est de l'Amérique centrale, il a fallu attendre plus d'un siècle et demi pour que la première pièce écrite par un Américain et produite par des professionnels soit mise en scène et voie le jour le 24 avril 1767. Il s’agit de la tragédie du style néo-classique The Prince of Parthia de Thomas Godfrey4. La première comédie écrite par un natif américain et mise en scène par des professionnels est The Contrast de Royall Tyler, jouée en 1787. La majorité des auteurs qui écrivaient dans le Nouveau Monde étaient des Français ou des Anglais venus des Etats colonisateurs, ce qui explique le retardement de la production des œuvres autochtones. Pour ce qui concerne la production théâtrale, vu que les pièces qui arrivaient sur le sol américain étaient venues des colonies, le style de celles-ci était dominé par les 3 A.S. DOWNER, American Drama, New York, Thomas Y. Crowell Company,1960, p. 1. 4 T. GODFREY, The Prince of Parthia, préface historique, biographique et critique par Archibald Henderson, Boston, Little Brown and Company, 1917, p. 1 (archive web). 9 différentes formes de variétés, de la comédie des mœurs anglaise au drame sentimental allemand et aux tragédies romantiques françaises5. Il faut rappeler le fait que le peuple uploads/Geographie/ l-x27-influence-des-idees-stanislavskiennes-dans-la-formation-des-acteurs-americains-de-lee-strasberg-a-david-mamet.pdf
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- Publié le Aoû 15, 2021
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