Mardi 16 juin 2015 ­ 71e année ­ No 21900 ­ 2,20 € ­ France métropolitaine ­ ww

Mardi 16 juin 2015 ­ 71e année ­ No 21900 ­ 2,20 € ­ France métropolitaine ­ www.lemonde.fr ― Fondateur : Hubert Beuve­Méry Algérie 180 DA, Allemagne 2,50 €, Andorre 2,40 €, Autriche 2,80 €, Belgique 2,20 €, Cameroun 1 900 F CFA, Canada 4,50 $, Côte d'Ivoire 1 900 F CFA, Danemark 30 KRD, Espagne 2,50 €, Finlande 4 €, Gabon 1 900 F CFA, Grande-Bretagne 1,90 £, Grèce 2,50 €, Guadeloupe-Martinique 2,40 €, Guyane 2,80 €, Hongrie 950 HUF, Irlande 2,50 €, Italie 2,50 €, Liban 6 500 LBP, Luxembourg 2,20 €, Malte 2,50 €, Maroc 13 DH, Pays-Bas 2,50 €, Portugal cont. 2,50 €, La Réunion 2,40 €, Sénégal 1 900 F CFA, Slovénie 2,50 €, Saint-Martin 2,80 €, Suisse 3,50 CHF, TOM Avion 450 XPF, Tunisie 2,50 DT, Turquie 9 TL, Afrique CFA autres 1 900 F CFA L a frontière italienne renoue avec les campe­ ments. « Comme du temps des “printemps arabes” ! », fait remarquer Teresa Maffeis. Di­ manche 14 juin, la militante niçoise des droits de l’homme a pris le train, direction Vintimille, pour aider les Africains bloqués sur place et empêchés d’entrer en France par la police de l’air et des frontiè­ res (PAF). En gare de Nice, d’où elle est partie, sa pre­ mière image a été celle d’un groupe de vingt­cinq migrants « attendant d’être réexpédiés vers l’Italie. La montée dans le train pour Paris leur a été inter- dite. Le lot commun depuis jeudi », se désole­t­elle. A Vintimille, la situation lui a paru difficile, avec « trois cents personnes autour et dans la gare, sans rien. Les femmes et les enfants dorment à l’intérieur sur des morceaux de carton. Les hommes dehors ». Plus près de la frontière, un groupe de jeunes hom­ mes campe sur les rochers. Eux ont refusé d’obtem­ pérer face à la police italienne, qui les a tous repous­ sés violemment, samedi soir, vers Vintimille, pour les éloigner de la France. → LIRE LA SUITE PAGE 12 Dix mois après son arrivée à la tête de la Comédie­Française, Eric Ruf, comédien devenu ad­ ministrateur général, présente la première saison qu’il aura programmée. Il a confié la mise en scène de Père, de Strindberg, au cinéaste Arnaud Desplechin et consacré un spectacle, Comme une pierre qui…, à Bob Dylan. Si les textes présentés sont majoritairement ceux des maîtres, Eric Ruf a fait appel à une nouvelle génération de metteurs en scène. p → LIRE PAGE 18 EUROPE MIGRANTS : LA CRISE EUROPÉENNE GAGNE LA FRANCE par maryline baumard et jean-pierre stroobants A la Comédie- Française, Eric Ruf invite Dylan et Desplechin ENTRETIEN LE REGARD DE PLANTU La nouvelle bataille du code du travail ▶ « Le Monde » publie la « Déclaration des droits du travail », rédigée par l’ancien ministre Robert Badinter et le professeur de droit du travail Antoine Lyon­Caen ▶ Les deux juristes déplo­ rent un code du travail obèse et un chômage can­ cer de la société française. Ils veulent refonder le droit sur des principes clairs ▶ La réforme du code du travail est au cœur du dé­ bat. La droite prône simpli­ fication et contrat unique. Le gouvernement veut réformer les prud’hommes ▶ L’Espagne a réduit les très fortes indemnités de licenciement liées au CDI. En Italie, Matteo Renzi a créé un CDI dont les droits progressent avec le temps ▶ L’ Allemagne a introduit un salaire minimum après avoir multiplié les « mini­ jobs ». Le marché britanni­ que est très dérégulé → LIRE P. 8-9 ET DÉBATS P. 14 POLITIQUE SARKOZY POSE « LA QUESTION » DU DROIT DU SOL → LIRE PAGE 10 INDISPENSABLE JUSTICE INTERNATIONALE → LIRE PAGES 4 ET 23 ASTRONOMIE SUR « TCHOURI », LE ROBOT PHILAE A RÉTABLI LE CONTACT → LIRE PAGE 7 EUROPE SEMAINE DE TOUS LES DANGERS POUR LA GRÈCE → LIRE LE CAHIER ÉCO PAGE 3 Jeb Bush se lance dans la course à la présidentielle américaine Jeb Bush, à Orlando, en Floride, le 2 juin. STEVE NESIUS/REUTERS ▶ Après son père et son frère, le troisième du nom s’ajoute à la longue liste des candidats républicains ▶ A New York, la démocrate Hillary Clinton axe sa campagne sur la lutte contre les inégalités → LIRE PAGES 6 ET 16 SALON DU BOURGET CAHIER ÉCO PAGES 9 À 11 2| international MARDI 16 JUIN 2015 0123 A Kamechliyé, capitale du Kurdistan syrien L’administration de Damas et le pouvoir autonome kurde, incarné par le PYD, se partagent la ville kamechliyé (syrie) - envoyé spécial L e visage de Bachar Al­As­ sad sourit, luisant sur une toile plastifiée tendue en­ tre deux barres de métal au bord d’une artère fréquentée par de rares véhicules. Un peu plus loin, en direction des faubourgs de l’est de Kamechliyé, c’est le portrait triomphal d’ Abdullah Öcalan, chef politique kurde emprisonné en Turquie, qui s’impose aux pas- sants. Cette figure révérée est le leader historique du Parti des tra- vailleurs du Kurdistan (PKK) – an- ciennement marxiste léniniste – dont l’émanation syrienne, le Parti de l’union démocratique (PYD), a pris partiellement le contrôle des zones à majorité kurde de Syrie, depuis juillet 2012, grâce à un pacte de non-agression avec Damas. Le PYD y a depuis proclamé une auto- nomie locale et y a mis en place des institutions à sa main. Si Ka- mechliyé est désormais la capitale du « Rojava » – ou Kurdistan occi- dental, selon le vocabulaire natio- naliste kurde –, la ville reste aussi le principal point d’appui du régime syrien dans le nord-est du pays. Les autorités syriennes en contrôlent l’aéroport utilisé à des fins militaires et pour maintenir une ligne de vie avec Damas, et le poste-frontière – fermé – avec la Turquie voisine. Bien que les fau- bourgs aient été abandonnés aux forces kurdes, Damas garde aussi la mainmise sur le centre-ville où les chrétiens, autrefois majoritai- res, sont remplacés par un nombre croissant de déplacés arabes venus de l’arrière-pays. Dans les rues dé- caties, les pick-up des combattants kurdes du PYD voisinent ceux des chabbiha, les milices redoutées du régime Assad. Mondes parallèles Cette drôle de cohabitation ne concerne pas que les hommes en armes. Avant que la tombée du soir ne vide les rues, de vieux mes- sieurs en tenue bédouine y croi- sent des veuves chrétiennes à la mise en plis impeccable et des ly- céennes kurdes en uniforme mili- cien. Des mondes parallèles se croisent et s’ignorent sur le plan en damier de Kamechliyé, ville-fron- tière construite il y a moins d’un siècle autour d’une gare de la ligne de chemin de fer Berlin-Bagdad. Dans son bureau situé à l’entre- sol d’un immeuble anonyme, perdu dans la nuit sans lampa- daire de Kamechliyé, Redur Khalil, le porte-parole des forces kurdes, appelées les YPG (Unités de protec- tion du peuple), revient sur les rap- ports ambivalents que son parti entretient avec le régime syrien : « Notre principal objectif dans l’im- médiat est de nous défendre contre Daech [acronyme arabe de l’Etat is- lamique]. Nous n’avons aucun inté- rêt à ouvrir un deuxième front avec le régime et eux non plus. Cela ne si- gnifie pas que nous soyons alliés pour autant. » Depuis notre entre- tien, les forces kurdes sont passées à l’offensive. Dimanche 14 juin, leurs représentants déclaraient ainsi être sur le point d’encercler l’EI à Tal Abyad et d’ouvrir un corri- dor entre l’enclave où se situe Ka- mechliyé, au cœur de la région de la Djezireh, et celle de Kobané, à la frontière turque, dont les djihadis- tes avaient été repoussés fin jan- vier avec le soutien de la coalition internationale. En se retirant de la région, le ré- gime a permis au mouvement kurde de se servir des territoires passés sous son contrôle pour im- poser son modèle, celui dit de « l’autonomie démocratique », la grande idée théorique d’ Abdullah Öcalan. Elle est censée aboutir, se- lon la vulgate diffusée par le PKK, à la construction d’un « système po- litique sans Etat où la société se gouverne elle-même ». Sa mise en pratique se traduit par la construc- tion d’un assemblage institution- nel labyrinthique composé de « maisons du peuple », de commu- nes, de municipalités, d’assem- blées locales, de comités divers et de ministères autoproclamés, où tous les postes à responsabilités sont soumis à une règle de parité stricte entre hommes et femmes. En réalité, chacune de ces institu- tions, prétendument représentati- ves, est noyautée par des cadres du PYD, qui ont fait leurs armes au sein du PKK face à l’armée turque durant les décennies précédentes. Société en guerre A Kamechliyé, les partisans de ce nouveau système, que la propa- gande omniprésente du PYD met continuellement en scène, tentent de le substituer aux vestiges de l’Etat syrien. Ainsi, à côté des cours de justice officielles, des « tribu- naux du peuple » fidèles à l’admi- nistration kurde rendent une jus- tice parallèle. « Nos juges, anciens avocats ou notables travaillent sur la base uploads/Geographie/ le-monde-du-mardi-16-juin-2015.pdf

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