1 Les Chasseurs Pyrénéens Auteur : CNE Bonal Si l'histoire des chasseurs à pied
1 Les Chasseurs Pyrénéens Auteur : CNE Bonal Si l'histoire des chasseurs à pied et de leur déclinaison alpine a fait l'objet de nombreuses publications et recherches, et est toujours entretenue de manière vivace par les unités qui en sont aujourd'hui les héritières 1 , celle des unités de chasseurs pyrénéens est en revanche très largement méconnue voire oubliée. Certes, organisés tardivement au sein d'une armée qui sera défaite dans l'humiliation peu après leur mise sur pied, ceux-ci ne peuvent avoir laissé la même marque dans l'Histoire que leurs prédécesseurs de Sidi Brahim ou de l'Hartmannwillerskopf. Patte de collet du 6e chasseur. Toutefois, ce n'est pas sans professionnalisme, courage et esprit de sacrifice qu'ils servirent lors de la "Drôle de Guerre" ou des six semaines tragiques de mai-juin 1940. Il apparaissait nécessaire d'exhumer leur parcours de l'ombre dans laquelle il était cantonné, et de rappeler que les vallées pyrénéennes ont, en 1939-1940, contribué à la défense de la patrie au même titre que toutes les populations de la France et de son empire. Les bataillons de chasseurs pyrénéens sont les héritiers des troupes légères mises sur pied entre 1808 et 1814 dans les vallées pyrénéennes afin de combattre la guérilla espagnole, puis de défendre le sud- ouest de l'invasion. Appelées "chasseurs de montagne", ces troupes existaient de fait depuis bien plus longtemps, puisque l'infanterie de montagne de recrutement pyrénéen combat lors des guerres franco- espagnoles dès le XVIIe siècle2, tant du côté français qu'au sein des armées espagnoles, sous le nom de "Miquelets". Le 7 février 1939, alors que la seconde République espagnole vit ses derniers instants, le ministre de la Guerre approuve une proposition du général GAMELIN, chef d'état-major général de la défense nationale, visant à mettre sur pied plusieurs bataillons dédiés à la protection de la frontière franco- espagnole, secteur aux tensions accrues par la guerre civile qui se déroulait au même moment outre- Pyrénées. Les flux de réfugiés fuyant l'Espagne républicaine vaincue, parfois avec leurs armes, y menaçaient l'ordre et la sécurité, et seuls des bataillons de disponibles mal préparés à cette mission et organisés dans l'urgence étaient chargés d'assumer la lourde responsabilité de veiller à la sûreté de la frontière. L'utilité de ces bataillons spécialisés sera remise en cause par la fin de ce conflit en avril 1939, mais le besoin d'unités capables de renforcer rapidement la protection de la frontière pyrénéenne s'était fait sentir et on intégra malgré tout ces bataillons aux schémas de mobilisation. Le plan de mobilisation prévoit alors la création de dix bataillons de chasseurs pyrénéens (BCPyr), formés de réservistes frontaliers encadrés par un noyau de personnel d'active limité (provenant parfois 1 Les 7e, 13e et 27e Bataillons de Chasseurs Alpins, le 16e Bataillon de Chasseurs font partie de l'ordre de bataille de l'armée de terre. 2 En particulier lors de la guerre franco-espagnole de 1635 à 1659, puis surtout de la Guerre de Dévolution (1667-1668), de la Guerre de Hollande (1672-1678) et de la Guerre de la Ligue d'Augsbourg (1689-1697). 2 de la garde républicaine mobile). Ils sont organisés sur le modèle suisse : les officiers, les chasseurs, les véhicules et les mulets d'une même vallée sont regroupés au sein du même bataillon3. En août 1939, à la veille du déclenchement du second conflit mondial, la défense des Pyrénées est remaniée par GAMELIN en concertation avec les généraux commandants les XVIe, XVIIe et XVIIIe Régions militaires limitrophes de la frontière franco-espagnole. La formation d'un Détachement d'Armée des Pyrénées (DAP) est anticipée, qui serait placé sous le commandement du général Auguste MOYRAND. Ce détachement doit compter trois secteurs correspondant aux trois régions militaires frontalières de l'Espagne : - à l'est, le secteur Aude au sein de la XVIe Région militaire de Montpellier ; - au centre, le secteur Garonne pour la XVIIe Région militaire de Toulouse ; - enfin à l'ouest, le secteur Adour dans le cadre de la XVIIIe Région militaire de Bordeaux. Sous l'autorité de ces secteurs, les bataillons de chasseurs pyrénéens sont organisés en cinq demi- brigades4 (demi-brigades de chasseurs pyrénéens, DBCPyr en abrégé), à raison de deux bataillons par demi-brigade. Celles-ci sont numérotées en fonction d'un schéma logique en allant de l'est (depuis Perpignan) vers l'ouest (jusqu'à Bayonne), les bataillons étant numérotés en déclinant le numéro de la demi-brigade (demi-brigade N avec bataillons 2N et 2N-1) : - 1re Demi-Brigade de Chasseurs Pyrénéens (Perpignan) : 1er et 2e Bataillons de Chasseurs Pyrénéens ; mise sur pied au sein du secteur Aude du Détachement d'Armée des Pyrénées (XVIe Région militaire) ; - 2e Demi-Brigade de Chasseurs Pyrénéens (Perpignan) : 3e et 4e Bataillons de Chasseurs Pyrénéens ; mise sur pied au sein du secteur Aude du Détachement d'Armée des Pyrénées (XVIe Région militaire) ; - 3e Demi-Brigade de Chasseurs Pyrénéens (Foix) : 5e et 6e Bataillons de Chasseurs Pyrénéens ; mise sur pied au sein du secteur Garonne du Détachement d'Armée des Pyrénées (XVIIe Région militaire) ; - 4e Demi-Brigade de Chasseurs Pyrénéens (Pau) : 7e et 8e Bataillons de Chasseurs Pyrénéens ; mise sur pied au sein du secteur Adour du Détachement d'Armée des Pyrénées (XVIIIe Région militaire) ; - 5e Demi-Brigade de Chasseurs Pyrénéens (Bayonne) : 9e et 10e Bataillons de Chasseurs Pyrénéens ; mise sur pied au sein du secteur Adour du Détachement d'Armée des Pyrénées (XVIIIe Région militaire). Chaque bataillon comprend : - un état-major ; - trois compagnies de fusiliers-voltigeurs5 ; - une compagnie d'accompagnement (CA), parfois appelée compagnie de mitrailleuses (CM)6 ; - une compagnie hors-rang (CHR)7 ; 3 Ce qui n'ira pas sans certains problèmes en ce qui concerne l'autorité des cadres… 4 On rappellera que la demi-brigade est une unité créée pendant la Révolution. Il s'agissait alors, en 1794, de mettre sur pied une nouvelle entité visant à remplacer la structure du régiment, connotée comme royaliste, dans le cadre de l'amalgame entre vieilles troupes royales "blanches" et volontaires républicains "bleus". 5 La compagnie de fusiliers-voltigeurs est alors organisée à quatre sections de trois groupes de combat plus une section de commandement comprenant un groupe transmissions et renseignement, un groupe ravitaillement et services et un groupe mortier de 60. Elle comprend sur le pied de guerre 191 soldats et dispose d'un armement collectif de douze fusils-mitrailleurs FM 24/29 ainsi que d'un mortier de 60 modèle 1935 Brandt. 6 La compagnie d'accompagnement est articulée en une section de commandement, une section d'engins à un groupe de mortiers de 81 et un groupe de canons de 25 antichars, ainsi que quatre sections de mitrailleuses à quatre mitrailleuses. Elle comprend sur le pied de guerre 188 soldats et dispose d'un armement collectif de deux canons antichars de 25mm modèle 37 APX, de deux mortiers de 81mm modèle 27/31 Brandt et de seize mitrailleuses de 8mm modèle 1907 Saint-Etienne. Les bataillons de chasseurs pyrénéens n'ont toutefois pas été dotés, initialement, de canons antichars. 3 - un train muletier. Son effectif sur le pied de guerre approche le millier d'hommes. La tenue est spécifique afin de différencier les chasseurs pyrénéens : uniforme de drap kaki composé d'une vareuse, d'un pantalon et de bandes molletières, pattes de collet à fond kaki portant un cor de chasse et le chiffre du bataillon en bleu ou en rouge selon les unités, avec deux soutaches bleues. Les bérets arborés seront variables : béret alpin bleu pour les 1re et 2e DBCPyr mises sur pied en XVIe Région, béret basque noir pour les 4e et 5e levées dans la XVIIIe, béret de forteresse kaki pour la 3e. La première mission des chasseurs pyrénéens est la garde de la frontière franco-espagnole jugée sensible après la victoire de Franco avec l'aide italo-allemande. A la mobilisation initiée le 1er septembre 1939, ils bénéficient d'une période d'organisation et d'instruction. Ils relèvent en octobre, dans leur région militaire de formation, les bataillons de disponibles installés en protection de la frontière pyrénéenne depuis avril 1939, et sont également employés à la garde des camps de réfugiés espagnols (camps d'Argelès-sur-Mer, de Barcarès, de Gurs, de Saint-Cyprien, de Septfonds, du Vemet, etc). Mais l'attitude neutraliste de l'Espagne amène à reconsidérer dès le mois de novembre 1939 ces effectifs de protection frontalière. Il est décidé de les réduire à raison d'une demi-brigade pour chacune des XVIe, XVIIe et XVIIIe Régions militaires. Pour cela, ordre est donné à deux demi-brigades de renforcer le Théâtre d'Opérations du Nord-Est (TONE) au cours du mois de novembre 1939 : la 2e Demi-Brigade de Chasseurs Pyrénéens est ainsi envoyée dans le Doubs au début du mois de novembre 1939 ; la 5e dans la trouée de Belfort à partir du 14 novembre 1939. Puis très rapidement, la décision de supprimer un état-major de demi-brigade est prise : le 20 novembre 1939, la 3e Demi-Brigade de Chasseurs Pyrénéens est dissoute, ses deux bataillons étant dorénavant subordonnés aux 1re et 4e Demi-Brigades de Chasseurs Pyrénéens encore présentes sur la frontière pyrénéenne. Enfin, la 1re DBCPyr (1er, 2e et 6e BCPyr) rejoint le Jura à partir du 4 décembre 1939. Seule une demi-brigade à trois bataillons (5e, 7e et uploads/Geographie/ les-chasseurs-pyre-ne-ens.pdf
Documents similaires










-
32
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Mar 04, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
- Taille du fichier 0.4424MB