HAL Id: halshs-00760999 https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00760999 Sub

HAL Id: halshs-00760999 https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-00760999 Submitted on 4 Dec 2012 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. Les studia franciscains de Provence et d’Aquitaine (1275-1335) Sylvain Piron To cite this version: Sylvain Piron. Les studia franciscains de Provence et d’Aquitaine (1275-1335). Philosophy and The- ology in the Studia of the Religious Orders and at the Papal and Royal Courts. Acts of the XVth International Colloquium of the Société Internationale pour l’Étude de la Philosophie Médiévale, Uni- versity of Notre Dame, 8-10 October 2008, Brill, pp.303-358, 2012. ￿halshs-00760999￿ 1 Les studia franciscains de Provence et d’Aquitaine (1275-1335)* Sylvain Piron [paru dans Kent Emery Jr, William J. Courtenay, Stephen M. Metzger (éds.), Philosophy and Theology in the Studia of the Religious Orders and at the Papal and Royal Courts. Acts of the XVth International Colloquium of the Société Internationale pour l’Étude de la Philosophie Médiévale, University of Notre Dame, 8-10 October 2008, Leiden, Brill, p. 303-358.] Tout au long du XIVe siècle, de Clément V à Grégoire XI (1305-1378), se sont succédé des papes originaires d’Aquitaine installés en Provence, pour employer les noms de ces deux provinces de l’ordre des frères Mineurs qui englobent approximativement tous les pays de langue d’Oc. Durant cette période, ces régions ont fourni une très grande proportion du personnel administratif, politique et intellectuel de la Curie pontificale. Les Franciscains locaux y ont largement eu leur part. Une foule d’évêques et de cardinaux sont issus de leurs rangs. Pendant près de la moitié de la période du séjour des papes à Avignon, de 1328 à 1359, la direction de l’ordre a également été entre leurs mains. Ces frères avaient été formés et avaient souvent enseigné dans les écoles de l’ordre. En réalité, dès le dernier tiers du XIIIe siècle, les studia de Toulouse et plus encore de Montpellier connaissent une activité importante, ce que l’on peut prendre comme l’indice d’une tendance plus générale : la montée en puissance de ces régions dans les élites intellectuelles et ecclésiastiques a précédé d’environ une génération le moment de leur domination sur la chrétienté latine. L’angle d’observation choisi permet de donner un bon indicateur de cette promotion. Si l’on considère la liste des grands théologiens de l’ordre dressée par Barthélemy de Pise vers 1385, le constat est saisissant. Alors que les frères mineurs des pays d’Oc sont presque totalement absents au XIIIe siècle, ils fournissent le contingent le plus important des maîtres franciscains au XIVe siècle1 : [304] XIIIe siècle XIVe siècle Angleterre 8 5 Italie 7 6 * Cet article a bénéficié, comme souvent, de nombreuses discussions avec Chris Schabel et Bill Duba. Je remercie également William Courtenay de ses observations et Patrick Nold pour des indications précieuses. 1 BARTHOLOMEUS DE PISA, De conformitate vitae Beati Francisci ad vitam Domini Iesu, Quaracchi, 1906, t. 1, 336- 339. L’absence totale de frères allemands est un autre aspect frappant de ce tableau. Parmi les frères d’Oc, au XIIIe siècle, le seul nom mentionné est celui de Pierre de Jean Olivi. Au XIVe, il s’agit d’un Provençal (François de Meyronnes), un Languedocien (Pasteur de Serrescudier), un Gascon (Vital du Four) et six Quercynois (Bertrand de la Tour, Pierre Auriol, Guiral Ot, Élie de Nabinal, Fortanier Vassal et Guillaume Farinier). La provenance des maîtres dominicains suit la même pente, bien que les frères d’Oc y aient été plus nombreux au XIIIe siècle, cf. W. J. COURTENAY, Parisian Scholars in the Early Fourteenth Century, Cambridge, 1999, 113. 2 France (langue d’Oïl) 5 0 Pays d’Oc 1 9 Espagne et Portugal 2 0 Les Franciscains du Midi n’ont pas eu un annaliste comparable à Bernard Gui, qui a compilé les actes des chapitres provinciaux dominicains en notant soigneusement les données nominatives concernant les mouvements d’étudiants et d’enseignants dans les couvents de la province2. Pour les frères Mineurs, ce n’est que par accident que l’on peut connaître ou reconstituer les assignations de tel lecteur dans tel studium. Les quelques rares textes normatifs subsistants ne suffisent pas à brosser un tableau précis de l’activité de ces écoles3. Pour obtenir une image plus fine, il est nécessaire de prendre en compte la production écrite issue de l’enseignement donné dans les studia. Une telle approche est d’autant plus nécessaire qu’il s’agit d’institutions de faible taille dont la physionomie peut varier fortement selon les personnes qui y enseignent. Il s’agira donc de suivre sur ce terrain la leçon de méthode administrée par William Courtenay dans ses différents travaux4. Il n’est plus possible de se contenter d’une description externe des institutions, en supposant que les dispositions normatives étaient plus ou moins appliquées. La [305] tâche de l’historien est plutôt de reconstituer l’activité intellectuelle et sociale d’une institution à partir des bribes d’information disponibles qui permettent de suivre les carrières des individus qui la composent, y compris les traces écrites de leurs différents travaux. Cette restitution fine des milieux intellectuels est également essentielle pour aborder les œuvres savantes. La nature intrinsèquement antagonique de la scolastique médiévale impose en effet de lire les travaux d’un enseignant à la lumière de ses interactions avec ses contemporains : maîtres et élèves, adversaires et interlocuteurs, autorités universitaires et ecclésiastiques. La meilleure façon de parvenir à une telle reconstitution des contextes consiste à suivre une cohorte d’intellectuels à travers toutes leurs activités et les institutions qu’ils fréquentent. Les données sont ici trop fragmentaires pour que l’on puisse parler d’une véritable prosopographie, mais il ne serait pas absurde de tenter l’expérience à l’échelle de l’ensemble des ordres Mendiants d’une région. Ces préoccupations dictent le plan du présent article. Dans un premier temps, on cherchera à établir la succession des enseignants actifs dans les studia généraux des deux provinces concernées, 2 C. DOUAIS, Les frères prêcheurs en Gascogne au XIIIe et XIVe siècle, Paris-Auch, 1894. La tâche fut poursuivie, selon le même plan, jusqu’en 1342. La liste des enseignants avait été auparavant publiée dans C. DOUAIS, Essai sur l’organisation des études dans l’ordre des Frères Prêcheurs aux XIIIe et XIVe siècle (1216-1342), Toulouse, 1882. 3 Pour une vue d’ensemble, voir B. ROEST, A History of Franciscan Education (c. 1210-1517), Leiden, 2000. Sur la région considérée, S. MARTINAUD, « Le réseau des studia mendiants dans le Midi (XIIIe-XIVe siècle), in Église et culture en France méridionale (XIIe-XIVe siècle), Toulouse, (Cahiers de Fanjeaux, 35), 2000, 93-126, réussit l’exploit de dresser un tableau général des écoles des Mendiants sans mentionner le nom d’un seul enseignant. 4 W. J. COURTENAY, Schools and scholars in Fourteenth-century England, Princeton, 1987; ID., Parisian Scholars (cité n. 1) ; ID., Ockham and ockhamism : studies in the dissemination and impact of his thought, Leiden, 2008. 3 à Montpellier et Toulouse. L’approche du cas languedocien sera dominée par les affrontements qui ont divisé les milieux considérés. Pour l’Aquitaine, c’est au contraire la continuité apparemment sans heurts d’une filière de production d’élites universitaires et ecclésiastiques qui sera examinée. Ce double parcours permettra de faire apparaître, dans une troisième partie, quelques particularités de l’enseignement et de la production savante dans les studia franciscains méridionaux. I. Les écoles languedociennes Peu après la condamnation au bûcher de quatre frères Spirituels à Marseille, au mois de mai 1318, Raymond de Fronsac5, procureur de l’Ordre auprès de la curie compila un recueil d’actes liés à la répression de ces groupes dont on ne conserve que la dédicace à Jean XXII et la table des matières, suivie d’une dizaine de documents. Parmi les pièces perdues figurait une lettre datée de 1285, rédigée par le ministre provincial Arnaud de Roquefeuil et signée par trente-cinq frères, qui dénonçait Pierre de Jean Olivi [306] comme le meneur d’une « secte superstitieuse », coupable d’introduire des divisions dans la province6. Ce qui avait alors pris les dimensions d’un affrontement entre fractions rivales avait pour origine un conflit entre deux enseignants du studium de Montpellier déjà vieux d’une dizaine d’années7. Un autre document signalé par Raymond de Fronsac indique que l’opposant avait pour nom Arnaud Gaillard. L’hostilité mutuelle était sans doute d’autant plus forte que les adversaires présentaient des profils très voisins, chacun cherchant à sa façon à se situer dans le nouveau paysage intellectuel créé par la réception des œuvres naturelles d’Aristote et la publication de la Somme de théologie de Thomas d’Aquin. Leur première confrontation remonte sans doute à l’époque de leurs études au couvent parisien où Olivi résida dans les années 1266-12738. Des traces d’une première dispute philosophique (sur la successivité de l’aevum) apparaissent dans des textes antérieurs à 1277, mais le conflit devait déjà porter sur un nombre plus vaste de sujets. De ce fait, on peut penser qu’Arnaud a été à l’initiative de la 5 uploads/Geographie/ les-studia-franciscains-de-provence-et-da-aquitaine.pdf

  • 43
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager