Lettres du Maréchal de Saint Arnaud Tome second- 2 – LETTRES DU MARECHAL DE SAI
Lettres du Maréchal de Saint Arnaud Tome second- 2 – LETTRES DU MARECHAL DE SAINT ARNAUD TOME SECOND Sources http://books.google.fr/books?id=urwPAAAAQAAJ&pg=PP10&hl=fr#v=onepag e&q&f=false décembre 2012. Une édition de Miages-djebels Pour permettre d’appréhender l’origine des violences qui ont marqué la terre d’Algérie… Lettres du Maréchal de Saint Arnaud Tome second- 3 – GUERRE D'AFRIQUE. (1844 -1845 -1846 -1847) Commandement supérieur de la subdivision d'Orléansville. Insurrection du Dahra. - Bou-Maza. - Soulèvement général des tribus de l'Ouest. - Combats dans la vallée du Chélif, dans le Dahra et l'Ouarensenis. - Prise de Bou-Maza. - Le duc d'Aumale, gouverneur général de l'Algérie. A M. LEROY DE SAINT-ARNAUD, AVOCAT A PARIS. Orléansville, le 25 novembre 1844. Je suis arrivé à Orléansville, hier, par un beau soleil, et j'ai eu une réception princière. Tous les Arabes étaient venus au- devant de moi en faisant la fantazzia, tous les officiers de la garnison, à cheval, ainsi que les chefs de service. J'ai reçu et harangué tout le monde et me suis installé. J'ai trouvé les quatre murs, pas une chaise : Cavaignac a tout 002 transporté à Tlemcen. J'ai pour maison une espèce de kiosque ressemblant à la loge du bouc au Jardin-des-Plantes. Trois petites pièces se commandant les unes les autres, et entourées d'une mauvaise galerie couverte en toile, composent ce mal entendu séjour. Je fais changer une porte en fenêtre et ouvrir une autre porte, et tout cela est facile, car ma maison est en bois, et, grâce à cette amélioration, mes appartements particuliers, cabinet de travail, petit salon et chambre à coucher seront supportables. En face, je fais élever un autre bâtiment qui se joindra au mien par une galerie couverte et contiendra une salle à manger assez belle et un grand salon de réception. Orléansville est un désert dans un grand désert. Figure-toi quelques maisons au milieu d'une immense plaine de cinquante lieues de long sur sept et huit de large. Pas un arbre, pas de végétation ; le Chélif au dos avec un pont à l'américaine. Orléansville est sur la rive gauche du Chélif, entre Milianah et Mostaganem, à quatre journées d'infanterie du premier et six du second, ayant au sud-est le pic d'Ouarensenis, au sud-ouest Tiaret, et au nord, à dix lieues, Ténès et la mer. Je garde le commandement de mon régiment avec celui de la subdivision; aussi suis-je fort occupé. Dans quelques jours j'irai visiter Ténès, qui est sous mes ordres, et les travaux de la route. Notre correspondance sera moins fréquente ; nous n'avons courrier que tous les dix jours. 003 ***** AU MÊME. Orléansville, le 10 décembre 1814. Cher frère, nous avons été en retard d'un courrier. La mer n'a pas voulu laisser approcher le bateau à vapeur, et la barque qui a essayé de porter les dépêches à bord a chaviré. La mer devant Ténès est affreuse, aussi je travaille à obtenir un port indispensable pour Ténès et toute la subdivision d'Orléansville. La nature l'a presque indiqué en jalonnant la place par des rochers. Cela coûterait environ huit millions, et ce serait peut-être le port le plus sûr de la côte d'Afrique. J'ai écrit à ce sujet au maréchal et au général Lamoricière. En attendant, je demande qu'on m'autorise à assurer ma correspondance par terre au moyen de courriers arabes ou spahis. C'est nécessaire pendant l'hiver, car le courrier peut rester deux mois sans pouvoir toucher à Ténès. Que de projets se croisent dans ma tête et l'occupent ! Combien il y a à faire dans une ville où il n'y a ni bois ni eau. Le Chélif est en bas de chez nous, c'est vrai ; mais je veux amener l'eau dans Orléansville même et dans nos jardins qui meurent l'été. Lettres du Maréchal de Saint Arnaud Tome second- 4 – Nous avons à présent un froid du boulevard de Gand. Pas un arbre. J'ai établi un détachement de bûcherons à trois lieues en amont du Chélif. Je fais couper du bois, construire des radeaux, et tout cela 004 nous arrivera quand les pluies auront mis le Chélif à même de porter des bûches. Je viens de recevoir pour mon brave régiment une croix d'officier, quatre croix de chevalier et deux grades à l'occasion de l'affaire de Dellys. Voilà le beau rôle du colonel, ses jouissances immenses, ineffables. J'ai attaché tous ces rubans et j'ai vu de douces larmes de reconnaissance couler sur des visages bronzés, j'ai senti des cœurs bien nobles et bien fermes devant l'ennemi battre comme le cœur d'une femme, et le mien battait à l'unisson. Cinq croix à la fois, c'est rare ; c'est tout ce que j'avais demandé. Le maréchal a tout fait obtenir, et je vais l'en remercier. ***** AU MÊME. Orléansville, le 20 décembre 1844. ...Milianah, à l'époque où j'y commandais et dans les circonstances où je m'y suis trouvé, était important, mais Orléansville l'est bien davantage. Milianah, en 1842 et 1843, était poste d'avant-garde; à présent c'est un centre. La position géographique et politique d'Orléansville est telle que, par la force des choses, d'ici à quelques années le siége d'une division y sera établi. Il faudra donner bien des coups 005 de pioche et de truelle et planter bien des arbres, tracer des routes et creuser des canaux ; mais nous arriverons, tout se fera. Il y a à peine un mois que je suis ici et j'ai fait labourer et semer d'orge par mon régiment seul cinquante hectares de terre. Mille bras travaillent à faire une route. Elle ne sera pas achevée dans un an, et déjà j'ai dans ma tête le projet de deux routes nouvelles et l'établissement de trois villages. L'avenir de ce pays est immense, mais l'or qu'il engloutira est incalculable. Nous vivons sur une ville romaine, et nos tuniques mesquines flottent au même vent qui agitait ces amples tuniques et ces toges romaines si nobles. Je fais niveler ma grande rue, et en fouillant la terre nous avons trouvé des pierres superbes, des colonnes en marbre, des tombeaux bien conservés, et leurs ossements complets, et l'urne classique pleine de petite monnaie de cuivre, as ou deniers. La ville ancienne dort sous nos pieds. Pour faire des fouilles sérieuses, il faudrait du temps et de l'argent ; mais nous n'en avons que pour les travaux de première et urgente nécessité. Avant d'exhumer les morts et les ruines, il faut abriter et conserver les vivants. Il y a une mosaïque admirable qui servait d'enseigne au tombeau de saint Reparatus. Je veux faire bâtir l'église chrétienne au-dessus. Une voûte bien faite la conservera visible dans toute sa beauté, et le temple de Dieu s'élèvera là où il était il y a quatorze siècles. 006 ***** AU MÊME. Orléansville, le 1er janvier 1845. Cher frère, je commence l'année en pensant à vous tous dont le souvenir me soutient et m'élève dans mes dures épreuves, et en vous envoyant des souhaits qui, pour arriver jusqu'à vous, traverseront le Chélif et bien d'autres fleuves qui n'ont rien de commun avec le fleuve d'oubli. Mon année 1845 commence pour moi le 4, parce que ce jour-là je sors d'Orléansville à la tête d'une colonne bien légère et bien bonne, et je vais dans le Dahra opérer de concert avec le général Bourjolly, qui part de Mostaganem pour réduire quelques tribus encore récalcitrantes, repaire de tous les voleurs et de tous Lettres du Maréchal de Saint Arnaud Tome second- 5 – les brigands de la subdivision. Nous ne resterons pas plus de quinze jours absents... ***** AU MÊME. Orléansville, le 21 janvier 1845. Si vous avez à Paris le même temps affreux qui nous poursuit en Afrique, tu n'as pas dû être 007 sans inquiétude en pensant que j'étais en expédition. Je t'ai écrit que j'étais sur le point de sortir d'Orléansville pour obéir aux instructions du général de Bourjolly. Je suis parti par un temps incertain, qui dans la nuit est devenu horrible. A une journée d'Orléansville, j'ai reçu ce que j'attendais depuis longtemps, un contre-ordre du général, qui m'annonçait que la persistance du mauvais temps l'obligeait à rétrograder sur Mostaganem et qu'il me laissait liberté de manœuvre. Je n'avais qu'à songer à rentrer le plus vite possible, mais la pluie continuait et les ruisseaux s'étaient changés en torrents. J'ai voulu traverser l'Oued-Raz ; une crue d'eau subite, comme il arrive souvent ici, a élevé en un instant les eaux de cinquante centimètres. Des chevaux montés et des hommes ont été entraînés et ont roulé avec le torrent, quelques-uns jusqu'à six cents mètres. Heureusement, j'avais pris mes précautions. Tout un peloton de nageurs s'est précipité à l'eau ; moi-même, à la tête des mieux montés, j'ai lutté contre la violence du torrent, et nous avons eu le bonheur de sauver tout le monde, hommes et chevaux. Mais quel moment d'angoisse ! j'aurais préféré avoir dix mille Kabyles à combattre. Il était sept heures du matin, j'ai suspendu le passage de la rivière. Une partie de ma colonne était sur une rive et moi sur l'autre. A deux heures, la rivière uploads/Geographie/ lettres-de-st-arnaud-tome-2-14-12-2012.pdf
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- Publié le Jan 11, 2021
- Catégorie Geography / Geogra...
- Langue French
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