1 IE Bercy n°40 – Décembre 2014 IE Bercy La lettre d’information de l’Intellige

1 IE Bercy n°40 – Décembre 2014 IE Bercy La lettre d’information de l’Intelligence Economique des Ministères économiques et financiers N° 40 – Décembre 2014  EDITORIAL PASCAL LOROT Président, Institut Choiseul Directeur de la revue Géoéconomie  MUTATIONS ET TERRITOIRES LE POINT DE VUE DU SCIE - MATIERES PREMIERES STRATEGIQUES LE CERCLE SCISDI DIDIER JULIENNE - FAÇADE MARITIME ET COMPETITIVITE FRANCIS VALLAT Ex-Président du Cluster Maritime Français - LA MER, CLE DE LA COMPETITIVITE AFRICAINE JEAN-PAUL PIGASSE Directeur d’ADIAC - HAROPA OLIVIER FERRAND Directeur du développement - LA DYNAMIQUE FRENCH TECH PHILIPPE NAHOUM Agence digitale Choosit  TRIBUNE LIBRE FLORENCE GABAY Vice-présidente de l’Institut Robert Schuman  LES CAHIERS DE LA VEILLE Pour aller plus loin sur : Façade maritime et économie de la mer  AGENDA IE OBJECTIF AFRIQUE, MAINTENANT ! L'Afrique devrait rester, selon le dernier rapport de la Banque mondiale rendu public récemment, parmi les régions du monde à la croissance la plus rapide. Pour 2015-2016, cette dernière est estimée à quelque 5,2 %, contre 4,6 % en 2014. Bien sûr, les matières premières constituent toujours un facteur explicatif important de la forte activité économique du continent, puisqu’elles représentent encore les trois quarts des exportations totales de biens de l'Afrique subsaharienne. Toutefois, le rebond attendu de la croissance se fait dans un contexte de baisse des prix des matières premières. C’est finalement le rythme soutenu des investissements publics dans les infrastructures, l’augmentation de la production agricole, mais aussi le développement des services tant dans le commerce et la finance que les transports ou encore les télécommunications, qui expliquent ce renforcement du rythme d’activité. Des risques subsistent naturellement, qui pèsent sur le potentiel de croissance. Tout d’abord, les activités des groupes terroristes comme Boko Haram et Al Shabab ne sont pas sans conséquences, de même que les risques associés à une plus vaste diffusion de l’épidémie Ebola. Sous l’angle économique, ce sont les hausses des déficits publics, et surtout le manque d’infrastructures qui affectent le potentiel de croissance. Véritable goulet d’étranglement, le déficit en infrastructures constitue de fait un frein majeur au développement du continent. Transports, eau potable, réseaux d’assainissement ou encore de santé, énergie : tous les secteurs sont concernés. Les retards dans ce dernier domaine, par exemple, sont criants : les deux tiers de la population du continent n’ont pas accès à l’électricité, ce qui représente un handicap de premier plan. Au total, les besoins d’investissements en ce domaine sont évalués par la Banque mondiale à quelque 93 milliards de dollars d’ici à 2020. Pour autant, les investissements internationaux se renforcent rapidement avec, au-delà des partenaires historiques comme l’Europe et maintenant la Chine, l’arrivée de nouveaux acteurs. Malaisie, Brésil, Turquie, Inde… ciblent de plus en plus l’Afrique comme un continent clé pour leurs investissements. Ceux-ci sont attirés par le formidable marché que constitue aujourd’hui et, plus encore demain, le continent africain. Il est vrai que son explosion démographique y est pour beaucoup. 2 IE Bercy n°40 – Décembre 2014 D’un milliard d’habitants aujourd’hui, l'Afrique va passer à 1,5 milliard en 2020, et vraisemblablement 2 milliards à horizon 2050. Avec des classes moyennes, c’est-à-dire disposant d’un pouvoir d’achat réel, d’ores et déjà estimées aujourd’hui à 300 millions de personnes environ. Ce sont là autant de nouveaux consommateurs qui vont doper les secteurs de l’alimentation, des télécommunications, des produits de beauté ou encore des services aux personnes. Sans compter tous les besoins qui vont être associés à une évolution majeure : l’émergence de grandes mégalopoles, où un Africain sur deux vivra en 2050. Au total, le continent a attiré plus de 50 milliards de dollars d’investissements étrangers directs en 2013. Et ce n’est là qu’un début. Le continent se structure de plus en plus économiquement. L’activité y est largement tirée par la demande intérieure, en forte croissance. De grandes marques internationales s’y sont implantées, des sociétés africaines à vocation régionale voire continentale émergent elles aussi pour répondre aux besoins des populations. Le coût d’implantation devient chaque jour plus élevé. Si la France veut conquérir ou reconquérir de vraies parts de marché, pas seulement dans ses territoires traditionnels de l’Afrique de l’Ouest francophone ou d'Afrique centrale, ce n’est pas demain qu’il faudra s’intéresser à ce continent – il sera trop tard, les positions auront été prises. L'Afrique, c’est maintenant ! Pascal Lorot, Président, Institut Choiseul Directeur de la revue Géoéconomie www.choiseul.info 3 IE Bercy n°40 – Décembre 2014 LE POINT DE VUE DU SCIE COMPRENDRE LES MUTATIONS EN COURS POUR REINVENTER LE TERRITOIRE JEAN-LOUIS TERTIAN COORDONNATEUR MINISTERIEL A L’INTELLIGENCE ECONOMIQUE (p.i.) IE Bercy traite, au cours de l’année 2014, de trois thèmes simultanés destinés à illustrer la complexité des mutations qui sont en cours. Au travers de cette approche, la volonté est d’illustrer, dans une logique d’intelligence économique, tant la diversité des changements qui sont à l’œuvre que les interactions qui sont susceptibles d’exister entre eux. Ces thèmes sont les transports, les matières premières et l’économie numérique, traités sous différents angles à chaque numéro. A cet égard, la dimension territoriale demeure le socle à partir duquel peut se construire une démarche de compétitivité, tant en prenant en compte ses mutations qu’en s’appuyant sur ses avantages concurrentiels. Alors que les logiques d’affrontement doivent de plus en plus prendre en compte la dimension de soft power qui comporte l’aspect de conquête du mental au-delà des rapports de force traditionnels, la réalité territoriale a été profondément modifiée durant les dernières décennies. Comme les actes du colloque Mutécos en 2011 le soulignaient, la mobilité, les échanges et l’utilisation des réseaux se sont accrus et ont participé à la transformation des territoires. Ces différentes dynamiques ont conduit à la disparition des territoires tels qu’on les connaissait. Or, comme l’indique Paul Amar dans le numéro de janvier-février 2015 de Futuribles International, dans tout processus d’évolution, il y a des strates, les plus profondes étant celles qui bougent le moins vite. L’exemple de la tectonique des plaques montre d’ailleurs que c’est cette différence de vitesse qui génère les « ruptures les plus radicales ». Dès lors, la capacité d’un territoire à s’adapter aux conditions économiques et sociétales en profonde mutation, notamment du fait de l’impact des (r)évolutions numériques sur un large champ d’activités devient absolument fondamentale. Un exemple, présenté dans le dernier numéro de Futuribles International, dans le domaine des transports illustre à quel point les changements remettent en cause nos modèles. L’avènement de Vélib, en fait d’un « transport public individuel » rend obsolète tant la notion de transport public que de transport individuel. Si le modèle émergent n’est pas encore connu, la prise de conscience de cette mutation en cours permet de préparer une évolution de la réponse, tant au niveau des politiques publiques que des entreprises. En cela, ces mutations redonnent des marges de manœuvre en termes de créativité et d’innovation, favorisant l’esprit entrepreneurial et de conquête. Le secteur du transport ne sera pas, de loin, le seul affecté et la relation au travail pourrait même s’en trouver encore plus durablement modifiée qu’elle ne l’est aujourd’hui par les outils numériques, comme le présente le livre de Françoise Frisch, la boulodiversité. Dans celui-ci, au travers d’une approche terrain, microéconomique, elle insiste sur l’importance de favoriser le développement de nouvelles formes de travail, en décloisonnant tout en étendant la protection sociale au travail non salarié. On voit dans ces deux exemples, très différents, de mutations l’importance non pas de prédire ou prévoir ce qui va arriver, mais bien de comprendre ce qui est en train de se passer, c’est à cela que la démarche d’anticipation de l’intelligence économique peut utilement contribuer. 4 IE Bercy n°40 – Décembre 2014 LE CERCLE SCISDI DU 27 NOVEMBRE 2014 (SOUTIEN A LA COMPETITIVITE PAR L’INTELLIGENCE STRATEGIQUE ET LE DEVELOPPEMENT DE L’INFLUENCE) LES MATIERES PREMIERES MINERALES : ENJEU MAJEUR DE COMPETITIVITE ECHANGES AVEC M. DIDIER JULIENNE L’importance des matières premières minérales est assez mal perçue en France et même, plus largement en Europe hors les pays nordiques. Pourtant le sujet est essentiel dans la perspective de la compétition industrielle à l’échelle mondiale et beaucoup d’Etats se préoccupent de connaître les potentiels de richesses de leurs sous-sols. TIRER PARTI DU POTENTIEL MINIER DE NOTRE PAYS NECESSITE D’ELABORER UNE STRATEGIE DE LONG TERME En France, les ressources du sous-sol national appartiennent à l’Etat. Elles sont globalement inexploitées. Aucune exploration approfondie n’a été réalisée depuis trente ans et il faut bien noter une absence d’entreprises nationales dans ce domaine et même une forte érosion des compétences techniques. On connaît cependant les trois grandes zones géologiques favorables à l’exploration : la Bretagne, le Massif Central et les Vosges. Le contexte économique peut pourtant inciter à revoir ce manque de stratégie du fait de la demande croissante sur le moyen et le long terme. L’Etat pourrait ainsi légitimement développer son implication sur ce sujet pour développer la sécurité des approvisionnements nécessaires à la compétitivité de l’économie française. Il peut s’appuyer sur le COMES (Comité pour les Métaux Stratégiques) qui a été créé pour le conseiller dans sa doctrine de recherche et d’utilisation de ses uploads/Geographie/ lettre-d-x27-information-n040.pdf

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