La Route de la Soie CONTE 1 : Très, très ancienne, la route de la soie a été no

La Route de la Soie CONTE 1 : Très, très ancienne, la route de la soie a été nommée ainsi au XIXe siècle par le géographe allemand Ferdinand von Richthofen. De l’Antiquité { la fin du Moyen Âge occidental, elle a permis que se tisse un puissant lien commercial entre l’Extrême-Orient et l’Europe. À vrai dire, ce n’est pas d’une route dont il faut parler, mais de plusieurs qui, cependant, passaient pour la plupart par l’Asie centrale. Si l’appellation « route de la soie » a été bien admise, c’est parce qu’effectivement, la précieuse étoffe dont seuls les Chinois connaissaient alors le secret de fabrication était le produit le plus prestigieux que transportaient les caravanes qui l’empruntaient. D’autres denrées prenaient ce chemin : épices, bijoux, ambre, verre… ainsi que des idées. L'histoire de «La Route de la Soie est fascinante, pleine de conquêtes militaires, d’ explorateurs intrépides, de pèlerins religieux et de grands penseurs, ainsi que d’ humbles artisans qui ont risqué leur vie alors qu’ils menaient leurs caravanes chargées à travers les déserts dangereux, les montagnes froides et les steppes hostiles. Des personnages historiques comme Alexandre le Grand, Marco Polo, Genghis Khan et Tamerlan étaient tous familiers avec la Route de la Soie qui ,d’après les érudits, était devenue un véritable lien intercontinental { partir de l’an 100 avant J.C. Elle a duré jusqu'au 15ème siècle quand de nouvelles voies dont la célèbre Route maritime vers cette mystérieuse Asie furent découvertes. Tissée et envoyé vers l'occident, la soie est rapidement devenue à Rome le textile le plus convoité dont le prix atteignait des hauteurs fabuleuses. Certains historiens prétendent même que les sommes exorbitantes gaspillées outrageusement par les Romains sur cette étoffe ont contribué à la chute de leur empire, tandis que leurs rivaux de l'Est se sont enrichis par le commerce de la soie. Tout autour de la Méditerranée, les prêtres et les potentats, dont Cléopâtre, se sont vêtus de soie. Ils avaient un goût particulier pour la soie de couleur pourpre que l’on obtenait grâce aux coquilles des mollusques. L’un des principaux points de départ de la route de la soie était Chang'an, l’actuelle X’ian, alors capitale de la Chine. Mais pour nous cela sera le point d’arrivée car nous allons partir du bassin Méditerranéen et emprunter cette route de plus de 10 000 km de long comme le faisaient jadis les marchands et commerçants européens. Découvrons tout d’abord, l’Italie « Il paese dove il si suona » : Rome, Venise, Gênes et son célèbre port ; puis la Grèce avec sa capitale fantastique Athènes. CONTE 2 : Des dizaines de pages ne suffiraient pas à énumérer toutes les marchandises qui s’échangeaient par cette route. La Chine exportait, en tout premier lieu, de la soie, d'une qualité telle et en telle quantité qu'elle n'avait pas de rivale au monde. Cette soie fut rapidement très demandée partout de la Chine à la Perse et jusque dans l'Empire romain – Virgile la mentionne déjà – non seulement en tant que superbe tissu de luxe mais aussi en tant que valeur sûre, comme une bonne monnaie, échangeable partout, stockée, présent apprécié, valeur-marchandise et valeur-refuge. Avec la soie la Chine obtenait tout ce qu'elle voulait : entre autres, de ses voisins nomades, des chevaux, clef de la puissance militaire d'un royaume ; à partir du IXe siècle, les chevaux furent échangés contre du thé. Matières précieuses abondent dans les textes historiques et dans les légendes. Rubis et saphirs de Ceylan, diamants de l'Inde, lapis-lazuli du Badakhshan, jade de Khotan, perles de Ceylan, corail de la Méditerranée, ambre jaune, ivoire, et combien d'autres… Voyagèrent aussi, d'ouest en est ou inversement, tissus de coton, de chanvre et de lin, fourrures, fer chinois réputé ; or, argent et cuivre, sous forme d'objets ou de monnaies ; belles verreries de couleur de Syrie et d'Alexandrie, matières industrielles – amiante, cinabre, borates, alun ; produits de teinture ; épices d'Asie – cannelle, poivre et autres ; substances aromatiques, médicinales et à usage religieux – encens, myrrhe, aloès, bdellium, costus, styrax, nard, santal ; ambre gris, musc, onycha ; médicaments comme la rhubarbe, le zedoar, la bile d'ours, la corne de cerf et de rhinocéros, l'os de tigre, le camphre, et la célèbre thériaque des médecins grecs. Des plantes et arbres utiles furent introduits et acclimatés fort loin de leur terroir : luzerne, vigne, sésame, noyer, pêcher, poirier, abricotier, dès les premiers siècles de l'ère chrétienne. Ainsi les inventions majeures chinoises comme la poudre à canon ou le papier s’échangeaient souvent contre jongleurs et acrobates syriens que les Chinois convoitaient particulièrement. De même des produits cosmétiques, l’argent, l’or, l’ivoire, l’ambre, les tapis et les parfums étaient envoyés { l’Est par l’Europe, l’Asie centrale, l’Arabie et l’Afrique. La classe sociale des marchands, dans les civilisations chinoise, hindoue, chrétienne, ne jouit pas d'une grande considération. On leur doit beaucoup cependant : ils ont fait circuler non seulement des productions utiles, mais encore, polyglottes et observateurs, ont rapporté chez eux des connaissances géographiques et politiques, des souvenirs, des légendes. Grecs, Syriens, Sogdiens, Persans, Italiens, Juifs allant et venant d'un pays à l'autre ou installés en communautés dans une ville étrangère, y ont apporté leurs usages, leurs croyances. Ils ont parfois assuré des missions diplomatiques, prêté de l'argent à des princes. Certains ont écrit des mémoires dont se servent encore les historiens : l'auteur anonyme du Périple de la mer Erythrée, le Grec Cosmas Indikopleustes, le marchand arabe Sulayman, Marco Polo. Mais reprenons sans plus tarder notre voyage car nous allons bientôt atteindre les côtes arabesques du Proche Orient et de la Palestine. Savourez néanmoins tout d’abord le charme et l’euphorie de la ville célèbre de Venise que Marco Polo quitta { l’âge de 15 ans pour emprunter cette route de la soie et ne revenir en Europe qu’un quart de siècle plus tard. CONTE 3 : Au milieu du Ier siècle avant notre ère, les Romains avaient pris le contrôle des pays riverains et des ports de la Méditerranée orientale. Ils voisinèrent dès lors, en guerres récurrentes, avec leur rivale et ennemie, la Perse. Désireuse de conserver le monopole du transit commercial que lui donnait sa situation géographique, la Perse s'efforça toujours d'empêcher des rapports directs entre ses partenaires orientaux, Asie centrale et Chine, et ses partenaires occidentaux, les pays méditerranéens. Cependant ces derniers entretenaient des relations maritimes assez actives avec les ports de la mer Rouge, de la côte ouest de l'Inde et de Ceylan, et ces itinéraires permettaient aux marchandises de contourner l'obstacle perse en rejoignant par d'autres voies les marchés centre-asiatiques et chinois. L'Empire romain en pleine prospérité puis l'Empire byzantin furent demandeurs de soie chinoise ; presque sans relations directes, les deux extrémités du monde étaient néanmoins curieuses l'une de l'autre. L'itinéraire des caravanes marchandes, avec leurs centaines ou milliers d'animaux de selle ou de bât – chevaux, ânes, mulets, chameaux, yaks – était déterminé par la géographie : les cols, les gués, les points d'eau, la pâture, et par les villes et bazars où l'on pouvait se ravitailler, remplacer les animaux morts ou épuisés, faire des opérations commerciales. Au rythme de vingt-cinq à trente kilomètres par jour, sans compter les arrêts, une charge de marchandises partie de Chine pouvait mettre un an et plus à atteindre la Perse. Plus encore que les hautes montagnes, Tianshan, Pamirs, Kunlun, Karakoram, les voyageurs redoutaient la traversée des interminables déserts qui s'étendent de Dunhuang au Lobnor et au Taklamakan, jalonnés de squelettes d'animaux et sur lesquels circulèrent jusqu'au XVIIe siècle des histoires effrayantes de démons qui égarent les voyageurs. Mais les pires dangers affrontés par les marchands étaient le fait des hommes : la guerre ou les brigands obligeaient la circulation commerciale à s'interrompre ou à se détourner sur d'autres itinéraires. Les voies maritimes ont complété ou remplacé les routes terrestres momentanément coupées et, plus tard, les ont supplantées. À l'époque romaine, les ports indiens de Barbaricum et de Barygaza, qui recevaient des marchandises des pays méditerranéens, de l'Afrique et de l'Arabie par la mer Rouge et le golfe Persique, et de partout par le carrefour de routes maritimes qu'était l'île de Ceylan, étaient en relations suivies, par voie de terre, avec l'Asie centrale. Alors qu’ils empruntaient la route de la soie, les marchands et voyageurs emmenaient avec eux leurs culture, arts, philosophies et croyances. Le bouddhisme est arrive en Chine par la Route de la soie, de même l’islam, le christianisme et le zoroastrisme et le confucianisme sont tous issus d’un prosélytisme itinérant. Biens et idées étaient échangés dans les villes aux noms exotiques comme Antioche, Babylone, Erzeroum, Hamadn, Boukhara, Samarkand, "le plus beau visage que la terre ait jamais tourné vers le soleil", si l’on en croit le poète persan Omar Khayyam, Kashgar et Xian, ainsi que dans des dizaines d'autres dont les noms sont aujourd'hui perdus dans le temps. Mais je crois que le temps est venu de reprendre notre itinéraire car nous allons maintenant traverser les dangereuses montagnes du Caucase et nous laisser emporter par la uploads/Geographie/ la-route-de-la-soie.pdf

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