La Grande Triade René Guénon René Guénon La Grande Triade Editions Gallimard (c

La Grande Triade René Guénon René Guénon La Grande Triade Editions Gallimard (coll. NRF) Les nombres n'ont pas, comme l'affirme la mentalité moderne, un sens purement quantitatif. Cette approche relève du nivellement par le bas qu'opère ce type de conceptions. En réalité, les nombres ont une signification qualitative et symbolisent, comme toute chose, des réalités d'ordre supérieur. Le nombre trois ne déroge évidemment pas à cette loi. Dans l'ouvrage présenté ici, René Guénon expose plusieurs genres de ternaires, c'est-à-dire de rapports de trois termes entre eux. Comme le titre l'indique, la Grande Triade extrême orientale (Terre - Ciel - Homme) concentre en elle le propos du livre. Notons d'emblée que les trois éléments de cette triade ne doivent pas être confondus avec la terre, le ciel et l'homme que nous connaissons ordinairement. Ces derniers ne sont que les représentations dans notre monde des trois termes de la Grande Triade. L'auteur commence par insister sur le fait que les différents ternaires traditionnels ne recouvrent pas nécessairement la même signification. Ainsi, on ne peut établir d'identité entre la Trinité chrétienne, la Trimûrti hindoue (Brahmâ, Vishnou et Shiva) ou la Grande Triade chinoise. Les assimiler revient à raisonner en termes purement quantitatifs (3 = 3, donc tout ce qui se regroupe par trois serait semblable), et donc à passer à côté de l'essentiel. Se refusant à un tel type d'approche, René Guénon présente les divers types de rapports que peuvent entretenir les termes d'un ternaire. Trois fondamentaux se rencontrent dans la Tradition : 1. un principe se polarisant en deux complémentaires (comme c'est le cas pour l'Unité (Tai-ki) dont dérivent le principe masculin, le Ciel, et le principe féminin, la Terre), 2. un ternaire composé de ces deux complémentaires et de la résultante de leur union (comme c'est le cas pour le Ciel, la Terre et l'Homme, fils de la Terre et du Ciel), 3. un ternaire "linéaire" où un terme engendre le second qui engendre le troisième (comme c'est le cas pour les "trois mondes" : la manifestation informelle, la manifestation subtile et la manifestation corporelle). Le ternaire incluant la Terre, le Ciel et l'Homme place ce dernier en position de médiateur entre les deux premiers. René Guénon expose l'essentiel de la doctrine traditionnelle sur les sens exacts qu'il convient de retenir pour les trois termes de cette triade. Il développe dans son ouvrage les principes de yin et de yang, c'est-à-dire de "substance" (en rapport avec la Terre) et "d'essence" (en rapport avec le Ciel), si souvent mal compris. Il souligne leur importance fondamentale dans toutes les sciences traditionnelles, lesquelles visent à une application des principes immuables et transcendants. Notons à ce sujet que l'interprétation astrologique ne peut se dispenser de la compréhension des relations entre le yin et le yang, qui décrivent par exemple l'interaction entre les maisons (yin) et les signes (yang). De même, nous ne saurions trop recommander la lecture attentive du chapitre XIII de l'ouvrage, qui décrit les rapports entre un être et le milieu qui l'environne. La compréhension de ces relations est capitale pour l'étude des sciences prenant comme objet l'être humain. Ainsi, les données délivrées dans La Grande Triade sont d'une très grande valeur pour l'étude de l'astrologie. On ne saurait cependant restreindre la portée du livre de René Guénon à cette science, cet auteur envisageant avant tout les principes, au-delà de leurs applications dernières. Comme nous l'indiquions en début de notice, la triade Ciel, Terre, Homme n'est pas le seul genre de ternaire traditionnel. René Guénon se livre à l'étude d'autres types de ternaires et les compare avec la Grande Triade extrême orientale, sujet central du livre. Sont abordés les trois mondes (le Tribhuvana hindou), le ternaire "Spiritus", "Anima", "Corpus" (se retrouvant dans la Tradition chrétienne telle qu'exposée au Moyen-Age), le ternaire Soufre, Mercure, Sel des alchimistes, le ternaire "Deus", "Homo", "Natura" (employé par la chrétienté), le ternaire "Providence", "Volonté", "Destin" (figurant dans la doctrine délivrée par Pythagore, par exemple), le triple temps (passé, présent, avenir), le "Triratna" bouddhique (Bouddha, Dharma, Sangha). Le propos de La Grande Triade ne se borne pas à présenter des notions d'ordre cosmologique, mais tend à les coordonner afin de montrer ce en quoi peut consister la réalisation spirituelle. A l'ensemble président l'Unité et le retour à elle. Si tous les êtres ne cessent jamais d'être contenus dans l'Unité, en revanche ils perdent de vue ce rattachement. Leur connaissance s'est obscurcie, d'où par exemples la souffrance et les erreurs sur la prétendue autonomie de l'individu. Avant-propos Le ternaire Ciel-Terre-Homme = tien-ti-jen (chinois). B. Favre, Les sociétés secrètes en Chine. La Triade – Société du Ciel et de la Terre. Jen (chinois) signifie à la fois „homme” et „humanité” (donc implique aussi une idée de solidarité). La Triade est connue aussi sous les noms de San-ho (Trois fleuves) et San-tien (Trois points). Wou-wei – le principe du non-agir. En Extrême-Orient, tout ce qui est ésotérique ou initiatique relève nécessairement du Taoïsme. Tchenn-jen (chinois) = homme véritable. Cheun-jen (chinois) = homme transcendent. Pe-lien (chinois) = Lotus blanc. Les deux parties ésotérique et exotérique de la tradition extrême-orientale se sont divisées en deux branches profondément distinctes: le Taoïsme et le Confucianisme. L’école bouddhique Tchan a été profondément influencée par le taoïsme. Tchan est la forme chinoise du mot sanscrit Dhyâna (contemplation) et du mot japonai Zen. Les partisans de la théorie des „emprunts”, suite au constant de certains similitudes entre la Triade et la Maçonnerie, ont avancé l’hypothèse de l’origine historique commune des deux organisations initiatiques. En fait, il ne s’agit que d’une identité de principes. Chapitre premier. Ternaire et trinité La Triade taoïste n’a rien en commun avec la trinité chrétienne. Les comparer d’une manière ou d’une autre n’est qu’une assimilation abusive. Une autre assimilation est faite à tort avec la Trimûrti hindoue. „En réalité, dans les deux cas, il s’agit bien évidemment d’un ensemble de trois aspects divins, mais là se borne toute la ressemblance […].” (p. 18) „C’est avant tout faute de faire les distinctions essentielles entre différents types de ternaires qu’on en arrive à toute sorte de rapprochements fantaisistes et sans la moindre portée réelle, comme ceux auxquels se complaisent notamment les occultistes […].” (p. 19) L’idée du rapprochement entre les dix principes de la tradition hindoue et les dix Sephiroth de la Kabbale hébraïque a été formulé pour la première fois par Malfatti de Montereggio dans son livre Mathèse. „[…] la Triade extrême-orientale appartient au genre de ternaire qui sont formés de deux termes complémentaires et d’un troisième terme qui est le produit de l’union de ces deux premiers, ou, si l’on veut, de leur action et réaction réciproque […]” (p. 20) La trinité égyptienne Osiris, Isis et Horus ne peut pas être réduite à triade chinoise non plus. Certaines sectes chrétiennes prémodernes ont voulu faire du Saint-Esprit une entité féminine. C’est une erreur, parce que l’opération du Saint-Esprit dans la génération du Christ correspond à l’activité de Purusha, ou du Ciel, selon le langage de la tradition extrême-orientale, pendant que la Vierge est une parfaite image de Prakriti. Christ est identique à l’Homme Universel. Chapitre II. Différents genres de ternaires Le premier type de ternaire est celui qui comprend un principe premier, dont dérivent deux termes opposés, ou plutôt complémentaires (Purusha et Prakriti dans la tradition hindoue; le Ciel (Tien) et la Terre (Ti) dans la tradition extrême-orientale – mais sans perdre de vue le principe supérieur dont ils sont dérivés). Le deuxième type est celui où le ternaire est formé par deux termes complémentaires et par leur produit ou leur résultante. C’est à ce genre qu’appartient la Triade extrême-orientale. Le principe qui unit Tien et Ti s’appelle Grand Extrême (Tai-ki). Il suppose Wou-ki, le Non-Etre ou le Zéro métaphysique. Il s’appelle ausi Tai-i (Grande Unité). A la fin, le ternaires chinois sont: ê (premier type) Tai-ki, Tien et Ti; ê (deuxième type) Tien, Ti et Jen. Le Ciel se représente par un cercle. La Terre – par un carré. L’Homme Universel se symbolise par une croix. Le Ciel et la Terre sont deux désignations pour l’Essence et la Substance universelle. L’Homme Universel est le pont qui les unit. Chapitre III. Ciel et Terre „Le Ciel couvre, la Terre supporte” – formule traditionnelle chinoise. Le nombre de dix mille est pris dans le Taoïsme pour signifier tout l’ensemble de la manifestation universelle. Au sujet du Ciel qui „couvre”, il existe un symbolisme identique inclus dans le mot grec Ouranos, équivalent du sanscrit Varuna, de la racine var (couvrir), et aussi dans le latin Caelum, dérivé de caelare (cacher ou couvrir). Le Ciel s’assimile à la perfection active (Khien) et la Terre s’assimile à la perfection passive (Khouen). Mais aucun n’atteint la perfection au sens absolu. Le Ciel et la Terre sont respectivement principe masculin et principe féminin. Dans un complémentarisme comme celui-ci, le terme actif est envisagé comme une ligne verticale et le terme passif comme une ligne horizontale. Au même symbolisme correspondent les deux lettres alif et ba de l’alphabet arabe. La marche descendente du uploads/Geographie/ la-grande-triade-rene-guenon.pdf

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