Revue archéologique de Picardie Soissons romain. Les archives d'un sous-sol à r
Revue archéologique de Picardie Soissons romain. Les archives d'un sous-sol à redécouvrir Denis Defente Citer ce document / Cite this document : Defente Denis. Soissons romain. Les archives d'un sous-sol à redécouvrir. In: Revue archéologique de Picardie, n°3-4, 1984. Les villes de la Gaule Belgique au Haut-Empire. pp. 205-222; doi : https://doi.org/10.3406/pica.1984.1441 https://www.persee.fr/doc/pica_0752-5656_1984_num_3_1_1441 Fichier pdf généré le 23/04/2018 RFVUE ARCHÉOLOGIQUE DE PICARDIE N«> 3-4 1984 SOISSONS ROMAIN LES ARCHIVES D'UN SOUS-SOL A REDÉCOUVRIR par Denis DEFENTE * 1. INTRODUCTION Les merveilleuses découvertes anciennes, attestées depuis le XVIe siècle, s'opposant à la relative aridité des observations faites durant ces dernières décennies, l'histoire de Soissons durant la période romaine est difficile à écrire. Pourtant, les fouilles engagées depuis 1982 révèlent que le sous-sol urbain garde toujours un potentiel archéologique élevé, capable d'améliorer considérablement la qualité des données. Les observations les plus récentes tendent par ailleurs à réhabiliter une partie des découvertes anciennes qui avaient fini par être rejetées faute de preuve. Après une tentative de définition de son territoire, les différents témoignages de la cité pour le Haut-Empire seront présentées. Quelques théories anciennes concernant sa création et son évolution, les schémas actuels et les améliorations que l'on peut espérer y apporter seront successivement développés. La conclusion permettra de rappeler que l'étude de Soissons romain est d'autant plus importante qu'elle s'inscrit dans la double perspective de contribuer à mieux connaître les civitates du nord de la Gaule ainsi que d'ajouter un maillon supplémentaire à la longue chaîne évolutive locale actuellement en cours d'élaboration pour la protohistoire grâce aux nombreuses fouilles de la vallée de l'Aisne. 2. LE TERRITOIRE DES "SUESSIONS" ET LA CITÉ 20. LE TERRITOIRE DES "SUESSIONS" A 100 km d'Amiens et de Paris, à 50 km de Reims, au nord-est du bassin parisien, Soissons est située au début de la Vallée de l'Aisne inférieure (fig. 1 et 2). Malgré l'étude de J.M. Desbordes (24), il reste difficile de se faire une idée de l'étendue du domaine de la tribu gauloise ayant donné son nom à* Soissons mais la région est archéo- logiquement de plus en plus étudiée. Un important travail a été publié à propos des premières occupations du sol (1). Depuis 20 ans, la surveillance de l'ouverture des grévières dans la vallée de l'Aisne a entraîné de nombreuses fouilles. Ces recherches commencent à mettre en évidence l'évolution des sociétés locales, de l'arrivée des premiers agriculteurs il y a six mille ans (2), à celle des légions romaines 4000 ans plus tard (3). * Centre Départemental d'Archéologie o Abbaye St Jean des Vignes 02200 SOISSONS Z0S Fig. 1. Limite du diocèse et principales chaussées antiques l'ayant traversé (d'après R. Kaiser, note 11). 206 Fig. 2. Le site de Soissons et de Villeneuve-Saint-Germain. La terrasse naturelle où s'est implantée la ville romaine est à 42 m d'altitude, les bords de plateau ici visibles culminent à 125 m, la rivière d'Aisne coule à 39 m. Lorsque celles-ci surviennent en 57 avant notre ère, la région est habitée par le puissant peuple belge des "Suessions" connu par les citations de César dans La Guerre des Gaules (4). Sur leurs 12 villes, citées par cet auteur, 9 semblent avoir été reconnues dans les environs. Leur "chef-lieu", Noviodunum, est identifié avec " l'éperon barré " de Pommiers à 4 km à l'ouest de Soissons, mais, faute de fouilles spécifiques, il est actuellement difficile de connaître cette période. Il n'en est pas de même pour les premières décennies qui suivirent la conquête. Un habitat à caractère pré-urbain est constaté en amont de Soissons, à Villeneuve- St-Germain. Depuis 10 ans, les fouilles en cours nous donnent chaque année une image plus précise du contexte (5). Sur les 70 hectares que borde la boucle de l'Aisne qui contient le site, plus de 5 ha ont été fouillés. Cependant l'étendue exacte restant à étudier est difficile à définir puisque l'on ignore l'emplacement précis du lit de la rivière et les zones inondables à cette époque. Un énorme rempart fermait le méandre. Fossé inclus, il atteignait 70 m de large et se développait sur 1500 m de long. On ignore les limites exactes de la zone d'habitat apparemment concentrée près de ce rempart mais il a été constaté que ce secteur était coupé par 4 grands fossés perpendiculaires qui rythment ainsi l'espace interne (26). Cette organisation générale, le plan des maisons, l'atelier monétaire, l'essentiel de la culture matérielle prouvent une permanence des traditions gauloises durant ces premières années de l'occupation romaine. 21. LA CRÉATION DE LA CITE Le site de Villeneuve est abandonné au bout d'une trentaine d'années, c'est-à-dire à la date supposée de création de la ville très romaine à' Augusta Suessionum vers — 20. On admet que le nom de cette nouvelle ville fait référence à l'empereur Auguste et que cette création urbaine s'inscrit dans son essai de romanisation générale de la Gaule. La lente transformation de ce nom au cours des âges a peu à peu effacé le patronage impérial pour ne transmettre que le souvenir du peuple gaulois des Suessions à travers le nom de Soissons. 22. SES RELATIONS AVEC LES AUTRES VILLES (fig. 1 et 2) D'importantes chaussées sont localement mises en place durant toute la période romaine. Elles sont assez bien connues dans leur tracé, la plupart étant des chemins haussés ayant laissé des vestiges dans le paysage contemporain (6). Un certain nombre de bornes milliaires subsistent, même si elles ne sont plus en place, et des établissements antiques parfois luxueux jalonnent ces routes (7). Ces données complètent et précisent le système des grands itinéraires du nord de la Gaule connu par les textes et les inscriptions. Malgré tout, on ignore totalement les étapes de la mise en place de ce réseau régional et ses rapports avec le système hérité de la protohistoire, encore mal connu. L'erreur dans laquelle on est probablement à propos du passage d'une grande voie d' Agrippa vers — 19 à Soissons illustre bien les difficultés que pose l'absence d'étude strati- graphique de ces structures. Camille Jullian (et à sa suite Albert Grenier), se fiant aux documents tardifs datant de la fin de l'Empire, faisait grand cas de l'axe quittant la route du Rhin à Langres pour atteindre la Manche à Boulogne en passant par Châlons, Reims, Soissons et Amiens. Il l'assimilait à une des voies principales qu'Agrippa fit partir de Lyon (8). Pourtant, le géographe Strabon, vers le début de notre ère, cite sur cet axe les territoires de Beauvais et d'Amiens et non celui de Soissons (27). Dans ses travaux, P. Léman (25) propose des tracés en accord avec ce texte antique. Soissons est alors évité par les deux routes reliant Lyon à la Manche : à l'Ouest, il propose une chaussée passant par Autun, Meaux, Senlis et 207 Amiens et à l'Est une chaussée passant par Langres, Reims, St-Quentin, Arras et Boulogne. L'archéologie la plus récente confirme cette absence de notre ville des premiers grands circuits routiers. Il ne fait aucun doute pour les chercheurs d'Amiens que la grande voie d' Agrippa aboutissant dans cette ville vient de Senlis et non de Soissons car celle de Senlis a pu être mise en relation avec le premier quadrillage urbain augustéen, alors que celle de Soissons n'a pu être mise en relation qu'avec le second quadrillage daudien (9). On ne peut donc pas lier la création de Soissons à son emplacement actuel vers — 20, au passage d'une des grandes voies d' Agrippa comme l'ont fait différents auteurs (5 et 12). Mais, sans être dès l'origine sur un grand axe de l'Empire, la ville n'en devint pas moins un carrefour important. Certains auteurs y ont même vu un complément au système routier convergeant vers Reims, ce qui expliquerait que, durant les années d'expansion de l'Empire, la proximité de la capitale régionale ait pu dynamiser le développement de Soissons. Cette chaussée arrivait de Reims par la Vallée de la Vesle puis par la Vallée de l'Aisne. Au-delà de Soissons, elle continuait dans cette vallée qu'elle quittait à Arlaines àll km de Soissons pour rejoindre Champlieu (10) en limite du pays soissonnais, puis Senlis. Dans la vallée, à partir d'une date indéterminée, la chaussée se poursuivait au moins jusque Vie-sur- Aisne où la rivière était franchie pour gagner le plateau et rejoindre Amiens. Bien que l'aboutissement de cette voie n'ait pas pu être mis en évidence avec la première ville, elle finit sans doute par devenir assez importante pour susciter le triple témoignage de la Table de Peutinger, de l'Itinéraire d'Antonin et du milliaire de Tongres. A une date imprécise, une autre chaussée relia Soissons à St-Quentin, rejoignant là une grande voie se dirigeant vers la Manche (Lyon, Reims, Boulogne). Celle-ci était peut-être atteinte depuis Soissons par une autre chaussée passant par Laon, mais ce tracé est hypothétique (29). Dans la direction opposée, une voie permettant de rejoindre Paris en passant par Meaux semble avoir existé. Vers le Sud, une autre chaussée passant par Oulchy-le-Château et Château-Thierry rejoignait à Troyes un autre grand axe se dirigeant vers Lyon. 23. L'ÉVOLUTION DE SON uploads/Geographie/ defente-1984-soissons-romain-les-archives-d-x27-un-sous-sol-a-rede-pdf.pdf
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- Publié le Mai 31, 2022
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