MISSION AUTONOMIE : UN TIERS-LIEU VERS L’IN(TER)DÉPENDANCE 22 Janvier 2021 Guad

MISSION AUTONOMIE : UN TIERS-LIEU VERS L’IN(TER)DÉPENDANCE 22 Janvier 2021 Guadeloupe Francisca Marlene Estrela Guedes de Amorim Remerciements Je ne pouvais pas imaginer que, arrivée là, à la fin, je serais si bouleversée Je ne pouvais pas imaginer les rencontres, les doutes, la fatigue, la joie Je ne pouvais pas imaginer l’émotion de lire mon projet… de l’écrire pour moi et non pour convaincre un financeur Tout ça ne serait possible sans le soutien, le dévouement et la bienveillance de l’équipe de Mouv’Outremer et de mes compagnons de voyage. Je les remercie du fond de mon cœur Aux personnes qui font partie de la vie de tous les jours, je vous remercie pour tout ce que vous faites pour moi… à Andrius, mon compagnon de toutes les aventures, à Aloha qui un jour m’a dit : « ce projet ne peut pas échouer, ce projet c’est toi toute- entière », qui ne doute jamais de moi, quelle que soit la dimension de la folie,… une collègue, une amie, une sœur pour toute la vie, à Monette, ma maman de la Martinique, qui m’a adopté depuis si peu de temps mais qui prend soin de moi depuis l’île sœur Mouv’outremer – Janvier 2021 2 Sommaire I. INTRODUCTION 3 II- LES ENJEUX DU DEVELOPPEMENT DURABLE EN GUADELOUPE 6 1. Développement durable : de quoi parle-t-on ? 6 2. La Guadeloupe : analyser le passé pour penser un futur souhaitable 7 3. Le versant sud-est de CAP Excellence 10 III. LE TIERS-LIEU ÎLE Y A KAZ 13 1. Le contexte du projet 13 2. Un tiers-lieu en synergie avec l’écosystème 15 3. La mise en place d’un espace d’expérimentation sociale 19 IV. CONCLUSION 25 V. BIBLIOGRAPHIE 27 VI. TABLE DES MATIERES 29 Mouv’outremer – Janvier 2021 3 I. Introduction Mission autonomie : un tiers-lieu vers l’in(ter)dépendance Le présent rapport se réalise dans le cadre du programme Mouv’outremer et il propose le projet ÎLE Y A KAZ, un tiers-lieu ayant pour vocation de permettre à chaque usager de développer son autonomie. Le programme Mouv’outremer a pour but l’accompagnement des acteurs engagés, des outre-mer, dans le sens de l’accélération de la transition écologique au sein de nos territoires. Le programme sert de support à l’exécution de la « Trajectoire outre-mer 5.0 » en mettant en scène 5 défis ou « Défi 5.0 » (Ministère des Outre-Mer, 2019) : « Zéro exclusion », « Zéro carbone », « Zéro déchet », « Zéro polluant agricole », « Zéro vulnérabilité ». Ces défis s’insèrent dans le cadre plus large des Objectifs du Développement Durable (ODD) de l’Agenda 2030 des Nations Unies, « un appel universel à l’action pour éliminer la pauvreté, protéger la planète et améliorer le quotidien de toutes les personnes partout dans le monde » (ONU, 2020) qui vise à garantir aux générations futures la capacité d’assurer leur survie. Au jour d’aujourd’hui, si les habitudes des humains ne changent pas, nous allons assister de plus en plus à des années telles que celle de 2020, marquée non seulement par la pandémie de l’infection à Covid 19, mais également par des catastrophes naturelles extrêmement puissantes, comme les feux de brousse d’Australie ou une saison cyclonique comptant plus de 30 phénomènes cycloniques nommés (un record). Face à la dégradation de la situation climatique mondiale, la Guadeloupe est un territoire très peu résilient de par son insularité et situation géographique, mais surtout comme résultat d’une politique coloniale de la plantation qui aura encore de lourdes conséquences pendant quelques générations. Incapable de nourrir sa population, malgré ses sols fertiles, incapable de lui donner de l’eau, malgré les nombreuses sources d’eau potable, sans une vraie industrie, malgré l’ingéniosité de la population, … avec 95% d’habitants empoisonnés, la Guadeloupe souffre, non seulement des maladies qui découlent de cet empoisonnement, mais aussi Mouv’outremer – Janvier 2021 - Guadeloupe Francisca Amorim 4 d’une incapacité systémique à solutionner ces problèmes car ils profitent à une toute petite minorité. Parmi toutes les conséquences qui en découlent, la précarité d’une partie (trop) importante de la population est une des plus dévastatrices, la pauvreté touchant un tiers de la population guadeloupéenne en 2017 (Insee, 2020). En portant le projet ÎLE Y A KAZ, dans le cadre du projet associatif de l’association ÎLE Y A, je cherche à aborder les enjeux du développement durable comme faisant partie d’un système injuste et inégalitaire en proposant une alternative. Dans le cadre du défi 5.0 le projet explore des voies pour atteindre les défis « zéro exclusion », « zéro carbone » et « zéro déchet ». Les quartiers d’intervention du projet se situent dans le versant sud-est de la communauté d’agglomération de CAP Excellence, dans la ville de Pointe-à-Pitre, et ils font partie d’un quartier prioritaire de la politique de la ville (QPV). La population du versant sud-est de CAP Excellence est, pour la majorité, dans une situation de très grande précarité et il existe très peu de projets leur permettant d’être acteurs du changement de leur situation. Ma problématique est : comment l’équipe de l’association ÎLE Y A peut contribuer à l’amélioration de la vie des habitants et entreprendre une démarche de développement durable quand le travail n’est pas un mode privilégié d’intégration au sein des quartiers, tout en s’assurant qu’ils sont acteurs du changement de leur situation ? ÎLE Y A KAZ est un projet de tiers-lieu qui combine des dynamiques sociales, économiques, culturelles et environnementales, afin de permettre à la population des quartiers du versant sud-est de CAP Excellence de retrouver son autonomie dans la définition des parcours socio-économiques. L’association ÎLE Y A s’appuie sur l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) pour proposer des alternatives à un système qui a déjà fait ses preuves de faillite et qui ne tient pas en considération la gestion durable des ressources. Pour comprendre le projet, il faut revenir un peu en arrière. En 2018, j’ai cofondé l’association ÎLE Y A. Avec une licence en Sciences de l’Éducation en main et un Master 1 en Insertion en cours, ayant vécu dans plusieurs pays sur trois continents, je venais Mouv’outremer – Janvier 2021 - Guadeloupe Francisca Amorim 5 d’arriver en Guadeloupe (en Septembre 2017) et comme depuis mes premiers souvenirs, je voulais changer le monde et je voulais le faire vite. Et puis la Guadeloupe s’est occupée de me séduire. Le vite n’avais plus de sens, j’avais envie d’y rester, de savourer chaque coin de mon nouveau chez-moi. Étant métisse élevée au Portugal parmi des personnes caucasiennes, j’ai appris à vivre mon corps noir autrement : à prendre soin de mes cheveux correctement, à utiliser des produits naturels adaptés à ma peau, … J’avais vécu trois ans en France hexagonale avant d’arriver sur l’archipel, mais je n’avais jamais appartenu à cet ailleurs. J’étais étrangère dans tous les sens du mot. En Guadeloupe les gens oublient que je ne suis pas d’ici, et moi aussi. La rencontre avec Aloha Sellin, la co-fondatrice d’ÎLE Y A a tout changé pour moi. Je ne pourrais pas expliquer pourquoi, mais elle a cru en moi dès le départ. Elle m’a suivi dans mes rêveries et nous avons créé la chose dont je suis le plus fière : un projet associatif éthique, pour et avec la communauté. Ambitieux mais réaliste ! Le projet ÎLE Y A KAZ c’est, quelque part, notre envie de devenir les Franciscas et les Alohas d’autres porteurs sociaux qui se sentiront seuls, des porteurs dans des situations de vulnérabilité tel que nous l’étions lors de cette rencontre magique. Pendant les deux dernières années, nous avons organisé des dizaines de visites de Pointe-à-Pitre, inspirées de la mémoire des aînés pointois, dans différents quartiers. Cette ville me passionne. Ses habitants sont les personnes les plus chaleureuses et fières que j’ai pu rencontrer et pour ces raisons, le tiers-lieu ÎLE Y A KAZ ne pourrait exister nulle part ailleurs. Dans les pages qui suivent je vais, dans un premier temps, poser le cadre de la réflexion autour du développement durable en général, en passant ensuite à l’analyse des enjeux en Guadeloupe et puis dans les quartiers de Carénage, Chemin-Neuf, Cour Zamia et Fond Laugier. La deuxième partie du rapport aborde le projet ÎLE Y A KAZ en profondeur, commençant par la contextualisation de son émergence, passant par sa place au sein de l’écosystème et finissant avec une description des différentes actions mises en place. Mouv’outremer – Janvier 2021 - Guadeloupe Francisca Amorim 6 II. Les enjeux du développement durable en Guadeloupe 1. Développement durable : de quoi parle-t-on ? Nombreuses sont les définitions que l’on peut trouver du développement durable. La plus répandue étant celle du rapport Brundtland (Commission mondiale sur l'environnement et le développement, 1987). : « Le développement durable est un développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. » Nous sommes loin d’atteindre la voie du développement durable, car les humains, et plus précisément, 20% de la population mondiale, vivent au-dessus de leurs moyens : « si tous consommaient comme un Européen, il faudrait uploads/Geographie/ mission-autonomie-un-tiers-lieu-vers-l-x27-in-ter-dependance.pdf

  • 21
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager