Dissertation de géographie Durée 7 h. Sujet : L e port et la ville en Méditerra

Dissertation de géographie Durée 7 h. Sujet : L e port et la ville en Méditerranée Par Guy BAUDELLE, Jean-Louis TISSIER, Colette VALLAT1 Remarques générales Le bilan du sujet proposé aux candidats en 2003 conduit le jury à donner une appréciation générale nuancée. D'abord, et positivement, le jury note avec satisfaction que le nombre de devoirs de qualité honorable en ce qui concerne la forme, le développement logique de la pensée, le niveau des connaissances, la maîtrise de la transition, le style et même l’orthographe se maintient voire augmente légèrement. Pourtant, la moyenne de la dissertation s’avère très légèrement inférieure à celle l’année précédente ( 4,56 au lieu de 4,60). En fait, cette quasi stabilité résulte d’une bimodalité dans la répartition des appréciations et des notes qui les évaluent et les classent. Un effectif trop réduit de devoirs témoignent d'une réelle maîtrise de l'exercice et du programme sur lequel il reposait, et une série trop fournie de copies semblent découvrir sinon la Méditerranée du moins l'un de ces thèmes les plus classiques en géographie humaine. En formulant un tel sujet et en le proposant à des candidats historiens le jury souhaitait offrir une opportunité de réflexion et d'analyse de type géo-historique. Assez curieusement beaucoup de copies indigentes invoquent Fernand Braudel comme une sorte de viatique avant de sombrer, tandis que les meilleures mentionnent parfois la référence, surtout l'actualisent avec pertinence par une approche urbaine et fonctionnelle du Bassin méditerranéen. Les principales carences Beaucoup de copies ont fait totalement fausse route et ont assimilé le sujet posé à celui de la littoralisation du peuplement et des activités. Ce biais fréquent, conscient ou non , a été sanctionné par une notation basse comme hors du sujet. Cela explique partiellement la baisse de la moyenne générale. Un autre défaut, aussi fréquent, réside dans le fait que beaucoup de candidats juxtaposent les deux termes du sujet sans comprendre que celui-ci appelait une réflexion sur les liens, les interactions, les conséquences ou les incompatibilités lorsque dans un même site se conjuguent et surtout se développent des organismes –la ville et le port– aussi exigeants en espaces, hommes ou équipements techniques. Si la question de l'interaction est entrevue, elle n'est pas analysée ni discutée faute de connaissances suffisantes. Après avoir mentionné la complexité des relations entre le port et la ville, les candidats ne font qu’évoquer quelques généralités historiques et géographiques, ce qui est insuffisant pour faire une dissertation de géographie. De tels devoirs témoignent de lacunes dans la compréhension d'ensemble du programme, alors que pour toute aire géographique donnée à étudier on doit se demander quelles sont les questions les plus importantes dans les rapports espaces/sociétés. Certes, le sujet impliquait des connaissances à grande échelle, celle de la ville et de son port, peut-être inattendues en géographie régionale, mais une préparation méthodique doit penser à assurer une couverture thématique et géographique suffisamment large du programme. Des défauts de préparation marquent en effet ces devoirs décevants : dans le développement, les candidats se contentent de proposer des exemples qui ne sont que des “ alibis ”, c’est-à-dire que le nom de la ville ou du lieu n’est cité que pour mémoire, sans qu’aucun élément précis et significatif géographiquement ne soit exposé à la sagacité du lecteur. Dans le pire des cas, le croquis régional est pauvre, les localisations fantaisistes, et de larges secteurs du bassin méditerranéen semblent dépourvus de ports et de villes. Seul l'exemple de Marseille a été proposé dans cette sorte de devoirs et, même si la réflexion menée à propos d’une ville aussi riche, n'est pas fausse dans ses grandes lignes, elle reste trop générale. De plus, la répétition de cet exemple de l'introduction à la conclusion souligne avec insistance les lacunes des connaissances et des capacités à comparer, finissant par lasser à force d’être repris, au point de desservir son utilisateur. Le jury souhaitait au contraire que la réflexion n'ignore pas quelques autres cas majeurs comme Naples, Barcelone, Alger, Gênes, Athènes /Le Pirée, Alexandrie, Algésiras, Catane etc., grandes villes et/ou grands ports qui sont abondamment abordés dans la bibliographie et que les candidats ne pouvaient manquer de connaître. C’est dire si Syracuse, Majorque, Beyrouth, Palerme, Skikda et même Venise-Mestre ont été oubliées ! Il n’est donc guère surprenant que les croquis régionaux embrassant tout le bassin soient particulièrement pauvres. Ils se cantonnent à la localisation, parfois très approximative (Gioia-Tauro n’est pas toujours en Calabre et Athènes est souvent littorale !), d’un tout petit nombre d’établissements et ne traitent que très rarement de la qualité spatiale spécifique qu’entraîne la présence de ports et qu’exigent de grosses agglomérations. Les bonnes copies se sont appuyées sur ces exemples variés en exploitant des croquis précis et commentés à bon escient, comme les rapports précédents le conseillaient. 1 Professeurs de géographie, respectivement aux Université de Rennes II, Paris I, Paris X. Le sujet aurait dû conduire les candidats à effectuer des analyses plus pleinement urbaines et à polariser leur attention sur la grande échelle. Aussi regrette-t-on que certains aspects soient systématiquement “ sacrifiés ” comme la présentation des sites urbains, les qualités nautiques des ports (absence de marée, aménagement des bassins, présence de baies et de calanques), la distribution littorale en fonction des qualités physiques (étroitesse de la riviera, présence de deltas). La morphologie portuaire, les continuités ou les barrières physiques qui existent entre le port et la ville sont oubliées. Les situations de concurrence spatiale entre les deux éléments le port et la ville sont inégalement traitées: les meilleurs devoirs présentent et analysent la situation avec pertinence , mais nombreuses sont les copies qui n'ont fait qu'évoquer cette tendance lourde des évolutions contemporaines. Du coup un certain nombre de conflits d’usage (équipements portuaires, enclavement, affectation des sols) ou de déséquilibres entre la rive Nord et la rive Sud sont ignorés. Quand on fait référence à la population immigrée, c’est de façon trop globale sans que soient rapportées les modalités d’entrées, les zones de fixation proches ou lointaines, les quartiers centraux très dégradés qu’ils investissent à Gênes ou Marseille. Beaucoup de devoirs consacrent une partie à une typologie ce qui, en l’occurrence, se justifie et est d’autant plus appréciée des correcteurs que souvent les critères sur lesquelles elle est bâtie sont présentés et analysés. Elle s’établi fréquemment et fort judicieusement sur l’intensité du lien qui existe entre la ville et le port, allant de la liaison la plus solide et la plus ancienne (cas où l’échange, le port crée la ville) à celui plus récent ou les deux entités sont détachées l’une de l’autre (cas de Gioia Tauro ou de Marsaxlokk). Cette approche n’aurait cependant pas dû interdire que soient évoqués les liens avec les avant et les arrière-pays. Nous proposerons ici non pas le seul plan sur le sujet mais des réflexions d'ensemble et un fil conducteur pour un développement à nos yeux cohérent. Le port et la ville en Méditerranée: principaux thèmes Il est banal mais nécessaire d'observer que dans le bassin méditerranéen l'articulation du fait urbain et des fonctions portuaires est une constante depuis l'Antiquité. L'appareil portuaire y a généré de la centralité, entre un avant-pays maritime et un arrière pays continental plus ou moins élargi. La continuité historique à l'échelle du Bassin tout entier de ces diptyques ville/port est patente. Mais sur la longue durée cependant les sites à la fois portuaires et urbains ont connu des séquences successives d'essor, de rayonnement et de contraction voire de disparition. Dans la période contemporaine, depuis que le Bassin méditerranéen est une antichambre de l'Océan mondial ces couples ville/port y perpétuent leurs relations au prix de bien des aménagements et d'accommodation. Les disparités d'activités et de développement qui partagent le bassin s'y retrouvent et ils en sont l'une des illustrations concrètes et fonctionnelles parmi les plus les expressives. On y retrouve les oppositions N/S et E/W, en termes de trafics, d'aménagement et de rapport entre puissance dominante (métropole et grand port) et Etat associé ou subordonné. Le c œ ur du sujet est bien dans la liaison des deux termes. Envisagée à toutes les échelles spatiales: façades du Bassin et des continents l'encadrant, mais aussi dans des approches régionale et locale. Le port a été longtemps constitutif des activités et des tissus urbains anciens ( cités et vieux ports). Dès le 19e siècle une séparation à l'amiable se réalise, nécessitée par les mutations du transport maritime et de ses outils navigants et portuaire. Le divorce s'affirme dans la seconde moitié du 20e siècle entre les grands trafics spécialisés de vrac et de l'industrie, les trafics particuliers des voyageurs et celui des croisières. Ces nécessités techniques divisent et dissocient spatialement l'appareil portuaire. La ville de son côté et en quelque sorte ses fonctions (maritime et continentale) mènent une vie métropolitaine " latérale", faite d'une centralité dans laquelle le volet maritime est plus ou moins présent et affirmé. Elle redécouvre aussi les opportunités en terme d'aménagement que représentent les anciens espaces portuaires qui se retrouvent en position péricentrale et qui lui permettent de renforcer ses fonctions urbaines en uploads/Geographie/ makrem-rais.pdf

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