La Fiancée d' Anzar Les mythes et légendes berbères ont toujours été une source
La Fiancée d' Anzar Les mythes et légendes berbères ont toujours été une source d’inspiration et de sagesse pour de nombreux auteurs de l’Antiquité ou contemporains; on y trouve même les ferments et les fondements de quelques mythes grecs et romains. Comme celui-ci, la Légende du dieu Anzar, où on ne peut s’empêcher de penser à la fameuse métamorphose du dieu gréco- romain Zeus/ Jupiter en aigle, pour contempler et ravir une belle humaine qui se baignait dans un lac. Les Imazighens ont une belle légende pour parler de la beauté de l’arc en ciel. Voici un conte que j’ai confectionné à partir de ce mythe merveilleux. j’espère que vous y prendrez plaisir à le découvrir. La Fiancée d’Anzar Il y a longtemps, très longtemps, à l’époque où la Terre rejoignait encore par endroits le ciel, les pluies vinrent à manquer cruellement, pendant une longue période, ce qui provoqua une terrible sécheresse dans l’immense pays de Tamazgha. Quand parfois il se mettait soudain à pleuvoir, c’était un tel fracas de tonnerres, suivi d’un déluge monstrueux qui s’abattait sur les montagnes et les plaines, détruisant les villages, inondant les champs et ravageant tout ce que les paysans avaient réussi à faire pousser pour leur subsistance. Après ces brusques inondations qui détruisaient des régions entières du pays, il arrivait fréquemment qu’une chaleur implacable, interminable vint à consumer ce que l’on avait pu préserver. Et le pays s’enfonçait dans la désolation, les Hommes, les animaux et les plantes dépérissaient et mourraient de chaleur ou de froid, de famines et de soif. Les plus anciens, quand ils se mettaient à en parler, se souvenaient avec beaucoup de nostalgie qu’il n’en fut pas toujours ainsi : lorsqu’ils étaient petits leurs parents leur disaient qu’il faisait continuellement un temps merveilleux, les saisons étaient ordonnées et clémentes ; en automne les nuages couvraient le ciel et il pleuvait abondamment, suffisamment pour remplir les ruisseaux et les rivières, pour arroser les plaines et les champs, puis l’hiver n’était jamais ni trop long ni trop rigoureux, il neigeait sur les sommets et les versants des montagnes jusqu’à ce que le printemps, comme par un miracle régulier, vint reverdir tout le pays et les arbres abondaient de fruits, les près de hautes herbes et de fleurs de toutes les couleurs, le soleil rayonnait chaleureusement dans un ciel limpide, inondant toutes les créatures de joie et de bonheur. L’été arrivait ensuite, avec son cortège de lumière et de saveurs, resplendissant et fécond, saison des moissons et de joyeuses célébrations ! Africa la déesse de la terre et de la fertilité était généreuse, et Anzar, le dieu des pluies et des saisons bienveillant et sage ! Mais que s’était - il donc passé pour qu’Anzar, le dieu de la pluie devint ombrageux et si capricieux ? On aurait dit qu’il n’en faisait qu’à sa tête, qu’il ne savait plus ce qu’il faisait... Certains avaient avancé l’idée qu’il était bien malade, sans doute trop vieux, peut - être même mort ? Serait - il devenu jaloux, puisque son peuple, les Imazighen, s’étaient détournés de lui et s’adonnaient à ces étranges divinités orientales, les Ishtar, les Baal, que les Phéniciens avaient ramené avec eux ? D’autres avaient prédit la fin des temps. Les plus critiques avaient commencé à accuser toute la communauté, prétendant que l’on était devenus ingrats, trop avides, gaspilleurs et insensés, car l’on faisait du tort à la nature, en déboisant et en allumant des feux pour fertiliser les champs, en détournant les cours des rivières, et que là- haut, dans le ciel, Anzar était bien mécontent de tout cela ! Personne ne pouvait savoir ce qui allait advenir des Hommes ni de la Terre, jusqu’au jour où un fameux « Agourram », un druide très réputé du Sud du Maroc, décida d’élucider le mystère. « Ca ne peut plus durer ainsi ! Déclara t -il un jour en assemblée plénière, devant ses confrères savants réunis en congrès exceptionnel, à Tetawine, tout là - bas, au nord du pays, où des sources sacrées servaient de lieu de réunion aux prêtres. « Le peuple souffre de la disette et le bétail dépérit ! Nos forêts disparaissent et le désert avance d’année en année, envahissant nos terres et nos villages ! Et nos fleuves sont devenus des fossés secs et caillouteux, sans le moindre poisson, sans le moindre vol de canards ni de hérons ! Si ça continue comme ça, tout disparaîtra dans dix ans ! » Mais ô Agourram très estimé, que veux - tu qu’on y fasse ? C’est la Nature, et on n’y peut rien ! On a multiplié les prières et les processions, on a aménagé les réservoirs, planté des arbres à la lisière du désert, élargi les cours des rivières, rien n’y fait ! On est si peu de choses face aux cataclysmes naturels ! » Oui, on n’y peut rien ! » Renchérit un autre druide. « Je préconise qu’on abandonne nos terres et qu’on nomadise, c’est la seule manière de survivre face à cette nature changeante ! Personne ne peut changer Anzar d’opinion, tu le sais bien, Agourram, il nous faut nous adapter à ses humeurs. » Eh, bien ! Moi j’irai lui parler, à ce dieu de la pluie, et je saurai de quoi il s’agit ! Il reste encore des « Routes du Ciel » ouvertes, n’est ce pas ? Avez - vous oublié que les Anciens en parlaient ? Les savants de Titlan- tite en avaient, dit - t - on, tracé des cartes précises et je connais un de nos confrères qui en possède une, authentique ! J’irais le voir dès demain ! » Certains druides présents dans l’assemblée eurent envie d’en rire, mais pour ne pas contrarier leur collègue ils estimèrent plus sage de ne pas le vexer, de ne rien dire. Comme la proposition semblait bizarre et inattendue, même pour des druides habitués aux mystères de l’univers, on hocha simplement de la tête, puis les délibérations se poursuivirent de manière plus rationnelle, pour prendre des décisions concrètes et immédiates, car la situation ne permettait plus de divagations ni d’hypothèses improbables à vérifier. On laissa donc le druide vaticiner, puisque c’était son rôle et que ces druides du Sud sont réputés, n’est - ce - pas, d’être extravagants et on prit des mesures draconiennes : constructions de greniers collectifs, retour au nomadisme et aux transhumances, adaptation au milieu ou exil, s’il le fallait, etc. Mais l’Agourram était têtu et réfractaire à toute forme d’adaptation forcée par les circonstances et le soir même il ne participa pas au banquet de clôture du congrès, non par dépit mais parce qu’il avait pris une décision ferme : tenter l’impossible pour changer la destinée de sa patrie ; il prépara donc ses affaires pour partir en voyage, de la nourriture pour la route et des vêtements chauds, des couvertures, car là où il allait il faisait très froid. Son mulet harnaché et chargé, il partit très tôt le lendemain matin, alors qu’il faisait encore nuit et que la lune éclairait de toute sa splendeur laiteuse le ciel étoilé. Il se dirigea résolument vers le Sud, vers les plus hautes montagnes de toute Tamazgha, là où les sommets se perdent continuellement dans les nuages des hautes sphères. Bien avant d’y arriver, il s’arrêta à la ville d’Amerrukash où il se reposa chez Anejjam, l’un de ses confrères. Ils s’échangèrent des politesses, puis des nouvelles, des recettes de potions et de médicaments, puis parlèrent tout naturellement du Congrès des Druides et de la situation du pays. Et donc tu espères, malgré la désapprobation des sommités intellectuelles et spirituelles du pays entreprendre un voyage pour rencontrer Anzar le dieu de la pluie et lui parler ? Mais pourquoi devrait - il changer d’avis ? Les habitants de ce pays méritent ce qui leur arrive, car ils ont perdu tout contact avec le Ciel et ont oublié les traditions et les secrets des Ancêtres. Oui, Anejjam, tu as raison ; les savoirs des origines se perdent peu à peu et on respecte de moins en moins la Nature, je te le concède. Mais est - ce une raison de ne plus espérer un avenir meilleur, de ne plus essayer de sauver la vie ? Tu sais mon avis là - dessus, mon ami. La Nature est le maître suprême on doit obéir à ses lois et nous conformer à sa volonté. On ne peut rien changer ni à son rythme, ni à ses imperfections et on ne peut que se soumettre à ses caprices. Elle a créé toutes choses comme elle veut et elle sait mieux que nous ce qui est bon ou non pour la vie. Prétendre se mêler de ses affaires c’est une folle prétention, un orgueil démesuré et ne peut qu’engendrer la destruction de l’harmonie du monde. Anejjam, mon ami, reprit Agourram d’un ton calme et résigné. C’est vrai que nous sommes les enfants de la Nature, au même titre que les plantes, les animaux et toute uploads/Geographie/ la-fiancee-d-x27-anzar-tislit-u-anzar-abdelilah-alilou.pdf
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- Publié le Oct 08, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
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