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5 413635 008108 0 8 1 C inq semaines après Paris, les attaques de Copenhague confirment la réalité de la me- nace qui pèse sur l’Europe. Et sa nature très complexe. Le meur- trier présumé de la capitale danoise était-il plus ou moins inspiré, guidé ou téléguidé par Daesh (le groupe « Etat isla- mique ») ? En tout cas, il avait des racines aussi au Danemark. Les attentats de Copenhague ne changent cependant pas la donne. Ils ne doivent donc pas affecter nos choix. Plus que jamais, nous devons, en Europe, résister à la peur, refuser le rejet des autres, les amalgames, les slogans, les âneries. L’Europe, ce sont des sociétés ouvertes, libres, démocratiques, où l’on jouit de la liberté de religion et de la liberté d’en rire, du respect de Dieu et du res- pect de l’irrespect. Tel est notre modèle, poli par l’Histoire. Telles sont nos valeurs. Nous devons en être fiers et les ché- rir. Depuis les attentats de Paris, bien des choses ont été dites, et le plus souvent avec intelli- gence, sérénité et même géné- rosité. En France, c’est Marine Le Pen et ses frontistes au front bas qui se sont en réalité retrouvés dans les cordes… Poursuivons dès lors dans la même voie, qui nous a grandis. La tâche est énorme. Il faut bien sûr assurer la sécu- rité dans nos pays – mais tou- jours en veillant à nos libertés. Il faut porter le fer dans les sables du Moyen-Orient, où Daesh nous a déclaré la guerre (ainsi qu’à d’autres, notamment arabes). S’y engager davan- tage ? S’y aventurer au sol ? Ces questions doivent être posées. Il faut redoubler d’efforts pour relancer le processus de paix entre Israéliens et Palestiniens. On ne le dira jamais assez : les violences faites aux Palestiniens sont à l’origine de tant de haine dans le monde arabo-musul- man… Enfin, last but not least, il faut prendre à bras-le-corps les problèmes de nos villes métis- sées, donner chair à ce « vivre ensemble » resté incantatoire, rattraper ces jeunes perdus entre deux cultures, sans repères et sans espoir. La tâche est énorme, c’est in- contestable. Mais restons nous- mêmes. Ne cédons rien. L’ÉDITO Maroun Labaki APRÈS COPENHAGUE, RESTONS NOUS-MÊMES, NE CÉDONS RIEN L’Europe, ce sont des sociétés ouvertes, libres, démocratiques, dont nous devons être fiers D eux personnes sont décédées et cinq ont été blessées lors de deux fusillades, samedi, à Co- penhague, qui ont visé un centre culturel et une synagogue. En Belgique, le par- quet a ouvert une enquête, dimanche, après la diffusion d’une vidéo dans la- quelle deux jeunes djihadistes, dont un Verviétois, menacent Bruxelles et Paris. P. 2 & 3 COPENHAGUE SOUS LE CHOC P. 2 LE PORTRAIT DE LARS VILKS P. 4 & 5 L’EUROPE FACE À LA MENACE TERRORISTE P. 6 BRUXELLES MENACÉE P. 7 LA FAMILLE DE SOFIANE, TUÉ À VERVIERS, TÉMOIGNE La contagion Un peu plus d’un mois après les événements de Paris, le Danemark est sous le choc après une double attaque terroriste. © Chattez avec l’islamologue Malek Chebel de 10 h à 10 h 30. Malmedy, Binche, Alost, retrouvez les plus belles photos de carnavals. lesoir.be NÉCROLOGIE 13 PETITES ANNONCES 13 MÉTÉO 14 MOTS CROISÉS 14 BANDE DESSINÉE 14 SUDOKU 14 RÉGION 16 TÉLÉVISION & LOTERIE 30-31 PETITE GAZETTE 32 CONTRÔLES : LE FISC NÉGLIGE LES SOCIÉTÉS P. 9 BLACK POWER Les super stars de la musique ont-elles une conscience sociale ? P. 29 MICHELE FERRERO Le « père » du Nutella est mort P. 9 SPORTS RALLYES Neuville prouve sa valeur en Suède P. 25 L eaders séparatistes et autorités ukrainiennes assuraient dimanche soir que le cessez-le-feu était glo- balement respecté dans l’est de l’Ukraine. Un constat partagé par les dirigeants eu- ropéens engagés dans les pourparlers. Pas de quoi crier victoire pour autant. Si la ligne de front demeurait relativement calme depuis l’entrée en vigueur de la trêve dimanche à minuit, les positions ukrainiennes ont tout de même été visées à 60 reprises dans la journée. Les bom- bardements se sont en effet poursuivis autour de la ville stratégique de Debalt- seve, où sont retranchés plusieurs milliers de soldats ukrainiens menacés d’encercle- ment. « Des groupes armés ont visé nos troupes avec tous types d’armes, y com- pris des (lance-roquettes multiples) Grad », a précisé un porte-parole mili- taire ukrainien, ajoutant que les combat- tants séparatistes avaient tenté à trois re- prises de s’emparer du village de Tchor- noukhine, situé cinq kilomètres à l’est de Debaltseve. « Ça a tiré toute la nuit et toute la journée », résumait Oleg, respon- sable d’une base rebelle qui se trouve à quelques kilomètres de cette ville, près d’une mine abandonnée. Au nord de Lougansk, nous avons suivi Bizhan. Ce jeune soldat de 25 ans dit sa rage devant des accords « bancaux », qui signent à ses yeux une reddition de l’Eu- rope. « L’Europe nous a vendus. Encore une fois. Pas de sanctions supplémen- taires pour eux, pas d’armes pour nous (…) C’est brutal et injuste, mais avec nos culs à l’air, on couvre des millions de Polo- nais, d’Estoniens, de Lituaniens, de Let- tons, malgré les menaces directes que leur adresse Poutine » P. 11 NOTRE REPORTAGE En Ukraine, le cessez-le-feu globalement respecté FOOTBALL Les ténors perdent des plumes P. 17 LUNDI 16 février 2015 / Edition Bruxelles-Périphérie / Quotidien / No 39 / 1,50 € / 02 225 55 55 COPENHAGUE DE NOTRE CORRESPONDANTE L es forces de l’ordre da- noises ont confirmé di- manche soir que l’homme tué le matin même par des poli- ciers était bien l’auteur des deux attentats qui ont fait deux morts et cinq blessés, samedi à Copen- hague. Le chef des services de renseignement danois, Jens Madsen, a précisé que le suspect était connu des services de po- lice pour des « infractions à la législation sur les armes et des violences » ainsi que des « liens avec des bandes de délin- quants ». Il avait 22 ans et était né au Danemark. S’avançant davantage, plu- sieurs médias danois ont affirmé que le jeune homme en question n’était autre qu’Omar El-Hus- sein, sorti deux semaines plus tôt de prison après avoir pur- gé une peine pour agression. Il y aurait été condamné, selon le quotidien Eks- tra Bladet, pour avoir poignardé en 2013 un jeune homme dans une gare de Copenhague, sans raison claire. La police a tenu à préciser que l’auteur des attentats « aurait pu être inspiré par les événements à Paris », ainsi que par « du maté- riel de propagande islamiste envoyé par l’Etat islamiste et d’autres ». La première attaque a eu lieu contre le centre culturel de Krudttønden, dans un quartier du nord de Copenhague, samedi après-midi. Le comité de soutien à l’artiste suédois Lars Vilks y or- ganisait un débat, inti- tulé « Art, blasphème et liberté ». Plusieurs invités étaient pré- sents, parmi lesquels l’ambassadeur de France au Danemark, François Zimeray, la présidente des Femen, l’Ukrainienne Inna Shevchenko et l’artiste polonaise, établie en Grande-Bretagne, Agnieszka Kolek. Une quarantaine de per- sonnes étaient venues assister au débat, placé sous surveillance poli- cière, en raison de la présence de Lars Vilks, qui a déjà fait l’objet de nombreuses menaces et plusieurs attaques. Le débat a commen- cé à 15 heures, par un discours de l’ambassa- deur de France, qui a remercié les Danois pour leur élan de soli- darité, après l’attaque contre Charlie hebdo et l’Hyper casher à Paris. Plusieurs centaines de personnes avaient par- ticipé à un rassemble- ment devant l’ambas- sade à Copenhague, quelques jours après les attentats. Après François Zimeray, c’est Inna Shevchenko qui a pris la parole. Mais elle n’a pu parler que quelques minutes, avant que des premiers coups de feu résonnent, à 15 h 33 : le dé- but de « ce qui allait être la pire attaque terroriste à Copenhague de l’histoire contemporaine », constate le quotidien Politiken. Les agents de renseignements et les policiers présents ré- agissent très vite. Trois d’entre eux ont d’ailleurs été blessés. L’as- saillant n’a ja- mais pu pénétrer dans le centre culturel. La vic- time, Finn Nør- gaard, auteur de documentaires, se trouvait près du bar, dans le foyer. Il a été tué sur le coup. Plusieurs partici- pants au débat sortent par une porte dérobée. D’autres, parmi lesquels Lars Vilks, se cachent dans une chambre froide. L’as- saut ne dure que quelques minutes. L’assaillant quitte rapidement les lieux dans une Volkswagen Polo. Les forces de police parlent d’abord de deux hommes, avant d’évoquer un seul suspect. Son véhicule est retrouvé à deux kilo- mètres, au nord du lieu de l’at- tentat. Il est filmé par des camé- ras de vidéosurveillance, vêtu d’une doudoune foncée, un bon- net ou une cagoule bordeaux, et un grand sac noir. Les policiers recherchent alors un homme « entre 25 et 30 ans, d’environ 1,85 m, athlétique, d’apparence arabe, les cheveux lisses ». La deuxième fusillade a eu lieu vers 0 uploads/Geographie/ le-soir-1617022015.pdf