TITRE DU SUJET : Construction du territoire : paysage et peuplement du Blouf en

TITRE DU SUJET : Construction du territoire : paysage et peuplement du Blouf en Basse Casamance (Sud-ouest du Sénégal) Introduction I – Présentation et définition des concepts A- Présentation Le Blouf est un territoire historique de Basse-Casamance. Il est limité au Sud-ouest par le Fogny et au Nord par le Fleuve Casamance. Il correspond à l’ancien territoire des Djougout Nord et l’actuel Arrondissement de Tendouck. Cette région comprend aujourd’hui vingt et un villages qui se répartissent en deux parties ; l’une dans la zone haute à l’Est et l’autre partie dans la zone basse au sud-ouest. Cette région est caractérisée par la présence de plateaux recouverts d’une végétation avec d’immenses fromagers, de réseaux de marigots, de mangroves et des zones d’inondation ou rizières. Son climat Sub-guinéen et l’importance pluviométrique ainsi que la présence d’un réseau hydrographique témoignent de l’impact de l’eau dans la construction des paysages. Le Blouf est habité dans sa quasi-totalité par une population diola. On note la présence minoritaire d’autres groupes notamment les Peulhs et commerçants d’origines diverses. Les populations vivent essentiellement de l’agriculture notamment la riziculture à laquelle on associe d’autres activités comme la pêche, l’élevage, le maraichage. C’est dans cette région que va porter notre étude ethnoarchéologique sur la construction du territoire : paysage et peuplement du Blouf. Pour mieux saisir l’orientation de notre contexte d’étude, il nous est nécessaire de définir les concepts de notre sujet. Titre : carte de représentation des villages du Blouf . Sources : https://www.memoireonline.com/07/08/1192/importance-route-developpement- socioeconomique-region-boucle-de-blouf.html. B- Définition des concepts 1-Territoire Etymologiquement, territoire du latin territorium est dérivé de terra (terre, sol). Le territoire est une étendue de terres occupées par un groupe humain et dont les ressources physiques modulent l’existence de ses habitants. Chez les historiens et géographes, le territoire est défini à partir de trois caractéristiques : un territoire est appropriable, possède des limites et porte un nom. Dans le Dictionnaire de l’Ancien, Daniel DORDMAM soutient qu’ « un territoire est un espace pensé, dominé, désigné. Il est un produit culturel au titre qu’un paysage est une catégorie de la perception que l’homme choisit à l’intérieur d’ensembles indifférenciés ». Pour Maryvonne Le BERRE, « le territoire peut être définie comme la portion de la surface terrestre appropriée par un groupe social pour assurer la reproduction et la satisfaction de ses besoins vitaux. C’est une entité spatiale, le lieu de vie du groupe indissociable de ce dernier ». Le territoire est ainsi le résultat de l’action de l’homme, il y trouve sa légitimité, se donne une représentation tant symbolique, patrimoniale, imaginaire et nourrit une langue dans ce territoire (Paquot, 2011 : 23-32). Ainsi, en géographie culturelle, le territoire est lié à l’identité culturelle des populations qui l’habitent et ayant une emprise sur sa gestion ou encore aux représentations que l’on se fait. C’est un ensemble de lieux où s’exprime la culture ou encore une relation des hommes à leur terre et dans lequel ils forment identité. Vu sous cet angle, « le territoire est une appropriation à la fois économique, idéologique et politique de l’espace par des groupes qui se donnent une représentation particulière d’eux-mêmes de leur histoire » (Di Méo,1998). Pour les urbanistes, le mot territoire est associé à l’aménagement le Dictionnaire la ville et l’urbain, Richard Kleinschmager avance que « le territoire fait figure de support de l’Etat qu’il revient à ce dernier de le préserver contre toute intrusion étrangère et de développer en l’aménageant » (Paquot, 2011 : 29). En revanche les ethnologues, le territoire des animaux ne correspond pas à une portion délimité mais il est plutôt mobile, variable selon les heures, les saisons, les activités et les dangers. C’est ce qu’affirme Felix GUATTARI qui soutient que « le territoire est un acte qui affecte les milieux et les rythmes qui les territorialisent. Le territoire est le produit d’une territorialisation des milieux et des rythmes. Il revient au même de demander quand est-ce que les milieux et les rythmes se territorialisent, ou quelle est la différence entre un animal sans territoire et un animal à territoire? Précisément, il y a territoire dès que les composantes de milieux cessent d’être directionnelles pour devenir dimensionnelles, quand elles cessent d’être fonctionnelles pour devenir expressives. Il y a territoire dès qu’il y a expressivité du rythme. C’est l’émergence de matières d’expression qui va définir le territoire» (Paquot, idem : 26-27). L’animal ne défend pas un territoire mais plutôt il se défend lui-même. Le territoire des ethnologues se résume à sa mobilité et de son caractère dimensionnel et expressif. Il est parfois fixe, délimité, parfois mobile aux frontières changeantes. Les ethnologues par ailleurs, nous apprennent que le comportement humain territorial est un système cognitif et comportemental qui a comme objectif l’optimisation de l’accès d’un individu ou d’un groupe aux ressources de manière temporaire ou permanente. L’anthropologie, se consacrant principalement à l’étude des mécanismes et des pratiques sociales qui commandent l’organisation territoriale d’une société, a démontré que le processus d’organisation territoriale doit s’analyser à deux niveaux distincts : celui de l’action des hommes sur les supports matériels de leur existence et celui des systèmes de représentation. De ce fait, le territoire est à la fois objectivement organisé et culturellement inventé. Les anthropologues sont également à l’origine d’un grand nombre d’observations pluridisciplinaires sur le territoire et ont aussi largement contribué à l’étude du comportement des primates. Par ailleurs, Mamadou Fall définit le terroir comme « l’espace d’une culture dans son mode d’appropriation du sol, ses formes d’habitat, la disposition de ces communautés leur système d’échange l’ordre et symbolique et politique y affèrent. Le terroir est ainsi l’espace d’une communauté culturelle dans son évolution propre, sans insertion dans une quelconque hiérarchie du monde ». Le territoire est selon lui une création de la géopolitique de la modernité qui le définit comme un espace fermé ; un champ clos jalousement défendu (Laurence Marfaing et al, 2001 ; 25-28). A partir de toutes ces approches, il ressort que le territoire se résume en un lieu de vie de pensée et d’action dans lequel et grâce auquel un groupe se reconnait. C’est sous cet angle que nous percevons le territoire dans le cadre de notre étude. Notre territoire se rapporte ainsi à celui de la géographie culturelle tel qu’un espace approprié économiquement, idéologiquement et politiquement par des groupes qui se donnent une représentation identitaire. Tel que défini dans le Dictionnaire de la préhistoire sous la direction d’André Leroi GHOURAN, le territoire est une partie de la surface de la terre sur laquelle un groupe humain, une unité économique met en œuvre ses techniques d’acquisition.(Ghouran et al. ,1998,2005 :1082) Les études concernant les territoires, les espaces ainsi que les peuplements font appel à la géographie. Elles sont la composante géographique de l’archéologie. Le territoire renvoyant à un espace reconnu comme sien et dans lequel on peut se déplacer sans danger, il est important de souligner que ce sentiment de sécurité prouve l’attachement du groupe à celui-ci. De ce fait, l’étude du territoire touche essentiellement les identités collectives, donc l’intégrité des individus qui lui sont attachés. 2-Le paysage Dans sa définition donnée dans le Dictionnaire de langue de Paul Robert, le paysage est la « partie d’un pays que la nature présente à l’œil qui le regarde ». Dans le Dictionnaire Larousse, le paysage est défini comme une étendue spatiale, naturelle ou transformée par l’homme qui présente une certaine identité visuelle ou fonctionnelle. Ensuite comme une « vue d’ensemble que l’on a d’un point donné ». Le mot paysage à plusieurs sens correspondant à des démarches légitimes. Le paysage est la trace visible et le résultat des occupations successives par les hommes d’un territoire. En cela, le paysage est une histoire, un lieu de mémoire et un espace vécu. Le paysage est un ensemble d’indicateurs environnementaux qui modèlent et structurent le territoire. C’est donc la rencontre d’un territoire et d’un regard. Il existe plusieurs façons de concevoir le paysage et d’aborder son étude. Dès sa naissance comme objet de représentation, le paysage est associé à la maitrise humaine du territoire. Il est devenu par la suite un objet d’étude scientifique notamment dans les disciplines comme la géographie et l’écologie qui se donnent pour objet de comprendre le Paysage un système naturel. La description analytique des paysages faisait l’objet de la géographie qui se donne pour mission de montrer la face de la terre comme un mélange de nature, d’histoire et de culture notamment avec Paul Vidal Lablache (Villeneuve, 1999 :18). Ce terme est complexe et flou, il est employé dans différentes disciplines pour exprimer différents objets. En en archéologie, le paysage traduit la relation que la société noue avec la nature. Son observation contribue à l’identification et à la caractérisation des espaces d’activité de l’exploitation. D’après ces multiples définitions du paysage, nous résumons sa construction à travers ces facteurs : - les éléments naturels constituant l’écosystème - les facteurs technologiques ou économiques (les systèmes agricoles) - les facteurs socio juridiques - les facteurs culturels A travers ces facteurs, nous tenterons notre définition du paysage dans le cas de uploads/Geographie/ rapport-master1.pdf

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