Introduction. La Renaissance est une période charnière dans l’histoire de l’hum

Introduction. La Renaissance est une période charnière dans l’histoire de l’humanité, celle qui permet de passer peu à peu du Moyen Âge à la Modernité, celle qui voit un monde se terminer et un autre naître : c’est l’invention de l’imprimerie (1450), la découverte du Nouveau Monde (1492) et l’affirmation de l’infinité de l’univers (1584). Le terre est plus grande qu’on ne le pensait (Ptolémée estimait la circonférence de la terre à 33 345 km, elle est en réalité de 40 075km) et l’univers, lui, est infini… Le Moyen Âge était marqué par le renfermement sur soi, par la peur. On a longtemps cru à la fin du monde pour l’an 1000. Après cela, on s’est mis à remercier Dieu de son indulgence en se plongeant dans la religion : les croisades commencent (1095-1291 parce que les Turcs interdisent l’accès à Jérusalem, le centre du monde), on construit de gigantesques cathédrales (gothique date du XIIe et N.-D. de Paris commence à être construite en 1163 (1345), tout en se livrant des guerres interminables (Guerre de cent ans (1337-1453)) et en étant frappé par la peste noire (1347-1352) qui tua entre 30 et 50% de la population européenne. I. DÉCOUVERTE DU MONDE ET PLURALITÉ DES CULTURES. 1. De nouveaux espaces. L’Afrique (Africa + Ethiopia) est mal connue car sous l’équateur on disait que la mer était visqueuse et que les navires s’enflammaient à cause de la chaleur. L’Afrique ne sera contournée qu’en 1487 par les Portugais. Comme vous le savez, l’Amérique est découverte par Christophe Colomb en 1492 (c’est l’Anglais Jean Cabot en 1493 qui a mis le premier les pieds sur le continent). Le XVIe siècle va ainsi devenir le siècle des grandes explorations. Si Colomb a découvert l’Amérique, ce n’est pourtant pas son nom qui a été donné à ce nouveau continent, mais celui de l’un de ses amis qui n’a rien découvert du tout : Amerigo Vespucci. Pourquoi ? Tout d’abord parce que Colomb a toujours soutenu être arrivé aux Indes (anecdote du Serment de Cuba, début 1493, qui promet à ceux qui prétendront que Cuba est une île et non la Chine d’avoir la langue coupée et 100 coups de fouet), alors que Vespucci a été le premier, dans l’une de ses lettres, à affirmer qu’il s’agissait bien d’un nouveau continent : géographe, il avait compris que la latitude atteinte en longeant les côtes du Brésil vers le sud ne pouvaient être celle de l’Asie. Il a exprimé cette idée de retour d’un troisième voyage en 1502 dans une lettre intitulée Mundus Novus. Vespucci n’a cependant rien revendiqué : et c’est donc accidentellement que son nom est devenu celui de ce nouveau continent. Ce qui s’est passé, c’est que sa lettre a fini par atterrir en 1507 dans un petit village des Vosges, Saint-Dié, où l’on pouvait trouver, ce qui était encore rare, une imprimerie. Les responsables de l’impression, des moines géographes, ont voulu réaliser une belle édition, une édition accompagnée d’une carte et ce sont eux qui ont décidé d’appeler ce nouveau continent America. Vespucci mourra (1512) sans savoir que peu à peu son nom deviendra le nom officiel de ce nouveau monde. a) Le bon sauvage. Après s’être extasié sur la beauté et l’abondance de mammifères, de reptiles, d’oiseaux et de poissons, voici ce que Vespucci écrit : « J’affirme que ces peuples sont doux et affables. Tous, de l’un ou l’autre sexe, vont tout nus. Ils ne se couvrent aucune partie du corps, et vont ainsi tels que sortis du ventre de leur mère, jusqu’à leur mort. Ils ont des corps de grande dimension, musclés, très robustes et bien proportionnés et d’une couleur qui tire sur le rouge, ce qui est je crois la conséquence d’aller tout nus, car ils sont teints par le soleil. Leurs cheveux sont abondants et noirs. Ils sont agiles dans leur démarche et dans leurs jeux. Leurs visages sont francs et beaux, mais ils les ravagent eux-mêmes en se perforant les joues, les lèvres, les narines et les oreilles. […] Ils n’ont pas de bien personnels car tout est en commun. Ils vivent ensemble, sans roi, sans autorité, et chacun est seigneur de soi-même. Ils prennent autant de femmes qu’ils le désirent, le fils s’accouple avec sa mère, le frère avec sa sœur, le premier venu avec la première venue, et chacun au gré des rencontres. Chaque fois qu’ils le veulent ils défont leur mariage, et en cela aucun n’observe de règles. […] Ces peuples se battent entre eux sans art et sans ordre. […] Ceux qui ont été faits prisonniers pendant la bataille, ils ne les gardent pas vivants. Ils sont destinés à être tués et à servir d’aliment, car ils se mangent les uns les autres, les vainqueurs mangent les vaincus, et la chair humaine est chez eux un aliment commun. […] Ils vivent 150 années et sont rarement malades et s’ils souffrent d’une affection maligne, ils se soignent eux-mêmes avec certaines racines et plantes. […] Ce qui est certain, c’est que si le Paradis Terrestre se trouve quelque part sur terre, j’estime qu’il ne doit pas être loin de ces pays. » Amerigo Vespucci, Mundus Novus. L’Eden car les hommes y vivent simplement : ils ne connaissent pas la pudeur, la propriété (même au sein du couple) et le travail leur est étranger. Or, n’oublions pas que la pudeur est une conséquence du péché originel et que le travail est ce à quoi Dieu condamne l’homme en le chassant du Paradis terrestre : « Maudit soit le sol à cause de toi ! C’est dans la souffrance que tu te nourriras de lui tous les jours de ta vie. » Genèse, III, 17 L’émerveillement de Vespucci fera naître ce qu’on appelle le mythe du bon sauvage, mythe qui apparaît chez Montaigne et qui sera l’un des grands thèmes du siècle des Lumières. Ce qui distinguerait le sauvage (du latin selvaticus, habitant de la forêt) de l’homme moderne est donc son innocence. Il serait l’homme originel, bon par nature et, selon Rousseau, perverti par la société. Or, un homme naturel existe-t-il vraiment ? En réalité, ces bons sauvages ne sont pas si sauvages que cela : ce sont déjà des êtres de culture. ANALYSE DU TEXTE Pourquoi ? Tout d’abord parce que lorsque Vespucci affirme qu’ils n’ont ni chefs et suggère qu’ils n’ont pas dieux, c’est juste par ignorance et idéalisation. Explication ANIMISME. Ensuite parce que même si c’est de manière très rudimentaire, il a déjà des armes, des outils, des vêtements, des habitations, etc. Or, ce qui est culturel est une modification de la nature qui, elle, se définit comme relevant de l’universel. C’est ce que permet de comprendre le concept de cérémonie, celle-ci se définissant comme la transformation en acte culturel d’un besoin naturel : Manger et boire : repas (feu, couverts, horaires) Dormir : lit, horaires Sexualité : mariage et érotisme Déféquer et uriner : toilettes. Robinson de Tournier : « Article III : Il est interdit de faire ses besoins naturels ailleurs que dans les lieux prévus à cet usage. Scolie : Il est certain que la place de cette disposition à l’article III de la Charte pourra surprendre. Mais c’est que le Gouverneur légifère au fur et à mesure que telle nécessité ou telle autre se fait sentir, et dans le relâchement qui menace les habitants de l’île, il est urgent de leur imposer une petite discipline à l’un des endroits de leur vie qui les rapprochent le plus de la bestialité. » C’est justement parce qu’il est un être de culture que l’homme ne se contente pas de satisfaire ses besoins, qu’il est capable avec eux d’excès et de privations : Manger et boire : gloutonnerie et ivresse mais aussi jeûne et grève de la faim Dormir : grasses matinées mais nuits blanches Sexualité : perversions mais abstinence On peut même dire que l’homme est naturellement un homme de culture, que c’est la condition de sa survie. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que les deux premiers enfants d’Adam et Eve, Abel et Caïn, ont inventé les deux techniques fondamentales à notre survie : l’élevage et l’agriculture. Historiquement, la période la plus importante de l’humanité est d’ailleurs le Néolithique (- 9000 à – 3000), là où l’homme abandonne peu à peu la chasse et la cueillette, au profil de l’élevage et de l’agriculture, ce qui va lui permettre de se développer, de construire les villes, donc l’économie, la politique, etc. Le paradoxe de l’homme est qu’il vit à la fois dans et contre la nature : contre la faim (élevage et agriculture), contre le climat (logements, vêtements) et même contre la maladie (médecine). En réalité, ce qui est le plus éloigné de la civilisation, ce n’est pas la nature, mais la bestialité. C’est ce que montre parfaitement en 1797 le cas du dernier enfant sauvage, Victor de l’Aveyron dont Truffaut a fait un film : L’enfant sauvage (1970). Explications. Mais alors comment expliquer que certains peuples se soient développés alors que uploads/Geographie/ message.pdf

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