N° 1501 ______ ASSEMBLÉE NATIONALE CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958 QUATORZIÈME L
N° 1501 ______ ASSEMBLÉE NATIONALE CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958 QUATORZIÈME LÉGISLATURE Enregistré à la Présidence de l'Assemblée nationale le 30 octobre 2013 RAPPORT D’INFORMATION DÉPOSÉ PAR LA COMMISSION DES AFFAIRES ÉTRANGÈRES en conclusion des travaux d’une mission d’information constituée le 14 novembre 20121, sur l’Algérie Président M. AXEL PONIATOWSKI Rapporteur M. JEAN-PIERRE DUFAU Députés 1 La composition de cette mission figure au verso de la présente page. La mission d’information sur l’Algérie est composée de : M. Axel Poniatowski, Président, M. Jean-Pierre Dufau, rapporteur, MM. Philippe Baumel, Jean-Claude Buisine, Jean-Claude Guibal, Mme Françoise Imbert, M. Jean-Luc Reitzer et Mme Odile Saugues. — 3 — SOMMAIRE ___ Pages INTRODUCTION ......................................................................................................... 7 I. LA FRANCE ET L’ALGERIE VERS UNE RELATION APAISEE ? ................... 9 A. LA FRANCE ET L’ALGERIE, DES DESTINS ENTREMELES ....................... 9 1. Une relation unique ............................................................................................... 9 a. L’Algérie, un statut particulier dans l’empire colonial français ........................... 9 b. La décolonisation violente de l’Algérie (1954-1962) .......................................... 11 2. La constitution d’un espace commun de part et d’autre de la Méditerranée ........ 12 a. Un lien démographique dense et dynamique ....................................................... 12 b. La langue française, un pont entre les deux rives ................................................ 15 B. UNE RELATION COMPLIQUEE ......................................................................... 17 1. Le poids de la mémoire ......................................................................................... 17 a. Une Algérie encore très présente sur la scène politique française ........................ 17 b. Des ressentiments persistants contre la France en Algérie .................................. 21 2. Une relation inévitablement chaotique ................................................................. 23 3. Une relation en voie d’apaisement ? ..................................................................... 28 C. UNE COOPERATION A POURSUIVRE ET A APPROFONDIR ................... 30 1. L’importance de la dimension humaine ................................................................ 30 a. La circulation et le séjour ................................................................................... 30 b. L’entraide judiciaire........................................................................................... 32 c. La résolution de divers « irritants » .................................................................... 34 2. La culture et l’éducation au service de la jeunesse et de la langue française ....... 34 3. Pour une relation économique « gagnant-gagnant » ............................................. 38 a. L’Algérie, un partenaire de premier plan pour la France ..................................... 38 — 4 — b. L’Algérie, un marché difficile mais des intérêts économiques convergents avec les nôtres .......................................................................................................... 39 c. Vers un nouveau partenariat économique entre la France et l’Algérie ? .............. 41 4. La sécurité, une préoccupation partagée ............................................................... 42 II. L’ALGÉRIE À L’HEURE DES CHOIX .................................................................... 45 A. UN PAYS À L’ECART DU « PRINTEMPS ARABE » DE 2011 ...................... 45 1. Une réaction habile face aux émeutes ................................................................... 45 2. Des raisons plus structurelles ................................................................................ 46 a. Le « printemps » de 1988 et l’impact de la décennie noire .................................. 46 b. Un pouvoir non personnalisé.............................................................................. 47 c. Des « soupapes de sécurité » .............................................................................. 48 B. UN PAYS SOUS PRESSION ............................................................................... 50 1. Le « mal vivre » algérien ...................................................................................... 50 a. Une défiance absolue par rapport au pouvoir et à la politique au sens large ........ 50 b. Corruption, bureaucratie et incivilités ................................................................ 51 c. Une société en ébullition .................................................................................... 53 d. Une jeunesse frustrée ......................................................................................... 54 e. Le corset du conservatisme ................................................................................ 55 2. Un modèle économique bloqué ............................................................................ 56 a. Une économie rentière ....................................................................................... 56 b. Un climat des affaires dégradé ........................................................................... 58 c. Une prise de conscience suffisante ? .................................................................. 59 3. Une diplomatie à rude épreuve ............................................................................. 60 a. Une puissance régionale volontairement en retrait sur la scène internationale ..... 60 b. Un environnement régional tendu ...................................................................... 61 i. A l’Ouest, la rivalité structurelle avec le Maroc et la question du Sahara occidental ..... 61 ii. A l’Est, des transitions sous surveillance............................................................... 64 iii. Au Sud, l’instabilité du Sahel ............................................................................. 64 C. 2014 ET APRES ? ................................................................................................. 66 1. Un exercice prospectif délicat ............................................................................... 66 2. Une équation électorale à trois inconnues ............................................................ 67 a. Quand ? ............................................................................................................. 67 b. Qui ?.................................................................................................................. 68 c. Comment ? ........................................................................................................ 71 3. Un pays en attente ................................................................................................. 72 CONCLUSION .............................................................................................................. 75 — 5 — EXAMEN EN COMMISSION .................................................................................. 79 ANNEXES ...................................................................................................................... 97 ANNEXE N° 1 : CARTE DE L’ALGERIE ........................................................... 99 ANNEXE N° 2 : LISTE DES PERSONNES AUDITIONNEES PAR LA MISSION D’INFORMATION ................................................................................... 101 ANNEXE N° 3 : CHRONOLOGIE DE L’ALGERIE ........................................ 105 — 7 — INTRODUCTION « Les relations entre la France et l’Algérie peuvent être bonnes ou mauvaises, en aucun cas elles ne peuvent être banales ». Abdelaziz Bouteflika, 1974 Mesdames, Messieurs, Au début de la présente législature, lorsque le bureau de la commission des affaires étrangères définit le programme de travail de cette dernière, le choix d’une mission d’information consacrée à l’Algérie s’imposa tout naturellement. Étonnamment, rares avaient été jusqu’alors les travaux de la commission consacrés à ce pays. Certes, il y avait eu des auditions de ministres ou de diplomates. Certes, il y avait eu l’examen de projets de loi autorisant la ratification de conventions. Certes il y avait eu des déplacements de délégations(1). Mais jamais la commission n’avait créé de mission chargée, sur le long terme, de se pencher sur l’Algérie. À cet égard, 2012 constituait l’année idéale pour lancer une telle mission. C’était, bien évidemment, l’année du cinquantenaire de l’indépendance algérienne avec tout ce que cela pouvait impliquer des deux côtés de la Méditerranée. C’était aussi une année d’alternance politique en France qui avait très suivie en Algérie et qui devait se conclure par une visite d’État réussie du président Hollande, juste avant Noël. Sur le plan intérieur, l’Algérie, qui venait de réélire la chambre basse de son parlement, était à un peu moins de deux ans d’un scrutin capital et sa relative stabilité tranchait nettement avec les ressacs affectant ses voisins, dans le sillage des révolutions arabes. L’année 2013 confirma l’intérêt de la mission. Dans les premiers jours de janvier, l’intervention française au Mali fit entrer la relation bilatérale dans une dimension nouvelle lorsque l’Algérie autorisa le survol de son territoire par nos appareils. Le 17 du même mois, le pays fut confronté à une attaque terroriste sans précédent contre un de ses centres gaziers. A cette occasion, il démontra au monde entier sa détermination à combattre ce fléau. Au cours des mois suivants, la vie politique algérienne connut divers soubresauts qui éclairèrent d’un jour nouveau les échéances électorales à venir. (1) Voir notamment le rapport d’information n° 1141 de M. François Loncle sur la mission effectuée par une délégation de la Commission en Algérie en juillet 1998 et comprenant également Mme Marie-Hélène Aubert, M. Georges Hage, M. Jacques Myard, Mme Yvette Roudy et M. Marc Reymann (21 octobre 1998). — 8 — Assurément, tout au long de ses huit mois de travaux, entre décembre 2012 et juillet 2013, la mission d’information se passionna pour l’Algérie. Elle procéda à de nombreuses auditions, elle tint plusieurs réunions de travail et cinq de ses membres se rendirent à Alger, du 24 au 27 mars. Ils purent y approfondir leurs analyses à l’occasion d’échanges et de rencontres avec des personnalités issues tant des mondes politique, économique, diplomatique qu’associatif. Très vite, la mission a choisi d’organiser sa réflexion autour de deux axes. Tout d’abord, il lui est apparu indispensable de faire le point sur la relation bilatérale. Il n’était pas question de refaire l’histoire ou de s’immiscer dans les polémiques surgies ces dernières années. La mission a tout simplement voulu dresser un état des lieux sincère du lien franco-algérien. Elle a alors pu se rendre compte du degré d’imbrication des destins des deux pays, un véritable espace commun s’étant progressivement construit, avec le temps. La mission a bien évidemment constaté le caractère parfois compliqué et chaotique de cette relation qui n’enlève cependant rien à l’obligation qu’ont désormais les deux États de coopérer sereinement et efficacement. À cet égard, la mission a souhaité mettre en valeur certains domaines qui lui tenaient à cœur, en particulier la dimension humaine de la relation et l’importance à accorder à la jeunesse. Parallèlement à ce travail axé sur la relation bilatérale, la mission d’information s’est également penchée sur la situation intérieure de l’Algérie. Elle a d’abord voulu répondre à une question inévitable : pourquoi ce pays n’a-t-il pas connu le même sort que d’autres États de la région ? Pourquoi le « Printemps arabe » de 2011 ne l’a-t-il pas atteint de la même manière que ses voisins tunisiens, libyens, égyptiens voire marocains ? Essayer de répondre à cette question a tout naturellement conduit la mission à aborder plus en détails certains pans et aspects de la vie politique algérienne, de son organisation économique et sociale ou bien de ses positions diplomatiques. Au-delà, elle a aussi voulu souligner l’importance de l’année 2014 pour l’Algérie, année au cours de laquelle elle devrait avoir à se prononcer sur son avenir. Une question qui, comme l’a montré la densité des liens noués avec la France, ne saurait nous laisser indifférents. — 9 — I. LA FRANCE ET L’ALGERIE VERS UNE RELATION APAISEE ? A. LA FRANCE ET L’ALGERIE, DES DESTINS ENTREMELES 1. Une relation unique La France a été présente en tout et pour tout 132 ans en Algérie, soit l’équivalent de cinq ou six générations. Cette longue présence française au cœur du Maghreb, conclue par une violente guerre d’indépendance, a uploads/Geographie/ rapport-d-x27-information-parlementaire-sur-l-x27-algerie.pdf
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- Publié le Aoû 27, 2021
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