ISSN n° 2335-1047 N° 741 - Jeudi 9 avril 2015 - Prix : 10 DA Gouvernement Sella

ISSN n° 2335-1047 N° 741 - Jeudi 9 avril 2015 - Prix : 10 DA Gouvernement Sellal aujourd’hui à Ouargla LIRE EN PAGE 4 Education nationale / Syndicats Vers la révision du statut particulier en attendant une charte de l’éthique Enseignement supérieur Le CNES-TO menace de protester devant le palais du gouvernement Rassemblement national des ex-gardes communaux à Bouira LIRE EN PAGE 5 Avec seulement 171 projets inscrits auprès de l’ANDI en 2014 L’Algérie est loin d’être la destination préférée des capitaux arabes Energie L’Algérie double ses exportations en gaz naturel vers l’Italie et l’Espagne LIRE EN PAGE 6 LA MESSE FOOTBALLISTIQUE AFRICAINE ORGANISÉE AU GABON L’ALGÉRIE RATE SON TICKET POUR LA CAN 2017 LIRE EN PAGE 19 ALGÉRIE-FRANCE Péril djihadiste et diplomatie du culte La relation Alger-Paris a toujours été un thème abordé sous l’angle de l’économie et de la politique. A l’extérieur de ces deux autoroutes de l’échange algéro-français, une autre « diplomatie », se fraye un chemin depuis peu. Il s’agit des aff aires religieuses et du culte, rendus si important en raison de la montée de l’intégrisme et du péril djihadiste. LIRE EN PAGE 2 LUTTE ANTI-ISLAMOPHOBIE, CULTE MUSULMAN EN FRANCE ET FORMATION DES IMAMS LE PRÊCHE DE DALIL BOUBEKEUR LIRE EN PAGES 2-3 Le rapatriement des ressortissants algériens du Yémen s’est fait en coordination avec l’Arabie saoudite Les Affaires étrangères démentent tout malentendu entre Alger et Riyad LIRE EN PAGE 4 ACTUJOURD'HUI j e u d i 9 a v r i l 2 0 1 5 2 le point Les clés de la coexistence PAR MEZIANE CHAREF Le chiffre est sans doute un indicateur des efforts attendus pour faire passer aux yeux de nombreux Occidentaux que la religion musulmane n’est pas une religion de violence : selon le recteur de la mosquée de Paris, le nombre d’actes islamophobes enregistrés en France après les attentas qui ont ciblé Charlie Hebdo et l’épicerie casher en janvier dernier dépassent largement ceux enregistrés durant toute l’année 2014. Si ces actes que rien ne justifi e sont condamnables, ils traduisent cependant que bien des aspects de la religion musulmane demeurent méconnus. En entretenant à dessein les amalgames entre Islam et violence ou encore immigration et violence, certains milieux politiques en France, aidés, il est vrai, par un soutien objectif de certains comportements extrémistes, ne font qu’exacerber davantage la haine et le rejet de l’autre au détriment d’une coexistence pacifi que. Si la responsabilité des autorités françaises est certainement engagée pour combattre les discriminations et autres stigmatisations, à travers la sensibilisation, mais aussi la garantie des moyens pour l’exercice du culte musulman, il n’en demeure pas moins que des efforts doivent être faits de la part des autorités d’où sont issus les immigrés, mais aussi de la part de leurs représentants. Dans ce contexte, la proposition du recteur de la mosquée de Paris pour une meilleure formation des imams est le meilleur antidote contre les extrémismes. On ne peut valablement réussir une bonne intégration, ni le vivre ensemble sans une connaissance approfondie du pays d’accueil, de son histoire et des valeurs de la République. Mais globalement, une meilleure coexistence des religions, des cultures et civilisations passe inévitablement par le règlement de la question palestinienne, laquelle continue à cristalliser les rancœurs et les haines. Car, si jusque-là les extrémismes, qui prospèrent également là où il y a sous- développement, marginalisation et injustice, s’expriment de façon sporadique et dans des endroits circonscrits, la situation risque d’être problématique à moyen terme avec l’explosion démographique et les migrations. est la date à laquelle Dalil Boubekeur a été installé à la tête de la Grande mosquée de Paris en tant que recteur, fonction qu’il assume jusqu’à aujourd’hui, de même que, depuis 2013, il est président du Conseil français du culte musulman (CFCM). 1992 4,7 millions de musulmans vivent en France, selon le Pew Research Center, alors que pour le ministère français de l’Intérieur, leur nombre a été estimé entre 4 et 5 millions. ENTRETIEN RÉALISÉ PAR NORDINE AZZOUZ Reporters : Au Bourget, lors du congrès annuel de l'Union des organisations islamiques de France UIOF auquel vous avez participé, vous vous êtes insur- gé contre le fait que l'on conti- nue dans ce pays à faire la re- lation entre islam et immigra- tion. Pourquoi ? Dalil Boubekeur : J’ai dit cela pour rappeler qu’en France, il y a un grand nombre de citoyens français de confession musulmane qui, pour la majorité, n’ont plus avec l’immigration qu’un lointain rapport d’origine et d’histoire. L’islam est partie intégrante du paysage confession- nel national français. Ce n’est plus une re- ligion assimilable au seul phénomène mi- gratoire dans sa version contemporaine et immédiate. De nombreux Français musul- mans, ceux des jeunes générations dont les parents viennent de pays musulmans et du Maghreb par exemple, n’y ont prati- quement plus de lien. Or, il existe dans l’Hexagone des parties et des groupes po- litiques qui persistent à systématiser cette assimilation et à la maintenir en dépit du sens de l’histoire et de la complexité du fait religieux musulman dans ce pays. Cet- te assimilation n’est pas innocente. Elle renvoie à une vieille et dévalorisante per- ception du musulman, bourrée de stéréo- types dégradants, qui ne va pas dans le sens souhaité de l’intégration et du vivre ensemble républicain. Dans le dispositif de représen- tation du culte musulman en France, vous êtes considéré comme quelqu’un de modéré et comme un homme de consen- sus. Au Bourget, relèvent des observateurs, votre discours sur la stigmatisation des mu- sulmans en France a été plus agressif. Est-ce en raison des conséquences des attentats dji- hadistes qui ont ciblé Paris, les 7, 8 et 9 janvier dernier ? Après ces attentats et celui qui a visé la rédaction du journal satirique Charlie Heb- do, il y a eu un avant et un après « Charlie ». Après les massacres commis par les frères Kouachi et Amedy Coulibaly contre l’épice- rie Casher à la porte de Vincennes, il s’est manifesté un surcroît de culpabilisation, d’amalgame, de stigmatisation et de recru- descence d’actes islamophobes. En janvier dernier, on en a compté plus que durant toute l’année 2014. Il m’est apparu à moi et aux collègues du CFCM de dénoncer l’amal- game dangereux entre musulman et terro- riste, entre musulman et djihadiste. Il nous a semblé impérieux de s’élever contre l’ac- cusation selon laquelle les musulmans n’ont pas suffi samment dénoncé la violence et le terrorisme, or rien n’est plus faux. Les mu- sulmans de France ont été traumatisés par ce qui s’est passé et d’autant plus qu’ils ont été jetés en pâture par une certaine opinion française et se sont retrouvés accusés d’ac- tes dont ils ne sont pas responsables. Le re- fus, le rejet et la haine de l’islam nous in- quiètent parce qu’ils sont portés par des groupes politiques de droite extrême de plus en plus audibles dans un pays politi- que français en crise. Et où les conserva- teurs, les modérés, sont, eux, à l’arrière plan de l’opinion générale en France. Dans ce contexte, nous nous devons d’élever la voix et de rappeler qu’être musulman ne veut pas dire terrorisme et barbarie et que les Français musulmans sont respectueux de la République. Est-ce que vous considérez que votre discours d’apaisement et contre l’amalgame est entendu dans les milieux politiques et associatifs en France ? Notre avis est demandé et, je crois, en- tendu. Mais ceux qui sont recherchés, aujourd’hui, dans le débat notamment mé- diatique, sont ceux qui représentent les éléments les plus radicaux et les plus hosti- les à une entente et à une paix avec les mu- sulmans de France. Ceci dans un contexte où la percée du fondamentalisme wahha- bite dans certains cercles et où la question du Moyen-Orient et son utilisation par cer- tains milieux en France ne facilitent pas la vie aux musulmans. Cela ne nous empêche pas de continuer à défendre notre discours et de s’insurger contre certains discours simplistes et dangereux qui consistent à dire que la violence et le terrorisme sont le produit de jeunes musulmans. C’est pour- quoi j’ai refusé d’aller au dîner du CRIF en février dernier. L’enjeu, aujourd’hui, est de s’élever contre la facilité et l’amalgame qui Le recteur de la mosquée de Paris et président en fi n de mandat (2013-2015) du Conseil français du culte musulman (CFCM), Dalil Boubekeur est en visite de travail en Algérie. Avec les autorités du pays et le ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, il devrait discuter notamment de la question de la formation des imams de France et la contribution algérienne dans ce domaine déjà très sensible depuis des années, mais qui l’est devenu davantage après l’émergence sur le sol français de djihadistes prêts à tout et les attentats qui ont frappé Paris les 6, 7 et 8 janvier derniers. Entretien entre un avion et une valise posée à son hôtel sur les dossiers chauds sur lesquels il travaille depuis le début des années 1990. Lutte anti-islamophobie, culte musulman et formation des imams Le prêche uploads/Geographie/ reporters-741.pdf

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