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Portail de ressources électroniques en sciences humaines et sociales OpenEdition Nos plateformes OpenEdition Books OpenEdition Journals Hypotheses Calenda Bibliothèques et institutions OpenEdition Freemium Nos services OpenEdition Search La lettre d'OpenEdition Suivez-nous Accueil Numéros 5 Dossier 4. Disciplines / frontières Sémiotique urbaine et géocritique Annales des sémiotiques / Annals of Semiotics Sommaire Document précédent 5 | 2014 Littérature et sémiotique Dossier 4. Disciplines / frontières Sémiotique urbaine et géocritique Nathalie Roelens p. 173-198 https://doi.org/10.4000/signata.485 Résumé | Index | Plan | Texte | Bibliographie | Notes | Citation | Auteur Résumés Français English Cette étude a pour vocation, d’une part, d’examiner les conditions d’émergence de deux disciplines récentes qui s’inscrivent dans la mutation épistémologique d’un intérêt croissant pour la spatialité en sciences humaines — la sémiotique urbaine d’obédience sémiologique et la géocritique d’obédience littéraire — et, de l’autre, d’évaluer l’opportunité de trouver entre elles un terrain d’entente. Après avoir retracé la généalogie de chaque approche, une coalescence conceptuelle et des champs d’application communs ont été dégagés dans les deux méthodologies. En effet, malgré des angles de vue et des objets d’analyse différents (les usages et pratiques pour la Recherche sémiotique, les textes et les mythes pour la géocritique), elles semblent partager une épistémé commune, à savoir l’ancrage du sujet au sein d’un environnement qu’il est censé investir de signification, afin de le rendre habitable. Or ce monde qui cerne spatialement le sujet ne coïncide pas forcément avec le monde tangible de la réalité. L’épineuse question d’un nouveau paradigme référentialiste en littérature qui succède à une conjoncture autotélique, immanentiste, se voit contrebalancé par la nécessaire prise en compte d’un imaginaire des lieux qui défie toute localisation unique et tout recensement sur une carte. Les deux approches semblent toutefois arrivées à un degré de maturité suffisante pour s’échanger des concepts et travailler de concert. Cette synergie pourrait être profitable aux humanités en mal de légitimité dans une conjoncture où tout se vaut et où la réalité urbaine et les conditions de l’habitable sont en pleine mutation. Haut de page Entrées d’index Mots-clés : espace, théorie littéraire Keywords: space, literary theory Haut de page Plan 1. Un objet d’étude commun ? 2. Généalogie de la sémiotique spatiale / urbaine 2.1. La sémiologie urbaine 2.2. La sémiotique spatiale selon Denis Bertrand 2.3. La sémiotique spatiale selon Claude Zilberberg 2.4. La sémiotique spatiale selon Pierluigi Basso 2.5. La sémiotique spatiale selon Éric Landowski 2.6. La sémiotique de l’architecture 2.7. Vers la sémiotique urbaine : l’ énonciation de l’espace (Floch , Fontanille, Landowski, Leone) 3. G énéalogie de la géocritique 4. Convergences établies et souhaitées 5. Perspectives Haut de page Texte intégral PDF 531k Signaler ce document 1. Un objet d’étude commun ? 1Même si la sémiotique urbaine qui émane de la sémiologie, d’une part, et la géocritique issue de la critique littéraire, de l’autre, n’avaient pas vocation à se rencontrer, elles abordent toutefois les mêmes contenus : le territoire, l’espace, la ville. Cette congruence s’explique vraisemblablement par le « tournant spatial » d’Edward Soja (1989) qui a infléchi les sciences humaines depuis les années 1980. 1 Excepté Roland Barthes qui, en tant que sémiologue, avait élaboré une véritable théorie du texte ou (...) 2Et le littéraire dans tout cela ? Si la littérature et le mythe sont pour la sémiotique un objet d’étude parmi d’autres, ils sont pour la géocritique la seule voie d’accès au monde, le seul niveau de pertinence. La sémiotique urbaine parle de la lisibilité des lieux par l’usager, la géocritique lit le lieu à travers le prisme des textes. Que le roman ait connu un essor à l’époque de grandes mutations urbanistiques noue plus étroitement la ville au roman, le roman à la ville. La focale des deux approches semble donc renversée. Mais c’est sans doute un faux problème. Non seulement « l’espace est partout » (Zilberberg 2008, p. 1) mais, dès que l’on parle d’espace, on achoppe à ses représentations, entre autres littéraires ; dès que l’on parle de littérature, on achoppe à ces « espèces d’espaces » (Perec 1974) qui occupent les textes allant de l’univers jusqu’au quadrilatère de la page. Ces regards croisés pourraient-ils en dire davantage sur l’espace que ne le font les disciplines respectives ? La sémiotique urbaine, s’intéressant davantage aux pratiques, aux usages, gagnerait-elle à retrouver des objets littéraires par le biais de la géocritique, à recréer un carrefour entre sémiotique et littérature ? Ou, en revanche, la prétendue césure épistémologique, qui n’est après tout qu’un dialogue de sourds, entre sémiotique et théorie littéraire1 doit- elle se prolonger dans le clivage entre sémiotique urbaine et géocritique ? Le langage est partout, pourrait-on ajouter, et la géocritique ne démentirait pas le constat de Barthes : « Y a-t-il un seul système d’objets, un peu ample, qui puisse se dispenser du langage articulé ? La parole n’est-elle pas le relais fatal de tout ordre signifiant ? » (Barthes 1967a, p. 9). 2 http://semioticagesc.com/wp-content/uploads/2013/07/LLAMADO-A- COMUNICACIONES.pdf 3 http://iclageocriticism2013.wordpress.com/ 4 http://wwwen.uni.lu/recherche/flshase/institut_d_etudes_romanes_medias_et_ arts_irma 3L’actualité des deux disciplines se mesure à leurs activités récentes, à savoir le colloque « Semiótica Espacial » organisé à l’Universidade Nova de Lisbonne du 5 au 7 septembre 20132 qui a fédéré des sémioticiens de toute filiation (barthésienne, cognitiviste, peircienne, pragmatique, rhétorico-argumentative, greimassienne). La géocritique, pour sa part, a animé un atelier au congrès de l’Association Internationale de Littérature Comparée à la Sorbonne du 20 au 24 juillet 2013, intitulé « Géocritique, littérature comparée, et au-delà »3 réunissant plusieurs secteurs disciplinaires (littérature, géographie, philosophie). Son objectif, largement atteint, était de faire le point sur cette nouvelle approche, de dégager ses domaines d’application, de cerner sa spécificité et de tenter d’ouvrir des perspectives innovantes. L’Université du Luxembourg4 a organisé du 2 au 13 juillet 2014 un Programme Intensif Erasmus intitulé « Littérature, villes, interactions » faisant dialoguer la théorie littéraire et la géocritique, et les mesurant en outre à des ateliers pratiques d’inspiration perecquienne ou de cartographie urbaine. 4Avant de les penser conjointement, il nous faut parcourir la généalogie de chaque discipline pour en arriver à leur point de rencontre et évaluer si une collaboration serait souhaitable et, le cas échéant, opératoire, fructueuse. 2. Généalogie de la sémiotique spatiale / urbaine 5La sémiotique spatiale est issue de la sémiologie urbaine qui, par le biais de Lynch, Barthes et Choay, nous mène à la sémiotique de l’espace de Manar Hammad. Elle redevient urbaine dans la tradition italienne de Gianfranco Marrone et Isabella Pezzini qui organisèrent le 34e Congrès de l’AISS à San Marino avec pour thème la ville, ses représentations, ses frontières, l’ethnographie de ses pratiques, ses lieux publics. À quoi cet étrange balancier entre la ville et l’espace, l’espace et la ville est-il imputable ? 2.1. La sémiologie urbaine 6La métaphore de la « lecture » du milieu bâti apparaît dès 1959 sous la plume de l’urbaniste américain Kevin Lynch (1959). Lynch valorise l’image composite ou Gestalt que les habitants d’une ville donnée (Boston, Jersey City, Los Angeles) se forment à partir de leurs perceptions. Les hypothèses de Lynch, mais aussi l’approche sémiologique de Barthes encore toute récente, ont alimenté la réflexion de Françoise Choay qui revendique à son tour « l’expérience de la ville » (Choay 1965, p. 73) comme une arme contre le discours planificateur et la seule façon de faire participer l’usager au réinvestissement sémantique de l’espace habité ou à son déchiffrement. Roland Barthes, dans une conférence prononcée à Naples en 1967, intitulée « Sémiologie et urbanisme » (Barthes 1967b) seconde les propos de Choay, tout en étendant cette sémiologie urbaine naissante à l’amateur ingénu non-spécialiste de la ville : La cité est un discours, et ce discours est véritablement une langue : la ville parle à ses habitants, nous parlons notre ville, la ville où nous nous trouvons, simplement en l’habitant, en la parcourant, en la regardant. (Barthes 1967, p. 441) 7Il annonce déjà la pratique créatrice de la ville de Michel de Certeau que celui-ci décline en « énonciations piétonnières » (Certeau 1990, p. 148) et « rhétoriques cheminatoires » (ibid., p. 151). 2.2. La sémiotique spatiale selon Denis Bertrand 8L’intérêt de la sémiotique pour l’espace sera relayé par Denis Bertrand (1985) qui, dans L’espace et le sens. Germinal d’Émile Zola, étudie les figures de la spatialité dans les textes littéraires, pour en dégager un imaginaire topologique. À la fois, on est passé imperceptiblement de la sémiologie urbaine à la sémiotique spatiale, dotée d’une extension conceptuelle plus vaste, moins ancrée dans la spécificité du lieu urbain. Bertrand jette en outre un pont entre la sémiotique et l’analyse textuelle, s’intéressant aux configurations de la spatialité dans Germinal au-delà de toute nomenclature, au-delà de la syntaxe descriptive de Philippe Hamon. Bertrand ne recule pas devant une approche référentielle contre le purisme immanentiste de l’approche sémiotique. Il s’agit pour lui d’affirmer « le passage d’une sémiotique des positions spatiales, à la sémiotisation d’une spatialité de situation » (Bertrand 1985, p. 95). L’axiologie verticale, horizontalisée par les grévistes, est interprétée comme une avancée de la verticalité du roman classique, investi par le discours religieux, au uploads/Geographie/ semiotique-urbaine-et-geocritique.pdf
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- Publié le Mai 12, 2022
- Catégorie Geography / Geogra...
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